缅北禁地

Un agent du Fonds mondial pour la nature surveille les op茅rations d鈥檈xploitation commerciale d鈥檜ne for锚t au Gabon pour s鈥檃ssurer que l鈥檈nvironnement n鈥檈n souffre pas..

Photo: Panos / Sven Torfinn

Vues d鈥檈n haut les for锚ts de la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC) s鈥櫭﹖endent 脿 l鈥檌nfini. Denses, profondes, et apparemment imp茅n茅trables, les for锚ts de l鈥橝frique centrale s鈥櫭﹖endent sur plus de 200 millions d鈥檋ectares. Elles offrent un refuge 脿 tous, qu鈥檌l s鈥檃gisse d鈥檈sp猫ces animales ou v茅g茅tales rares en voie de disparition ou de miliciens redoutables.

Il est difficile d鈥檌maginer que ces vastes 茅tendues d鈥檃nciennes r茅gions bois茅es risquent de dispara卯tre. D鈥檃pr猫s l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture (FAO), les for锚ts autochtones d鈥橝frique sont d茅truites au rythme de plus de quatre millions d鈥檋ectares par an. La FAO estime que, rien que de 1980 脿 1995, la d茅forestation a repr茅sent茅 plus de 10 % du total de la couverture foresti猫re du continent.

Prot茅ger les for锚ts de l鈥橝frique de la tron莽onneuse et de la hache qui symbolisent l鈥檌ntrusion de l鈥檋omme est indispensable 脿 la bonne marche et au rendement de la plupart des activit茅s 茅conomiques du continent, affirment les experts.

Les arbres retiennent les 鈥済az 脿 effet de serre鈥�

Le sort des for锚ts devrait 茅galement d茅terminer les chances de r茅ussite ou d鈥櫭ヽhec dans la lutte contre le r茅chauffement plan茅taire. Les arbres, composantes dominantes de syst猫mes 茅cologiques vari茅s et complexes que sont les for锚ts, constituent l鈥檜n des r茅servoirs vivants le plus large de monoxyde de carbone, le 鈥済az 脿 effet de serre鈥� qui contribue le plus au r茅chauffement de la Terre et 脿 l鈥櫭﹙olution climatique de la plan猫te.

Par le biais d鈥檜n processus chimique appel茅 photosynth猫se, les arbres et nombreuses autres plantes absorbent le gaz carbonique de l鈥檃ir et le combinent avec la lumi猫re solaire pour obtenir l鈥櫭﹏ergie dont ils ont besoin pour vivre. Les arbres transforment le gaz carbonique en 茅l茅ment solide, l鈥檈ntreposent dans leurs troncs, branches et feuilles, et d茅gagent de l鈥檕xyg猫ne dans l鈥檃tmosph猫re. La capacit茅 脿 absorber le gaz carbonique de l鈥檃tmosph猫re et 脿 produire de l鈥檕xyg猫ne a donn茅 aux for锚ts le nom de 鈥減oumons du monde.鈥� Le gaz carbonique est surtout 茅mis par la combustion du p茅trole, du charbon, du gaz naturel ou d鈥檃utres combustibles 鈥渇ossiles鈥� 脿 des fins industrielles, 茅nerg茅tiques et de transport.

La pr茅servation des for锚ts tropicales de l鈥橝frique et la plantation de nouveaux arbres pour remplacer ceux d茅truits par la d茅forestation sont de nature 脿 contribuer 脿 l鈥檃tt茅nuation de l鈥檃mpleur de l鈥櫭﹙olution climatique et de minimiser les cons茅quences des changements climatiques sur le plan local.

Mais l鈥檜n des arguments les plus frappants en faveur de la protection des for锚ts est le r么le de la d茅forestation dans le r茅chauffement plan茅taire. D鈥檃pr猫s le Programme des Nations Unies pour l鈥檈nvironnement (PNUE), 20 脿 25 % des 茅missions annuelles de dioxyde de carbone proviennent de la destruction des for锚ts par le feu 脿 des fins agricoles.

Les mauvaises politiques de gestion des for锚ts, notamment la surexploitation, la r茅colte d茅mesur茅e de bois de chauffage et de plantes m茅dicinales et la construction de routes contribuent 脿 aggraver le probl猫me. Le ramassage du bois pour le chauffage et la cuisine et pour en faire du charbon est un ph茅nom猫ne particulier 脿 l鈥橝frique, o霉 le bois satisfait environ 70 % des besoins 茅nerg茅tiques des habitants, taux nettement sup茅rieur 脿 celui du reste du monde.

