缅北禁地

Contre toute attente, en cette p茅riode de marasme 茅conomique mondial, les 茅conomies africaines ont enregistr茅 un solide taux de croissance annuelle de 4,3 % en 2001, indique la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). Ce taux est beaucoup plus 茅lev茅 que celui enregistr茅 en 2000 (3,5 %), et a fait de l'Afrique la seule r茅gion en d茅veloppement 脿 enregistrer une croissance plus forte l'an dernier.

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Usine de fabrication de produits du cuir en Ethiopie: la paix a favoris茅 la croissance 茅conomique.

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Photo : 漏 ONUDI

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Cette ann茅e, le produit int茅rieur brut (PIB) de l'Afrique pourrait augmenter de 3,4 %, indique la CEA dans son听Rapport 茅conomique sur l'Afrique 2002,听publi茅 en juillet. M锚me ce taux de croissance l茅g猫rement plus faible serait sup茅rieur au taux moyen d'accroissement de la population du continent (environ 2,6 %), ce qui se traduirait par une augmentation continue mais modeste du revenu par habitant. Au vu de la relance 茅conomique constat茅e dans un nombre croissant de pays africains depuis le milieu des ann茅es 90, il y a de bonnes raisons d'锚tre "mod茅r茅ment optimiste" quant aux perspectives 脿 moyen terme du continent, dit la CEA.

Selon les pr茅visions 茅tablies juste apr猫s les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la croissance 茅conomique en Afrique devait stagner en raison de la baisse des prix mondiaux des produits primaires que l'Afrique exporte et de la r茅duction des apports de capitaux priv茅s, y compris des investissements 茅trangers directs. L'activit茅 茅conomique s'茅tant consid茅rablement ralentie dans les sept principaux pays industrialis茅s, le commerce mondial n'a progress茅 que de 2 % dans l'ensemble. Toutefois, cette tendance 脿 la baisse a eu une incidence moins prononc茅e que pr茅vu sur l'Afrique. Les raisons, selon la CEA, en sont multiples :

-- Les cours du p茅trole sont rest茅s plus bas que les ann茅es pr茅c茅dentes, ce qui a permis de r茅duire les pressions sur les devises, l'inflation et les d茅penses publiques dans les 42 pays africains importateurs de p茅trole.

-- Du fait d'une bonne pluviom茅trie, l'am茅lioration de la production agricole s'est poursuivie dans la plupart des pays d'Afrique.

-- Dans de nombreux pays, une meilleure gestion 茅conomique a permis de r茅duire l'inflation, d'am茅liorer les recettes publiques et de renforcer la position financi猫re ext茅rieure.

-- Les exportations vers les Etats-Unis ont augment茅 plus que pr茅vu.

-- Les conflits et l'ins茅curit茅 ont recul茅 dans certains pays, notamment au Burundi, en R茅publique d茅mocratique du Congo, en Erythr茅e, en Ethiopie, en Guin茅e et en Sierra Leone.

-- La monnaie de l'Afrique du Sud -- la plus grande 茅conomie du continent -- s'est d茅pr茅ci茅e, ce qui a stimul茅 les exportations.

-- La demande int茅rieure a augment茅 en Afrique, 脿 la suite d'un accroissement du revenu par habitant, et a 茅t茅 relanc茅e dans certains pays par les envois de fonds des travailleurs migrants.

Des r茅sultats mitig茅s

La CEA fait savoir qu'il ne faudrait pas surestimer ces facteurs. "Nombreux sont les pays africains tributaires des march茅s internationaux; par cons茅quent, toute d茅t茅rioration grave et soutenue de la situation mondiale finira par avoir une incidence sur l'茅conomie de la r茅gion." C'est l脿 le principal facteur qui a amen茅 la CEA 脿 pr茅voir une croissance plut么t faible en 2002.

