缅北禁地

Combattant du FDLR, groupe rebelle rwandais dans l鈥檈st du Congo. Est-il en train d鈥檈nvisager un retour au foyer ?

Photo: Reuters / Finbarr O'Reilly

Au d茅part, fin janvier, c鈥檈st par petits groupes que les rebelles et les r茅fugi茅s rwandais ont commenc茅 脿 sortir des for锚ts de la province congolaise du Nord-Kivu. Deux semaines plus tard, ils 茅taient plusieurs centaines. En juin, plus de 8 000 personnes, dont un millier d鈥檈x-combattants, avaient 茅t茅 rapatri茅es au Rwanda voisin par les soldats de la paix et le personnel des Nations Unies s鈥檕ccupant des r茅fugi茅s.

Antoine Uwumukiza, qui s鈥檈st enfui en R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC) il y a une quinzaine d鈥檃nn茅es au lendemain du g茅nocide rwandais de 1994, est l鈥檜n de ceux qui a pris le chemin du retour. 鈥淟a communaut茅 internationale nous a aid茅s 脿 rendre les armes; alors nous avons d茅cid茅 de rentrer au Rwanda鈥�, a-t-il d茅clar茅 脿 un journaliste du Washington Post. 鈥淥n a entendu dire qu鈥檌l y avait un bon gouvernement l脿-bas, alors nous avons voulu voir sur place si c鈥櫭﹖ait de la propagande.鈥�

Au cours des dix derni猫res ann茅es, des centaines de milliers de Rwandais sont rentr茅s chez eux pour s鈥檃percevoir que la politique de r茅conciliation nationale du gouvernement n鈥櫭﹖ait pas simplement de la propagande. Des r茅fugi茅s, et m锚me des soldats du groupe ethnique hutu ont constat茅 qu鈥檌ls avaient leur place aux c么t茅s des rescap茅s du g茅nocide, pour la plupart des Tutsis (voir encadr茅).

Pourtant plusieurs milliers de combattants hutus appartenant au mouvement d鈥檕pposition du Front d茅mocratique de lib茅ration du Rwanda (FDLR) sont encore stationn茅s dans les r茅gions orientales du Nord et Sud-Kivu du Congo. La pr茅sence de bandes arm茅es de la tristement c茅l猫bre Arm茅e de r茅sistance du Seigneur de l鈥橭uganda a 茅galement 茅t茅 signal茅e tout au nord-est du Congo.

Ces deux groupes ont terrifi茅 les villageois congolais, en en tuant des milliers, en enle颅vant des centaines d鈥檃utres et en commettant des agressions sexuelles 脿 grande 茅chelle. Le manque de s茅curit茅 a incit茅 les habitants de la r茅gion, surtout les femmes, 脿 exiger une protection accrue (voir encadr茅). Les chefs rebelles ont 茅galement eu recours 脿 des m茅thodes extr锚mes pour emp锚cher les r茅fugi茅s, et leurs propres combattants, de rentrer chez eux.

Visite d鈥橝lan Doss, Repr茅sentant sp茅cial de l鈥橭NU pour la RDC, dans un camp de personnes d茅plac茅es dans l鈥檈st du Congo: apr猫s le rapatriement des combattants 茅trangers et le r茅tablissement de la s茅curit茅, le 鈥渧茅ritable combat鈥� pour le d茅veloppement 茅conomique et social pourra commencer.

Photo: UN/ Marie Frechon

Cette situation s鈥檈st d茅grad茅e jusqu鈥櫭� ce que le Gouvernement congolais invite en d茅cembre 2008 et dans les premiers mois de 2009 plusieurs milliers de soldats de l鈥橭uganda et du Rwanda sur son territoire pour lancer des op茅rations militaires conjointes contre les deux groupes rebelles. La pression militaire a temporairement abouti 脿 la dispersion des chefs rebelles.

