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Pour une Afrique dynamique
Forte de ses récentes réalisations économiques et politiques, l’Afrique se trouve au seuil d’un “siècle de croissance” et pourrait même devenir “un puissant moteur de la croissance mondiale”, a déclaré le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, lors de la séance inaugurale du sommet de trois jours des dirigeants africains et asiatiques.
Cette quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui s’est tenue du 28 au 30 mai dans la ville portuaire de Yokohama, a réuni une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains. La conférence était organisée par le Gouvernement japonais en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique du Secrétaire général de l’ONU (OSAA) et la Banque mondiale.
“Les liens économiques entre l’Asie et l’Afrique se sont rapidement développés au cours des dernières années”, a observé Asha-Rose Migiro, Vice Secrétaire générale de l’ONU. Elle a noté que de 1990 à 2005, les exportations africaines vers les pays asiatiques ont triplé. Les investissements étrangers directs de l’Asie en Afrique ont aussi progressé rapidement.
Assurer la promotion de cette coopération est un objectif central pour le Japon depuis la première conférence TICAD de 1993. Les réunions de ce sommet qui se tiennent tous les cinq ans ont servi non seulement à mettre en lumière le soutien apporté à l’Afrique par le Japon, mais ont également permis à d’autres pays asiatiques de témoigner de leur propre engagement accru en faveur du continent. En novembre 2006, la Chine a accueilli un important sommet organisé avec les dirigeants africains (voir Afrique Renouveau de janvier 2007), et, en avril 2008, l’Inde a également intensifié ses relations avec la région (voir encadré).
Tsuneo Kurokawa, directeur du département Afrique de l’Agence japonaise de coopération internationale, différencie l’approche multilatérale de la TICAD des initiatives bilatérales récentes de la Chine. Il note que la conférence de Yokohama a réuni des représentants de 12 pays d’Asie, de 22 pays donateurs et de 55 organisations internationales dont l’ONU, co-organisatrice de la conférence depuis 1993.
La TICAD est également régie par deux autres principes : l’appropriation par les Africains eux-mêmes de la stratégie de développement du continent et l’établissement d’un authentique partenariat entre l’Afrique et ses soutiens internationaux.
Infrastructures et OMD
Pour accélérer le développement de l’Afrique, a déclaré le Premier Ministre japonais au sommet, “le plus important est de développer les infrastructures”. Conformément à l’accent mis sur ce secteur par le NEPAD lui-même, le Plan d’action de Yokohama approuvé par le sommet part du principe que la construction de routes, de ports, de réseaux de distribution d’électricité, de systèmes d’adduction d’eau et autres infrastructures sera un élément vital pour le développement de l’industrie, de l’agriculture, des échanges et des investissements en Afrique.
Améliorer “la sécurité humaine” en Afrique — une des principales questions traitées au sommet de Yokohama — sera aussi, de l’avis unanime des participants, essentiel pour les progrès du continent. Mme Migiro, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU s’est dite préoccupée qu’à mi-chemin de l’échéance de 2015 fixée pour atteindre ces objectifs, l’Afrique ait pris du retard, s’est dite préoccupée qu’aujourd’hui, à mi-chemin de l’échéance de 2015 fixée pour atteindre ces objectifs, l’Afrique ait pris du retard. “Sur la base des tendances actuelles, déclare-t-elle, il est probable qu’aucun pays africain n’atteindra la totalité des objectifs. Cela exige des mesures efficaces et immédiates."
Un des moyens d’accélérer les progrès en faveur des OMD consiste à mieux utiliser les ressources disponibles. Le sommet de Yokohama a souligné l’importance des approches fondées sur les communautés locales, telles Le Projet des villages du Millénaire, aujourd’hui au stade expérimental dans 10 pays africains (voir article).
De l’aide aux investissements privés
Les participants à la TICAD ont aussi souligné que la réalisation des OMD pourrait être favorisée si les pays bailleurs de fonds respectaient leur engagement de doubler l’aide au développement accordée à l’Afrique. C’est l’un des principaux messages que le Japon a promis de transmettre au prochain sommet du Groupe des Huit (G-8) organisé en juillet à Tokyo.
Le Premier Ministre japonais a annoncé que le Japon doublerait au cours des cinq prochaines années l’aide publique au développement (APD) qu’il accorde à l’Afrique. Selon les estimations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Japon a versé en 2006 2,7 milliards de dollars d’aide au développement à l’Afrique subsaharienne (la dernière année pour laquelle des statistiques détaillées soient disponibles). Cependant, en 2007, l’aide au développement du Japon a globalement diminué de près d’un tiers, un recul qui a été sévèrement critiqué par des organisations de la société civile japonaises dans les mois qui ont précédé la réunion de la TICAD.