Ce ralentissement se fera sentir essentiellement en Afrique du Nord, o霉 les principales 茅conomies -- Alg茅rie, Egypte et Maroc -- sont plus 茅troitement int茅gr茅es aux march茅s mondiaux que dans la plupart des autres pays d'Afrique (). En revanche, le taux de croissance en Afrique subsaharienne devrait, selon les projections, passer de 3,3 % l'ann茅e derni猫re 脿 3,7 % en 2002. En Afrique subsaharienne, l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Est ont enregistr茅 les meilleurs r茅sultats en 2001. L'Afrique de l'Ouest a 茅gal茅 la moyenne de l'Afrique subsaharienne tandis qu'en Afrique australe le taux de croissance est tomb茅 脿 2,4 %, essentiellement du fait d'une activit茅 茅conomique ralentie en Afrique du Sud et en recul au Zimbabwe (voir encadr茅).

Dans l'ensemble, le nombre de pays africains ayant enregistr茅 un taux de croissance sup茅rieur 脿 3 % est pass茅 de 26 en 2000 脿 37 en 2001, et pourrait atteindre 40 cette ann茅e. Compte tenu des taux moyens d'accroissement de la population, 30 pays africains ont enregistr茅 un taux de croissance du revenu par habitant sup茅rieur 脿 1,5 % en 2001, et deux autres devraient se joindre 脿 ce groupe cette ann茅e. Cette 茅volution pourrait certes contribuer 脿 r茅duire la pauvret茅, note la CEA, mais elle est encore trop faible pour permettre d'atteindre l'objectif fix茅 脿 l'Assembl茅e du Mill茅naire qui consiste 脿 r茅duire la pauvret茅 de moiti茅 d'ici 脿 2015. (Cet objectif semble encore plus illusoire dans les 33 pays les moins avanc茅s d'Afrique o霉, selon une 茅tude de la Conf茅rence des Nations Unies sur le commerce et le d茅veloppement, la pauvret茅 ne cesse d'augmenter; voir "La pauvret茅 s'aggrave dans les PMA d'Afrique".)

Prix des produits de base

Du fait de la d茅pendance excessive de l'Afrique 脿 l'茅gard des mati猫res premi猫res, les fluctuations des cours mondiaux des produits de base ont consid茅rablement influenc茅 les r茅sultats 茅conomiques du continent. La chute des prix du p茅trole en 2001, 脿 la suite d'une augmentation de 56 % au cours des deux ann茅es pr茅c茅dentes, a 茅t茅 un facteur positif pour les pays africains importateurs de p茅trole, qui ont pu ainsi d茅gager des ressources rares pour d'autres importations essentielles et pour r茅duire les pressions inflationnistes et autres. Parall猫lement, les pays africains exportateurs de p茅trole ont pu maintenir leur croissance malgr茅 la baisse des prix du p茅trole, gr芒ce aux ressources obtenues pendant la p茅riode faste de 1999-2000.

Les prix des produits de base ont g茅n茅ralement baiss茅 pendant une grande partie de 2001 -- en raison du ralentissement prononc茅 de l'activit茅 茅conomique mondiale -- mettant fin 脿 un bref rel猫vement des prix des produits autres que le p茅trole l'ann茅e pr茅c茅dente. Les termes de l'茅change de l'Afrique ne semblent pr茅senter aucun signe d'am茅lioration.

La CEA fait 茅tat de quelques points positifs. Les exportations africaines vers les Etats-Unis ont beaucoup augment茅, passant d'une moyenne de 1,5 milliard de dollars par mois en 1999 脿 2,3 milliards en 2000. Toutefois, le marasme 茅conomique aux Etats-Unis a entra卯n茅 une l茅g猫re baisse en 2001.

Le tourisme restera une importante source de recettes en devises. Le secteur, qui repr茅sente plus de 11 % du PIB de l'Afrique subsaharienne, devrait enregistrer une croissance annuelle de plus de 5 % jusqu' en 2010 au moins.

