缅北禁地

Photo: Associated Press / Jasper Juinen

Parfois, pendant de longs mois, de jeunes Africains, hommes et femmes, risquent tout, y compris leur vie, pour entreprendre un p茅rilleux p茅riple qui leur fait traverser des dizaines de fronti猫res et les dangereux courants de la M茅diterran茅e 脿 la recherche d鈥檜ne vie meilleure dans le Nord. Certains y laissent leur vie, d鈥檃utres sont renvoy茅s chez eux et d鈥檃utres encore, qui atteignent leur destination, comprennent que leur existence n鈥檡 sera pas forc茅ment plus facile. Mais 茅tant donn茅 le manque d鈥檈mplois et les sombres perspectives auxquels ils sont confront茅s dans leur pays, des millions de jeunes Africains pr茅f猫rent encore l鈥檈xode, souvent clandestin.

De tels d茅placements de populations posent de s茅rieux probl猫mes 脿 de nombreux gouvernements et 脿 la communaut茅 internationale. L鈥檌mmigration irr茅guli猫re听constitue l鈥檜ne des principales pr茅occupations des pouvoirs publics et des citoyens des pays industrialis茅s听: entr茅e ill茅gale dans les pays de destination, mariages blancs, d茅passement des s茅jours autoris茅s, interpr茅tation abusive du droit d鈥檃sile et difficult茅 脿 renvoyer les candidats 茅conduits.

L鈥櫭﹎igration est l鈥檜n des sujets de d茅saccord entre les pays d鈥檕rigine, pauvres pour la plupart, et les pays de destination, plus riches. Jamais les r茅gions de la plan猫te n鈥檕nt 茅t茅 aussi li茅es les unes aux autres. L鈥檌nformation, les mati猫res premi猫res et l鈥檃rgent franchissent rapidement les fronti猫res听: c鈥檈st ce qu鈥檕n appelle souvent la mondialisation. Pourtant les pays industrialis茅s, tout en favorisant la circulation de capitaux, de biens et de services (qu鈥檌ls fournissent pour la plupart), freinent le passage de la main-d鈥檕euvre, qui provient surtout des pays en d茅veloppement.

Un candidat africain 脿 l鈥樏﹎igration sur les chemins du Maroc, point de d茅part habituel des 茅migrants pour l鈥橢urope.

Photo: Reuters / Andrea Comasi

Entre 1960 et 2000, la part des exportations de marchandises et du commerce des services a 脿 peu pr猫s doubl茅, gr芒ce 脿 l鈥檃doption de nouvelles politiques commerciales internationales n茅goci茅es dans le cadre de l鈥橭rganisation mondiale du commerce (OMC). Pourtant, pendant la m锚me p茅riode, la proportion de migrants internationaux dans la population mondiale n鈥檃 augment茅 que tr猫s l茅g猫rement, passant de 2,5 脿 3听%. Cette faible progression s鈥檈xplique par les restrictions de plus en plus lourdes en mati猫re de migration officielle, qui sont 茅galement 脿 l鈥檕rigine, en partie du moins, de l鈥檃ugmentation de l鈥檌mmigration ill茅gale.

En l鈥檃n 2000, il y avait environ 175 millions de migrants dans le monde. Environ 9听% d鈥檈ntre eux, soit 16,3 millions, 茅taient des Africains, contre 12听% en 1960. Les migrants repr茅sentent de 5 脿 12听% de la population de 30 pays industrialis茅s, d鈥檃pr猫s la Commission mondiale sur les migrations internationales.

Questions complexes

La migration s鈥檃ccompagne de 鈥渘ombreux d茅fis complexes鈥�, d茅clare le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, Kofi Annan听: questions li茅es aux droits de l鈥檋omme, perspectives 茅conomiques, p茅nurie de main d鈥櫯搖vre et ch么mage, fuite des cerveaux, multiculturalisme et insertion sociale, et flux de r茅fugi茅s et de demandeurs d鈥檃sile. Les autorit茅s sont 茅galement confront茅es aux questions li茅es au respect des lois. Surtout apr猫s les attentats terroristes aux Etats-Unis en 2001, les questions concernant la s茅curit茅 des populations et des pays font aussi l鈥檕bjet de nombreuses r茅flexions.

鈥淣ous ne pouvons ignorer les v茅ritables probl猫mes politiques que pose l鈥櫭﹎igration, affirme M. Annan, comme nous ne pouvons non plus perdre de vue les formidables perspectives qu鈥檕ffre celle-ci aux 茅migrants, aux pays qu鈥檌ls quittent et ceux o霉 ils se rendent."

