Le G-8 annule en partie la dette de l’Afrique
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Le G-8 annule en partie la dette de l’Afrique
En proposant d’annuler 40 milliards de dollars de dettes dues aux institutions multilatérales, les pays industrialisés du Groupe des huit (G-8) ont officiellement donné suite à une demande formulée depuis longtemps par les pays pauvres. Cette décision prise au sommet du G-8 de juillet porte sur la dette que doivent 18 pays — dont 14 pays d’Afrique — à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international (FMI) et à des banques régionales de développement comme la Banque africaine de développement. Les militants anti-dette ont cependant jugé cette mesure trop timide et trop tardive et redoutent qu’elle soit assortie de nouvelles conditions.
“Ce n’est pas la fin de la pauvreté en Afrique, a reconnu le Premier Ministre britannique Tony Blair, dont le gouvernement a joué un rôle de premier plan dans cette décision. Mais cela représente l’espoir de pouvoir y mettre un terme. Ce n’est pas tout ce que tout le monde voulait, mais c’est un progrès réel et concret."
Pour la cinquième fois consécutive, l’Afrique figurait en très bonne place au programme du sommet du G-8. Cette année, les participants ont évalué les progrès réalisés dans le cadre du Plan d’action pour l’Afrique du G-8, lancé à Kananaskis (Canada) en 2002 dans le but d’attirer de nouveau l’attention sur le continent avant le Sommet mondial de l’ONU en septembre 2005 et la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce qui aura lieu à Hong Kong en décembre. Le sommet du G-8 a principalement traité de trois questions économiques concernant l’Afrique : l’allégement de la dette, le commerce et l’aide.
Le Président nigérian Olusegun Obasanjo a qualifié le sommet du G-8 de “grand succès”, tandis que le Gouverneur de la banque centrale de Tanzanie, Daudi Balali, a accueilli favorablement le plan d’allégement de la dette du G-8, qu’il considère comme l’occasion pour son pays “d’étendre les services de santé et d’éducation”. “Nous pourrons également développer notre infrastructure”, a-t-il ajouté.
Le mouvement anti-dette Jubilee USA Network estime que, malgré ses imperfections, le plan du G-8 permettra de sauver des vies en Afrique. “Outre l’annulation de 100 % de la dette due par certains pays à certains créanciers, ce qui crée un précédent important, cet accord libérera près d’un milliard de dollars par an de ressources, que les pays pauvres pourront consacrer au développement.” Le Gouvernement zambien a déclaré que l’argent ainsi libéré servirait à fournir des traitements antirétroviraux à 100 000 patients séropositifs.
La dernière grande décision concernant la dette africaine que le G-8 a prise remonte à Cologne (Allemagne) en 1999, lorsque les membres ont proposé d’annuler 100 % de la dette bilatérale que les pays pauvres leur devaient. Mais cette proposition est restée en deçà des attentes, car la dette multilatérale, due à des institutions telles que le FMI, n’a été que partiellement allégée. Cette fois-ci, l’annulation portera également sur la dette multilatérale.
Pour bénéficier du programme du G-8, un pays doit d’abord passer par toutes les étapes de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Cette Initiative a été mise en place en 1996 par la Banque mondiale et le FMI pour alléger l’endettement excessif des pays pauvres. Du fait de la lenteur de sa mise en œuvre, l’Initiative a été “renforcée” en 1999 mais n’a toujours pas apporté de solution durable au problème de la dette. Trente-huit pays, dont 32 se trouvant en Afrique subsaharienne, ont été jugés susceptibles de bénéficier d’un allégement de la dette dans le cadre de cette Initiative. À ce jour, des réductions qui, à terme, se chiffreront à 54 milliards de dollars, ont été accordées.
Les pays ayant bénéficié de l’annulation la plus récente de 40 milliards de dollars sont : le Bénin, la Bolivie, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, le Guyana, le Honduras, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Nicaragua, le Niger, l’Ouganda le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie.
“De très petits pas”
“Ce dont l’Afrique a besoin de la part du G-8, c’est un pas de géant en avant — or tout ce qu’elle a eu, ce ne sont que de très petits pas, accuse Mme Caroline Sande Mukulira du bureau pour l’Afrique australe de l’organisation non gouvernementale ActionAid. L’accord annoncé est très loin de donner suite à nos exigences. Il y a de l’aide, mais pas assez ; il y a de l’allégement, mais pas assez ; et quasiment rien sur le commerce. Une fois de plus, le peuple africain est lésé."
