Apr¨¨s des ann¨¦es sombres, les partisans du d¨¦sarmement nucl¨¦aire vont peut-¨ºtre entrevoir une lueur d'espoir. Ils ont enfin des raisons d'¨ºtre optimistes. Le chemin vers un monde sans armes nucl¨¦aires sera long et sem¨¦ d'emb?ches, mais ceux qui sont cens¨¦s prendre l'initiative semblent enfin pr¨ºts ¨¤ le faire. C'est un signe encourageant.
Il y a 64 ans, les armes nucl¨¦aires n'existaient pas. Mais la production de quelque 140 000 armes de destruction massive a, semble-t-il, entra¨ªn¨¦ un changement important dans le r?le que les gouvernements leur ont attribu¨¦. Elles ne sont plus consid¨¦r¨¦es comme le meilleur moyen d'assurer la s¨¦curit¨¦ nationale. Dans un monde confront¨¦ ¨¤ d'autres questions et d¨¦fis, notamment ¨¤ l'explosion de la pauvret¨¦, au changement climatique, ¨¤ la crise ¨¦conomique et sociale mondiale ainsi qu'¨¤ d'autres menaces comme la pand¨¦mie de la grippe due ¨¤ un nouveau virus, la dissuasion et le concept de la destruction mutuelle ne sont plus vraiment d'actualit¨¦.
Surtout, l'objectif de l'¨¦limination des armes nucl¨¦aires semble aujourd'hui motiv¨¦ par la crainte que ces armes soient acquises par d'autres ?tats et, peut-¨ºtre, par des acteurs non ¨¦tatiques, notamment les groupes terroristes. C'est l¨¤ le point sensible.
Les armes nucl¨¦aires sont intrins¨¨quement dangereuses et repr¨¦sentent une menace in¨¦gal¨¦e ¨¤ l'existence de l'humanit¨¦. Elles ne renforcent pas la s¨¦curit¨¦ nationale d'un pays, mais mettent plut?t en danger toutes les nations, ce qui devrait ¨ºtre le point de d¨¦part des efforts de d¨¦sarmement nucl¨¦aire.
Le risque qu'elles tombent dans de mauvaises mains n'est pas le seul argument en faveur de leur ¨¦limination. Ces armes devraient ¨ºtre interdites parce que ce sont des outils de destruction immoraux et probablement ill¨¦gaux. ?tant donn¨¦ l'immense danger qu'elles repr¨¦sentent, elles ne peuvent ¨ºtre consid¨¦r¨¦es comme des instruments de guerre.
Les deux questions des armes nucl¨¦aires et de l'¨¦nergie nucl¨¦aire sont inscrites sur l'ordre du jour des Nations Unies depuis leur cr¨¦ation. Le d¨¦but de l'?ge atomique a co?ncid¨¦ avec la cr¨¦ation des Nations Unies. La Charte des Nations Unies ne fait cependant aucune mention des armes nucl¨¦aires pour la simple raison qu'elle a ¨¦t¨¦ adopt¨¦e lors de la conf¨¦rence de San Francisco trois semaines avant le premier essai nucl¨¦aire et six semaines avant leur utilisation ¨¤ Hiroshima et ¨¤ Nagasaki. La nature transcendantale de la d¨¦couverte de l'¨¦nergie atomique a incit¨¦ les d¨¦l¨¦gu¨¦s de la premi¨¨re session de l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale de l'ONU ¨¤ examiner imm¨¦diatement la question. Dans sa toute premi¨¨re r¨¦solution-I (1) du 24 janvier 1946 - l'Assembl¨¦e a constitu¨¦ la Commission de l'¨¦nergie atomique, compos¨¦e des membres du Conseil de s¨¦curit¨¦ et du Canada, et a demand¨¦ qu'elle soumette des propositions sp¨¦cifiques en vue de l'utilisation de l'¨¦nergie atomique ¨¤ des fins pacifiques, de l'¨¦limination des armes et des armes de destruction massive et de la mise en place d'un syst¨¨me de garanties, notamment des inspections pour emp¨ºcher les violations et les programmes clandestins.