Op茅ration d鈥檈nsemencement dans le cadre d鈥檜n programme de reforestation au Malawi.

Photo: Panos / Mikkel Ostergaard

Les quantit茅s de gaz carbonique entrepos茅es dans les for锚ts font l鈥檕bjet d鈥櫭﹙aluations diverses. Le Groupe d鈥檈xperts intergouvernemental de l鈥橭NU sur l鈥櫭﹙olution du climat estime cette quantit茅 脿 1 000 milliards de tonnes environ, ce qui correspond 脿 peu pr猫s 脿 166 ans d鈥櫭﹎issions de gaz carbonique au rythme actuel.

La conversion des terres foresti猫res en terres agricoles, 脿 des fins de subsistance ou commerciales, est de loin la cause la plus courante et la plus destructrice de la d茅forestation en Afrique et dans d鈥檃utres r茅gions tropicales. 脌 mesure que le besoin de terres agricoles augmente du fait de la pression d茅mographique, des millions d鈥檋ectares de for锚ts tropicales partent en flammes en Afrique, Asie et Am茅rique latine.

Un rapport publi茅 par la FAO en 2000 et consacr茅 脿 la foresterie durable en Afrique affirme 鈥渜u鈥檌l est commun茅ment admis que l鈥檃rr锚t de la d茅forestation et le lancement de politiques de d茅veloppement forestier durables passent par une am茅lioration des techniques de production alimentaire鈥�.

L鈥檃m茅lioration des rendements agricoles africains constitue une priorit茅 absolue pour les gouvernements du continent et figure en bonne place dans le programme de d茅veloppement de l鈥橝frique, le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD). Mais r茅former un secteur agricole insuffisamment financ茅 et longtemps ignor茅 est une entreprise co没teuse, difficile et 脿 long terme (voir Afrique Renouveau de juillet 2006). Il semble donc peu probable que les avanc茅es dans ce domaine puissent 锚tre assez rapides pour emp锚cher la poursuite de la destruction des zones bois茅es.

En attendant, la survie des for锚ts profondes du continent passe par l鈥檃m茅lioration des capacit茅s des gouvernements 脿 administrer leurs ressources foresti猫res, l鈥檈xpansion des programmes de reforestation et la modification de la mani猫re dont les populations regardent leurs for锚ts et les 茅conomistes mesurent leur valeur.

For锚ts et populations

Les obstacles demeurent 茅normes. Depuis toujours, la for锚t constitue une source de chaleur, de nourriture et de produits m茅dicinaux et fournit du bois pour la construction et 脿 d鈥檃utres fins. En revanche, son r么le d鈥檃ppui aux activit茅s agricoles, 脿 la pr茅servation de la biodiversit茅, 脿 la protection des sources d鈥檃limentation en eau et 脿 la r茅duction de l鈥檌mpact des changements climatiques est moins bien connu. L鈥橭NU estimait qu鈥檈n l鈥檃n 2000, quelque 1,6 milliard de personnes dans le monde, dont de nombreux habitants des r茅gions les plus pauvres, tiraient au moins une partie de leur nourriture, de leur revenu et de leurs besoins m茅dicaux directement de la for锚t. Sur ce nombre, 70 millions d鈥檃utochtones environ d茅pendent presque enti猫rement de la for锚t pour subsister.

脌 la recherche de produits de la for锚t:en Ouganda : de nombreuses communaut茅s d茅pendent de la for锚t pour leur nourriture, plantes m茅dicinales et autres produits.

Photo: Reuters / James Akena

Les populations pauvres des zones rurales du continent en sont particuli猫rement d茅pendantes. Bien que les produits forestiers, essentiellement le bois brut, ne constituent qu鈥檈nviron 2 % des exportations de l鈥橝frique subsaharienne, les for锚ts repr茅sentent en moyenne 6 % de la production int茅rieure brute de la r茅gion, soit trois fois plus que la moyenne mondiale. Dix-huit pays africains, dont le Cameroun et le Ghana, comptent parmi les 24 pays dont les 茅conomies d茅pendent 脿 10 % ou plus de leurs for锚ts.

