Les crises sanitaires, sociales et économiques et les crises des droits humains déclenchées par la pandémie de COVID-19 ont mis en exergue l’importance de la coopération multilatérale — et l’ont également mise à rude épreuve.
La pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) a dominé l’année qui vient de s’écouler, à l’ONU comme partout. Nous sommes un monde endeuillé par la perte de millions de personnes. Chaque pays a connu la douleur, l’incertitude et la vulnérabilité, et la pandémie est le plus grand défi d’envergure mondiale que nous ayons eu à relever collectivement depuis la fondation de notre organisation. Elle a déclenché des crises sur les plans sanitaire, social et économique et sur celui des droits humains, qui ont fait ressortir l’importance de la coopération multilatérale mais l’ont aussi mise à rude épreuve.
L’ONU joue un r?le central dans la riposte, qu’il s’agisse de sauver des vies, de préserver des emplois ou de veiller à ce que le relèvement se fasse de manière équitable et durable en aidant les gouvernements. Nous avons aidé quelque 160 pays à faire face aux conséquences sanitaires, humanitaires, sociales et économiques de la COVID-19 et plus de 260 millions d’enfants à suivre des cours à distance. Parallèlement, nous avons contribué à la création et à la mise en service du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 et de son mécanisme pour un accès mondial aux vaccins contre la COVID-19. La seule fa?on d’enrayer la pandémie est de procurer des vaccins à tous les pays.
Nous avons conduit et alimenté de vastes débats sur la sécurité sanitaire, la stabilité financière mondiale et l’immense fragilité de notre planète, dont on commence à prendre conscience. Cette fragilité tient à l’accroissement de la pauvreté et de la faim; aux conflits prolongés et aux crises qui touchent les droits humains; à la montée en flèche des inégalités économiques à l’échelle nationale et entre les pays; au développement incontr?lé des nouvelles technologies; au délitement du régime de désarmement nucléaire; à la triple crise planétaire que constituent les changements climatiques, la perte de biodiversité et l’augmentation des niveaux de pollution de l’air et des eaux. Nos destins sont liés : cela n’a jamais été aussi évident. Des risques inacceptables se feront jour si nous ne parvenons pas à trouver des solutions aux problèmes qui nous sont communs.
La voie qui mène à des sociétés plus fortes et plus résilientes passe par un relèvement porteur de transformation bien ancré dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris. Au cours de l’année écoulée, nous avons collaboré étroitement avec les gouvernements du monde entier pour lancer la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, en apportant notre concours aux plans de relance qui s’attaquent à la crise climatique, investissent dans les énergies renouvelables et le développement durable, visent à réduire les inégalités et l’exclusion et favorisent l’égalité des genres. Nous avons soutenu la mise en place de systèmes de protection sociale solides et le renforcement des systèmes de santé et de la couverture sanitaire universelle. L’appel que j’ai lancé en avril 2020 en faveur de la paix dans les foyers a été suivi d’une réflexion menée à l’échelle du système sur la nécessité que les mesures de riposte tiennent compte des questions de genre et protègent contre la violence fondée sur le genre.
Pour célébrer le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, le Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, a invité tous les ?tats Membres et observateurs à signer le préambule de la Charte des Nations Unies en signe de renouvellement de leur engagement à respecter ses principes. (New York; 23 octobre 2020) ? Photo ONU/Manuel Elías
Nos débats sur le financement du développement ont permis de forger une nouvelle fa?on de travailler, en collaboration avec les institutions financières internationales, et de créer un espace propice à l’émergence d’idées novatrices afin d’aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à miser sur leur population et à éviter de se retrouver dans une situation où ils ne pourraient plus rembourser leur dette. Une série de tables rondes, mettant à l’honneur des femmes économistes, a débouché sur de nouvelles stratégies en vue d’une reprise verte, inclusive et durable.
En o?vrant pour tenir la promesse des objectifs de développement durable, nous riposterons et nous nous relèverons plus rapidement de la pandémie de COVID-19 et ferons en sorte que l’humanité et la planète soient prêtes à réaliser les objectifs pour chaque personne et en tout lieu.
La pandémie de COVID-19 a constitué l’un des plus grands défis que l’ONU ait jamais eu à relever, et je suis fière de la manière dont nous avons su poursuivre nos activités et répondre aux besoins des personnes que nous servons.
