Rashid Maneno, 56 ans, est assis seul, regardant la mer d'un air pensif. C'est une belle et chaude matinée sur la plage de sable de Bagamoyo, à quelque 79 kilomètres au nord-ouest de Dar-es-Salaam, la ville portuaire de Tanzanie. La plage est une véritable ruche d'activité.
Marchant le long du sable, j'observe des hommes en groupes attendant d'embarquer sur de petits bateaux en bois pour commencer leur expédition de ±è곦³ó±ð. Mon attention est attirée par la grande variété de bateaux, grands et petits, qui tanguent majestueusement lorsqu'ils se lancent sur le bleu calme de l'océan Indien. Ils transportent 10 à 20 ±è곦³ó±ðurs chacun. Ils sont comme une armada lâchée sur la mer. Certains reviendront avec des prises, d'autres les mains vides. La ±è곦³ó±ð est la principale source de revenus pour de nombreux habitants de Bagamoyo, un ancien centre commercial et une ville portuaire. Certains sont également agriculteurs - ils cultivent principalement du manioc, un aliment de base local, et des ananas. Je repère M. Maneno de loin et m'approche de lui. Lorsque nous nous asseyons pour discuter après un échange de salutations, son regard reste fixé sur la mer - un phénomène qu'il observe et auquel il participe depuis cinq décennies, vivant chacun de ses tours et détours. Les femmes des environs sont assises en groupes, seaux à la main, attendant le retour des bateaux en milieu de matinée. Elles font alors leurs achats quotidiens de fruits de mer, qu'elles vendent dans leurs échoppes de fortune, non loin de là , au large. À quelques encablures de là , un énorme navire est en train d'être chargé de sable de construction et de rondins de bois prêts à être expédiés vers des ports éloignés. À côté, un autre navire de même taille décharge des barils d'huile de cuisson. Beaucoup de choses passent par la tête de M. Maneno alors que nous nous abritons sous un arbre, à l'abri du soleil brûlant. Après de nombreuses années d'observation et de ±è곦³ó±ð dans ce même océan, M. Maneno, maintenant négociant en poisson, semble assez inquiet.
Protéger l'océan
La Tanzanie a élaboré une série de lois visant à protéger ses océans et sa biodiversité.
Anthony Mbega, spécialiste de la vie marine sur l'île de Mafia, qui fait partie de l'archipel tanzanien de l'océan Indien, explique que la demande accrue d'infrastructures de ±è곦³ó±ð, bien que justifiée, a ses propres conséquences, dont certaines ont un impact négatif sur la biodiversité.
L'exploitation massive des mangroves et du sable, en particulier, a été citée comme ayant un impact négatif sur la santé des océans et des mers.
Par conséquent, le gouvernement a promulgué des textes de loi, dont l'article 6(1) de la loi sur l'exploitation minière de Tanzanie et son amendement en 2017, pour protéger la mer et son environnement. Par exemple, couper les mangroves, extraire le sable de la plage, sont contraires à la loi.
Par ailleurs, l'article 55(2) et 3 de la loi sur la gestion de l'environnement de 2004 interdit expressément la construction, la modification ou la suppression d'une structure dans ou sous l'océan ou les rivages naturels des lacs, les berges des rivières ou les réservoirs d'eau. Il interdit également l'introduction de plantes, qu'elles soient exotiques ou indigènes, dans l'océan ou dans d'autres masses d'eau et zones humides. Ìý
QUAND : 27 juin au 1er juillet 2022
- Les solutions pour une gestion durable des océans impliquent des technologies vertes et des utilisations innovantes des ressources marines.
- Il s'agit également de s'attaquer aux menaces qui pèsent sur la santé, l'écologie, l'économie et la gouvernance des océans : acidification, déchets marins et pollution, ±è곦³ó±ð illégale, non déclarée et non réglementée, perte d'habitats et de biodiversité.
Selon la nouvelle réglementation sur la ±è곦³ó±ð de 2020, l'utilisation de filets à anneaux près du rivage est une infraction. Le gouvernement interdit également l'utilisation de filets tournants pendant la journée et dans une zone de la mer dont la profondeur est inférieure à 50 mètres.
Des recherches ont montré que les filets tournants capturent les alevins et détruisent les zones de reproduction des poissons, ce qui entraîne une forte diminution des stocks de poissons, explique M. Mbega.
Le nouveau règlement de ±è곦³ó±ð 2020 interdit également l'utilisation de générateurs dans les activités de ±è곦³ó±ð. "La quantité d'éclairage générée peut affecter la croissance des poissons et des organismes aquatiques associés", selon M. Mbega.
Ces textes de loi sont importants, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer les moyens de subsistance de manière durable et pour préserver l'océan de M. Maneno pour les décennies à venir.
Ce sont là quelques-unes des questions qui seront abordées lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans de 2022, qui se tiendra du 27 juin au 1er juillet 2022 à Lisbonne, au Portugal, sur le thème "Intensifier les mesures relatives aux océans fondées sur la science et l'innovation en vue de la réalisation de l'objectif 14 : bilan, partenariats et solutions".
Conçue sous les auspices de l'ONU et co-organisée par les gouvernements du Kenya et du Portugal, la conférence vise à soutenir la mise en Å“uvre de l'ODD 14 : Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable. Ìý