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Les défis de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre

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Les défis de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre

De l’importance de mesures adaptées et de la coopération internationale
Afrique Renouveau: 
Richard Danzinger is IOM’s Regional Director for West and Central Africa
Richard Danziger est directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale

L’immigration est, sans nul doute, l’un des défis majeurs de ce siècle. Aujourd’hui, la planète compte 258 millions de migrants, soit 3,4% de la population mondiale. Quelque 258 millions sont des migrants internationaux, 40 millions des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et 25,9 millions des réfugiés ou des demandeurs d’asile. En 2018, les déplacements de population touchent tous les pays.Ìý Ìý

Environ 423 millions de personnes vivent au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, une structure régionale qui regroupe quinze États membres et vise à promouvoir l’intégration économique dans une région où le taux de chômage atteint parfois les 20%, accentuant l’émigration.

La protection des migrants est une valeur fondamentale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans le monde, mais en particulier dans la région du Sahel, les abus perpétrés contre les migrants ont augmenté avec la multiplication des routes migratoires. Le trafic illicite d’êtres humains accroît la vulnérabilité des migrants, surtout ceux qui sont sans papiers.Ìý Ìý

Le Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale défend l’idée qui a présidé à sa création il y a 65 ans : hommes et femmes sont membres égaux de la même famille humaine dans laquelle la liberté, la protection et la dignité ne sont pas des privilèges accordés à quelques chanceux mais des droits fondamentaux communs à tous.

L’immigration à travers la région du Sahel est une question complexe qui pose d’importants défis, notamment en raison du manque de données, de la faiblesse des contrôles et de la gestion des frontières, des besoins en aide humanitaire, des variations de flux migratoires et du trafic de personnes.

Sans des accords bilatéraux ou régionaux adéquats de mobilité, des milliers de travailleurs continueront à migrer.

L’émigration est souvent associée à la pauvreté, mais d’autres facteurs sont à l’origine du phénomène, comme le chômage des jeunes, le changement climatique et l’urbanisation.

L’émigration professionnelle représente la plus grande part des déplacements régionaux, les jeunes allant d’un pays à un autre à la recherche de meilleures perspectives d’emploi.

Les déplacements massifs de population sont aussi liés aux conflits et à un environnement instable. En République centrafricaine, 2,5 millions de personnes ont eu besoin d’une aide humanitaire et 690 000 ont été déplacées au sein du pays en raison des violences d’origine religieuse des cinq dernières années

Les demandeurs d’asile fuyant les violences ethniques et religieuses se retrouvent au Cameroun, au Nigéria, en République démocratique du Congo, au Tchad et au Congo. La situation actuelle est un problème pour toute la région.

Etant donné cette crise, un cadre de gestion des migrations qui apportantÌý des solutions pratiques, humaines et respectueuses des droits est nécessaire. Renforcer les dispositifs de mobilité dans la région fluidifiera et équilibrera les migrations, permettant aux personnes de travailler légalement à l’étranger puis de revenir dans leur pays pour participer au développement de leurs communautés d’origine.

Cette stratégie doit aussi garantir la mobilité des communautés transfrontalières, qui pose des problèmes de gestion aux frontières en l’absence de systèmes de contrôle d’identité efficaces et du fait des capacités limitées de surveillance et de contrôle dans une région où les frontières sont longues et poreuses. Des mesures coordonnées doivent être prises pour répondre aux enjeux des migrations pour la santé publique, les ressources naturelles, l’éducation et la formation professionnelle.

De plus en plus de migrants changent de point de vue sur l’immigration – en particulier l’immigration illégale –, voulant essayer de s’en sortir dans leurs pays plutôt que de prendre des risques inutiles en allant à l’étranger. Ces personnes bénéficieraient de dispositifs de mobilité et d’alternatives légales.

Afin de garantir la sécurité des personnes sur les routes migratoires, si celles-ci n’ont pas de solutions légales pour émigrer ou rentrer dans leur pays, l’OIM, en association avec les états membres africains et l’Union européenne, a lancé, en décembre 2016, l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants afin d’apporter une aide d’urgence aux migrants bloqués dans leurs déplacements. Quelque 40 000 personnes ont ainsi pu être aidées.

L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale font face à certains des plus grands défis mondiaux – le changement climatique et la désertification, la croissance effrénée de la population, notamment parmi les jeunes, les déplacements provoqués par les conflits. Mais grâce à la résilience de leurs quelque 500 millions d’habitants, ces régions possèdent aussi un énorme potentiel.

Des politiques migratoires appropriées ainsi qu’une étroite collaboration entre pays au sein de la région mais aussi entre le continent et les pays de destination aideront à concrétiser ce potentiel, tout comme un engagement des états concernés dans la mise en Å“uvre du nouveau Pacte mondial sur les migrations.Ìý Ìý Ìý


Richard Danziger est directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale

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