Les recettes d'exportation de l'Afrique ont atteint 133 milliards de dollars en 2001, soit beaucoup plus que le montant de 106 milliards de dollars enregistr茅 deux ans plus t么t. Ce facteur, ainsi que l'all茅gement de la dette consenti 脿 certains pays, a permis de r茅duire le fardeau de la dette de l'Afrique. Selon les estimations de la CEA, le service annuel de la dette exprim茅 en pourcentage des exportations est pass茅 de 23,3 % en 1998 脿 18,9 % en 2001. Pendant la m锚me p茅riode, l'encours de la dette de l'Afrique a 茅galement baiss茅, passant de 291 脿 275 milliards de dollars. Mais la chute continue de l'aide a port茅 pr茅judice 脿 la situation financi猫re de l'Afrique. Entre 1991 et 1999, l'aide totale 脿 l'Afrique a baiss茅 de moiti茅.

"March茅s 茅mergents"

Si les investisseurs priv茅s ont pris leurs distances 脿 l'茅gard des march茅s 茅mergents d'autres r茅gions du monde apr猫s les attentats du 11 septembre, ils ne se sont pas imm茅diatement retir茅s de l'Afrique. En fait, les flux de capitaux priv茅s vers les cinq principaux march茅s 茅mergents du continent -- Alg茅rie, Egypte, Maroc, Afrique du Sud et Tunisie -- ont quasiment doubl茅 entre 2000 et 2001, passant de 4,9 脿 9,5 milliards de dollars. En outre, les prises de participations nettes sont pass茅es de 5,2 脿 9,3 milliards de dollars, essentiellement du fait de contrats d'envergure au Maroc et en Afrique du Sud.

Ailleurs en Afrique, les march茅s financiers ont enregistr茅 des r茅sultats mitig茅s en 2001. M锚me dans les cinq grands march茅s 茅mergents du continent, les apports de l'ann茅e derni猫re pourraient 锚tre renvers茅s en 2002, les investisseurs 茅tant peu enclins 脿 prendre des risques accrus sur les march茅s financiers du monde entier.

La part de l'Afrique dans les investissements 茅trangers directs (IED) en faveur des pays en d茅veloppement est pass茅e de 25 % au d茅but des ann茅es 70 脿 seulement 5 % en 2000. Toutefois, indique la CEA, cette moyenne dissimule des tendances int茅ressantes. Plusieurs des petites 茅conomies industrialis茅es -- Canada, Italie, Pays-Bas, Norv猫ge, Portugal et Espagne -- ont vu leur part dans les investissements 茅trangers directs en faveur de l'Afrique passer de 10 % 脿 25 %, ce qui atteste une diversification par rapport aux sources traditionnelles que sont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

Ces facteurs ext茅rieurs peuvent avoir des r茅percussions importantes en Afrique. Toutefois, soutient la CEA dans son rapport, en fin de compte, l'avenir de l'Afrique d茅pend de la mani猫re dont le continent abordera le probl猫me de la gouvernance 茅conomique et politique, r茅glera les conflits civils et s'emploiera 脿 approfondir les r茅formes 茅conomiques et sociales n茅cessaires.

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Succ猫s et 茅checs

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Pourquoi certains pays africains ont-ils enregistr茅 de bien meilleurs r茅sultats que d'autres ? D'apr猫s le听Rapport 茅conomique sur l'Afrique听de la CEA pour 2002, la r茅ponse tient, d'une part, 脿 la mise en oeuvre de politiques 茅conomiques efficaces et 脿 une utilisation judicieuse des ressources disponibles, et, d'autre part, 脿 la bonne gouvernance, 脿 la volont茅 politique et 脿 la lutte contre la corruption. En illustrant l'analyse des tendances 茅conomiques g茅n茅rales en Afrique par des 茅tudes de cas de sept pays, le rapport met en 茅vidence ces questions essentielles. La situation de chaque pays est unique et d茅pend 脿 chaque fois d'un ensemble complexe de potentialit茅s et d'obstacles.

Afrique du Sud :听De loin la plus grande 茅conomie d'Afrique, le pays a mieux r茅sist茅 au marasme mondial que les autres 茅conomies de march茅 茅mergentes, qu'elles soient d'Asie ou d'Am茅rique latine. Il a contract茅 peu de pr锚ts 脿 l'茅tranger, r茅glement茅 le secteur financier et accru ses exportations. Toutefois, les taux de croissance annuelle n'ont pu 锚tre assez 茅lev茅s pour permettre d'endiguer le ch么mage. N茅anmoins, les d茅penses sociales ont augment茅, notamment dans les domaines de l'茅ducation et de la sant茅, ce qui permettra de renforcer le capital humain et de soutenir la croissance 脿 long terme.

