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Technologies de l’information :l’Afrique prend du retard
ParAndré-Michel Essoungou
Le prix de la connexion internet haut débit est exorbitant en Afrique, c’est en tout cas ce qu’estime l’Union internationale des communications (UIT) dans un rapport récent. Les utilisateurs africains payent souvent dix fois plus cher que ceux d’Europe pour un tel accès, analyse l’UIT.
La facilité et le coût d’accès au haut débit sont deux des indicateurs qui expliquent le mauvais classement des pays africains parmi les 157 classés sur l’Indice du développement des technologies de l’information et de la communication (TIC). Le rapport de l’UIT, intitulé Mesurer la société de l’information, est le cinquième d’une série publiée par l’agence des Nations Unies depuis 2009. Il rend compte des développements des TIC dans le monde et analyse notamment leurs prix et leur accessibilité.
En dépit de progrès dans nombre de pays africains, aucun ne figure aux cinquante premières places de l’Indice. Les Seychelles, pays le mieux classé du continent, ne sont que 67ème. Trente pays du continent font partie des trente neuf nations les moins connectées (qui représentent au total 2,4 milliards d’habitants).
La plupart des pays les moins connectés sont aussi ceux qui peinent à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Les auteurs du rapport estiment que “les TIC peuvent jouer un rôle déterminant dans la réalisation de ces objectifs et accélérer le développement, d’où la nécessité pour les responsables politiques de leur accorder une attention accrue.”
Selon le rapport, une fracture numérique voit le jour en Afrique. Certains pays (les Seychelles, la Mauritanie, le Cap Vert et l’Afrique du sud) enregistrent des évolutions positives : accès plus répandu aux TIC et baisse des prix... Trois pays (les Seychelles, la Zambie et le Zimbabwe) comptent même parmi les vingt nations les plus dynamiques ces deux dernières années. Pour d’autres pays au contraire, (République Centrafricaine, Burkina Faso, Guinée et Éthiopie), la fracture s’accroît : l’accès aux services les plus modernes (Internet haut débit, réseaux 3G…) y demeure difficile.
Tendances mondiales
Au niveau mondial, les évolutions positives dans les pays développés masquent des signes moins encourageants dans les pays en développement. Sur une période de quatre ans, les prix des services haut débit ont chuté drastiquement, de l’ordre de 82%, note le rapport. Alors que la République de Corée occupe le premier rang sur l’Indice de développement des TIC (8,57%), le Niger n’obtient qu’un score de 0,99% - sur une échelle théorique allant de 0 à 10. Cette évaluation révèle de très grandes disparités au niveau de l’accès, de l’emploi et des compétences en matière de TIC.
D’ici la fin 2013, on comptera 6,8 milliards d’abonnés au téléphone mobile – presque autant que d’habitants sur la planète. Mais seule une moitié de la population mondiale – et une minorité en Afrique – se trouve à portée d’un réseau 3G, qui permet un accès internet haut débit.
De même, l’utilisation d’Internet s’accélère dans le monde développé, mais progresse lentement ailleurs. Plus de 250 millions de personnes sont devenues des internautes en 2012 et près de 40% de la population mondiale (environ 2,7 milliards de personnes) utilisera Internet d’ici la fin 2013. Dans les pays développés, les chiffres sont si élevés que l’UIT prévoit une baisse de la croissance à deux chiffres relevée ces dernières années. Dans les pays les moins développés, moins d’une personne sur dix devrait utiliser Internet d’ici la fin de l’année 2013.
Les tablettes africaines à l’assaut de l’iPad
ParNirit Ben-Ari
Àtravers le monde, la mode est aux tablettes. Pratiques et faciles d’utilisation, elles sont particulièrement populaires parmi les étudiants, les professionnels ainsi que les hommes et les femmes d’affaires. Les iPads d’Apple dominent le marché des tablettes en Amérique du Nord et en Europe, mais pas en Afrique. Selon divers analystes, la plupart des Africains n’ont pas les moyens de payer les 700 dollars que peut coûter un iPad. Reste que beaucoup convoitent ces tablettes.
Encipher, une compagnie nigériane, espère satisfaire ce marché potentiel avec sa tablette Inye, fabriquée localement. Conçue par Saheed Adepoju, le patron de Encipher, Inye (qui signifie « un dans en langue Igala) coûte la moitié du prix d’un iPad, soit 350 dollars. Sortie en 2010, Inye opère avec sur une plateforme Android 2.1 et permet aux utilisateurs de se connecter à Internet au moyen d’une carte Wifi intégrée. La tablette fonctionne avec un modem 3G externe sur des réseaux GSM. En 2011, Encipher a lancé Inye-2, un modèle amélioré avec un écran tactile et qui peut fonctionner six heures durant sur batterie.
Le prix réduit et la qualité de la tablette nigériane (proche de celle d’un iPad selon son créateur) constituent son attrait principal. Cependant, les ventes sont pour l’heure décevantes. En cause, selon M. Adepoju, la lenteur de l’accès à Internet au Nigéria. Pour servir au mieux, les tablettes ont en effet besoin d’un accès haut débit.
Rien ne s’oppose à ce que des entreprises de logiciel valant plusieurs millions de dollars proviennent du continent
Les analystes estiment que même s’ils ne peuvent pas se permettre de payer 700 dollars pour un iPad, beaucoup d’Africains sont des mordus de la marque Apple et pourraient bien préférer mettre plus d’argent de côté afin d’acheter un iPad plutôt qu’un produit fabriqué localement. Mais le Nigéria développe actuellement son infrastructure à large bande et M. Adepoju pense que les ventes d’Inye pourraient bientôt connaitre leur envol.
Au Ghana voisin, Derrick Addae, 28 ans, PDG de GIL Corporation, une compagnie informatique, a mis au point le « G » Slab, une tablette PC de poche qui entend rivaliser avec l’iPad d’Apple et le Galaxy de Samsung. Le « G Slab permet de passer des coup de fil. Il est vendu avec une carte Wifi et est doté de Bluetooth et Microsoft Word. Il possède en outre la plupart des fonctions d’un l’iPad.
Ce type d’innovation ouvre la voie à plus de technologies africaines. « Le prochain Google pourrait-il etre africain ? », s’interroge Richard Tanksley, entrepreneur et professeur chevron néà la Meltwater Entrepreneurial School of Technology d’Accra, rapporte The Guardian, un quotidien britannique. M. Tanksley estime que « ’Afrique suscite tellement d’attention auprès des investisseurs et des créateurs d’entreprises... et rien ne s’oppose à ce que des entreprises de logiciel de plusieurs millions de dollars proviennent du continent.