缅北禁地

Alors que l'Afrique du Sud f锚te 10 ann茅es de libert茅, sa r茅ussite en mati猫re d'alimentation en eau des zones rurales est cit茅e en exemple aux autres pays en d茅veloppement. D'ici la fin de l'ann茅e, 10 millions de Sud-Africains, priv茅s d'eau salubre il y a 10 ans, y auront d茅sormais acc猫s.

"Nous avons d茅pass茅 les objectifs de d茅veloppement du Mill茅naire", nous affirmait en avril Ronnie Kasrils, Ministre des eaux et des for锚ts de l'茅poque. "En l'an 2008, tous les habitants du pays auront acc猫s 脿 l'eau salubre." M. Kasrils, nomm茅 depuis responsable des services de renseignements g茅n茅raux de son pays, se trouvait 脿 New York pour participer 脿 la 12e session de la Commission du d茅veloppement durable de l'ONU.

Un droit fondamental

En 1994, quelque 14 millions sur les 40 millions d'habitants que compte le pays n'avaient pas acc猫s 脿 l'eau potable et 21 millions de personnes ne disposaient pas de syst猫mes d'assainissement acceptables. Pour relever ce d茅fi, l'Afrique du Sud a inscrit dans sa constitution des dispositions qui stipulent que l'acc猫s 脿 la nourriture et 脿 l'eau est un droit fondamental. Le gouvernement a adopt茅 en outre le Programme pour la reconstruction et le d茅veloppement, qui regroupe des mesures de d茅veloppement social mettant l'accent sur le r么le de l'Etat dans la distribution des services de base et dont l'un des objectifs est d'assurer la pr茅sence d'un point d'eau dans un rayon de 200 m猫tres de toute habitation rurale.

L'Afrique du Sud a 茅galement institu茅 une mesure pr茅voyant la distribution gratuite 脿 toutes les familles des 6 000 premiers litres d'eau consomm茅s par mois. Si la consommation d茅passe ce plafond, les familles devront verser une taxe progressive.

Le pays ne disposant d'aucun service charg茅 de la distribution de l'eau, il a fallu instituer une nouvelle l茅gislation et cr茅er des municipalit茅s dans de nombreuses zones rurales 脿 majorit茅 noire priv茅es d'eau. M. Kasrils reconna卯t toutefois qu'il reste encore beaucoup 脿 faire.

C'est ainsi que certaines municipalit茅s r茅cemment cr茅茅es commencent 脿 peine 脿 锚tre op茅rationnelles. Dans les r茅gions rurales, quelque cinq millions de personnes doivent encore aller chercher l'eau dans les rivi猫res et sources 茅loign茅es.

La r茅ussite de l'Afrique du Sud s'explique par la volont茅 politique de ses responsables mais, contrairement 脿 bon nombre de pays en d茅veloppement, ce pays dispose des ressources n茅cessaires pour appliquer ses programmes. L'Afrique du Sud est en effet le pays le plus riche de l'Afrique subsaharienne avec un revenu moyen de 2800 dollars par habitant, contre 300 dollars en moyenne pour le reste du continent.

Contre la privatisation

Mais l'alimentation durable en eau des zones urbaines demeure un d茅fi. Les critiques du gouvernement pr茅tendent que les programmes de r茅cup茅ration des co没ts ont rendu l'eau inaccessible aux populations pauvres des zones urbaines. Le Forum non-gouvernemental contre la privatisation de l'eau a reproch茅 aux nouvelles mesures d'avoir priv茅 des millions de Sud-Africains de leurs sources d'eau.

Trevor Ngwane, un militant de ce Forum, a affirm茅 que la privatisation violait le droit constitutionnel des citoyens dans la mesure o霉 l'eau "n'est plus distribu茅e selon les besoins mais selon la capacit茅 脿 payer. Les couches pauvres de la population n'ont pas les moyens de payer pour l'eau", assure-t-il. Selon le Forum, dans les zones urbaines, le co没t de l'eau est en hausse et des soci茅t茅s priv茅es installent des compteurs pr茅pay茅s qui en coupent la distribution lorsque la consommation exc猫de le montant r茅gl茅 脿 l'avance. Des millions d'habitants auraient ainsi 茅t茅 priv茅s d'eau.

Apr猫s l'adoption des mesures 茅conomiques lib茅rales de 1996, le gouvernement a baiss茅 le niveau du montant des bourses et subventions accord茅es aux municipalit茅s urbaines; certaines ont donc d没 se tourner vers la commercialisation afin d'engendrer des revenus. M. Kasrils soutient que sur les 284 municipalit茅s que compte le pays, cinq seulement ont pass茅 des conventions en mati猫re de service et de gestion avec les soci茅t茅s priv茅es assurant l'alimentation en eau.

Les deux principales villes du pays, Le Cap et Johannesburg, comptent le plus grand nombre de projets priv茅s en mati猫re d'eau en Afrique australe. La Zambie a deux projets, l'Angola en pr茅voit deux et la Tanzanie trois. "Le seul moyen d'attirer des fournisseurs de services durables est de veiller 脿 ce que les b茅n茅ficiaires payent ces services; il faudra en outre pr茅voir des am茅nagements transparents et adapt茅s pour la subvention de la consommation des couches pauvres chaque fois que les autorit茅s le jugent n茅cessaire", estime de son c么t茅 David Gray, conseiller principal en mati猫re d'eau 脿 la Banque mondiale. Selon lui, facturer l'approvisionnement en eau et assurer que les factures sont r茅gl茅es 脿 temps ne constitue qu'une premi猫re 茅tape pour les gouvernements de la r茅gion. Il faudra d茅sormais, estime-t-il, attirer des fournisseurs de service solides sur le plan financier.