Pour bénéficier d’un allégement dans le cadre de l’accord du G-8, les pays sélectionnés doivent satisfaire aux conditions de l’Initiative PPTE relatives à la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la fraude, ouvrir leur économie et libéraliser les échanges commerciaux. Pour entrer en vigueur, cet accord devait être approuvé par les conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale à leur réunion annuelle qui s’est tenue fin septembre. Bien qu’il ait été approuvé, certains membres du conseil d’administration ont proposé des amendements à l’accord original, qui auraient pour effet d’imposer des conditions supplémentaires avant d’accorder l’intégralité de l’allégement prévu.
Le représentant de l’Autriche au conseil d’administration du FMI, M. Willy Kiekens, a proposé que les réductions ne soient pas accordées une fois pour toutes, mais progressivement. Cela permettrait à son avis au FMI “de continuer à débattre activement avec les pays pauvres des politiques à adopter, à suivre de près leurs politiques et à apporter un appui financier de façon progressive et à condition que des politiques adéquates soient mises en œuvre”. Les partisans de conditions supplémentaires estiment qu’il s’agit là du seul moyen de faire en sorte que les pays endettés ne s’enlisent pas.
Some anti-debt activists charge that conditionality violates the sovereignty of borrower nations and imposes programmes that may be unsuited to the economies of poor countries. They also feared that adding more conditions to the G-8 agreement would only hold up the programme.
In the past, the frequent delays experienced under HIPC were caused by "over-rigid fiscal and macroeconomic frameworks," argues Debt Relief International, a non-profit organization funded by the UK and six other industrial-nation govern-ments. The process was further complica-ted by "insistence on executing 'left-over' structural conditions from past programmes" and the "proliferation of new poverty reduction performance criteria."
During the period leading to the G-8 summit, the African Union, the continent's political organ, called for a sweeping programme of debt write-offs throughout the continent. "We request the developed countries and development partners to expedite the process of total debt cancellation for Africa by the year 2007," African leaders noted in a resolution issued on the eve of the G-8 summit.
The G-8 plan, however, will only be extended to the 38 countries currently eligible for HIPC, bringing the maximum relief on multilateral debt to $55 bn. It is also not clear whether new conditions will be introduced to the G-8 plan as the World Bank and the IMF begin moving towards implementation.
Où est l’argent ?
“Les intentions ne sont pas la même chose que la réalisation, affirme le Ministre des finances du Kenya, David Mwiriria. Nous aimerions voir une situation où il y aurait de l’argent dès maintenant.” Comme d’autres pays africains, le Kenya estime avoir besoin d’une réduction de la dette mais en est exclu parce qu’il ne satisfait pas aux conditions de l’Initiative PPTE.
Le Nigéria, l’un des pays d’Afrique les plus lourdement endettés, ne peut pas non plus prétendre bénéficier de l’Initiative PPTE ou du plan du G-8. Avant le sommet du G-8, le Nigéria a obtenu une annulation de 18 milliards de dollars de la dette bilatérale qu’il doit aux membres du Club de Paris, un groupe informel de riches pays créanciers."
En marge également du sommet du G-8, la Russie a annoncé qu’elle annulerait 2,2 milliards de la dette bilatérale que lui doivent les pays pauvres. La décision de la Russie ne s’applique qu’aux pays bénéficiant de l’Initiative PPTE.
Si l’accord original du G-8 est maintenu en l’état, on ne sait pas encore dans quels délais en bénéficieront les pays de l’Initiative PPTE autres que les 18 premiers. D’après la Banque mondiale, 9 autres pays devraient parvenir au point d’achèvement de l’Initiative PPTE dans les 12 à 18 prochains mois, ce qui leur permettrait de pouvoir bénéficier de l’allégement du G-8 : le Cameroun, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Malawi, la République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, la Sierra Leone et le Tchad.
Le montant total de la dette de l’Afrique s’élève à environ 300 milliards de dollars. Jubilee South, réseau mondial d’ONG anti-dette, estime que le montant devant être annulé par le G-8 ne constitue qu’une “minuscule” partie de cette somme. Toute “annulation de la dette doit être sans condition”, a ajouté la coalition dans un communiqué.
Le Réseau européen sur la dette et le développement juge ce plan limité car des pays comme le Kenya, l’Angola et Haïti en sont exclus. D’après ses calculs, 62 pays s’acquittent chacun de paiements de 10 milliards de dollars au titre du service de la dette, qu’il faut annuler pour qu’ils puissent parvenir aux objectifs du Millénaire pour le développement, visant à réduire la pauvreté.
“Si l’accord du G-8 est un pas en avant et crée un précédent important, nous préconisons depuis longtemps une annulation de 100 % de la dette due aux créanciers multilatéraux. Notre campagne pour la liberté de la dette des pays appauvris ne fait que commencer”, déclare M. Neil Watkins, coordinateur national de Jubilee USA Network. “Nous continuerons à faire pression auprès des pays du G-8 pour qu’ils annulent la dette de tous les pays appauvris et pays en crise.”