鈥淐鈥檈st 脿 ce stade que nous avons d茅cid茅 de profiter de la situation鈥�, explique Bruno Donat, qui dirigeait 脿 l鈥櫭﹑oque les op茅rations de d茅sarmement et de d茅mobilisation de la Mission de l鈥橭NU en RDC (MONUC). Lui et ses coll猫gues ont pris des 鈥渕esures exceptionnelles鈥澨齪our convaincre les combattants du FDLR de rendre les armes et de rentrer au Rwanda de leur propre gr茅, a-t-il pr茅cis茅 脿 Afrique Renouveau. En d茅ployant des 茅quipes mobiles suppl茅mentaires, en 茅tablissant un centre d鈥檃ppel ouvert en permanence, en l芒chant des d茅pliants par h茅licopt猫re et en 茅mettant 脿 partir de postes de radio mobiles, ils ont r茅ussi 脿 indiquer aux combattants de base du FDLR comment se rendre en toute s茅curit茅 dans les centres de rassemblement en vue de leur rapatriement.

鈥淕raves menaces鈥�

La situation au Congo, bien que particuli猫rement grave, n鈥檈st pas in茅dite en Afrique. A plusieurs milliers de kilom猫tres, au moment m锚me o霉 des op茅rations militaires se d茅roulaient dans l鈥檈st de la RDC, des combattants lib茅riens ayant particip茅 脿 la guerre civile en C么te d鈥橧voire mena莽aient de d茅railler le processus de paix dans ce pays s鈥檌ls ne recevaient pas des indemnit茅s de d茅mobilisation plus 茅lev茅es.

Les habitants de la R茅publique centrafricaine, juste au nord de la RDC, se souviennent encore des massacres et autres atrocit茅s commises en 2002 et 2003 par des combattants congolais et tchadiens, invit茅s dans le pays par des factions politiques rivales.

Les activit茅s militaires transfrontali猫res des combattants 茅trangers et des groupes arm茅s 鈥減osent une grave menace 脿 la s茅curit茅 dans toutes les r茅gions o霉 ils sont pr茅sents en grand nombre鈥�, peut-on lire dans l鈥櫭﹖ude sur les combattants en terre 茅trang猫re 茅tablie par le Bureau du Conseiller sp茅cial de l鈥橭NU pour l鈥橝frique.

A la diff茅rence des combattants qui sont ressortissants d鈥檜n pays sortant d鈥檜n conflit, la plupart des combattants 茅trangers n鈥檕nt pas la possibilit茅 de regagner tout simplement leurs foyers apr猫s avoir rendu les armes. Les programmes de rapatriement organis茅 ne sont pas l茅gion. Lorsqu鈥檌l y en a, comme pour les Rwandais, la peur, la m茅fiance, et les mauvaises relations intergouvernementales font que ces combattants sont souvent livr茅s 脿 eux-m锚mes apr猫s la fin des combats.

Enchev锚trements complexes

Le rapport du Bureau du Conseiller sp茅cial pour l鈥橝frique, pr茅sent茅 脿 une conf茅rence internationale sur le d茅sarmement, la d茅mobilisation et la r茅int茅gration (DDR) en Afrique, qui s鈥檈st tenue en juin 2007 脿 Kinshasa, capitale de la RDC (voir Afrique Renouveau, octobre 2007) rappelle que la pr茅sence de combattants 茅trangers n鈥檈st pas un ph茅nom猫ne nouveau en Afrique.

En effet, les insurg茅s africains op猫rent depuis longtemps par-del脿 des fronti猫res nationales mal gard茅es. Certains ont 茅t茅 appr茅ci茅s pour leur action, notamment au d茅but de la lutte de lib茅ration anti-coloniale ou contre le r茅gime de l鈥檃partheid en Afrique du Sud.

Mais les groupes d鈥檌nsurg茅s dot茅s d鈥檜ne vision politique claire, compos茅s d鈥檋ommes disciplin茅s et b茅n茅ficiant d鈥檜n certain soutien populaire sont plut么t rares dans les nombreux conflits civils qui d茅chirent le continent depuis une vingtaine d鈥檃nn茅es. Non contents de prendre pour cible les populations civiles, les forces gouvernementales et rebelles ont 茅galement cherch茅 脿 obtenir l鈥檃ppui, y compris militaire, de l鈥櫭﹖ranger. L鈥檌ntervention de combattants des pays limitrophes dans ces conflits civils a contribu茅 脿 compliquer la situation et 脿 aggraver les violences.