Notamment du fait de la p茅nurie de main d鈥櫯搖vre dans certains secteurs d鈥檃ctivit茅, d鈥檜ne 茅conomie mondiale en plein essor et de la tendance 脿 terme au vieillissement d茅mographique, nombre de pays industrialis茅s ont besoin d鈥檌mmigrants. Ces pays manquent de personnel dans des domaines hautement sp茅cialis茅s comme les technologies de l鈥檌nformation et les services de sant茅, ainsi que de main-d鈥檕euvre dans l鈥檃griculture, le secteur manufacturier et la construction. Les autorit茅s de ces pays ferment donc les yeux sur l鈥檌mmigration irr茅guli猫re pour remplir des postes qui n鈥檌nt茅ressent pas la main d鈥櫯搖vre locale.

Il y a toutefois des limites au nombre d鈥檌mmigrants que ces pays sont capables d鈥檃bsorber, notamment en raison de l鈥檃ugmentation du ch么mage sur le plan national. Un nombre croissant de pays d鈥檃ccueil imposent des conditions d鈥檃dmission plus s茅v猫res aux candidats 脿 l鈥檌mmigration.

Pour leur part, les pays en d茅veloppement exigent une lib茅ralisation dans ce domaine, affirmant que l鈥櫭﹎igration est un moyen de r茅duire la masse des ch么meurs, de g茅n茅rer des revenus par l鈥檌nterm茅diaire des rapatriements de fonds et d鈥檌mporter des comp茅tences. Ces pays s鈥檌nqui猫tent 茅galement du d茅part de leur main-d鈥櫯搖vre qualifi茅e vers des pays plus riches 鈥� c鈥檈st-脿-dire de la fuite des cerveaux. Conscients des effets pr茅judiciables d鈥檜ne telle 茅migration, certains pays en d茅veloppement ont adopt茅 des mesures visant 脿 dissuader le d茅part des personnes ayant des qualifications n茅cessaires, comme les m茅decins et infirmiers.

La formulation de politiques globales susceptibles de rem茅dier 脿 tous ces probl猫mes constitue un d茅fi formidable. L鈥櫭﹎igration se trouve aujourd鈥檋ui dans la situation o霉 se trouvait le commerce international il y a une cinquantaine d鈥檃nn茅es, note Dhananjayan Sriskandarajah de l鈥橧nstitute for Public Policy Research des Etats-Unis. A l鈥櫭﹑oque, explique-t-il, les r猫gles actuelles r茅gissant le commerce international semblaient inimaginables.

鈥淐eux qui r茅fl茅chissent actuellement 脿 un nouveau cadre international pour l鈥櫭﹎igration se heurtent 脿 des d茅fis remarquablement similaires, pr茅cise-t-il.鈥�

Cr茅ation d鈥檈mplois

La plupart des candidats 脿 l鈥櫭﹎igration cherchent 脿 partir en raison des conditions difficiles qui r猫gnent dans leur pays. Dans la plupart des pays d鈥櫭﹎igration, les emplois sont rares ou les salaires trop faibles, ce qui am猫ne des habitants 脿 tenter leur chance ailleurs. Il est donc possible, en temps de paix, d鈥櫭﹙iter l鈥櫭﹎igration en cr茅ant des emplois sur place.

鈥淣ous ne pouvons ignorer les v茅ritables probl猫mes politiques que pose l鈥櫭﹎igration, comme nous ne pouvons non plus perdre de vue les formidables perspectives qu鈥檕ffre celle-ci aux 茅migrants, aux pays qu鈥檌ls quittent et ceux o霉 ils se rendent.鈥�

鈥� Kofi Annan, Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU

鈥淟a mondialisation n鈥檃 pas r茅ussi 脿 g茅n茅rer 脿 ce jour un nombre suffisant d鈥檈mplois d茅cents et permanents鈥�, affirme le Directeur g茅n茅ral de l鈥橭IT, Juan Somavia.

De nombreux pays africains ne sont pas parvenus 脿 cr茅er des emplois au cours des derni猫res d茅cennies, malgr茅 les politiques d鈥檃justement structurel pr茅conis茅es par la Banque mondiale et le Fonds mon茅taire international. Le nombre d鈥檕ffres d鈥檈mploi et le niveau des revenus r茅els ont au contraire diminu茅.

