Les femmes Maasaï de Tanzanie sortent du Boma : elles se prennent en main et assurent leurs moyens de subsistance
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Les femmes Maasaï de Tanzanie sortent du Boma : elles se prennent en main et assurent leurs moyens de subsistance
Les femmes Maasaï de Tanzanie sortent du Boma : elles se prennent en main et assurent leurs moyens de subsistance
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Date :Ìýjeudi 13 octobre 2016
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- Les Maasai du nord de la Tanzanie enregistrent les taux de mariage d’enfants, de mutilation génitale féminine, d’analphabétisme et de pauvreté les plus élevés chez les femmes dans le pays.
- Grâce à l’alphabétisation, au développement des compétences entrepreneuriales et aux formations consacrées aux droits fonciers, les femmes ont, pour la première fois, acquis des terres et pratiquent le commerce transfrontalier.
Depuis des générations, les Massaï vivent dans des villages situés au pied du Mont Longido, à une heure au nord d’Arusha, Peuple semi-nomade, ils vivent dans le nord de la Tanzanie et enregistrent les taux de mariage d’enfants, de mutilation génitale féminine, d’analphabétisme et de pauvreté les plus élevés chez les femmes dans le pays. La plupart des femmes sont des travailleuses indépendantes dans le secteur non structuré et ont des sources de revenus saisonnières.
Mama Neema se trouve à l’entrée de son boma traditionnel (village) où elle a fait construire trois maisons pour sa famille dans le village de Kimokouwa à Arusha, en Tanzanie. Photo : ONU Femmes/Deepika Nath
« De nombreuses femmes Maasaï n’avaient jamais quitté leurs villages avant de suivre notre formation », indique Ndinini Kimesera Sikar, la co-fondatrice et Directrice de la Maasai Women’s Development Organization (MWEDO) [Organisation pour le développement des femmes Massaï], une organisation offrant une formation sur l’entreprenariat, les procédures d’officialisation des entreprises et les droits fonciers avec l’appui d’ONU Femmes. « À présent, elles possèdent un passeport et disposent de tous les documents juridiques nécessaires pour voyager et vendre leurs produits de part et d’autre de la frontière » poursuit-elle. « C’est un formidable succès pour des femmes qui n’ont jamais pu aller à l’école. »
Dans le petit village de Mamura, plus de 50 femmes et filles Maasaï se retrouvent sous un acacia pour leur réunion du groupe d’épargne mensuelle. Mama Nalepo Olesein, 48 ans, est l’une des responsables du groupe d’épargne du village.
En 2007, Mama Nalepo s’est inscrite à un programme d’alphabétisation pour adultes où elle a acquis des compétences de base comme la lecture, l’écriture et le calcul. Plus récemment, elle a participé à une formation dispensée par ONU Femmes sur la gestion des comptes, la tenue des registres et le développement des activités commerciales, ce qui lui a permis de reprendre le magasin de son mari et de moderniser le modèle commercial. Grâce au commerce transfrontalier, elle a fait un bénéfice de plus de 500 dollars US par mois, ce qui lui a permis de développer ses activités, de scolariser les quatre derniers de ses enfants et d’acheter 12 parcelles de terres.
Mama Nalepo dans son magasin au marché local du village de Mamura à Arusha, en Tanzanie. Photo : ONU Femmes/Deepika Nath
« La formation aide nos femmes à avoir confiance en elles, à sortir de leur boma (village) et à gagner leur vie comme les hommes », affirme Mama Nalepo. « L’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants est assuré parce que j’ai appris comment réaliser des bénéfices. » Mama Nalepo encourage désormais d’autres femmes des villages voisins à participer à la formation.
Un peu plus loin dans la savane, dans le village de Kimokouwa, d’autres femmes se sont réunies pour partager leurs expériences d’émancipation. Mama Neema Olenriya, 42 ans, à la tête du conseil du village, raconte comment elle a lutté pendant 20 ans pour acquérir des terres.
« Pendant des générations, seuls les hommes pouvaient posséder des terres et en hériter. Ils se demandent donc si les femmes sont à même d’être des propriétaires terriennes », commente Mama Neema. « Mais je suis aussi Maasaï—Je peux aussi me battre pour mes droits », ajoute-t-elle.
Mama Neema a reçu une formation sur les droits fonciers et de propriété, ce qui lui a donné la confiance nécessaire pour demander aux autorités du village une parcelle de terre qui lui appartenait de droit.
« Aujourd’hui, je possède cette terre ; je peux vous montrer tous les documents », dit Mama Neema en montrant le terrain sur lequel elle a fait construire trois maisons pour les sept membres de sa famille. Elle partage les connaissances acquises durant la formation et son expérience personnelle pour aider d’autres femmes à acquérir des terres et aide également un petit groupe de femmes à ouvrir un magasin pour vendre des légumes, du lait et des bijoux traditionnels au marché local.
Samwel Simanga, facilitateur et coordonnateur de la MWEDO, plaide pour l’autonomisation économique des femmes. Photo : ONU Femmes/Deepika Nath
La coordination de ces formations est assurée par des jeunes hommes, comme Samwel Simanga, 27 ans, qui ont pu aller à l’école primaire et qui, aujourd’hui, travaillent comme facilitateurs et traducteurs. Craignant que les femmes réussissent mieux que les hommes, de nombreux amis de Simanga l’ont dissuadé de les aider à devenir indépendantes financièrement. Mais il ne partage pas ce point de vue. « Les femmes qui connaissent leurs droits et sont instruites n’ont pas besoin des hommes pour subvenir à leurs besoins », estime Simanga, qui est l’unique soutien des treize membres de sa famille élargie. « Lorsque les femmes et les hommes ont un pouvoir égal dans le ménage, tout le monde y gagne. »
Si certains hommes de son village continuent de tourner en ridicule les efforts déployés par Simanga pour aider les femmes, d’autres lui ont confié qu’ils appréciaient les revenus supplémentaires issus des petites entreprises des femmes.
Entre 2011 et 2016, le partenariat ONU Femmes-MWEDO a aidé des centaines de femmes Maasaï à acquérir des terres, à trouver des emplois supplémentaires et à diversifier leurs activités économiques pour contribuer aux revenus de leur famille. La formation la plus récente a été offerte dans le cadre du programme 2016 d’ONU Femmes sur « L’accès des femmes au revenu, aux terres et aux droits » soutenu par le Gouvernement de Suède par le biais du fonds unique en Tanzanie.
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