Malgr茅 les mises en garde des environnementalistes et des groupes de d茅fense de l鈥檈nvironnement contre l鈥檈xploitation foresti猫re non viable et souvent ill茅gale en Afrique centrale et de l鈥橭uest, la moiti茅 environ du bois extrait des for锚ts africaines est utilis茅e comme combustible par les habitants. Malgr茅 les 茅normes pertes imputables 脿 la d茅forestation, la r茅gion est un importateur net de produits en bois fini.

Il est normal que les for锚ts autochtones soient consid茅r茅es comme une source de terres inutilis茅es et comme un filet de protection lorsque les choses vont mal, affirme 脿 Afrique Renouveau Christian Lambrechts, expert forestier du PNUE. 鈥淟es gens comptent sur la for锚t pour y trouver certaines choses qu鈥檌ls n鈥檕nt pas les moyens d鈥檃cheter au march茅 鈥� dit-il.

Cette exploitation de 鈥渟ubsistance鈥� des for锚ts est in茅vitable dans les r茅gions d鈥檈xtr锚me pauvret茅 et n鈥檃 pas d鈥檈ffet nuisible lorsqu鈥檈lle s鈥檈xerce d鈥檜ne mani猫re durable, affirme-t-il. En revanche, lorsque les gens sont contraints d鈥檡 aller en grand nombre pour ramasser des vivres et du combustible, 鈥渃ela a des cons茅quences sur la destruction de la for锚t.鈥�

Appr茅cier les for锚ts, pas les arbres

M. Lambrechts estime que modifier la mani猫re dont les gouvernements et les populations consid猫rent les for锚ts est essentiel 脿 leur survie.

Les plantations de th茅 du Kenya, explique M. Lambrechts, constituent un bon exemple du lien qui existe entre les for锚ts autochtones et les activit茅s commerciales. Le th茅 est la principale source de recette d鈥檈xportation du pays et ce secteur d鈥檃ctivit茅 jouit d鈥檜ne grande influence politique 脿 Nairobi, au Kenya, o霉 travaille M. Lambrechts. 鈥淪i vous regardez o霉 se trouvent les plantations sur une carte, vous verrez qu鈥檈lles se situent 脿 proximit茅 des principales r茅gions bois茅es. C鈥檈st parce que le th茅 exige des temp茅ratures tr猫s stables et de l鈥檋umidit茅 pour mieux pousser. Les for锚ts lui offrent ces conditions optimales鈥�.

La pr茅servation des for锚ts tropicales de l鈥橝frique et la plantation de nouveaux arbres pour remplacer ceux perdus dans la d茅forestation contribuent 脿 att茅nuer l鈥檃mpleur des changements climatiques en absorbant plus de gaz carboniquer.

En effet, la capacit茅 des for锚ts 脿 r茅guler les temp茅ratures et 脿 retenir et 脿 d茅gager l鈥檋umidit茅 pendant la saison chaude et s猫che cr茅e les conditions climatiques n茅cessaires 脿 la production des th茅s de qualit茅 que le Kenya exporte. 鈥淪ans les for锚ts il n鈥檡 aura pas de th茅鈥�, souligne M. Lambrechts, pr茅cisant que lorsque l鈥檕n compare le co没t de la pr茅servation des for锚ts 脿 la richesse cr茅茅e par les plantations de th茅, il est tout 脿 fait logique d鈥檜n point de vue financier que les plantations de th茅 investissent dans des m茅thodes foresti猫res viables et pr茅conisent l鈥檃doption d鈥檜ne l茅gislation plus stricte et plus s茅v猫re en mati猫re de protection des ressources foresti猫res.

Le Kenya d茅pend 茅galement de la for锚t pour son 茅lectricit茅, dont plus de 70 % est produite par les barrages hydro茅lectriques aliment茅s par les torrents des for锚ts montagneuses. 鈥淚l s鈥檃git moins de d茅terminer la valeur pr茅cise des for锚ts que de calculer les pertes si les for锚ts disparaissaient鈥�, fait remarquer M. Lambrechts. 鈥淪i le secteur priv茅 devait appliquer le principe du paiement pour service rendu 脿 toutes les activit茅s 茅conomiques qui b茅n茅ficient des services qu鈥檕ffre la for锚t sur le plan agricole, 茅nerg茅tique, de l鈥檈au et bien d鈥檃utres, il aura toutes les raisons de plaider pour une politique de pr茅servation鈥�. 脌 mesure que les surfaces foresti猫res r茅tr茅cissent, constate-t-il, les gouvernements et le secteur priv茅 comprennent que le temps de l鈥檈xploitation gratuite de la for锚t est r茅volu et qu鈥檌l faudra d茅sormais payer pour ses richesses, comme pour tous les autres biens et services.