鈥淕uerriers r茅gionaux鈥� de l鈥橝frique de l鈥橭uest

L鈥橝frique de l鈥橭uest est l鈥檜ne des r茅gions o霉 des groupes arm茅s ont men茅 脿 maintes reprises des op茅rations militaires transfrontali猫res. En 1989, des forces rebelles ont envahi le Lib茅ria depuis la Guin茅e et la C么te d鈥橧voire voisines. C鈥檈st 脿 partir du Lib茅ria que Charles Taylor a ensuite apport茅 son soutien, comme chef de guerre puis comme pr茅sident, aux attaques lanc茅es par le Revolutionary United Front (RUF) contre le Gouvernement de la Sierra Leone. A diff茅rentes reprises, des combattants du Lib茅ria, du Burkina Faso et d鈥檃utres pays ont pris les armes aux c么t茅s du RUF. Par la suite, deux nouveaux groupes rebelles hostiles au Pr茅sident Taylor ont lanc茅 une deuxi猫me guerre civile au Lib茅ria, op茅rant 脿 partir de la Guin茅e et de la C么te d鈥橧voire et conduisant finalement au d茅part de M. Taylor en 2003.

Apr猫s la conclusion des accords de paix en Sierra Leone et au Lib茅ria, les programmes de DDR mis en place par l鈥橭NU ont permis d鈥檃ssurer la d茅mobilisation de dizaines de milliers de combattants appartenant 脿 des factions diverses (voir Afrique Renouveau, octobre 2005). Le rapatriement des combattants 茅tran颅gers n鈥檃 toutefois pas 茅t茅 syst茅matiquement organis茅. 鈥淟e fl茅au des ex-combattants 茅tran颅gers reste une trag茅die g茅n茅ralement ignor茅e鈥�, a soulign茅 en 2005 Kofi Annan, Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU de l鈥櫭﹑oque, dans un rapport sur les probl猫mes transfrontaliers de l鈥橝frique.

Dans une r茅gion du Congo o霉 les combattants du FDLR sont actifs, un h茅licopt猫re de l鈥橭NU l芒che des d茅pliants qui donnent des renseignements sur la mani猫re d鈥檕rganiser leur rapatriement au Rwanda.

Photo: 缅北禁地/ Marie Frechon

Ce probl猫me a 茅t茅 aggrav茅 par les carences des programmes de r茅int茅gration des ex-combattants dans la vie civile. De nombreux jeunes sans travail, sans 茅ducation et sans formation ont fini par se sentir frustr茅s et exclus, juste bons 脿 manier les armes. De ce fait, quand la guerre a 茅clat茅 en 2002 en C么te d鈥橧voire et que les deux parties ont cherch茅 脿 engager des renforts, des milliers de volontaires n鈥檕nt pas h茅sit茅 脿 franchir la fronti猫re. Certains venaient de la Sierra Leone, mais la plupart 茅taient lib茅riens : quelque 2 000 d鈥檈ntre eux se sont battus aux c么t茅 des forces progouvernementales, alors qu鈥檜n millier d鈥檃utres ont rejoint les rebelles dans le nord et l鈥檕uest du pays.

Dans son rapport de 2005 sur les 鈥済uerriers r茅gionaux鈥漝e l鈥橝frique de l鈥橭uest, l鈥檕rganisation am茅ricaine Human Rights Watch a interrog茅 une soixantaine de combattants appartenant 脿 15 factions arm茅es. La plupart avait combattu dans au moins deux conflits r茅gionaux. 鈥淐ertains d鈥檈ntre nous ne semblent pas capables de vivre sans une arme, d猫s qu鈥檕n entend parler d鈥檜ne guerre, on doit y aller鈥�, explique un Lib茅rien de 24 ans, qui a combattu au Lib茅ria, en Sierra Leone, en Guin茅e et en C么te d鈥橧voire.

