缅北禁地

Construction d鈥檜ne route en Afrique du Sud : le nombre insuffisant de routes, de r茅seaux d鈥櫭﹍ectricit茅 et d鈥檃utres infrastructures modernes handicape le d茅veloppement 茅conomique de l鈥橝frique.

Photo: Africanpictures.net / Guy Stubbs

M锚me vu de l鈥檈space, le vaste complexe hydro茅lectrique de Cahora Bassa, situ茅 sur le fleuve Zamb猫ze au Mozambique, est facile 脿 rep茅rer. Construit 脿 l鈥檕rigine par les autorit茅s coloniales portugaises et devenu ensuite propri茅t茅 du Mozambique ind茅pendant, ce barrage a de gigantesques turbines qui produisent assez d鈥櫭﹍ectricit茅 pour alimenter des millions de foyers et d鈥檈ntreprises en Afrique du Sud et dans le reste de la r茅gion.

Pendant ce temps, 脿 des milliers de kilom猫tres de l脿 dans une r茅gion rurale du Mali, d鈥檜n coup habile de sa houe, une femme ouvre une br猫che dans une petite lev茅e de terre pour permettre 脿 l鈥檈au retenue dans un bassin peu profond de s鈥櫭ヽouler entre les rangs bien align茅s du mil et des haricots qu鈥檈lle a plant茅s. Quand une quantit茅 d鈥檈au suffisante aura irrigu茅 ses cultures, elle fermera la br猫che de quelques poign茅es de boue et de terre et vaquera 脿 d鈥檃utres t芒ches.

La gigantesque centrale hydro茅lectrique et ce simple syst猫me d鈥檌rrigation sont des exemples d鈥檌nfrastructure : routes, ports, r茅seaux 茅lectriques, syst猫mes d鈥檃dduction d鈥檈au et d鈥檃ssainissement, lignes t茅l茅phoniques, 茅metteurs de radio et de t茅l茅vision, et plus r茅cemment r茅seaux de t茅l茅phonie mobile, qui rendent possible le d茅veloppement et la croissance 茅conomiques.

L鈥橝frique ne poss猫de pas le minimum d鈥檌nfrastructures n茅cessaire pour r茅pondre aux besoins de ses populations et r茅duire la pauvret茅. Des centaines de millions d鈥橝fricains n鈥檕nt m锚me pas les 茅quipements les plus 茅l茅mentaires, que ce soient des routes de campagne, des services de sant茅 de base, des 茅coles ou des services bancaires et commerciaux. L鈥檃bsence d鈥櫭﹒uipements de transport, de distribution d鈥櫭﹏ergie et de communication modernes et fiables constitue un d茅fi majeur pour le d茅veloppement 茅conomique de l鈥橝frique et entrave grandement la r茅alisation des Objectifs du Mill茅naire pour le d茅veloppement (OMD) et d鈥檃utres objectifs 茅conomiques et sociaux essentiels.

Lagos, Nig茅ria : un travailleur nig茅rian employ茅 par une entreprise chinoise creuse une tranch茅e pour la pose d鈥檜n c芒ble de t茅l茅communication. La Chine est en train de devenir un investisseur 茅tranger de premier plan dans les projets d鈥檌nfrastructure africains.

Photo: Associated Press / George Osodi

Le manque d鈥檌nfrastructures se fait sentir le plus gravement dans les r茅gions rurales longtemps n茅glig茅es de l鈥橝frique o霉 vivent la majorit茅 des 920 millions d鈥檋abitants du continent. Ce fardeau p猫se le plus lourdement sur les 茅paules des femmes, que l鈥檃bsence d鈥櫭﹍ectricit茅 ou de gaz domestiques oblige souvent 脿 passer des heures 脿 ramasser du bois pour la cuisine et le chauffage.