Constitution de groupes de pression pour l鈥檈nvironnement

La mobilisation du secteur industriel est un autre moyen de renforcer l鈥檌nfluence politique dans la lutte pour la pr茅servation des for锚ts, poursuit M. Lambrechts. Autrefois, dit-il, seuls les responsables forestiers r茅agissaient aux rapports du PNUE sur l鈥櫭﹖at des for锚ts au Kenya, alors qu鈥櫭� pr茅sent, ceux-ci travaillent sur ces questions avec le minist猫re des finances et le cabinet du Vice-pr茅sident, ce qui prouve l鈥檌nt茅r锚t accru accord茅 par les autorit茅s 脿 la place de la for锚t dans le d茅veloppement 茅conomique global du Kenya. 鈥淐鈥檈st la meilleure fa莽on d鈥檕btenir l鈥檃ppui des d茅cideurs au plus haut niveau. C鈥檈st 脿 mon avis la meilleure fa莽on d鈥檃vancer鈥�, dit-il.

Partant du principe que des for锚ts diff茅rentes offrent des services diff茅rents, M. Lambrechts affirme que trouver la bonne formule est essentiel 脿 une politique foresti猫re durable. Les for锚ts autochtones, souligne-t-il, absorbent plus de gaz carbonique, r茅gulent plus efficacement les conditions climatiques et contiennent une biodiversit茅 plus riche que les plantations et les r茅gions rebois茅es.

Mais la reforestation et la foresterie commerciale jouent elles aussi un r么le important dans la cr茅ation d鈥檜ne source renouvelable de produits ligneux et d鈥檜n bouclier entre les humains et les arbres anciens. 鈥淒鈥檜ne part, les gens tirent plus de produits de la terre et ressentent moins le besoin de les prendre 脿 la for锚t. D鈥檃utre part, ils pratiquent d茅sormais des m茅thodes agro-foresti猫res sur les terres situ茅es hors des for锚ts et am茅liorent la qualit茅 des sols et les autres services que la terre peut offrir鈥� en utilisant les arbres pour emp锚cher l鈥櫭﹔osion de la terre arable par le vent et l鈥檈au, pour absorber et recycler les nutriments v茅g茅taux et pour fournir une source d鈥櫭﹏ergie renouvelable, des produits ligneux, du fourrage pour les animaux et autres produits appr茅ci茅s des agriculteurs.

鈥淐upidit茅鈥� et d茅forestation

La pr茅servation et l鈥檈xpansion des for锚ts d鈥橝frique exigeront un dosage de m茅thodes foresti猫res avis茅es et d鈥檜ne meilleure 茅valuation du v茅ritable prix des 茅cosyst猫mes forestiers, souligne encore M. Lambrechts, affirmant 茅galement que les dimensions politiques de la question ne sont pas 脿 n茅gliger.

En Afrique de l鈥橢st et dans d鈥檃utres r茅gions du continent, indique-t-il, la d茅forestation n鈥檈st plus tellement imputable 脿 la destruction des zones bois茅es 脿 des fins agricoles ou de subsistance, ou m锚me 脿 l鈥檈xploitation ill茅gale de la for锚t. 鈥淟a raison principale en est la construction de zones d鈥檋abitation. Ces implantations ne sont pas le fait des populations locales, mais encourag茅es par les responsables politiques. Ceux-ci vendent des terres publiques qui ne leur appartiennent pas ou se d茅brouillent pour faciliter l鈥檃cc猫s aux terres en 茅change de voix aux 茅lections. 脟a n鈥檃 rien 脿 voir avec la pauvret茅 des habitants ou la d茅gradation des for锚ts dont on parle souvent鈥�il s鈥檃git simplement de cupidit茅"

