Catherine Oshotse, une entrepreneure de 27 ans de Lagos, au Nigeria, peut remercier Internet. Grâce à la vente en ligne d’extensions de cheveux et de sacs à main pour femmes, ses clients sont passés de 10 en 2015 à plus de 1 000, dont 70 % en Afrique et 20 % au Royaume-Uni et aux États-Unis.
«Il vous suffit d’aller sur mon site et de cliquer sur l’article que vous souhaitez. Je reçois un courriel indiquant qu’une commande a été passée, puis je livre le colis. Très facile !», confie Mme Oshotse.
La vente en ligne est en plein essor en Afrique et cela change la donne. L’Afrique rejoint ainsi le monde florissant des économies numériques. Environ 264 start-ups sont opérationnelles sur le continent et actives dans au moins 23 pays. Jusqu’à 3 millions d’emplois liés aux marchés en ligne, aux fonctions support de services ainsi qu’aux retombées économiques, pourraient être créés d’ici 2025.
Les avantages comprendront l’ouverture des marchés à des communautés rurales isolées et la fourniture de services aux consommateurs africains. Les jeunes entrepreneurs s’intéressent vivement au commerce électronique parce qu’il nécessite un financement raisonnable de départ avec des perspectives de revenus et est ouvert à tous, ce qui n’est pas le cas de certains lieux de travail traditionnels.
Le commerce électronique peut aussi être une force pour le développement durable. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime que l’Afrique comptait au moins 21 millions d’acheteurs en ligne en 2017, dont 50 % au Nigeria, en Afrique du Sud et au Kenya. Bien que la population africaine compte plus d’un milliard d’habitants, ce nombre augmente de 18 % par an depuis 2014, soit 6 % de plus que la moyenne mondiale.
Les défis et les opportunités du commerce sur le continent
Malgré la popularité croissante du commerce électronique, l’industrie se heurte à des obstacles.
L’Indice du commerce électronique 2018 de la CNUCED, qui mesure l’état de préparation d’une économie à soutenir les achats en ligne, couvre 151 économies mondiales, dont 44 pays africains. Maurice est classée 55ième, soit la meilleure place en Afrique. Le Nigéria et l’Afrique du Sud occupent respectivement la 75ième et 77ième place. Neuf des dix derniers pays du classement sont africains.
Les défis à relever sont notamment la lenteur et le coût élevé de la connectivité Internet, l’insuffisance des infrastructures, la faiblesse de la logistique et la protection des consommateurs faible ou inexistante.
Bien que le paiement par téléphone mobile se développe, le paiement à la livraison reste populaire en Afrique, ce qui rend le commerce électronique transfrontalier difficile. Les politiques ne sont souvent pas adaptées aux chaînes complexes de paiement, et les commerçants ont moins d’options pour connecter leurs systèmes locaux de paiement électronique aux services utilisés par les clients mondiaux.
En favorisant l’amélioration de l’interopérabilité des systèmes de paiement, les décideurs contribueraient à renforcer la position de l’Afrique en tant que leader mondial des paiements mobiles.
Prévue pour 2020, la nouvelle zone de libre-échange du continent africain (ZLEC) vise à créer le plus grand bloc commercial du monde, avec un marché de 1,27 milliard de consommateurs, qui devrait atteindre 1,7 milliard d’ici 2030. La réduction de la fracture numérique et la création d’un environnement favorable aideraient les entrepreneurs à conquérir de nouveaux clients et offriraient de nombreuses possibilités d’innovation.
Le rôle que le commerce électronique peut jouer dans la réalisation de la ZLEC est essentiel. « Le commerce électronique peut faire décoller le commerce intra-africain qui représente 18 % des échanges, et stimuler la part de l’Afrique dans le commerce mondial,Ìý estimée à moins de 3 % », a déclaré Ajay Kumar Bramdeo, ambassadeur de l’Union africaine auprès de l’ONU à Genève, lors de la semaine du commerce électronique. Ìý