Un nombre de propositions ont suivi, y compris une des ?tats-Unis en juin 1946. ?tant le seul pays ¨¤ poss¨¦der l'arme nucl¨¦aire, il ¨¦tait normal qu'ils s'expriment sur cette question. Ils ont soumis le Plan Baruch qui reprenait les grandes lignes d'Un Rapport sur le contr?le international de l'¨¦nergie atomique, paru en mars de la m¨ºme ann¨¦e.
Les ?tats-Unis, qui d¨¦tenaient toujours un monopole nucl¨¦aire incontest¨¦, ont lanc¨¦ un appel pour promouvoir les ¨¦changes, entre les nations, de la documentation scientifique de base ¨¤ des fins pacifiques; l'¨¦limination des armes atomiques et de toutes les armes stock¨¦es dans les arsenaux nationaux pouvant ¨ºtre utilis¨¦es ¨¤ des fins de destruction massive; et la mise en place de garanties efficaces au moyen d'inspections et d'autres moyens visant ¨¤ prot¨¦ger les ?tats respectueux des r¨¨gles contre les risques de violations et de camouflage.
Bien qu'il soit prospectif dans de nombreux aspects, le Plan Baruch comportait de graves lacunes. La plus importante ¨¦tait, sans doute, son insistance pour que les ?tats-Unis conservent leur arsenal d'armes nucl¨¦aires (qui se composait alors de neuf armes) jusqu'¨¤ ce que l'efficacit¨¦ du syst¨¨me de contr?le international soit av¨¦r¨¦e1. Ne pouvant accepter ce principe, l'URSS a propos¨¦ d'inverser les ¨¦tapes : une fois que tous les pays auraient rendu leurs armes nucl¨¦aires, un syst¨¨me de v¨¦rification international serait mis en place. On ne saura jamais si, en 1946, le monde aurait pu redevenir un monde sans armes nucl¨¦aires. Ce que l'on sait, c'est que les ?tats-Unis et l'URSS se sont lanc¨¦s dans une course effr¨¦n¨¦e aux armements nucl¨¦aires pendant les quatre d¨¦cennies suivantes et que d'autres nations ont acquis ces armes et leurs vecteurs.
Apr¨¨s le premier essai nucl¨¦aire de l'URSS en 1949, le Royaume-Uni a embo¨ªt¨¦ le pas en 1952, suivi de la France en 1960, de la Chine en 1964, de l'Inde en 1974, puis du Pakistan en 1988. Isra?l s'est ¨¦galement dot¨¦ d'armes nucl¨¦aires de m¨ºme que l'Afrique du Sud qui a ensuite d¨¦mantel¨¦ son arsenal. Apr¨¨s l'effondrement de l'URSS, le Belarus, le Kazakhstan et l'Ukraine sont de facto devenus des ?tats dot¨¦s d'armes nucl¨¦aires. La R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e a test¨¦ un dispositif nucl¨¦aire. En outre, de nombreux pays qui poss¨¦daient le savoir-faire technique, la technologie et les mati¨¨res fissiles les ont laiss¨¦ jouer la carte nucl¨¦aire dans un laps de temps relativement court.
En 1952, les ?tats-Unis ont franchi une ¨¦tape importante dans la course aux armements avec l'explosion de leur premier dispositif thermonucl¨¦aire. Un an plus tard, c'¨¦tait au tour de l'URSS.
La fabrication des vecteurs de transport - bombardiers, missiles et sous-marins - repr¨¦sente un autre aspect de la course aux armements. Les essais d'armes nucl¨¦aires et les roquettes qui servent ¨¤ leur transport allaient finalement rallier l'opinion publique (du moins momentan¨¦ment) en faveur du d¨¦sarmement nucl¨¦aire.
Malgr¨¦ des efforts r¨¦p¨¦t¨¦s et parfois intenses pour entamer le processus de d¨¦sarmement, l'ONU a ¨¦t¨¦ incapable de r¨¦gler les diff¨¦rends qui opposaient les deux parties. La m¨¦fiance mutuelle des parties sur leurs motifs et l'absence d'une volont¨¦ politique ont bloqu¨¦ les n¨¦gociations pendant pr¨¨s de vingt ans.