鈥淛e ne veux m锚me pas imaginer ce que nous verrons dans une vingtaine d鈥檃nn茅es s鈥檌l n鈥檡 a pas d鈥檈ffort massif et concert茅 pour offrir du travail et de meilleures perspectives 茅conomiques en Afrique de l鈥橭uest, d茅clare le Repr茅sentant sp茅cial de l鈥橭NU pour l鈥橝frique de l鈥橭uest, Ahmedou Ould-Abdallah."

La Commission 茅conomique de l鈥橭NU pour l鈥橝frique (CEA), qui si猫ge 脿 Addis-Abeba, recommande que les politiques de cr茅ation d鈥檈mplois en Afrique se concentrent sur les secteurs n茅cessitant une main-d鈥櫯搖vre importante comme l鈥檃griculture. Dans son Rapport 茅conomique de 2005 sur l鈥橝frique, la CEA invite les gouvernements africains 脿 all茅ger le plus possible les r茅glementations concernant les investissements priv茅s, nationaux et 茅trangers, 脿 offrir une infrastructure satisfaisante et 脿 favoriser des syst猫mes politiques qui encouragent la participation de la majorit茅 des citoyens.

Les politiques commerciales internationales contribuent 脿 aggraver la situation de nombreux pays africains. C鈥檈st ainsi que la plupart des pays d鈥檌mmigration prot猫gent leurs secteurs agricoles 脿 coups de subventions, ce qui a pour effet de garantir 脿 leurs agriculteurs des prix sup茅rieurs 脿 ceux des march茅s mondiaux et d鈥櫭﹍iminer toute possibilit茅 de concurrence de la part des agriculteurs pauvres des pays d鈥櫭﹎igration.

M锚me constat d鈥櫭ヽhec pour les politiques d鈥檌nvestissement des pays industrialis茅s, qui pourraient pourtant servir 脿 r茅guler les courants d鈥櫭﹎igration."

鈥淟e temps des analyses ou des solutions toutes faites est r茅volu. Il appartient aux institutions financi猫res internationales, au syst猫me des Nations Unies tout entier et 脿 la coop茅ration bilat茅rale de mettre l鈥檃ccent sur la cr茅ation d鈥檈mplois, facteur essentiel de paix, de s茅curit茅 et d鈥檜nit茅 en Afrique鈥�, soutient pour sa part M. Somavia.

Vers des politiques plus justes

De nombreux pays en d茅veloppement estiment qu鈥檜ne immigration plus lib茅rale leur permettrait de tirer avantage plus rapidement de la mondialisation. Le plus difficile restel鈥櫭﹍aboration de politiques qui conviennent 脿 la fois aux pays industriels et aux pays en d茅veloppement et soient susceptibles de relancer la croissance 茅conomique mondiale.

鈥淚l nous incombe 脿 nous, Africains et Europ茅ens, de d茅manteler ensemble les r茅seaux d鈥檌mmigration ill茅gale, derri猫re lesquels se dissimule un trafic 茅pouvantable et mafieux, a d茅clar茅 le Pr茅sident fran莽ais Jacques Chirac au Sommet France-Afrique qui s鈥檈st tenu en septembre au Mali. Ensemble, il nous faut encourager le co-d茅veloppement et permettre aux Africains de b茅n茅ficier de conditions de vie et de travail d茅centes dans leurs propres pays."

Toutefois, la coop茅ration internationale qui permettra de relancer les 茅conomies africaines d茅pendra en fin de compte du niveau de financement accord茅 au m茅canisme de d茅veloppement du continent, Le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD), y compris de la hausse de l鈥檃ide financi猫re et d鈥檜ne solution durable au fardeau de la dette africaine.

Les pays africains demandent 茅galement aux Etats industriels de lever les obstacles 脿 la libre circulation de la main d鈥櫯搖vre dans le cadre des n茅gociations de l鈥橭MC. Avec d鈥檃utres pays en d茅veloppement, les pays africains plaident pour la lib茅ralisation de la circulation de la main d鈥櫯搖vre, 脿 l鈥檌nstar de ce qui a 茅t茅 fait pour les 茅changes de biens, de services et d鈥檌nformations, arguant qu鈥檌l s鈥檃git d鈥檜n domaine o霉 ils sont bien lotis et dont ils pourraient tirer d鈥檌mportants revenus. Avec l鈥橧nde comme chef de file, les pays en d茅veloppement consid猫rent que la lib茅ralisation de la main-d鈥櫯搖vre est un crit猫re de succ猫s du cycle actuel de n茅gociations de l鈥橭MC, qui devrait s鈥檃chever en 2006.