La motivation principale de ces combattants semble 锚tre 茅conomique, la plupart des recrues de ces guerres successives 茅tant sans travail et vivant dans des conditions 茅pouvantables. Les recruteurs et les chefs militaires leur ont assur茅 qu鈥檌ls pourraient piller. Certains n鈥檕nt pas h茅sit茅 脿 changer de camp en fonction des possibilit茅s de pillage.

Les experts estiment que pour minimiser les risques de formation d鈥檜ne telle 鈥渄iaspora d鈥檌nsurg茅s鈥�, les organisations r茅gionales devraient dissuader les gouvernements de recruter ou soutenir les combattants 茅trangers. Le Bureau des Nations Unies pour l鈥橝frique de l鈥橭uest a encourag茅 la multiplication des 茅changes entre soldats de la paix dans la r茅gion en vue d鈥檋armoniser leurs programmes de r茅int茅gration. Par ailleurs, la Mission des Nations Unies en C么te d鈥橧voire, ayant tir茅 les le莽ons d鈥櫭ヽhecs pass茅s, travaille 茅troitement avec ses homologues du Lib茅ria pour faciliter le rapatriement des anciens combattants 茅trangers.

Les experts affirment par ailleurs qu鈥檌l est tout aussi important d鈥檃ssurer une meilleure r茅insertion des anciens combattants dans leur milieu d鈥檕rigine, soulignant que les perspectives d鈥檜n travail, de relations sociales et d鈥檃utres opportunit茅s les feront h茅siter 脿 s鈥檈ngager de nouveau dans des guerres 脿 l鈥櫭﹖ranger (voir Afrique Renouveau, avril 2009). Human Rights Watch a pour sa part fait remarquer que la plupart des Lib茅riens interrog茅s 脿 qui il avait 茅t茅 propos茅 d鈥檃ller se battre en C么te d鈥橧voire ou en Guin茅e avaient refus茅, car ils suivaient des stages de formation et des programmes d鈥櫭ヾucation chez eux.

Grands Lacs : surmonter l鈥檋ostilit茅

Dans la r茅gion des Grands Lacs de l鈥橝frique, les divergences politiques nationales qui sont venues s鈥檃jouter aux graves contentieux entre pays voisins ont cr茅茅 une situation particuli猫rement instable, propice aux op茅rations arm茅es transfronti猫res. Dans les ann茅es 1990, le Burundi, le Rwanda et le Congo ont 茅t茅 d茅chir茅s par des guerres civiles, alors que l鈥檌nsurrection men茅e par l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur continuait d鈥檈nvenimer la situation dans le nord de l鈥橭uganda et finissait par interf茅rer avec la guerre au Sud-Soudan.

Apr猫s la prise du pouvoir en 1994 au Rwanda par des insurg茅s 脿 majorit茅 tutsi, de nombreux participants au g茅nocide, des soldats du gouvernement vaincu et des centaines de milliers de r茅fugi茅s hutus ont fui vers les r茅gions de l鈥檈st du Za茂re (pays qui est depuis devenu la RDC). Appuy茅s par la dictature za茂roise de Mobutu Sese Seko, les combattants hutus ont contre-attaqu茅 face au nouveau Gouvernement rwandais. En 1996 le Rwanda et l鈥橭uganda ont, en guise de repr茅sailles, accord茅 leur soutien aux forces congolaises dissidentes, ce qui a conduit l鈥檃nn茅e suivante 脿 la destitution de Mobutu.

L鈥櫭﹔uption de nouvelles violences en 1998 au Congo a fini par entra卯ner la formation de nombreuses factions arm茅es et provoquer l鈥檌ntervention de troupes d鈥檜ne demi-douzaine de pays voisins. Entre temps, une guerre civile faisait rage au Burundi et des groupes rebelles ont profit茅 du chaos qui r茅gnait en RDC pour en faire une base arri猫re 脿 partir de laquelle organiser leurs attaques.

Pendant les affrontements, il n鈥櫭﹖ait gu猫re possible de r茅duire l鈥檌mplication militaire des combattants 茅trangers. Apr猫s la fin des conflits, toutefois, l鈥檃ppui accord茅 par les gouvernements 茅trangers a diminu茅; de ce fait, certains groupes de combattants sont rentr茅s chez eux ou ont perdu de leur puissance.