Au d¨¦but des ann¨¦es 1960, les ?tats-Unis et l'URSS ont fini par accepter de d¨¦battre du d¨¦sarmement dans le cadre du Comit¨¦ des dix-huit puissances sur le d¨¦sarmement qui s'ouvrait ¨¤ Gen¨¨ve. Les appels ¨¤ mettre fin aux essais nucl¨¦aires, en particulier dans l'atmosph¨¨re, et l'arr¨ºt de la prolif¨¦ration horizontale ont ¨¦t¨¦ cruciaux pour l'organisation de la r¨¦union en 1962. Sans surprise, la premi¨¨re question trait¨¦e fut la cr¨¦ation d'un trait¨¦ interdisant les essais nucl¨¦aires dans l'atmosph¨¨re, sous l'eau et dans l'espace extra-atmosph¨¦rique. Le Trait¨¦ d'interdiction partielle des essais nucl¨¦aires de 1963 a ¨¦t¨¦ conclu assez rapidement. Il ne comportait aucune mesure de v¨¦rification et interdisait les activit¨¦s auxquelles les trois ?tats dot¨¦s de l'arme nucl¨¦aire qui participaient au Comit¨¦ - le Royaume-Uni, les ?tats-Unis et l'URSS (la France avait refus¨¦ de s'asseoir ¨¤ la table) - ¨¦taient pr¨ºts ¨¤ renoncer. Les essais souterrains continueront pendant plus de 30 ans.
La deuxi¨¨me question inscrite ¨¤ l'ordre du jour du Comit¨¦ fut un accord multilat¨¦ral l¨¦gal pour ¨¦viter une plus grande propagation des armes nucl¨¦aires ¨¤ d'autres ?tats (prolif¨¦ration horizontale). Le Trait¨¦ sur la non-prolif¨¦ration des armes nucl¨¦aires (tnp) cr¨¦¨¦ en 1968 est devenu la pierre angulaire des efforts de d¨¦sarmement nucl¨¦aire depuis son entr¨¦e en vigueur en 1970.
? la fin des ann¨¦es 1950, l'acquisition possible des armes nucl¨¦aires par un plus grand nombre de pays (prolif¨¦ration horizontale) ¨¦tait devenue une source de pr¨¦occupations. La modernisation des arsenaux existants (prolif¨¦ration verticale) l'¨¦tait aussi, les essais de ces armes ¨¦tant consid¨¦r¨¦s comme l'¨¦l¨¦ment cl¨¦ dans la course qualitative aux armements. La prolif¨¦ration horizontale et les essais nucl¨¦aires ont ¨¦t¨¦ inscrits ¨¤ l'ordre du jour de l'ONU.
Au milieu des ann¨¦es 1960, un certain nombre de pays ont d¨¦cid¨¦ de renoncer ¨¤ l'option nucl¨¦aire et accept¨¦ des compromis de la part des ?tats dot¨¦s des armes nucl¨¦aires en ¨¦change de leur renonciation ¨¤ ces armes. L'heure ¨¦tait venue de s'asseoir et de n¨¦gocier un trait¨¦. Les pays d'Am¨¦rique latine avaient d¨¦j¨¤ commenc¨¦ ¨¤ cr¨¦er une zone exempte d'armes nucl¨¦aires dans leur r¨¦gion, ce qu'ils voyaient comme une ¨¦tape vers un monde sans armes nucl¨¦aires.
L'approche du tnp ¨¦tait diff¨¦rente. Elle reposait sur trois piliers : la non-prolif¨¦ration horizontale, la non-prolif¨¦ration verticale et le d¨¦sarmement nucl¨¦aire ainsi que l'utilisation pacifique de l'¨¦nergie nucl¨¦aire. Il s'agissait d'un contrat entre les pays dot¨¦s des armes nucl¨¦aires et les autres. Les seconds profitaient de l'utilisation pacifique de l'¨¦nergie nucl¨¦aire et renon?aient ¨¤ acqu¨¦rir les armes nucl¨¦aires. Les premiers poursuivaient le processus de d¨¦sarmement nucl¨¦aire, en commen?ant par la cessation des essais nucl¨¦aires.