Conventions internationales

La Commission mondiale sur les migrations internationales, cr茅茅e en 2003 脿 l鈥檌nitiative du Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, propose pour sa part l鈥櫭﹖ablissement par l鈥橭NU d鈥檜n M茅canisme interorganisations de migrations interationales, qui r茅unirait plus d鈥檜ne douzaine d鈥檌nstitutions des Nations Unies et d鈥檃illeurs et servirait de cadre principal aux d茅bats sur la migration.

Les 茅migr茅s qui quittent leur pays 脿 la recherche de travail ne b茅n茅ficient pas d鈥檜ne protection suffisante en droit international. Deux conventions de l鈥橭rganisation internationale du travail (OIT) sont les principaux instruments qui d茅fendent leurs droits. Les conventions insistent sur l鈥櫭﹒uit茅 salariale, exigeant que les migrants re莽oivent des r茅mun茅rations comparables 脿 celles per莽ues par les travailleurs ex茅cutant des t芒ches similaires dans les pays d鈥檃ccueil. Les pays d鈥檕rigine et d鈥檃ccueil sont 茅galement invit茅s 脿 conclure des accords bilat茅raux destin茅s 脿 prot茅ger les droits des travailleurs 茅trangers.

La Convention internationale des Nations Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, qui est entr茅e en vigueur en 2003, va un peu plus loin. Elle s鈥檃pplique 脿 tous les migrants 茅conomiques, y compris les marins et les travailleurs ind茅pendants. La convention 茅num猫re les droits et responsabilit茅s des Etats en mati猫re de contr么le de la circulation transfronti猫re des personnes et d茅taille les droits des travailleurs migrants.

鈥淚l subsiste cependant des lacunes dans le droit et les normes internationales, notamment en ce qui concerne l鈥櫭﹎igration pour raisons familiales ou 茅conomiques鈥�, souligne Susan Martin de l鈥橧nstitute of International Migration de l鈥橴niversit茅 de Georgetown (Etats-Unis). Les conventions de l鈥橭IT sont entr茅es en vigueur avec un nombre relativement restreint de signataires et la convention de l鈥橭NU n鈥檃 茅t茅 ratifi茅e que par 27 Etats, tous des pays d鈥櫭﹎igration.

Les conventions internationales ne sont pas per莽ues favorablement dans les pays d鈥檃ccueil, notamment parce que leur mise en oeuvre implique des d茅penses, par exemple pour offrir des services aux immigrants. Certains pays industrialis茅s estiment par ailleurs que ces conventions empi猫tent sur leurs droits de l茅gif茅rer en la mati猫re.

Un groupe d鈥橝fricains d茅tenus par des douaniers espagnols听: les pays du Nord sont de plus en plus pr茅occup茅s par le flux croissant d鈥櫭﹎igrants sans papiers.

Photo: Associated Press / Jasper Juinen

鈥淟es Etats-Unis estiment que ces questions doivent 锚tre d茅battues 脿 l鈥橭rganisation internationale sur les migrations, bien que celle-ci ne fasse pas partie du syst猫me des Nations Unies鈥�, explique l鈥橝mbassadeur Sichan Siv, repr茅sentant am茅ricain aupr猫s des Nations Unies, en r茅ponse 脿 la proposition de la Commission mondiale sur les migrations internationales de cr茅er un organisme international consacr茅 脿 la question. Bien que la coordination internationale soit importante dans ce domaine, 鈥渋l ne faudrait toutefois pas oublier qu鈥檈n fin de compte les lois et politiques relatives 脿 la migration rel猫vent du droit souverain des Etats鈥�, ajoute-t-il n茅anmoins.

Migration temporaire

Aux Etats-Unis, qui comptent 脿 peu pr猫s 34 millions de travailleurs n茅s 脿 l鈥櫭﹖ranger (dont 11 millions de clandestins), le Pr茅sident Bush s鈥檈st prononc茅 pour l鈥檃doption d鈥檜ne nouvelle l茅gislation nationale qui autoriserait l鈥檌mmigration temporaire de travailleurs pendant trois ans au maximum. Les candidats au s茅jour temporaire n鈥檃uraient toutefois pas le droit de postuler au statut de r茅sident permanent apr猫s la date d鈥檈xpiration de leur s茅jour. Plus d鈥檜n million d鈥檌mmigrants ayant 茅t茅 arr锚t茅s en 2005 seulement pour avoir tent茅 d鈥檈ntrer aux Etats-Unis depuis le Mexique, le plan de M. Bush pr茅voit 茅galement une multiplication du nombre de patrouilles 脿 la fronti猫re entre les deux pays.