Le plan de d茅veloppement pour l鈥橝frique connu sous le nom de Nouveau partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD) a pour objectif central de surmonter le d茅ficit d鈥檌nfrastructures du continent. Ce plan, adopt茅 par les dirigeants africains en 2001, met l鈥檃ccent sur la planification r茅gionale de nouveaux projets d鈥檌nfrastructure destin茅s 脿 permettre une circulation plus efficace et plus ais茅e des marchandises, des personnes et de l鈥檌nformation 脿 travers tout le continent.

Lacunes et carences

鈥淟e d茅ficit d鈥檌nfrastructures est 茅norme,鈥� a confirm茅 Donald Kaberuka, Pr茅sident de la Banque africaine de d茅veloppement (BAD), aux journalistes qui couvraient la r茅union sp茅ciale du 22 septembre, tenue lors de l鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale de l鈥橭NU et consacr茅e aux besoins de d茅veloppement de l鈥橝frique (voir article). Dans un contexte o霉 les 茅conomies africaines connaissent un taux de croissance annuel de 5 % ou plus et face aux exigences de plus en plus lourdes impos茅es aux infrastructures existantes de la r茅gion, 鈥渘ous prenons tous du retard,鈥� a-t-il affirm茅. 鈥淒e l鈥橝frique du Sud jusqu鈥櫭� l鈥橝frique du Nord, nous constatons un d茅ficit d鈥檌nfrastructures.鈥�

Selon une s茅rie d鈥櫭﹙aluations des infrastructures africaines effectu茅e en 2006 par la Banque africaine de d茅veloppement (BAD) et le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) :

• dans les pays les plus pauvres de l鈥橝frique, moins d鈥檜n habitant sur cinq a l鈥櫭﹍ectricit茅
• 56 % seulement ont acc猫s 脿 de l鈥檈au potable
• 脿 peine un tiers des habitants des r茅gions rurales vivent 脿 proximit茅 d鈥檜ne route
• seulement 4 % des terres agricoles africaines sont irrigu茅s
• plus de 60 % de la population ne dispose pas d鈥櫭﹒uipements sanitaires de base

Les infrastructures existantes de l鈥橝frique subsaharienne sont non seulement insuffisantes par rapport 脿 ses besoins, note une analyse d茅taill茅e de la Banque mondiale inti颅tul茅e Etude diagnostique des infrastructures nationales en Afrique (Africa Infrastructure Country Diagnostic ou AICD), mais leur d茅veloppement a un retard consid茅rable sur celui des infrastructures d鈥檃utres r茅gions pauvres. L鈥橝frique a moins du quart des kilom猫tres de routes rev锚tues des autres r茅gions en d茅veloppement et environ un huiti猫me de leur capacit茅 de production 茅lectrique par habitant.

Le handicap de la 鈥榙istance 茅conomique鈥�

Le mauvais 茅tat des r茅seaux de transport et de communication ajoute ce que M. Kaberuka qualifie de 鈥� distance 茅conomique鈥� aux 茅changes de l鈥橝frique. Des co没ts de transport 茅lev茅s dus aux probl猫mes d鈥檌nfrastructure rendent les exportations du continent moins comp茅titives sur les march茅s mondiaux et ses importations plus co没teuses pour les consommateurs africains.

L鈥橧CA, dont les membres comprennent les pays industrialis茅s du G8, des agences de d茅veloppement multilat茅rales et la Development Bank of Southern Africa (DBSA), estime que la m茅diocrit茅 des infrastructures routi猫res, ferroviaires et portuaires majeure de 30 脿 40 % le co没t des marchandises 茅chang茅es entre pays africains. Les frais de transport n茅cessaires pour faire parvenir les importations africaines aux clients situ茅s 脿 l鈥檌nt茅rieur des terres sont sup茅rieurs de 50 % 脿 ceux des autres r茅gions en d茅veloppement 脿 bas revenus.