L鈥檃ccord de paix de la RDC sign茅 en 2002 pr茅voyait le retrait des arm茅es 茅trang猫res et la formation d鈥檜n gouvernement transitoire de coalition compos茅 des principaux acteurs politiques congolais. Un certain nombre de groupes dissidents ont toutefois poursuivi leurs activit茅s dans l鈥檈st du pays, avec parfois l鈥檃ppui tacite des pays voisins.

En 2006, les gouvernements de la r茅gion ont tenu une Conf茅rence internationale sur la R茅gion des Grands Lacs pour tenter d鈥檃paiser la situation. Ils se sont engag茅s 脿 cesser de soutenir les groupes arm茅s dans les pays voisins et 脿 interdire aux insurg茅s d鈥檜tiliser leurs territoires 脿 des fins militaires. Dans cet esprit, le Gouvernement rwandais a proc茅d茅 en janvier 2009 脿 l鈥檃rrestation de Laurent Nkunda, chef d鈥檜ne faction dissidente congolaise qui avait autrefois b茅n茅fici茅 d鈥檜n certain soutien du Rwanda. 鈥淪es positions intransigeantes en ont fait un obstacle 脿 la paix鈥�, a expliqu茅 le Pr茅sident rwandais Paul Kagam茅. Apr猫s l鈥檃rrestation du g茅n茅ral Nkunda, son groupe a conclu un accord de paix avec le Gouvernement congolais.

Par ailleurs, la conclusion d鈥檜n accord de paix en 2003 au Burundi a entra卯n茅 la d茅mobi颅lisation et l鈥檃dh茅sion au processus politique du principal groupe rebelle. Toutefois, un groupe d鈥檌nsurg茅s irr茅ductibles, les Forces nationales de lib茅ration (FNL), est rest茅 dans l鈥檕pposition, se manifestant surtout 脿 l鈥檌nt茅rieur du Burundi, mais disposant aussi de plusieurs centaines d鈥檋ommes en RDC. Finalement, en avril 2009, les FNL ont accept茅 de d茅sarmer, de c茅der une partie de leurs effectifs 脿 l鈥檃rm茅e burundaise et de se transformer en parti politique. D鈥檜n point de vue congolais, un autre groupe 茅tranger avait pris le chemin du retour.

Entre persuasion et force

Les efforts d茅ploy茅s par l鈥橭uganda et le Rwanda pour convaincre leurs ennemis de se d茅mobiliser et de rentrer chez eux ont re莽u un accueil mitig茅. En r茅ponse 脿 une offre d鈥檃mnistie faite par le Gouvernement ougandais, quelque 15 000 combattants de l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur, stationn茅s surtout dans le nord de l鈥橭uganda et au Sud-Soudan, ont renonc茅 脿 la violence et rendu les armes. Le plus gros des forces de l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur se trouve aujourd鈥檋ui dans la province Orientale de la RDC (o霉 sont 茅galement stationn茅s deux groupuscules moins actifs de rebelles ougandais, l鈥橝lliance des forces d茅mocratiques et l鈥橝rm茅e nationale de lib茅ration de l鈥橭uganda). De m锚me,听6 700 combattants des FDLR et autant de membres de leur famille sont rentr茅s au Rwanda depuis leurs bases en RDC entre d茅cembre 2001 et d茅cembre 2006.

Certains craignaient en revanche qu鈥檈n se rendant ils feraient l鈥檕bjet de poursuites. Plusieurs hauts responsables de l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur ont en fait 茅t茅 inculp茅s pour crimes de guerre par le Tribunal p茅nal international. On estime entre 200 脿 300 le nombre de chefs et de combattants de longue date des FDLR ayant particip茅 au g茅nocide du Rwanda. Les principaux responsables risquent de passer devant le Tribunal p茅nal international pour le Rwanda, qui si猫ge en Tanzanie, alors que les autres pourraient compara卯tre devant des tribunaux rwandais.

Paradoxalement, 脿 mesure que les 茅l茅ments plus mod茅r茅s des deux groupes acceptaient d鈥櫭猼re rapatri茅s, leurs dirigeants se radicalisaient. Pour dissuader les candidats au rapatrie颅ment, de nombreux ex-combattants coupables d鈥檃voir voulu s鈥檈n aller ont 茅t茅 ex茅cut茅s.

