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L'Afrique a besoin de fortifier sa politique alimentaire

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L'Afrique a besoin de fortifier sa politique alimentaire

Les bonnes intentions ne suffisent pas
Masimba Tafirenyika
Afrique Renouveau: 
 Africa Media Online/Eimage Agency/Brandon Fisher
To boost African agriculture, governments need to invest 10 per cent or more of their budgets in the sectorPour dynamiser l’agriculture africaine, les gouvernements doivent investir au moins 10 % de leur budget dans ce secteur.
Photo: Africa Media Online/Eimage Agency/Brandon Fisher

Certains Ă©conomistes ont beau voir dans l'Afrique le prochain grand marchĂ© Ă©mergent, les pĂ©nuries alimentaires chroniques que connaĂ®t le continent demeurent obstinĂ©ment sans solution. Consciente de ce problème, l'Union africaine (UA) cherche Ă  convaincre ses membres d'augmenter leurs investissements dans le secteur agricole. Ěý

C'est un dĂ©fi de taille. Mais les signes de progrès se multiplient, en partieĚýgrâce au Programme dĂ©taillĂ© pour le dĂ©veloppement de l'agriculture africaine (PDDAA), un plan novateur conçu par le NEPAD, l’organisme de dĂ©veloppement de l'UA.Ěý

Le message du PDDAA est simple, mais efficace : l'augmentation des investissements dans l'agriculture doit permettre de vaincre la famine en Afrique, tout en sortant des millions de personnes de la pauvretĂ©.Ěý Le programme a plusieurs volets, mais le plus connu d'entre eux exige de ses signataires qu'ils consacrent au moins 10 % de leur budget Ă  l'agriculture. Trente pays ont dĂ©jĂ  pris cet engagement. Ěý

Les rĂ©sultats du PDDAA sont pour l'instant mitigĂ©s. Certains pays ont encore du mal Ă  traduire le programme en mesures concrètes.Ěý

Le PDDAA est une belle idĂ©e mais souffre de deux faiblesses majeures : il n’a pas les moyens financiers de soutenir ses projets et ne peut obliger ses membres Ă  adopter ses recommandations.Ěý

Prenons l'exemple de la PAC, la Politique agricole commune de l'Union europĂ©enne (UE). Ce programme de subventions agricoles a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour rĂ©pondre aux pĂ©nuries alimentaires dont souffrait l'Europe dans les annĂ©es 1950. La PAC dispose Ă  la fois de moyens financiers – pas moins de 40 % du budget de l'UE en 2010Ěý – et de moyens de pression suffisants pour imposer ses conditions aux membres qui bĂ©nĂ©ficient des subventions. Les subventions de l'UE ont certes des effets nĂ©fastes sur les agriculteurs des pays pauvres mais elles ont permis d'amĂ©liorer les revenus des agriculteurs europĂ©ens et de produire davantage d’aliments de qualitĂ© pour les
consommateurs.Ěý Ěý

Le PDDAA, à l'inverse, ne peut exercer qu’une influence morale pour convaincre ses membres de respecter leurs engagements. Pire encore : il dépend fortement des bailleurs de fonds pour investir dans les pays signataires. Il est aussi troublant de constater qu'une proportion importante des budgets nationaux de la plupart des pays signataires du PDDAA provient des bailleurs de fonds. L'Afrique est ainsi à la merci de la réduction des aides en cas de récession économique, ou quand les priorités changent, ou encore lorsque la situation politique intérieure des pays africains concernés évolue comme l'ont clairement montré les événements récents au Malawi ou au Rwanda.

L'efficacitĂ© du PDDAA dĂ©pend avant tout de la volontĂ© des signataires de dĂ©ployer les efforts nĂ©cessaires. Pour prouver l’importance qu’elle accorde Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire, l'UA devrait suivre l'exemple de l'Union europĂ©enne en obligeant ses membres Ă  contribuer Ă  un fonds agricole commun.Ěý

Il est vrai que pour les pays pauvres, consacrer 10 % de leur budget à l'agriculture est un objectif ambitieux, compte tenu des nombreuses autres priorités qui existent. Mais la réussite du secteur agricole permet de réduire les besoins de financement des programmes sociaux de lutte contre la faim et la pauvreté. Au final, investir dans l'agriculture est un très bon calcul.  

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