Elle est officier de police et travaille en République démocratique du Congo. Elle est la cinquième d'une série de portraits de femmes soldats de la paix qu’Afrique Renouveau a publiés jusqu'à présent. Mme Sawadogo est originaire du Burkina Faso et fait partie des forces de police depuis 4 décennies.
Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Je suis le Lieutenant-colonel Clémence Doamba Sawadogo du Burkina Faso. J'en suis à ma quatrième mission avec la Mission de stabilisation de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO). J'ai plus de 40 ans d'expérience dans la police. Je suis ici pour partager cette longue expérience professionnelle acquise dans mon pays pour la protection des civils.
Quelles sont vos responsabilités dans cette mission et quelle est votre journée type ?
Je suis superviseur de la Police des Nations Unies (UNPOL). J'ai successivement supervisé quatre secteurs et un sous-secteur de l'UNPOL à Uvira, Goma, Kisangani et Lubumbashi, ici en République démocratique du Congo (RDC). Je suis actuellement le chef du sous-secteur d'Uvira.
Mes tâches quotidiennes consistent à surveiller la situation sécuritaire, à organiser et à assurer le suivi des sessions de formation pour la Police nationale congolaise, ainsi qu'à gérer des équipes de travail conjointes dans les commissariats locaux afin de renforcer leur capacité opérationnelle. Ma journée commence par un briefing matinal pour évaluer la situation sécuritaire, puis j'envoie des patrouilles dans les zones touchées par la criminalité ; et je rends compte à la direction de la mission des mesures appropriées pour protéger les civils. Je confie ensuite les tâches opérationnelles quotidiennes aux forces de police de la mission.
Depuis combien de temps êtes-vous un soldat de la paix ?
Je suis arrivé ici en RDC le 15 novembre 2007. Je m'occupe de la protection des personnes vulnérables, notamment les survivants de violences sexuelles, les femmes, les enfants et les réfugiés en particulier, mais aussi du renforcement des capacités institutionnelles et professionnelles de la police locale.
Qu'ont pensé votre famille et vos amis dans votre pays d'origine de votre décision de quitter votre pays et de travailler pour une mission de maintien de la paix des Nations unies ?
Ils étaient réticents au début, mais ils ont été soulagés lorsqu'ils ont appris que je pouvais rentrer régulièrement pour des congés. Ils s'en accommodent maintenant car ils ont compris qu'il y a une grande fierté à servir les Nations Unies.
Quelles sont les trois choses que vous aimez le plus dans la mission et le pays ?
J’aime mettre un sourire sur les visages des personnes en difficulté – les réfugiés et les personnes déplacées à la suite de conflits armés. J’aime aussi partager mon expérience avec la police locale pour renforcer ses capacités. J’aime beaucoup former les femmes policières locales.
La RDC est un beau pays avec un climat agréable et pas aussi chaud que mon pays d’origine.
Quelle partie de votre travail vous semble la plus difficile et pourquoi ?
Je suis superviseur de secteur de l’UNPOL depuis 2012. Il n’est souvent pas facile de travailler avec des agents issus de différents milieux culturels.
Pensez-vous que les femmes soldats de la paix servent de modèles aux populations locales ?
Absolument ! Les soldats de la paix sont des modèles pour les populations locales. Par exemple, dans le cadre des activités de la Journée internationale de la femme (8 mars), j'ai dirigé une équipe de patrouille commune composée de femmes de la police locale et de l'ONU pour une patrouille hebdomadaire des marchés. Cela a été très apprécié par la population. Nous nous efforçons également de montrer aux organisations de femmes l'intérêt d'avoir des femmes dans la police, notamment en ce qui concerne la police de proximité - une femme peut bien jouer ce rôle.
Que diriez-vous aux femmes soldats qui envisagent une carrière dans le maintien de la paix ?
Je leur demanderais d'être prêtes à apporter leur contribution à la protection des civils, qui sont le plus souvent des femmes et des enfants. La participation des femmes soldats de la paix est un atout pour soutenir les survivants de violences sexuelles et sexistes et elle facilite l'interaction avec les communautés.