Zimbabwe :听En revanche, le Zimbabwe voisin est tr猫s mal en point. Son 茅conomie a enregistr茅 un d茅clin de 7,3 % en 2001 et devrait encore reculer de 5 % cette ann茅e. Pr猫s des trois quarts de la population vivent dans la pauvret茅. La production agricole a p芒ti des al茅as climatiques mais aussi des saisies de terres encourag茅es par le Gouvernement. La mauvaise gouvernance et les "d茅penses publiques incontr么lables" ont aussi compromis les r茅sultats 茅conomiques, indique la CEA. "Le Zimbabwe traverse une crise de gouvernance qui a de fait mis fin au progr猫s 茅conomique."

Ethiopie :听Depuis 1992, l'Ethiopie enregistre un taux de croissance annuelle moyen de 6 %, soit l'un des plus 茅lev茅s en Afrique. Pour la CEA, cette situation s'explique par la paix, les conditions climatiques favorables et des r茅formes 茅conomiques de vaste port茅e. Le taux national de pauvret茅 a baiss茅 tandis que les taux de mortalit茅 et de malnutrition infantiles se sont am茅lior茅s.

Kenya :听Pays voisin, le Kenya n'a enregistr茅 qu'un taux de croissance de 1,8 % en 2001, poursuivant la tendance 脿 la baisse amorc茅e au milieu des ann茅es 90. "Pour le Kenya, le principal obstacle au d茅veloppement est la mauvaise gestion 茅conomique", d'apr猫s la CEA. "L'infrastructure qui laisse 脿 d茅sirer, la corruption g茅n茅ralis茅e, l'ins茅curit茅 croissante, la mauvaise gestion des ressources publiques et l'incapacit茅 du secteur public 脿 fournir les services efficacement ont nui au d茅veloppement."

Guin茅e :听Ce petit pays d'Afrique de l'Ouest fait des "progr猫s remarquables" en passant d'une 茅conomie centralis茅e 脿 une 茅conomie de march茅, indique la CEA. Toutefois, la mise en oeuvre de r茅formes " a 茅t茅 difficile", avec des r茅sultats mitig茅s. Selon la CEA, la fin des conflits transfrontaliers (engendr茅s par la guerre dans les pays voisins que sont le Lib茅ria et la Sierra Leone) devrait permettre 脿 la Guin茅e d'accro卯tre ses 茅changes sur le plan r茅gional.

Nig茅ria :听A la suite du r茅tablissement de la d茅mocratie, le g茅ant de l'Afrique de l'Ouest a enregistr茅 des taux de croissance de 3,8 % et 4 % en 2000 et en 2001, respectivement. Ces taux ont toutefois 茅t茅 trop bas pour permettre une croissance significative du revenu par habitant, beaucoup de Nig茅rians attendant toujours de profiter des "dividendes de la d茅mocratie". Pour que le Nig茅ria exploite pleinement ses 茅normes potentialit茅s, souligne la CEA, il faut mettre fin 脿 "l'important gaspillage de recettes publiques" d没 脿 la mauvaise gestion, au n茅potisme et 脿 la corruption. Le Nig茅ria devrait 茅galement r茅duire sa d茅pendance 脿 l'茅gard du p茅trole en r茅alisant des investissements en vue d'une diversification de l'茅conomie et du renforcement du capital humain.

Maroc :听Ce pays d'Afrique du Nord a enregistr茅 un taux de croissance impressionnant de 6,5 % en 2001, en grande partie gr芒ce 脿 l'agriculture. Constatant que la d茅pendance excessive du Maroc 脿 l'茅gard de l'agriculture le rendait vuln茅rable aux al茅as climatiques, le gouvernement s'efforce de diversifier l'茅conomie en s'int茅grant davantage aux march茅s mondiaux et en adoptant des politiques visant 脿 attirer des investissements 茅trangers.