La commission pour l鈥橝frique parrain茅e par le gouvernement britannique a estim茅 que les goulots d鈥櫭﹖ranglement dans les transports et l鈥檌nefficacit茅 du secteur repr茅sentent l鈥櫭﹒uivalent d鈥檜ne taxe 脿 l鈥檈xportation de 80 % pour les textiles ougandais, ce qui d茅courage l鈥檌nvestissement et ralentit la cr茅ation d鈥檈mplois dans cette industrie. Le manque d鈥檈space de stockage et d鈥櫭﹒uipements de commercialisation modernes est un facteur important dans l鈥檌ns茅curit茅 alimentaire, les pertes par avaries se montant jusqu鈥櫭� 30鈥�40 % des r茅coltes dans certains pays.

Effacer le d茅ficit africain

Supprimer ce d茅ficit en infrastructures est donc une question vitale pour l鈥橝frique, mais le co没t sera 茅lev茅. Le rapport du Secr茅taire g茅n茅ral consid猫re que plus de 52 milliards de dollars d鈥檌nvestissements publics et priv茅s seront annuellement n茅cessaires pour combler d鈥檌ci 脿 2010 le retard de l鈥橝frique dans le domaine des infrastructures. Selon l鈥橭NU, cette estimation comprend une contribution annuelle d鈥檈nviron 38 milliards de dollars de la part des bailleurs de fonds, r茅partie entre les secteurs suivants :

• 茅nergie鈥� 20 milliards de dollars
• transports 鈥� 11 milliards de dollars
• eau et assainissement 鈥� 5,7 milliards de dollars
• informatique et communications 鈥� 1 milliard de dollars

L鈥橢tude diagnostique des infrastructures nationales en Afrique cite un chiffre sup茅rieur, d鈥檈nviron 75 milliards de dollars par an r茅partis 脿 parts sensiblement 茅gales entre le co没t de l鈥檕uverture de nouveaux chantiers et celui du fonctionnement et de l鈥檈ntretien des infrastructures. Environ un tiers des infrastructures existantes en Afrique ont besoin d鈥櫭猼re r茅par茅es ou r茅nov茅es, et la proportion est encore plus forte dans les r茅gions rurales et les pays qui se rel猫vent d鈥檜n conflit. L鈥櫭﹖ude estime que cette d茅t茅rioration est le r茅sultat d鈥檜n sous-investissement dans les op茅rations d鈥檈ntretien et 鈥渞epr茅sente au fil du temps un important gaspillage de ressources."

La Banque mondiale juge que des erreurs de gestion contribuent aux probl猫mes. Les soci茅t茅s de distribution d鈥檈au et d鈥櫭﹍ectricit茅 africaines ne collectent que 70 脿 90 % du montant de leurs factures.

Les probl猫mes techniques ajoutent au gaspillage. Par exemple, les r茅seaux de distribution d鈥櫭﹍ectricit茅 africains perdent deux fois plus de courant pendant la transmission que des syst猫mes plus modernes - pertes qui peuvent atteindre annuellement 2 % du PIB. La Banque estime que globalement, impay茅s et gaspillages des compagnies d鈥檈au et d鈥櫭﹍ectricit茅 co没tent chaque ann茅e 6 milliards de dollars aux contribuables africains qui doivent assumer ces pertes.

Les 茅quipements de production d鈥櫭﹍ectricit茅 sont dans un 茅tat particuli猫rement d茅solant. Selon la Banque mondiale, l鈥橢spagne 脿 elle seule produit autant d鈥櫭﹍ectricit茅 que toute l鈥橝frique subsaharienne - ce qui repr茅sente par habitant environ un dixi猫me du montant d鈥櫭﹍ectricit茅 produit dans les autres r茅gions en d茅veloppement. L鈥橝ICD estime 脿 5 % du chiffre d鈥檃ffaires les pertes annuelles que font subir aux entreprises les pannes d鈥櫭﹍ectricit茅. Ces pertes peuvent 锚tre quatre fois plus importantes dans l鈥櫭ヽonomie non officielle qui emploie un plus grand nombre d鈥橝fricains que toute autre activit茅 脿 l鈥檈xception de l鈥檃griculture.