Et de citer l鈥檈xemple d鈥檜n parlementaire k茅nyan qui a vendu 14 000 hectares de terres foresti猫res appartenant 脿 l鈥櫭塼at 脿 des acheteurs cr茅dules. 鈥淚l a fait venir des gens de diff茅rentes r茅gions et s鈥檈st assur茅 leur vote鈥�, explique-t-il. L鈥檌ncident a provoqu茅 un v茅ritable toll茅 et les autorit茅s ont expuls茅 plus de 10 000 colons, mais le parlementaire n鈥檃 jamais 茅t茅 poursuivi en justice et n鈥檃 jamais rendu l鈥檃rgent. Cela a incit茅 les acheteurs 脿 reprendre les terres publiques et le diff茅rend n鈥檈st toujours pas r茅gl茅.

D鈥檃pr猫s M. Lambrechts, de tels cas constituent, d鈥檜ne certaine fa莽on, une cons茅quence impr茅vue de la d茅mocratie multipartite. 鈥淟es politiques utilisent parfois les terres publiques pour acheter des voix. Dans un pays o霉 l鈥櫭ヽonomie repose si lourdement sur l鈥檃griculture et les terres foresti猫res sont consid茅r茅es g茅n茅ralement comme des terres inexploit茅es, les politiques promettent aux 茅lecteurs potentiels des terres en 茅change de leur appuiaux urnes鈥�.

Pourtant, r茅torquent les repr茅sentants de la soci茅t茅 civile, la d茅mocratie offre aussi des solutions 脿 ce type de probl猫mes, encourageant l鈥檕pinion 脿 demander des comptes aux 茅lus et aux partis politique en p茅riode 茅lectorale et permettant 脿 une presse libre d鈥檃ttirer l鈥檃ttention des votants et des d茅cideurs sur les cas d鈥檃bus. Par ailleurs, la d茅mocratie rend les autorit茅s plus attentives aux pressions exerc茅es par des groupes organis茅s au niveau local comme le Green Belt Movement du Kenya, association nationale de femmes qui a plant茅 une trentaine de millions d鈥檃rbres depuis sa cr茅ation en 1977. En outre, la d茅mocratie renforce l鈥檌nfluence du secteur priv茅, permettant aux milieux d鈥檃ffaires de choisir les partis et les candidats les plus attentifs 脿 leurs int茅r锚ts, y compris la pr茅servation des for锚ts.

En d茅saccord sur l鈥檈xploitation foresti猫re

L鈥檈xploitation commerciale des for锚ts est la deuxi猫me cause de d茅forestation en Afrique, mena莽ant l鈥檈xistence des for锚ts autochtones du continent et, parfois, sa stabilit茅 politique. D鈥檃pr猫s les environnementalistes et les experts des questions foresti猫res, une partie du probl猫me provient du recours g茅n茅ralis茅 脿 la coupe rase et 脿 d鈥檃utres techniques agricoles nuisibles qui d茅pouillent de larges surfaces bois茅es des arbres et de la v茅g茅tation, r茅duisant la capacit茅 des for锚ts 脿 retenir l鈥檈au et 脿 offrir un habitat appropri茅 脿 la faune et 脿 la flore.

En outre, la coupe rase acc茅l猫re parfois l鈥櫭﹔osion du sol de surface au point o霉 toute r茅g茅n茅rescence ou reforestation naturelles deviennent impossibles.

Les chercheurs de l鈥橭NU et des organisations non-gouvernementales affirment que les pratiques sans discernement et 脿 forte intensit茅 de travail inh茅rentes aux op茅rations foresti猫res en Afrique centrale et dans d鈥檃utres r茅gions en d茅veloppement gaspillent environ 50 % des arbres coup茅s du fait de la destruction d鈥檈sp猫ces non-commerciales et du d茅frichage des terres foresti猫res pour faire place aux routes, aux campements forestiers et aux zones de travail. De surcro卯t, les d茅chets et la broussaille environnants sont br没l茅s, provoquant des 茅missions de carbone dans la nature.

L鈥檃mpleur du probl猫me est gigantesque. M. Lambrechts affirme qu鈥檃u cours d鈥檜ne p茅riode de trois mois, les contr么leurs du PNUE ont constat茅 la perte de 14 000 arbres dans un seul camp d鈥檈xploitation foresti猫re.