Conscient des difficult茅s rencontr茅es notamment dans l鈥檈st de la RDC, le Conseil de s茅curit茅 de l鈥橭NU a d茅cid茅 en d茅cembre 2008 d鈥檃utoriser la MONUC 脿 recourir 脿 la force pour aider au d茅sarmement des 茅l茅ments arm茅s 茅trangers, de mani猫re 脿 acc茅l茅rer les op茅rations de d茅mobilisation et de rapatriement. Cette d茅cision est survenue alors m锚me que le Gouvernement invitait les arm茅es ougandaises et rwandaises 脿 venir sur son territoire chasser les combattants de l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur et des FDLR, respectivement. Au moment du retrait des troupes ougandaises et rwandaises fin f茅vrier, plusieurs centaines d鈥檋ommes des deux groupes avaient 茅t茅 tu茅s et bon nombre de chefs militaires captur茅s.

D鈥檃pr猫s Bruno Donat de l鈥橭NU, ces op茅rations militaires, en entravant la communication entre les chefs rebelles rescap茅s, ont r茅ussi 脿 cr茅er un 鈥渧ide temporaire鈥� qui a contribu茅 脿 affaiblir le pouvoir de ces derniers. 鈥淐ela a donn茅 une certaine marge de manoeuvre aux responsables de niveau interm茅diaire.鈥� Assur茅s du soutien s茅curitaire et logistique de la MONUC, les candidats au rapatriement ont profit茅 de l鈥檕ccasion pour rentrer chez eux.

鈥淛鈥檃i toujours voulu rentrer chez moi鈥� au Rwanda, a affirm茅 Joseph Kareg茅, membre des FDLR, qui craignait toutefois d鈥櫭猼re ex茅cut茅 pour d茅sertion. L鈥檌ntervention des arm茅es rwandaises et congolaises au Nord-Kivu lui a fourni l鈥檕ccasion d鈥檃gir, a-t-il expliqu茅, lui permettant de rentrer au Rwanda 脿 la mi-f茅vrier.

Bien que plut么t affaiblies et 茅parpill茅es, les troupes des FDLR et de l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur ont poursuivi leurs attaques contre des civils congolais, provoquant le d茅placement de nombreux villageois. Bruno Donat, qui a depuis quitt茅 la MONUC pour la section DDR du D茅partement de maintien de la paix de l鈥橭NU 脿 New York, esp猫re que cette question sera r茅gl茅e graduellement. Il juge particuli猫rement prometteuse la d茅cision de milliers de r茅fugi茅s rwandais de rentrer chez eux. En proc茅dant au rapatriement des r茅fugi茅s, fait-il valoir, 鈥渘ous contribuons 脿 diminuer le nombre de civils susceptibles d鈥櫭猼re recrut茅s par les groupes arm茅s鈥�.

Les soldats de la paix et les troupes congolaises maintiennent la pression militaire sur les FDLR et l鈥橝rm茅e de r茅sistance du Seigneur. Les combattants 茅trangers encore stationn茅s au Congo 鈥渄oivent rendre les armes et rentrer chez eux鈥�, a affirm茅 pour sa part Alan Doss, Repr茅sentant sp茅cial de l鈥橭NU pour la RDC, lors d鈥檜ne visite au Nord-Kivu fin avril. 鈥淟a MONUC est pr锚te 脿 les aider 脿 rentrer en toute s茅curit茅."

Au cours d鈥檜n d茅placement pr茅c茅dent, Alan Doss a salu茅 un groupe de combattants du FDLR candidats au rapatriement. En rendant les armes, a-t-il dit, ils 鈥渙nt choisi un avenir meilleur鈥�. Apr猫s le r茅tablissement de la s茅curit茅 dans la r茅gion, a-t-il ajout茅, le Congo et l鈥橭NU seront en mesure d鈥檈ntamer 鈥渓e v茅ritable combat, 脿 savoir le d茅veloppement 茅conomique et social des populations鈥�.