L鈥橝frique apporte sa contribution

Financer les besoins en infrastructures de l鈥橝frique constitue un autre d茅fi, bien que l鈥櫭﹖ude de l鈥橝ICD r茅v猫le que les niveaux d鈥檌nvestissement courants, quoiqu鈥檌nsuffisants, ne sont pas aussi bas qu鈥檕n le pensait.

Le financement local se monte 脿 35 milliards de dollars par an 鈥� deux tiers des 50 milliards de dollars environ d茅pens茅s globalement pour les infrastructures africaines. Les contributions ext茅rieures atteignent approximativement 13 milliards de dollars par an, l鈥檃ide publique au d茅veloppement (APD), les investissements priv茅s et les financements de sources non traditionnelles, particuli猫rement chinoises, s鈥檈n r茅partissant annuellement une part 脿 peu pr猫s 茅gale d鈥檈nviron 4 milliards de dollars.

La plus grande partie du financement pour les nouvelles infrastructures provient des budgets gouvernementaux et se concentre dans les secteurs de l鈥櫭﹏ergie, de l鈥檈au et de l鈥檃ssainissement, et des transports. Ces d茅penses peuvent constituer les postes les plus lourds de ces budgets et atteindre parfois 6鈥�8 % du PIB. Les co没ts de fonctionnement et d鈥檈ntretien sont g茅n茅ralement financ茅s par une redevance pay茅e par les usagers.

L鈥檃uteur de l鈥櫭﹖ude affirme que parmi les pays du Nord bailleurs de fonds traditionnels de l鈥橝frique, 鈥渓es agences de d茅veloppement multilat茅rales, la Banque mondiale, la Banque africaine de d茅veloppement et la Commission europ茅enne fournissent une tr猫s forte proportion de l鈥橝PD consacr茅e en Afrique aux infrastructures 鈥� jusqu鈥櫭� 70 %. Les bailleurs de fonds bilat茅raux ne jouent pas un r么le aussi important."

Apr猫s une longue p茅riode de d茅clin, le financement multilat茅ral des infrastructures africaines a recommenc茅 脿 progresser et atteint 8,8 milliards de dollars en 2007 - augmentation de 4 milliards par rapport 脿 2005 (voir tableau).

La contribution des bailleurs de fonds a une importance beaucoup plus grande pour les pays qui s鈥檈fforcent de reconstruire leurs infrastructures 脿 la suite de conflits arm茅s ou de catastrophes naturelles. 鈥淚ls sont dans une situation tr猫s difficile. Ils ont d鈥櫭﹏ormes besoins de reconstruction et de croissance bien que leurs 茅conomies soient de taille r茅duite et ils devraient b茅n茅ficier prioritairement de l鈥檃ide internationale.

Des r茅sultats 脿 am茅liorer

L鈥橝ICD explique que m锚me s鈥檌l est important d鈥檃ugmenter le niveau comparativement bas du financement des infrastructures par les bailleurs de fonds ext茅rieurs et le secteur priv茅, une simple am茅lioration de la capacit茅 des gouvernements africains 脿 g茅rer leurs budgets d鈥檌nfrastructure d茅gagerait des milliards de dollars suppl茅mentaires pour l鈥檌nvestissement. Bien des progr猫s restent 脿 faire. L鈥櫭﹖ude note que certains pays allouent plus d鈥檃rgent que n茅cessaire 脿 des secteurs particuliers - ce qui peut mener 脿 lancer un trop grand nombre de chantiers dans certaines r茅gions et de n茅gliger les besoins pressants des autres. Ces 鈥渆xc猫s de d茅penses鈥� annuels sont estim茅s 脿 8 milliards de dollars, pr猫s d鈥檜n quart du budget global de l鈥橝frique pour les infrastructures.

Le document demande aussi que les gouvernements africains am茅liorent leurs politiques et leurs r茅glementations concernant les infrastructures, afin de les rendre accessibles 脿 un plus large public et d鈥檃ttirer de plus importants investissements. La d茅r茅gulation des march茅s africains des t茅l茅communications a par exemple suscit茅 une vague d鈥檌nvestissements priv茅s dans ce secteur, ce qui a aliment茅 sa croissance spectaculaire. Le rapport de l鈥橝ICD note aussi que les subventions des gouvernements et les tarifs qu鈥檌ls imposent pour l鈥檈au et l鈥櫭﹍ectricit茅 tendent 脿 favoriser les populations urbaines et les groupes les plus ais茅s, r茅duisant l鈥檃cc猫s des plus pauvres aux services de base et affaiblissant les incitations 脿 investir dans leur expansion.