De vastes r茅gions des for锚ts autochtones de l鈥橝frique centrale risquent de dispara卯tre. Rien qu鈥檈n RDC, la Banque mondiale estime que les concessions d鈥檈xploitation foresti猫re, dont la plupart ont 茅t茅 accord茅es ill茅galement par des responsables sans scrupules pendant la guerre qui a d茅chir茅 ce pays, couvrent 50 millions d鈥檋ectares de for锚ts profondes. En 2002, le Gouvernement congolais a suspendu l鈥檕ctroi de concessions d鈥檈xploitation dans l鈥檃ttente d鈥檜ne r茅vision, sous la direction de la Banque mondiale, de douzaines de contrats d鈥檈xploitation foresti猫re et d鈥檈xtraction mini猫re accord茅s par les gouvernements pr茅c茅dents. Le gouvernement a par ailleurs adopt茅 un nouveau code forestier destin茅 脿 am茅liorer les m茅thodes de gestion et 脿 assurer la transparence des proc茅dures d鈥檃ppels d鈥檕ffre.

Mais l鈥檌ncapacit茅 de nombreux pays en d茅veloppement 脿 r茅guler et administrer leurs for锚ts en raison des conflits, du manque de moyens de coercition, des carences administratives et de la corruption a permis 脿 l鈥檈xploitation ill茅gale de prosp茅rer. En 2006, la Banque mondiale a estim茅 脿 15 milliards par an le manque 脿 gagner en raison de l鈥檈xploitation ill茅gale des for锚ts, dont cinq milliards de recettes publiques perdues pour cause de non-paiement d鈥檌mp么ts, de royalties et d鈥檃utres frais. Au Gabon, on estime que l鈥檈xploitation ill茅gale repr茅sente 70 % des activit茅s foresti猫res du pays et au Ghana, environ 60 %. De l鈥檃vis de la Banque mondiale, l鈥檃mpleur du probl猫me, et la corruption et le m茅pris de la loi qui l鈥檃ccompagnent, 鈥渃ompromettent les efforts des pays de parvenir 脿 une croissance 茅conomique durable, 脿 l鈥櫭﹒uilibre social et 脿 la protection de l鈥檈nvironnement鈥�.

L鈥檈xploitation l茅gale et ill茅gale des for锚ts autochtones contribue 茅galement 脿 la d茅forestation en facilitant la construction de grandes zones d鈥檋abitation et commerciales. 鈥淟es soci茅t茅s d鈥檈xploitation foresti猫re se substituent au g茅nie civil, souligne un rapport de l鈥檃ssociation environnementale Greenpeace sur l鈥檈xploitation foresti猫re en RDC. L鈥檕uverture des premi猫res routes dans la for锚t pr茅c猫de g茅n茅ralement des op茅rations de d茅boisement massif 脿 des fins agricoles鈥�, ce qui a pour effet la perte d茅finitive de terres foresti猫res et l鈥櫭﹎ission de gaz 脿 effet de serre.

Greepeace estime que les concessions d鈥檈xploitation foresti猫re accord茅es dans les principales for锚ts de l鈥橝frique centrale couvrent une superficie 茅quivalente 脿 l鈥橢spagne, et que la d茅forestation risque de causer l鈥櫭﹎ission de plus de 34 milliards de tonnes de gaz carbonique d鈥檌ci 脿 2050, soit environ la quantit茅 de gaz carbonique d茅gag茅e par le Royaume-Uni ces 60 derni猫res ann茅es. Malgr茅 les efforts de la Banque mondiale, de l鈥橭NU et des gouvernements du continent pour r茅duire l鈥檃mpleur et l鈥檌mpact de l鈥檈xploitation ill茅gale, Greenpeace et autres associations de d茅fense de l鈥檈nvironnement font valoir que m锚me l鈥檈xploitation l茅gale des for锚ts autochtones fait courir le risque de la d茅forestation aux pays en d茅veloppement, acc茅l茅rant les changements climatiques et la d茅t茅rioration de l鈥檈nvironnement.

脡viter la d茅forestation

Des efforts visant 脿 engager le secteur priv茅 dans la lutte pour la conservation des for锚ts anciennes se poursuivent 茅galement au niveau international. En vertu du m茅canisme pour un d茅veloppement propre 茅labor茅 par le Protocole de Kyoto, l鈥檌nstrument international visant 脿 r茅duire les 茅missions des gaz 脿 effet de serre, les pollueurs du Nord ont la possibilit茅 de compenser une partie de leurs 茅missions en finan莽ant des projets 鈥渧erts鈥� dans le Sud en d茅veloppement.