L'Agence internationale de l'¨¦nergie atomique (AIEA),qui ¨¦tait alors en place, fournirait aux parties un syst¨¨me de v¨¦rification international, y compris les inspections. Elle aurait le m¨ºme r?le pour les zones exemptes d'armes nucl¨¦aires qui avaient ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦es. Le tnp a ¨¦t¨¦ conclu en bonne foi, mais les ?tats non dot¨¦s de l'arme nucl¨¦aire ont insist¨¦ pour examiner p¨¦riodiquement sa mise en ?uvre effective. Des conf¨¦rences d'examen ont donc ¨¦t¨¦ organis¨¦es tous les cinq ans. En outre, le tnp ¨¦tait un accord temporaire dont la prorogation devait ¨ºtre examin¨¦e apr¨¨s 25 ans. En 1995, les parties ont d¨¦cid¨¦ son extension illimit¨¦e.
Apr¨¨s 1970, malgr¨¦ des accords bilat¨¦raux tr¨¨s limit¨¦s entre les ?tats-Unis et l'URSS, la course aux armements nucl¨¦aires s'est poursuivie. Le Trait¨¦ d'interdiction partielle de 1963 n'a pas servi ¨¤ grand-chose car les essais souterrains se sont multipli¨¦s. On semblait penser que puisque les essais nucl¨¦aires n'¨¦taient pas visibles, ils n'existaient pas. Les appels ¨¤ une interdiction compl¨¨te des essais d'armes nucl¨¦aires sont rest¨¦s lettre morte.
Les ?tats non dot¨¦s des armes nucl¨¦aires ont tent¨¦ de lancer le d¨¦bat sur la question du d¨¦sarmement nucl¨¦aire. Certains ont pr¨¦conis¨¦ la tenue d'une conf¨¦rence d'amendement du Trait¨¦ d'interdiction partielle des essais pour en faire un Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) afin de sensibiliser le public sur les dangers de la poursuite de la course aux armements nucl¨¦aires. D'autres ont refus¨¦ d'approuver les conclusions de la conf¨¦rence d'examen du tnp ¨¤ moins qu'un tice ne soit mentionn¨¦ de mani¨¨re sp¨¦cifique. D'autres encore ont demand¨¦ un avis consultatif ¨¤ la Cour internationale de Justice sur la l¨¦galit¨¦ de l'utilisation ou la menace de l'utilisation des armes nucl¨¦aires. Certains ont poursuivi leurs efforts en vue de la conclusion d'un trait¨¦ interdisant ces armes de destruction massive. Apr¨¨s tout, la communaut¨¦ internationale avait d¨¦j¨¤ interdit les armes biologiques et chimiques par des trait¨¦s multilat¨¦raux, alors pourquoi pas les armes nucl¨¦aires ?
En 1996, le tice a finalement ¨¦t¨¦ conclu. Il contient malheureusement une disposition pour son entr¨¦e en vigueur qui rappelle les conditions ¨¦nonc¨¦es dans le Plan Baruch il y a cinquante ans pour un monde sans armes nucl¨¦aires. Pour entrer en vigueur, le tice doit ¨ºtre ratifi¨¦ par 44 pays disposant d'une capacit¨¦ nucl¨¦aire. C'est donc loin d'¨ºtre jou¨¦. Un point positif cependant : les cinq ?tats nucl¨¦aires qui ont sign¨¦ le tnp sont oblig¨¦s de respecter les dispositions du tice.
En 2009, la communaut¨¦ internationale ¨¦tait revenue ¨¤ son point de d¨¦part. La r¨¦solution de 1946 adopt¨¦e par l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies contenait les ¨¦l¨¦ments de base pour cr¨¦er un monde sans armes nucl¨¦aires : un engagement g¨¦n¨¦ral vers l'¨¦limination des armes nucl¨¦aires et un syst¨¨me de v¨¦rification acceptable par tous les pays afin de promouvoir les utilisations pacifiques de l'¨¦nergie atomique. Apr¨¨s plus de six d¨¦cennies de prolif¨¦ration nucl¨¦aire - ¨¤ la fois horizontale et verticale - le monde semble pr¨ºt ¨¤ mettre en ?uvre ces m¨ºmes ¨¦l¨¦ments fondamentaux. Comme en 1946, on attend que les ?tats-Unis prennent la t¨ºte du mouvement.
Dans certains pays, l'id¨¦e d'un monde sans armes nucl¨¦aires a fait son chemin. Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l'ONU a pr¨¦sent¨¦ une proposition en cinq points2. Le Royaume-Uni a donn¨¦ son point de vue sur la question3. Un nombre d'anciens dirigeants politiques am¨¦ricains et autres ont raviv¨¦ le d¨¦bat en appelant ¨¤ l'¨¦limination des armes nucl¨¦aires4.
