缅北禁地

Les femmes combattantes sont souvent invisibles et leurs besoins passent inaper莽us 鈥渄ans la plupart des op茅rations de d茅sarmement, de d茅mobilisation et de r茅insertion (DDR) men茅es dans le monde鈥�, a relev茅 le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, Kofi Annan. Alors que la participation active des femmes aux combats a 茅t茅 minime dans certains conflits r茅cents en Afrique, elle a 茅t茅 en revanche massive dans d鈥檃utres, comme en Sierra Leone, au Lib茅ria et en R茅publique d茅mocratique du Congo.

Au d茅part, certaines femmes ont 茅t茅 victimes d鈥檈nl猫vements. D鈥檃utres admettent avoir particip茅 aux combats de leur plein gr茅, pour les m锚mes raisons que leurs camarades d鈥檃rmes masculins. Certaines participent active-ment aux combats, mais le plus souvent, elles sont aussi infirmi猫res, cuisini猫res, travailleuses du sexe, messag猫res, espionnes, et travaillent dans l鈥檃dministration ou la logistique. Pourtant d猫s qu鈥檜n r猫glement pacifique aboutit 脿 la d茅mobilisation, elles sont le plus souvent plac茅es dans les 鈥済roupes vuln茅rables鈥�, une cat茅gorie vague qui regroupe les combattants bless茅s ou infirmes, ainsi que les femmes et enfants qui accompagnent les factions guerri猫res.

En Sierra Leone et en Angola, affirme Mme B茅atrice Pouligny, chercheuse principale au Centre d鈥櫭﹖udes et de recherches internationales (CERI) en France, les femmes combattantes sont consid茅r茅es comme des 鈥減ersonnes 脿 charge鈥�. De ce fait, 鈥渆lles n鈥檕nt pas droit aux avantages accord茅s aux combattants鈥�.

Des combattantes remettent des obus de mortier dans le cadre du processus de d茅sarmement et de d茅mobilisation au Lib茅ria.

Photo: UNMIL / Eric Kanalstein

En Sierra Leone, les enfants soldats, qui ont fait l鈥檕bjet de l鈥檃ttention particuli猫re de la communaut茅 internationale ces derni猫res ann茅es*, ont 茅t茅 d猫s le d茅part class茅s dans une cat茅gorie 脿 part et d茅mobilis茅s sans d茅lai. Les femmes, elles, n鈥檕nt pas eu cette chance. Certaines ont 茅t茅 exclues du programme de DDR car elles n鈥檃vaient pas d鈥檃rme 脿 remettre 鈥� un des crit猫res de participation au programme. D鈥檃utres n鈥檡 ont pas particip茅 par crainte d鈥檋arc猫lements et d鈥檋umiliations. En fin de compte, les femmes n鈥檕nt repr茅sent茅 que 6,5听% des participants au programme de d茅sarmement dans ce pays, taux bien inf茅rieur, semble-t-il, au taux des femmes qui ont effectivement particip茅 aux combats.

Les cons茅quences en sont visibles aujourd鈥檋ui. De nombreuses femmes engag茅es dans les combats, ou qui ont 茅t茅 viol茅es ou victimes d鈥檃utres pers茅cutions, ont 茅t茅 rejet茅es par leurs communaut茅s ou leurs familles. 鈥淟eurs maris les ont abandonn茅es鈥�, explique Christiana Lebbie, coordinatrice nationale de l鈥檕rganisation non gouvernementale Friends of Africa Relief and Development Agency (FARDA). 鈥淓lles ne trouvent pas de travail et retourner au village est hors de question鈥�, con-fie-t-elle 脿 Afrique Renouveau. 鈥淎lors elles s鈥檃donnent 脿 la prostitution鈥�. Mme Lebbie indique d鈥檜n geste les hauteurs de Freetown, o霉 certaines ont construit des taudis sur des terrains vagues, d鈥檕霉 elles descendent 脿 la nuit tomb茅e vers les bars, bo卯tes de nuit et h么tels de la capitale pour gagner un peu d鈥檃rgent.