Les dispositions du protocole relatives 脿 la foresterie autorisent les pays 脿 recevoir des cr茅dits pour la plantation de nouveaux arbres qui absorbent le gaz carbonique pendant leur croissance (voir encadr茅). Par contre, des incitations analogues pour 茅pargner les for锚ts, connues sous le nom de 鈥渄茅forestation 茅vit茅e鈥�, ont 茅t茅 茅cart茅es du m茅canisme en raison des d茅saccords entre 脡tats sur la mani猫re de calculer leur valeur en tant que r茅servoirs de gaz carbonique et sur les mesures 脿 adopter au cas o霉 les arbres prot茅g茅s seraient coup茅s ult茅rieurement.

Les pays 脿 fort couvert forestier ont d茅nonc茅 le refus d鈥檃utoriser le m茅canisme 脿 financer la pr茅servation des for锚ts anciennes comme injuste et malavis茅e. En septembre 2007, le Gabon, le Cameroun, la RDC, Costa Rica, le Br茅sil, la Papouasie-Nouvelle-Guin茅e, l鈥橧ndon茅sie et la Malaisie, qui comprennent environ 80 % des for锚ts tropicales de la plan猫te, ont form茅 le Groupe forestier des Huit pour contester cette d茅cision.

Le groupe a fait remarquer que si la 鈥渄茅forestation 茅vit茅e鈥� b茅n茅ficiait des m锚mes incitations que les programmes de reforestation, les Huit auraient droit 脿 recevoir des pays polluants des milliards de dollars au titre d鈥檌nvestissements 鈥渧erts鈥�. Cet argent servirait alors 脿 financer d鈥檃utres programmes de lutte contre les changements climatiques. Les pays du groupe ont 茅galement fait remarquer que les efforts des pays africains et autres pays en d茅veloppement d鈥檃ttirer des capitaux du m茅canisme avaient dans l鈥檈nsemble 茅chou茅 et que ceux-ci ne disposaient pas des moyens n茅cessaires pour s鈥檃dapter 脿 l鈥櫭﹙olution climatique et r茅duire leurs propres 茅missions.

Au d茅but de 2007, la Banque mondiale a annonc茅 un projet de constitution d鈥檜n fonds pilote de 250 millions de dollars pour financer les programmes de 鈥渄茅forestation 茅vit茅e鈥� dans les pays en d茅veloppement. Un responsable de la Banque a pr茅cis茅 脿 Afrique Renouveau qu鈥檈lle souhaitait lancer le fonds d鈥檌ci la fin de l鈥檃nn茅e.

Bien que b茅n茅ficiant d鈥檜n large soutien dans les pays en d茅veloppement, cette proposition demeure controvers茅e car elle ne r猫gle pas la question du calcul de la valeur du gaz carbonique dans les for锚ts existantes et nourrit les craintes d鈥檜n possible chantage des pays 脿 fort couvert forestier de couper leurs propres for锚ts. Soulignant que la d茅forestation 茅tait interdite dans la plupart des pays, un haut conseiller am茅ricain en mati猫re d鈥檈nvironnement a d茅nonc茅 cette proposition, d茅clarant au journal britannique Financial Times 鈥渜u鈥檕n r茅compenserait les gens 脿 ne pas se livrer 脿 des activit茅s ill茅gales鈥�. Cette question fera l鈥檕bjet de d茅bats plus tard cette ann茅e 脿 Bali 脿 l鈥檕ccasion d鈥檜ne premi猫re s茅rie de r茅unions destin茅es 脿 n茅gocier un successeur au Protocole de Kyoto, qui expire en 2012.

Mais quelle que soit la mani猫re dont l鈥檋umanit茅 entend conserver ses for锚ts autochtones, celles-ci sont tout simplement trop pr茅cieuses pour dispara卯tre, r茅sume M. Lambrechts. 鈥淣ous avons pass茅 10 000 ans 脿 conqu茅rir la Terre. Maintenant que c鈥檈st fait, on n鈥檃 plus qu鈥櫭� bien l鈥檃dministrer鈥�, a-t-il ajout茅.