La nouvelle administration am¨¦ricaine a annonc¨¦ des changements importants dans les relations internationales. Pendant la campagne pr¨¦sidentielle de 2008, Barak Obama, alors s¨¦nateur, avait appel¨¦ ¨¤ ?uvrer pour un monde sans armes nucl¨¦aires, ajoutant qu'on y parviendrait non pas par le d¨¦sarmement unilat¨¦ral mais par le respect des engagements pris dans le cadre du TNP sur le long chemin qui m¨¨ne ¨¤ leur ¨¦limination5.
Une fois ¨¦lu, le pr¨¦sident Obama a r¨¦it¨¦r¨¦ son engagement g¨¦n¨¦ral ¨¤ l'¨¦limination des armes nucl¨¦aires. C'¨¦tait l'un des principes de base de la r¨¦solution de l'Assembl¨¦e en 1946. Dans son discours prononc¨¦ le 5 avril 2009 ¨¤ Prague, le pr¨¦sident Obama a d¨¦crit le chemin qui m¨¨ne ¨¤ un monde sans armes nucl¨¦aires en ces termes : ? L'existence de milliers d'armes nucl¨¦aires est le legs le plus dangereux laiss¨¦ par la guerre froide. ? Puis il a ajout¨¦ : ? Aujourd'hui, la guerre froide n'est plus, mais ces armes existent toujours par milliers. Par un de ces ¨¦tranges retournements de l'histoire, la menace d'une guerre nucl¨¦aire mondiale a diminu¨¦, mais le risque d'une attaque nucl¨¦aire a augment¨¦. Davantage de nations ont acquis ces armes. Les essais se sont poursuivis. Des march¨¦s parall¨¨les font commerce de secrets et de mat¨¦riaux nucl¨¦aires. La technologie n¨¦cessaire pour fabriquer une bombe s'est largement diffus¨¦e. Des terroristes sont pr¨ºts ¨¤ tout pour en acheter, en construire ou en voler une. Nos efforts pour contenir ces dangers se concentrent sur un r¨¦gime global de non-prolif¨¦ration, mais si davantage de personnes et de nations enfreignent les r¨¨gles, nous pourrions atteindre le point o¨´ le centre ne peut plus tenir. ?
Reconnaissant que ce but sera difficile ¨¤ atteindre, il a ensuite d¨¦crit les mesures que les ?tats-Unis ¨¦taient pr¨ºts ¨¤ prendre :
- r¨¦duire le r?le des armes nucl¨¦aires dans notre strat¨¦gie nationale
- n¨¦gocier cette ann¨¦e un nouveau Trait¨¦ de r¨¦duction des armements offensifs strat¨¦giques avec la Russie (START) pour r¨¦duire nos ogives et notre arsenal d'armes nucl¨¦aires
- ratifier le TICE
- conclure un trait¨¦ qui mettra fin de fa?on v¨¦rifiable ¨¤ la production de mati¨¨res fissiles destin¨¦es aux armes nucl¨¦aires
- renforcer le TNP comme base de coop¨¦ration dans l'utilisation pacifique de l'¨¦nergie nucl¨¦aire
- s'assurer que les terroristes n'acqui¨¨rent pas d'armes nucl¨¦aires
- promouvoir un nouvel effort mondial pour s¨¦curiser tous les mat¨¦riaux nucl¨¦aires dans le monde dans les quatre prochaines ann¨¦es.
En inscrivant le d¨¦sarmement nucl¨¦aire ¨¤ l'ordre du jour international, le pr¨¦sident Obama a fait une proposition audacieuse. Un long d¨¦bat et des n¨¦gociations compliqu¨¦es s'ensuivront, mais les ?tats-Unis ont montr¨¦ qu'ils ¨¦taient pr¨ºts ¨¤ prendre la t¨ºte et surtout ¨¤ montrer l'exemple. La proposition du START est un exemple typique.
