L'OUA s'élève contre les coups d'Etat
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L'OUA s'élève contre les coups d'Etat
Trente chefs d'Etat africains se sont réunis le 2 juin à Harare pour le 33e sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dans l'intention de se féliciter des progrès réalisés dans le sens de la paix dans des pays aussi "volatils" que le Libéria, l'Angola et la République démocratique du Congo (ex-Zaïre).
Cependant, alors même que les dirigeants prenaient place ce matin-là dans la salle où se tenait le sommet, la capitale de la Sierra Leone, Freetown, était bombardée par des navires nigérians. Bien qu'elle ne fût pas inscrite à l'ordre du jour, la question épineuse du coup d'Etat en Sierra Leone et des mesures prises par les forces nigérianes contre ses auteurs ont éclipsé toutes les autres lors du sommet.
"Lorsque la démocratie est bafouée, il nous faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la restituer au peuple", a indiqué le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, lors de l'ouverture du sommet. "Les Etats voisins, les groupes régionaux et les organisations internationales doivent tous faire en sorte de restaurer le gouvernement constitutionnel et démocratique de la Sierra Leone".
La démocratie se renforce
Le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, s'est fait l'écho des propos du Secrétaire général. "La démocratie doit être restaurée en Sierra Leone dans les meilleurs délais", a indiqué M. Mugabe, le nouveau Président de l'OUA.
"Nous sommes de moins en moins prêts à tolérer les coups d'Etat", a noté M. Mugabe. "Les auteurs de coups d'Etat et ceux qui renversent des gouvernements démocratiques vont s'apercevoir que nous sommes chaque jour moins disposés à les reconnaître. La démocratie se renforce en Afrique et nous sommes maintenant très hostiles aux coups d'Etat".
L'OUA a autorisé les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à poursuivre leur campagne contre les agissements des militaires en Sierra Leone.
Bien que les événements de la Sierra Leone aient volé la vedette à d'autres questions lors de l'ouverture du sommet, les dirigeants ont très chaleureusement accueilli le Président du Congo, Laurent-Désiré Kabila, leur dernier collègue en date.
"Une longue période de despotisme a pris fin lorsque Mobutu a été renversé", a indiqué le Secrétaire général. "Nous saluons tous Laurent Kabila et sa volonté d'établir un régime constitutionnel et d'instaurer la démocratie dans ce pays".
Le moment le plus émouvant de l'ouverture du sommet a peut-être été celui où M. Annan a appelé l'Afrique à maintenir les normes les plus élevées dans le domaine des droits de l'homme. "Les droits de l'homme sont les droits des Africains", a déclaré M. Annan sans ambages. "Je vous demande de faire en sorte que tous les Africains puissent en jouir. Lorsque nous aurons réussi dans ce domaine, l'Afrique aura fait un grand pas en avant".
La seconde journée du sommet a été consacrée à l'inauguration de la Communauté économique africaine, dont l'ambition est de devenir progressivement une union économique à part entière à l'échelle du continent.
Inauguration de la Communauté économique
Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Tom Ikimi, a indiqué qu'en cette période de mondialisation rapide, les divers pays d'Afrique possédant de petits marchés ne pouvaient plus se permettre de rester isolés. "L'intégration économique de l'Afrique doit s'accélérer", a-t-il dit. "Les pays membres de l'Union européenne, de l'Accord de libre-échange nord-américain et de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est vont tous de l'avant. Si l'Afrique veut faire partie d'un monde meilleur, nous devons aussi nous regrouper ou prendre le risque de devenir de simples marchés pour ces groupes en plein développement. Si nous continuons dans la même voie, notre avenir sera aussi humiliant que notre présent est affligeant".
Même si certains dirigeants ont souligné la nécessité pour les pays d'Afrique d'avaler l'amère potion économique que constituent les programmes d'ajustement structurel, le Président Mugabe a critiqué les politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Il a instamment prié les dirigeants africains de "résister à la recolonisation de leur pays dissimulé derrière des programmes de protection de l'environnement. L'ensemble du monde en développement est confronté aux politiques hostiles de l'Organisation mondiale du commerce et des institutions financières internationales. Il semblerait que le Nord qui contrôle ces institutions ait un même agenda politique visant à empêcher les pays en développement de se développer".
Lorsque le sommet de l'OUA a repris en tant que tel, les dirigeants africains ont réélu M. Salim Ahmed Salim de la Tanzanie pour un troisième mandat de Secrétaire général de l'OUA. M. Salim n'avait aucun opposant après que le seul autre candidat, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Amara Essy, se fut retiré.
L'Afrique du Sud a, lors du sommet, instamment demandé que soit adopté un traité interdisant les mines antipersonnel sur l'ensemble du continent. Le traité demande l'interdiction totale de la fabrication, de la vente, du transport et de l'utilisation des mines antipersonnel. "Nous voulons que les mines antipersonnel soient bannies de notre continent, bannies de la planète", a dit M. Mugabe.