En Afrique, le nombre hebdomadaire de cas de COVID-19 a considérablement chuté et le nombre de décès a baissé pour la première fois depuis le pic de la quatrième vague de la pandémie induite par le variant Omicron. Ce déclin met fin à la flambée la plus courte que le continent ait connu, qui a duré 56 jours.
Le nombre de nouveaux cas notifiés a chuté de 20 % en une semaine à la date du 16 janvier, tandis que le nombre de décès a baissé de 8 %. La diminution du nombre de décès est encore faible et un suivi plus poussé est nécessaire. Cependant, si la tendance se poursuit, la flambée de décès sera également la plus courte enregistrée jusqu’à présent au cours de cette pandémie.
L’Afrique du Sud, où le variant Omicron a été séquencé en premier et qui a représenté la majorité des cas et des décès, a enregistré une tendance à la baisse au cours des quatre dernières semaines. Seule l’Afrique du Nord a signalé une augmentation du nombre de cas la semaine dernière, avec un pic de 55 %. Le nombre de cas a chuté partout ailleurs en Afrique où, à la date du 16 janvier, on dénombrait 10,4 millions de cas cumulés de COVID-19 et plus de 233 000 décès.
La vague pandémique alimentée par Omicron s’est soldée par le taux de létalité moyen – soit la proportion de décès parmi les cas confirmés – le plus bas à ce jour en Afrique. Ce taux est de 0,68 %, comparé à 2,4 % lors des trois vagues précédentes. Le variant Omicron a désormais été signalé dans 36 pays africains and 169 pays dans le monde.
«ÌýSi l’accélération, le pic et le reflux de cette vague ont été inégalés, son impact a été modéré et l’Afrique s’en sort avec moins de décès et d’hospitalisations. Mais le continent doit encore inverser la tendance de cette pandémieÌý», a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.
«ÌýDonc, tant que le virus continue de circuler, de futures vagues sont inévitables. L’Afrique doit non seulement généraliser la vaccination, mais aussi obtenir un accès élargi et équitable aux traitements essentiels de la COVID-19 pour sauver des vies et lutter efficacement contre cette pandémieÌý», a déclaré la Dre Moeti.
L’actuel taux de létalité de la Région africaine reste le plus élevé dans le monde, bien qu’il ait diminué aux cours des deux dernières semaines.ÌýSi la disponibilité de lits dans les unités de soins intensifs pour les patients atteints de COVID-19 s’est améliorée, passant de 0,8 lit pour 100 000 personnes à 2 lits pour 100 000, ces chiffres sont loin d’être suffisants pour répondre à la demande suscitée par la pandémie.ÌýConcernant les médicaments, les patients atteints de formes graves de la maladie sont traités à l’aide de corticostéroïdes et d’oxygène médical. Les corticostéroïdes sont largement disponibles et relativement abordables financièrement, mais la disponibilité de l’oxygène médical reste un défi à relever sur tout le continent.
De plus, les pays africains se heurtent à des obstacles majeurs dans l’accès à d’autres traitements contre la COVID-19, compte tenu de la disponibilité limitée de ces traitements et de leur coût élevé. La semaine dernière, l’OMS a recommandé l’utilisation de deux nouveaux médicaments – un médicament habituellement utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde appelé Baricitinib et un anticorps monoclonal appelé Sotrovimab –, ce qui porte à 11 le nombre de traitements contre la COVID-19 approuvés par l’OMS. L’Organisation examine les données relatives à deux antiviraux oraux – le Paxlovid de Pfizer et le Molnupiravir de Merck – qui, selon leurs fabricants, se montrent prometteurs pour réduire le risque d’hospitalisation chez certains patients.
À la suite de négociations initiales avec le laboratoire pharmaceutique suisse Roche, l’OMS soutient l’expédition d’un nombre limité de flacons de Tocilizumab vers les pays africains dans les semaines à venir. Cabo Verde et l’Ouganda ont déjà reçu des flacons de ce produit. Le Burkina Faso, le Ghana et la République-Unie de Tanzanie devraient prochainement recevoir un lot du produit. Le Tocilizumab est un médicament immunosuppresseur qui peut être utilisé pour traiter les patients atteints de formes graves de la COVID-19. D’autres livraisons à plus grande échelle de ce médicament sont attendues sur le continent. Dans le cadre du Dispositif d’accélération de l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (ou Accélérateur ACT), des négociations sont en cours avec d’autres fabricants de médicaments pour l’approvisionnement en traitements de la COVID-19.
«ÌýLes profondes inégalités qui ont laissé l’Afrique en queue de peloton en matière d’accès aux vaccins ne doivent pas se répéter avec les traitements qui sauvent des vies. L’accès universel aux produits de diagnostic, aux vaccins et aux traitements ouvrira la voie la plus courte vers la fin de cette pandémie et aucune Région du monde ne devrait être laissée en marge de cet effortÌý», a déclaré la DreÌýMoeti.
En Afrique, si les approvisionnements en vaccins ont augmenté ces derniers mois, le taux de vaccination reste néanmoins faible, car seulement 10Ìý% de la population du continent est entièrement vaccinée. Jusqu’à présent, l’Afrique a reçu près de 500Ìýmillions de doses de vaccin anti-COVID-19 et en a administré 327Ìýmillions.
Des efforts considérables sont requis pour accélérer la vaccination afin d’atteindre une grande partie de la population. En 2022, entre 250 et 300Ìýmillions de doses de vaccins anti-COVID-19 en moyenne seront disponibles chaque mois. D’ici à la mi-2022, le mécanisme COVAX s’attend à disposer d’un approvisionnement suffisant pour que tous les pays bénéficiant de son système de garantie de marché puissent vacciner 45Ìý% de leur population.
La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse en ligne organisée par APO Group. Elle était accompagnée par la Dre Andrea Howard, Directrice de l'unité clinique et de formation à ICAP, et professeure associée d'épidémiologie, à la Columbia University, et par le Dr Harley Feldbaum, Chef de l’unité Stratégies et politiques au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et leÌýpaludisme.
Étaient également présents pour répondre aux questions les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’AfriqueÌý: la Dre Phionah Atuhebwe, chargée de l’introduction des nouveaux vaccins, le Dr Nonso Ejiofor, Chef de l’équipe des opérations de santé, et la Dre Fausta Mosha, médecin de laboratoire.