La F¨¦d¨¦ration de Russie semble heureusement dispos¨¦e ¨¤ participer ¨¤ cette premi¨¨re phase. Moscou et Washington doivent r¨¦duire leur propre arsenal avant de demander aux autres de le faire. Mais on peut s'attendre ¨¤ ce que certains des ?tats dot¨¦s de l'arme nucl¨¦aire rechignent. ? cet ¨¦gard, les ?tats-Unis devront aussi montrer la voie par une r¨¦vision de leur position sur le nucl¨¦aire. D'importants changements en mati¨¨re de politique nucl¨¦aire pourraient se traduire par un changement de position de l'otan. Les ?tats dot¨¦s de l'arme nucl¨¦aire et leurs alli¨¦s doivent abandonner leur puissance nucl¨¦aire.
Un autre sujet que le pr¨¦sident Obama n'a pas abord¨¦ concerne la r¨¦sistance ¨¤ laquelle ses propositions se heurteront dans son propre pays, en particulier dans les groupes qui ont tout int¨¦r¨ºt ¨¤ ce que le statu quo nucl¨¦aire soit maintenu, en commen?ant par les laboratoires nucl¨¦aires. Aux ?tats-Unis, comme dans les autres ?tats nucl¨¦aires, ces laboratoires re?oivent des fonds du budget de la d¨¦fense nationale. La fabrication, l'efficacit¨¦ et la s¨¦curit¨¦ des armes nucl¨¦aires sont leur gagne-pain et, jusqu'¨¤ pr¨¦sent, ils n'¨¦taient pas pr¨ºts de le l?cher.
Il y a soixante ans, il aurait peut-¨ºtre ¨¦t¨¦ plus facile de cr¨¦er un monde sans armes nucl¨¦aires, mais aujourd'hui il faudra un leadership ¨¦clair¨¦ pour y parvenir.
? la m¨¦moire de William Epstein, un d¨¦fenseur acharn¨¦?du d¨¦sarmement nucl¨¦aire
Notes 1. Bernard Baruch, repr¨¦sentant am¨¦ricain ¨¤ la Commission de l'¨¦nergie atomique des Nations Unies, a soumis le 14 juin 1946 une proposition qui d¨¦clarait entre autres : Les ?tats-Unis proposent la cr¨¦ation d'une Autorit¨¦ internationale du d¨¦veloppement atomique ¨¤ laquelle seraient confi¨¦es toutes les phases de d¨¦veloppement et des utilisations de l'¨¦nergie atomique. Nous, peuple de cette nation, d¨¦sireux de promouvoir la paix dans le monde et de nous soumettre aux obligations qui nous incombent du fait que nous poss¨¦dons les moyens de fabriquer des bombes et que ces armes sont une partie de notre armement, sommes pr¨ºts ¨¤ contribuer pleinement ¨¤ un contr?le efficace de l'¨¦nergie atomique. Quand un syst¨¨me de contr?le de l'¨¦nergie atomique appropri¨¦, dont la renonciation ¨¤ la bombe comme arme, sera adopt¨¦ et mis en ?uvre et que des sanctions seront prises en cas de violations des r¨¨gles de contr?le qui ont ¨¦t¨¦ reconnues comme crimes internationaux, nous proposons : - l'arr¨ºt de la fabrication des armes; - l'¨¦limination des bombes existantes conform¨¦ment aux dispositions du trait¨¦; et - la diffusion d'informations ¨¤ l'Autorit¨¦ sur les connaissances en mati¨¨re de production de l'¨¦nergie atomique
2. ? The United Nations and security in a nuclear-weapn-free world ?, 24 octobre 2008.
3. ? Lifting the Nuclear Shadow: Creating the Conditions for Abolishing Nuclear Weapons ?, un article d'informations politiques par le minist¨¨re des Affaires ¨¦trang¨¨res du Commonwealth, 4 f¨¦vrier 2009.
4. Par exemple, George P. Shultz, William J. Perry, Henry A. Kissinger et Sam Nunn, ? A World Free of Nuclear Weapons ? et ? Toward a Nuclear-Free World ?, Wall Street Journal, 4 janvier 2007 et 15 janvier 2008.
5. Ce sont les propositions les plus radicales faites par un candidat pr¨¦sidentiel, ¨¤ l'exception du d¨¦put¨¦ Dennis J. Kucinich qui a appel¨¦ ¨¤ l'abolition des armes nucl¨¦aires.
6. La Maison Blanche, .
7. Le 1er avril 2009, les pr¨¦sidents Obama et Medvedev ont convenu ¨¤ Londres de poursuivre cet accord.
?
La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?