M. Fukuda a déclaré qu’une partie de l’augmentation de l’aide au développement à laquelle le Japon procédera dans les cinq prochaines années sera livrée sous forme de crédits à taux privilégiés d’un montant de 4 milliards de dollars, destinés à financer des projets d’infrastructure. Les subventions et l’assistance technique seront doublées. Il est notamment prévu de former 100 000 employés africains du secteur de la santé au cours des cinq prochaines années et d’envoyer sur place des techniciens spécialistes de l’adduction d’eau qui amélioreront l’accès des Africains à l’eau potable.
En 2009, le Japon commencera à verser 560 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui consacre 60 % de ses fonds à l’Afrique subsaharienne. Cette année, le Japon commencera également à financer un “Partenariat pour une planète fraîche” d’un budget total de 10 milliards de dollars, qui aidera les pays pauvres, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à réaliser un développement durable.
Le Président tanzanien Jakaya Kikwete, prenant la parole au sommet de Yokohama en qualité de Président de l’Union africaine, a salué le rôle que le Japon a joué dans l’obtention d’un consensus international sur les mesures pratiques de suivi à adopter pour concrétiser le Protocole de Kyoto sur les changements climatiques. Il a noté que l’Afrique émet peu de ces gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement du globe, mais qu’elle subit de façon disproportionnée les conséquences négatives des changements climatiques.
Etant donné que les besoins de l’Afrique sont nettement supérieurs à l’aide au développement, le Président tanzanien a exprimé l’espoir que, dans le cadre de la TICAD, le Japon ferait plus pour encourager les investissements du secteur privé sur le continent.
Le Premier Ministre japonais a annoncé que la Banque japonaise pour la coopération internationale mettrait prochainement en place un nouveau mécanisme destiné à financer directement les entreprises africaines et à leur fournir des garanties financières. Ce financement devrait atteindre un montant de 2,5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. “Avec ces activités de collaboration, a-t-il ajouté, notre objectif est de doubler les investissements du secteur privé japonais en Afrique.”
D’une rive à l’autre de l’Océan indien
Plus d’une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains se sont joints au Premier Ministre indien Manmohan Singh les 8 et 9 avril à New Delhi pour le premier forum Inde-Afrique. “L’Océan indien n’a jamais été une barrière”, a remarqué Alpha Oumar Konaré, Président sortant de la Commission de l’Union africaine. “C’est une route pour les voyages et la coopération."
La déclaration finale publiée par les participants relevait du même esprit : “Nous sommes voisins de part et d’autre de l’Océan indien.” Ils ont noté que bien que les pays africains aient réalisé au cours des années récentes des progrès économiques et politiques, l’Inde “a évolué selon un mode de croissance économique plus assuré et plus rapide”. Une coopération accrue peut par conséquent aider l’Inde comme l’Afrique à “devenir plus autonomes [et] plus dynamiques sur le plan économique”.
Les échanges entre l’Inde et l’Afrique se montent actuellement à environ 25 milliards de dollars par an, soit près de trois fois plus qu’il y a seulement quatre ans. La part de l’Afrique dans le total du commerce international de l’Inde est passée de 5,8 % en 2002-03 à 8 % en 2006-07. Au cours du forum, le Premier Ministre indien a observé que l’Inde accordait l’entrée en franchise de droits sur ses marchés à la plupart des marchandises en provenance des pays les moins avancés, dont 34 sont situés en Afrique. En 2003-04, l’Inde a fourni environ 2,2 milliards de crédits commerciaux aux pays africains, ce montant devant atteindre 5,4 milliards en 2008-09. La Banque d’import-export indienne, qui avait une agence à Johannesburg (Afrique du Sud), en a récemment ouvert une autre à Dakar (Sénégal).
M. Singh s’est également engagé à ce que l’Inde double le nombre de bourses qu’elle accorde à des étudiants africains, qui passerait ainsi de 4000 à 8000 environ chaque année. Le nombre d’Africains qui reçoivent une formation technique passera aussi de 1100 à 1600 par an.
Le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, s’est en particulier réjoui des mesures destinées à faire augmenter les exportations africaines vers l’Inde. “C’est une révolution, a déclaré M. Wade, car les exportations sont le moteur du développement."
Les participants indiens et africains se sont aussi engagés à renforcer leur coopération dans de nombreux autres domaines, du développement agricole aux négociations multilatérales sur les échanges commerciaux internationaux et les changements climatiques. Il ont fixé ensemble la date du prochain forum à 2011.