Mme Lebbie explique que le FARDA travaille actuellement avec une cinquantaine de jeunes femmes 脿 Kono, une r茅gion de gisements diamantif猫res dans le sud-est du pays o霉 la prostitution est tr猫s r茅pandue. 鈥淥n a enlev茅 les filles de la rue et on leur apprend un m茅tier鈥�, dit-elle. On leur donne des cours de tissage et de couture. Apr猫s la fin de la formation, elles re莽oivent des machines 脿 coudre, du tissu et d鈥檃utres articles pour leur permettre de s鈥檕rganiser en coop茅ratives de 5 脿 10 personnes. Avec un peu de chance, dit-elle, leur petite entreprise prosp猫rera et elles n鈥檃uront plus 脿 se prostituer.

Le programme de DDR au Lib茅ria voisin a tir茅 certains enseignements de l鈥檈xp茅rience sierra-l茅onaise. Les crit猫res de d茅sarmement ont 茅t茅 assouplis pour faciliter la participation des femmes. Sur un total de 103 000 combattants officiellement d茅mobilis茅s 脿 la fin du processus, le 31 d茅cembre 2004, pr猫s de 22 500, soit 22听%, 茅taient des femmes.

Les efforts de la Mission des Nations Unies au Lib茅ria (MINUL) 鈥渙nt permis de r茅aliser d鈥檌mportants progr猫s par rapport aux autres missions, dans le sens o霉 le processus de DDR de ce pays a offert des services s茅par茅s aux femmes, aux jeunes filles, aux gar莽ons et aux hommes鈥�, souligne un rapport d鈥檕ctobre 2004 du Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).

鈥淟e processus tout entier est sexosp茅cifique鈥�, convient Moses Jarbo, directeur ex茅cutif de la commission nationale de DDR au Lib茅ria. Dans les huit zones de cantonnement, pr茅cise-t-il, 鈥渄es services sp茅ciaux ont 茅t茅 offerts qui comprenaient des soins de sant茅 reproductive et des sessions de conseils en mati猫re de VIH/sida [et] de sant茅 de la m猫re et de l鈥檈nfant鈥�.

Toutefois il y a encore des carences, affirme UNIFEM. C鈥檈st ainsi que les zones de can-tonnement ne sont pas toutes am茅nag茅es pour v茅ritablement prot茅ger les femmes du harc猫lement des hommes.

Les femmes d茅mobilis茅es dans le cadre de ce processus ont b茅n茅fici茅 des avantages 脿 la r茅insertion. En octobre 2004, plus de 10 000 ex-combattantes s鈥櫭﹖aient inscrites 脿 diff茅rents stages de formation professionnelle, alors que 6 500 autres sont retourn茅es 脿 l鈥櫭ヽole. Au centre de formation agricole de Duport Road, les ex-combattantes sont particuli猫rement bien repr茅sent茅es, avec 230 femmes sur les quelque 500 ex-combattants inscrits au premier cycle de formation de huit mois.

A mesure que les associations f茅minines s鈥檃ffirment et s鈥檕rganisent, il est probable que les programmes de DDR s鈥檌nt茅resseront davantage 脿 la situation des femmes. C鈥檈st ainsi qu鈥檈n octobre 2004, des groupes de femmes de plusieurs pays de la r茅gion des Grands Lacs de l鈥橝frique se sont r茅unis au Rwanda. Parmi les recommandations destin茅es 脿 promouvoir la cause des femmes, les participantes ont invit茅 les commissions de DDR 脿 accorder leur plus grande attention 鈥渁ux besoins particuliers des femmes ex-combattantes鈥�. Un mois plus tard, cet appel a 茅t茅 incorpor茅 dans la d茅claration finale d鈥檜ne conf茅rence internationale sur la paix et le d茅veloppement dans les Grands Lacs et sign茅 par 11 chefs d鈥橢tat africains.