L鈥櫭﹖ude rapporte 茅galement que dans les endroits qui disposent de services de distribution d鈥櫭﹍ectricit茅, d鈥檃dduction d鈥檈au et d鈥檃ssainissement et de services t茅l茅phoniques, 鈥渦n nombre important de foyers ne sont toujours pas branch茅s,鈥� ce qui sugg猫re que les frais de raccordement et les tarifs sont trop 茅lev茅s. Selon la Banque mondiale, de 1990 脿 2005 le pourcentage de foyers africains raccord茅s aux r茅seaux d鈥檈au et d鈥櫭﹍ectricit茅 existants a stagn茅. L鈥櫭﹖ude conclut qu鈥檃ugmenter les tarifs pour ceux qui peuvent payer plus et modifier les frais de raccordement et les subventions au b茅n茅fice des plus pauvres permettrait 脿 l鈥橝frique de ses investissements dans les infrastructures.

Les priorit茅s r茅gionales du NEPAD

Satisfaire les besoins en infrastructures de l鈥橝frique est au c艙ur du programme-cadre que constitue le NEPAD. Le Plan d鈥檃ction 脿 court terme du NEPAD, d鈥檜n montant de 8 milliards de dollars, comprend 20 projets prioritaires destin茅s 脿 lancer l鈥檌nt茅gration 茅conomique r茅gionale et 脿 attirer les investissements 脿 moyen et long terme n茅cessaires pour combler le retard du continent dans le domaine des infrastructures.

Ces priorit茅s comprennent :

• le gazoduc ouest-africain pour transporter le gaz naturel nig茅rian vers les pays voisins et alimenter leurs centrales 茅lectriques
• la modernisation et l鈥檈xpansion des 茅quipements de manutention de conteneurs de Mombassa, un port strat茅gique du Kenya
• l鈥檌nitiative du bassin du Nil destin茅e 脿 renforcer la coop茅ration r茅gionale et la gestion conjointe de ce fleuve, le plus long du monde et qui traverse 10 pays
• le renforcement des capacit茅s de gestion et de planification des communaut茅s 茅conomiques r茅gionales pour assurer le d茅veloppement transfrontalier des infrastructures.

Le NEPAD place l鈥檌nt茅gration r茅gionale au centre du plan ambitieux qu鈥檌l a con莽u pour les infrastructures. Il pr茅voit des investissements r茅gionaux dans l鈥檃griculture, l鈥櫭﹍ectricit茅, l鈥檈au, les transports, l鈥檌nformatique et les syst猫mes de communication. Ceci favorisera les 茅changes interafricains, cr茅era des 茅conomies d鈥櫭ヽhelle dans les investissements et le commerce, r茅duira les co没ts 茅lev茅s des transports et des communications et permettra la libre circulation des personnes et des biens 脿 travers les nombreuses fronti猫res de l鈥橝frique.

L鈥檃nalyste de l鈥橝ICD explique que l鈥檃ccent mis par le NEPAD sur l鈥檌nt茅gration r茅gionale est essentiel si le continent veut cr茅er les march茅s n茅cessaires 脿 un d茅veloppement efficace de ses infrastructures et 脿 la poursuite de sa croissance 茅conomique.

Selon l鈥櫭﹖ude, surmonter l鈥櫭ヽart 茅norme qui existe entre les besoins en 茅lectricit茅 et les capacit茅s actuelles n鈥檈st possible que par une planification 脿 l鈥櫭ヽhelle r茅gionale. Vingt-et-un des 48 pays d鈥橝frique subsaharienne ont des syst猫mes de production et de distribution d鈥櫭﹍ectricit茅 de taille trop petite pour 锚tre efficaces. En cons茅quence, les co没ts d鈥檈xploitation se montent en moyenne 脿 30 cents le kilowattheure dans ces pays, contre 10 cents de l鈥檋eure pour les r茅seaux plus importants.

