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OMD : Evaluation des progrès de l’Afrique

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OMD : Evaluation des progrès de l’Afrique

Les critères d’évaluation étaient-ils injustes?
Afrique Renouveau: 
Secretary-General Ban Ki-moon is guided through Mbalmayo, Cameroon, a town where residents are engaged in several projects to further the Millennium Development Goals (MDGs). Ãå±±½ûµØPhoto/Eskinder Debebe
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Secretary-General Ban Ki-moon is guided through Mbalmayo, Cameroon, a town where residents are engaged in several projects to further the Millennium Development Goals (MDGs). Ãå±±½ûµØPhoto/Eskinder Debebe

En deux décennies, le taux de scolarisation primaire dans deux des pays les plus pauvres du monde - le Niger et le Burkina Faso – est passé de 20% à plus de 60%. Malgré tout, l’on considère que ces deux pays n’ont pas réussi à atteindre l’objectif du Millénaire pour le développement (OMD) visant l’éducation primaire pour tous en 2015.

Au fil des ans, l’absence de critère approprié permettant de suivre de près les progrès réalisés dans le cadre des programmes de développement des pays pauvres a souvent été pointée du doigt par les experts.

A mesure que l’on se rapproche de la fin des OMD, certains experts estiment que la communauté internationale doit être consciente du fait que le processus d’évaluation était injuste envers l’Afrique et que les progrès réalisés par des pays comme le Burkina Faso et le Niger doivent être reconnus à leur juste valeur.

Dans un article intitulé What’s Wrong with the Millenium Development Goals ? Ìý(Quel est le problème des objectifs du Millénaire pour le développement ndlr), Michael Clemens et Todd Moss, chargés de recherche au Centre pour le développement mondial, un groupe de réflexion basé aux Etats-Unis, font observer : «Il a fallu aux États-Unis plus d’un siècle pour parvenir au taux de scolarisation primaire actuel du Burkina Faso ».

Critiques de longue date des OMD, M. Clemens et M. Moss se demandent par ailleurs: « Ne serait-il pas plus enthousiasmant pour la communauté du développement de célébrer la performance du Burkina Faso, plutôt que d’y voir une catastrophe? »

Par ailleurs, dans un article paru en mars 2015, Laura Rodriguez Takeuchi, Emma Samman et Liesbet Steer de l’Institut de développement d’Outre-mer (ODI), un groupe de réflexion basé au Royaume-Uni, posent eux aussi un regard critique sur le système d’évaluation des OMD qui, selon eux, ne tient pas compte des réalités nationales.

Les pays sont classés comme étant «en bonne voie» ou «en retard» de manière non linéaire, avec des pays à différents stades de développement, note l’article. Les auteurs constatent qu’en fonction de l’indicateur, au moins 46% des pays pauvres pour lesquels des données suffisantes étaient disponibles « ont enregistré des progrès plus importants que prévu dans certaines cibles des OMD, même si ils ne sont pas ‘en bonne voie’ de les atteindre. »

« L’évaluation des pays au moyen d’objectifs mondiaux » s’est avérée problématique dans certains cas et favorise une perception erronée des réels progrès effectués », affirment les auteurs. « L’application des mêmes objectifs à tous les pays fait penser que des efforts similaires se traduiront par desÌý ‘gains’ similaires à travers différents pays. Mais notre analyse – comme tant d’autres – montre que le progrès est rarement linéaire.

Economiste et professeur à l’Université de New York, William Easterly fait, quant à lui, remarquer qu’avoir fait du premier OMD la réduction de la pauvreté de moitié d’ici 2015, par rapport à son niveau de 1990 a contribué à « biaiser la campagne en Afrique dans le sens où, pour deux raisons, il était encore plus probable que, par rapport aux autres régions, l’Afrique enregistrerait un « échec ».

Dans son célèbre article de 2007 intitulé How the Millennium Development Goals Are Unfair to Africa, (Les Objectifs du Millénaire pour le développement ne font pas justice à l’Afrique ndlr) M. Easterly critique le choix de 1990 comme année de référence (la campagne des OMD a été lancée en 2000) alors que la croissance économique en Afrique était particulièrement mauvaise. « Cela signifie que les pays et les régions sont évalués non seulement sur la base de leurs progrès au cours de la campagne mais aussi des progrès réalisés (ou non) avant le début de la campagne, » ajoute-t-il.

Ensuite, M. Easterly soutient que la décision de faire de la réduction de la pauvreté un objectif accorde plus d’importance à la croissance économique comme moteur de réduction de la pauvreté (par effet d’entraînement) au lieu de miser sur les efforts visant à améliorer les revenus de ceux qui vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté. M. Easterly juge également discriminatoire la fixation de certains Objectifs, conduisant par exemple à déclarer, en l’absence de données fiables, l’Afrique incapable de réduire la mortalité maternelle de deux tiers.

La plupart de ces critiques sont bien connues et ont été documentées par divers chercheurs au fil des ans. Ces critiques ont considérablement influencé l’évaluation de la mise en œuvre des OMD, amenant les observateurs à ne plus simplement noter que «l’Afrique est en retard » mais à adopter une approche plus nuancée, consistant à évaluer le niveau de progrès de chaque pays en fonction de son contexte spécifique.

Selon le rapport 2014 sur les OMD, les pays africains ont accompli des progrès vers la réalisation des OMD malgré les conditions initiales difficiles. Trente-quatre des 48 pays classés les moins avancés sont dans la région Afrique.

Selon Susan Nicolai, chef du projet de suivi des progrès de développement à l’ODI, «Réaliser des études de cas des pays afin de mieux comprendre à la fois le niveau des progrès réalisés et les facteurs spécifiques ayant conduit à cela s’avère essentiel». L’ODI a déjà réalisé 49 études de cas des progrès réalisés par différents pays au cours des deux dernières décennies et des leçons à tirer pour l‘ensemble de la communauté internationale.

La voie à suivre

Suite à l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable, à la fin du processus d’évaluation des OMD en septembre, Mme Takeuchi de l’ODI a fait remarquer que le processus d’élaboration de ce nouvel ensemble d’objectifsÌý« a été beaucoup plus inclusif, à la fois en termes de prise en compte des voix des différents pays, mais aussi de celles de différents groupes au sein des pays.». Elle prend comme exemple MyWorld2015, une enquête mondiale menée par l’ONU visant à « recueillir les points de vue de plus de 7 millions de personnes à travers le monde sur ce qui pourrait rendre leurs vies meilleures dans les 15 prochaines années. ». Les résultats de l’enquête ont été transmis aux négociateurs des Objectifs de développement durable (ODD) via la société civile.

Financer le développement durable

Mme Takeuchi estime que des enquêtes comme MyWorld2015 peuvent constituer de puissants outils pour s’assurer que les cibles nationales soient conformes aux priorités nationales. Ìý

Les fonds servant à financer le développement représentent également une exigence majeure. L’aide au développement a joué un rôle important dans la mise en Å“uvre des OMD. Cependant, contrairement aux OMD, l’Agenda 2030 pour le développement durable est universel et devrait recevoirÌýun appui financier global pour sa mise en Å“uvre tel qu’énoncé dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté par les leaders du monde lors de la Troisième Conférence internationale sur le financement du développement tenue en Ethiopie en juillet 2015. Le Programme d’action met l’accent sur la nécessité de mobiliser des ressources nationales, et pose les bases de la mise en Å“uvre des ODD.