Ces propositions ont provoqu茅 une vive controverse, certains 茅tant hostiles 脿 toute concession accord茅e aux immigrants clandestins qui vivent d茅j脿 aux Etats-Unis. De telles concessions, affirment-ils, r茅compenseraient 鈥渃eux qui ont enfreint la loi鈥�. En revanche, les milieux d鈥檃ffaires am茅ricains exigent de plus en plus une r茅forme compl猫te des lois sur l鈥檌mmigration, notamment en faveur du statut de travailleur-temporaire, de mani猫re 脿 ce que ceux qui sont entr茅s dans le pays ill茅galement aient des possibilit茅s de continuer 脿 travailler l茅galement.

En raison des besoins en main d鈥櫯搖vre des pays d茅velopp茅s, les conditions d鈥檃dmission de certaines cat茅gories de travailleurs, notamment les agriculteurs saisonniers, ont eu tendance 脿 锚tre assouplies. Le secteur agricole de l鈥橴nion europ茅enne (UE) emploie tous les ans pr猫s de 500 000 travailleurs saisonniers originaires d鈥檃utres pays que les 15 Etats membres les plus anciens de l鈥橴E, d鈥檃pr猫s l鈥橢tude 2004 sur la situation 茅conomique et sociale dans le monde du D茅partement des affaires 茅conomiques et sociales de l鈥橭NU.

Migration en hausse

Malgr茅 les tentatives visant 脿 freiner la circulation transfronti猫re des personnes, les experts pr茅voient une intensification des flux migratoires. L鈥檜ne des raisons est d茅mographique, les populations des pays en d茅veloppement augmentant rapidement, contrairement 脿 celles des pays 脿 haut revenu. Pour faire marcher leurs 茅conomies, les pays industrialis茅s doivent donc faire appel 脿 une main-d鈥檕euvre 茅trang猫re. Le bon fonctionnement du plus important employeur d鈥橢urope, le National Health Service de Grande-Bretagne, repose en grande partie sur le travail des immigrants infirmiers ou m茅decins, alors que le secteur de la haute technologie aux Etats-Unis a recours 脿 des milliers de jeunes immigrants pour remplir ses nombreux postes vacants.

En outre, l鈥檌mmigration contribue 脿 la croissance 茅conomique. La Banque mondiale estime que si la main-d鈥檕euvre des pays 脿 hauts revenus devait s鈥檃ccro卯tre de 3听%, et m锚me si cette force de travail n鈥櫭﹖ait compos茅e que d鈥檌mmigrants, le b茅n茅fice annuel mondial serait de l鈥檕rdre de 356 milliards de dollars. 鈥淐es profits seraient sup茅rieurs 脿 ceux g茅n茅r茅s par le commerce international鈥�, note Dilip Ratha, 茅conomiste principal 脿 la Banque mondiale.

Les avantages de l鈥櫭﹎igration b茅n茅ficient 茅galement aux pays en d茅veloppement, lesquels re莽oivent, souligne-t-il, plus de 165 milliards de dollars par an sous forme de fonds envoy茅s par les travailleurs de l鈥櫭﹖ranger. 鈥淐es envois de fonds contribuent 脿 r茅duire la pauvret茅, car ils sont directement vers茅s aux m茅nages鈥�, souligne M. Ratha. D鈥檃pr猫s des enqu锚tes r茅alis茅es aupr猫s des m茅nages en Ouganda, les envois d鈥檃rgent de l鈥櫭﹖ranger ont permis de r茅duire de 11听% la pauvret茅.

Vaut-il mieux faciliter ou freiner la mobilit茅 des candidats 脿 l鈥櫭﹎igration听? Fermer les fronti猫res aurait de f芒cheuses cons茅quences en mati猫re de droits de l鈥檋omme, risquerait de ne pas 锚tre efficace et r茅duirait les avantages que pr茅sente la migration pour les pays de destination et d鈥檕rigine, affirme M. Sriskandarajah, de l鈥橧nstitute for Public Policy Research aux Etats-Unis.

Une meilleure solution, 脿 son avis, serait d鈥檃dmettre que la migration peut avoir des effets salutaires pour ceux qui se d茅placent, pour les soci茅t茅s qui les accueillent et pour les soci茅t茅s qu鈥檌ls quittent.