Nos efforts de mobilisation pour l’action climatique mondiale (production de rapports fondés sur des données scientifiques, campagnes à l’intention du public ou négociations avec le secteur privé) ont contribué à la création d’une coalition de plus en plus large en faveur de la réduction à zéro des émissions nettes d’ici à 2050 et à la sensibilisation de la communauté des bailleurs de fonds au fait que les combustibles fossiles sont plus risqués et plus co?teux que les énergies renouvelables. Au , qui s’est tenu en décembre 2020, nous avons recueilli les plans et engagements de 75 pays et ceux de nombreuses entreprises et villes sur les initiatives qu’ils entendaient prendre pour réduire, d’ici à 2030, les émissions mondiales de 45 % par rapport aux niveaux de 2010, comme le prévoit l’Accord de Paris. Nous avons également cherché à convaincre la communauté internationale de combler le déficit de financement des mesures d’adaptation et de résilience, soulignant qu’il fallait les mettre sur un pied d’égalité avec les mesures de réduction des émissions. En attendant que se tiennent, en 2021, des réunions décisives sur le climat et la biodiversité, nous nous appuierons sur ces résultats pour enclencher une dynamique irréversible en faveur d’un relèvement vert et d’une transition juste.
Les clivages entre grandes puissances et les divisions au sein même des ?tats ont contribué à créer un environnement peu propice à la paix et à la sécurité. Il n’en demeure pas moins que mes envoyés spéciaux et moi-même avons saisi les occasions qui se sont présentées dans des situations de conflit, à travers le monde, pour faire avancer la cause de la paix. L’appel que j’ai lancé en faveur d’un cessez-le-feu mondial pour permettre de lutter contre la pandémie a re?u l’approbation de 180 ?tats Membres et celle du Conseil de sécurité et a servi de fondement à une réclamant l’instauration d’un cessez-le-feu pour permettre la vaccination contre la COVID-19.
Le Secrétaire général, António Guterres, prononce un discours, intitulé ? ?tat de la planète ?, à l’Université Columbia. (New York; 2 décembre 2020) ? Photo ONU/Eskinder Debebe
L’action que nous menons pour prévenir les crises et y faire face ou pour reconstruire après une crise doit toujours être guidée par les principes de l’égalité et de l’inclusion. Nous devons nous attacher en particulier à parvenir à l’égalité des genres et mettre l’accent sur l’inclusion du handicap.
L’intégration, ?a ne veut pas dire que chaque activité est menée conjointement : il s’agit plut?t d’une division stratégique du travail qui exploite différents angles d’attaque et est sous-tendue par une approche commune.
Malgré les difficultés posées par la pandémie, plus de 40 opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales des Nations Unies ont poursuivi leur travail essentiel de protection des civils et de promotion de la paix. Face à la pandémie, nombre d’entre elles se sont mises à fournir des équipements essentiels, à lutter contre la désinformation et à faire conna?tre les mesures de santé publique. En cette année du vingtième anniversaire de l’adoption par le Conseil de sécurité de sa résolution historique sur les femmes et la paix et la sécurité, (2000), nous avons redoublé d’efforts pour honorer les engagements à cet égard; le nombre de femmes qui dirigent ou participent à la direction d’opérations de paix a augmenté, ainsi que le nombre de soldates de la paix et de médiatrices. Nous avons également apporté notre concours à 19 processus électoraux en 2020 et aidé 60 pays à développer leurs capacités en matière d’élections. Dans l’ensemble du système des Nations Unies, nous avons fait entendre la voix des jeunes et promu leurs droits en matière de prise de décision sur les questions de paix et de sécurité.
Déjà menacés avant l’arrivée de la COVID-19, les droits humains ont subi la vague d’atteintes qui a accompagné la pandémie. Les sept domaines d’action qui s’inscrivent dans le cadre de mon appel à l’action en faveur des droits humains ont fourni un cadre solide pour lutter contre ce recul et faire régner une culture des droits humains dans l’ensemble du système des Nations Unies. En 2020, près de 90 pays se sont associés à l’ONU pour réformer des lois discriminatoires, notamment celles qui consacrent les inégalités de genre. La nouvelle , adoptée en septembre 2020, engage tout le système des Nations Unies à prendre des mesures concrètes pour sauvegarder et promouvoir ce fondement essentiel d’une gouvernance ouverte et inclusive. Nous avons continué d’appliquer la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine; une conférence interministérielle est en préparation pour 2021.
Tout au long de la pandémie, nous avons placé l’égalité des genres et les droits des femmes au c?ur de notre action, mettant en évidence l’efficacité du leadership féminin et préconisant des plans de riposte et de relèvement qui ciblent les besoins spécifiques des femmes et investissent dans l’économie des services à la personne. Nos programmes de planification familiale ont permis d’éviter plus de 14 millions de grossesses non désirées, près de 40 000 décès maternels et plus de 4 millions d’avortements non médicalisés en 2020, alors que l’accès aux services de santé était particulièrement restreint.