Bien que l鈥橝frique ait un riche potentiel hydro茅lectrique, environ 60 % de ces ressources sont concentr茅es dans deux pays, la R茅publique d茅mocratique du Congo et l鈥橢thiopie. Mais les 茅conomies de ces deux pays sont de taille insuffisante pour utiliser les quantit茅s consid茅rables d鈥櫭﹍ectricit茅 qui devraient 锚tre produites pour justifier les co没ts de construction des 茅quipements. Seuls des march茅s r茅gionaux auraient la taille requise.

Une n茅cessaire flexibilit茅

L鈥檃pproche pratique du NEPAD qui envisage le d茅veloppement des infrastructures de bas en haut est un autre avantage, affirme l鈥檃nalyste de l鈥橝ICD, car elle laisse aux pays et aux r茅gions la flexibilit茅 n茅cessaire pour fixer leurs propres priorit茅s dans le cadre de plans r茅gionaux 脿 long terme. 鈥淚l n鈥檡 a pas vraiment de solution unique. Il faut d茅terminer ce qui anime vraiment les 茅conomies nationales et r茅gionales.鈥� Selon lui, le Programme de d茅veloppement spatial du NEPAD remplit exactement cette fonction en identifiant les 鈥渃orridors鈥� d鈥檃ctivit茅 茅conomique existants, tels que les itin茅raires de transport tr猫s fr茅quent茅s ou les districts agricoles particuli猫rement productifs, o霉 des investissements cibl茅s donneraient le meilleur rendement.

L鈥檈xpert de l鈥橝ICD explique qu鈥檈n ce qui concerne les r茅seaux de transport de l鈥橝frique, il serait sans doute plus rationnel de se concentrer initialement sur l鈥檃m茅lioration des infrastructures dans les corridors 脿 fort trafic de l鈥櫭﹑oque coloniale orient茅s vers le littoral, plut么t que de construire de nouveaux r茅seaux routiers et de distribution d鈥櫭﹍ectricit茅 destin茅s 脿 茅largir les 茅changes interafricains. 鈥淎vec les corridors maritimes qui v茅hiculent d茅j脿 la plus grande partie du trafic commercial, il faut tracer correctement environ 10 000 kilom猫tres de routes et de voies ferr茅es. Pour d茅velopper correctement les 茅changes terrestres, il faut tracer correctement environ 100 000 kilom猫tres de routes et de voies ferr茅es."

Les critiques r茅pondent que le probl猫me de cette approche est qu鈥檈lle renforcera probablement la d茅pendance de l鈥橝frique envers ses 茅changes ext茅rieurs au d茅triment du commerce r茅gional et du fort potentiel de croissance que pourrait faire na卯tre l鈥檈xpansion des 茅changes interafricains. Plut么t que de se concentrer sur des march茅s internationaux hautement comp茅titifs o霉 les petites 茅conomies africaines et le manque d鈥檌ndustries locales sont des handicaps majeurs, les pays africains feraient mieux de multiplier et de d茅velopper les liens avec leurs voisins.

La bonne nouvelle, a conclu M. Kaberuka lors de sa conf茅rence de presse 脿 l鈥橭NU, est qu鈥檃pr猫s des ann茅es de laisser-aller et de retards, 鈥渘ous mettons fortement l鈥檃ccent sur les infrastructures. Nous ne pr茅tendons pas que les infrastructures suffiront 脿 surmonter les d茅fis du d茅veloppement de l鈥橝frique; mais il est essentiel que nous 茅largissions nos efforts. C鈥檈st important pour l鈥檃griculture, pour l鈥櫭ヾucation et pour la sant茅. Il importe que nous r茅duisions la 鈥榙istance 茅conomique鈥� en Afrique.鈥