La pandémie de COVID-19 a révélé que les à nos structures de développement, de paix et de sécurité ainsi qu’à nos structures de gestion étaient bonnes, puisqu’elles nous ont permis d’ajuster notre fonctionnement et de répondre rapidement aux besoins des ?tats Membres. Dans les mois qui ont suivi le début de la pandémie, les équipes de pays des Nations Unies ont mis en place 121 plans d’intervention socioéconomique dans 139 pays et territoires. Plus de 3 milliards de dollars ont été réaffectés et 2 milliards de dollars supplémentaires ont été mobilisés en faveur de mesures immédiates.
Nos réformes de la gestion nous ont permis d’adapter rapidement nos politiques et procédures aux nouvelles réalités qui sont apparues sur le terrain. Parallèlement, nous avons pu déployer des capacités spécialisées dans des domaines prioritaires tels que la santé et la gestion de la cha?ne d’approvisionnement. Le budget-programme étant maintenant annuel, nous avons pu intégrer les enseignements tirés de la riposte à la pandémie dans le budget de 2022 plut?t que dans celui de 2024, comme cela aurait été le cas auparavant.
Notre riposte à la pandémie a co?ncidé avec une crise de liquidités record, exacerbée par les fluctuations enregistrées dans les habitudes de paiement. Gr?ce à un contr?le strict des dépenses budgétaires, nous avons réussi à réduire au minimum les conséquences que cela aurait pu avoir sur l’exécution de nos programmes.
Mahmoud apprend à son fils de dix ans à se laver soigneusement les mains. Les Nations Unies ont intensifié les programmes de préparation et d’intervention dans tout le Yémen et sont entrées en contact avec plus d’un demi-million de personnes en faisant du porte à porte. (District de Mokha, Yémen; 9 juin 2020) ? OCHA
Le personnel des Nations Unies est notre principal atout; nous avons fait tout notre possible pour le protéger des effets de la pandémie. Nous avons facilité l’évacuation médicale de plus de 200 membres du personnel et partenaires, et le délai des évacuations d’urgence a baissé tout au long de 2020 jusqu’à être diminué de moitié en mars 2021. Les fonctionnaires de l’Organisation ont tiré pleinement parti des modalités de travail à distance et du télétravail, poursuivant leurs activités sans discontinuer.
Un mur de billets de remerciement adressés au personnel soignant du Javits Center, un site de vaccination de la ville de New York. (New York; 25 février 2021) ? Photo ONU/Evan Schneider
Les efforts que nous faisons pour intégrer l’inclusion et la diversité dans tous les aspects de notre action ne cessent de porter leurs fruits : des progrès vers la parité femmes-hommes ont été enregistrés à tous les niveaux. Nous nous sommes concentrés sur les améliorations à apporter aux opérations de paix, là où il y a le plus à faire. Nous avons lancé une nouvelle et constaté une intensification des mesures prises à tous les niveaux en faveur de l’intégration des personnes handicapées après le lancement de la toute première stratégie en la matière il y a deux ans. Nous avons également engagé une importante discussion interne sur le racisme et la discrimination, et nous mettons la dernière main au tout premier plan d’action stratégique contre le racisme au sein de l’Organisation.
Une réflexion approfondie sur l’avenir du multilatéralisme a débuté au cours de l’année écoulée. ? l’issue de la vaste opération d’écoute mondiale entreprise pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation et d’une concertation avec les ?tats Membres, les leaders d’opinion et les jeunes penseurs, ainsi que de consultations publiques, nous établissons actuellement un rapport qui comportera des recommandations visant à faire progresser notre programme commun et qui sera présenté en septembre 2021. Le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation deviendra ainsi le point de départ d’un multilatéralisme redynamisé, un multilatéralisme inclusif en réseau et adapté à l’avenir.
Riposte de l’ONU face à la COVID-19
COVAX: Assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19
L’action menée par la famille des Nations Unies
Le personnel des Nations Unies est notre principal atout; nous avons fait tout notre possible pour le protéger des effets de la pandémie. Nous avons facilité l’évacuation médicale de plus de 200 membres du personnel et partenaires, et le délai des évacuations d’urgence a baissé tout au long de 2020 jusqu’à être diminué de moitié en mars 2021. Les fonctionnaires de l’Organisation ont tiré pleinement parti des modalités de travail à distance et du télétravail, poursuivant leurs activités sans discontinuer.
Un avion livre 90 tonnes d’eau, d’articles médicaux et de matériel d’assainissement et d’hygiène dans le cadre de la riposte de l’ONU à la pandémie de COVID-19. (République bolivarienne du Venezuela; 19 juin 2020) ? UNICEF