01 mars 2007

La Deuxi¨¨me Commission a continu¨¦ de s'attaquer aux ¨¦normes d¨¦fis que sont l'in¨¦galit¨¦, la pauvret¨¦ et la d¨¦gradation de l'environnement. Nombre de pays se sont dits d¨¦?us du manque de progr¨¨s dans les n¨¦gociations multilat¨¦rales de Doha, organis¨¦es par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui ont pour objectif d'augmenter la croissance ¨¦conomique en r¨¦duisant les barri¨¨res commerciales dans le monde. L'¨¦chec des n¨¦gociations serait d? au refus des pays d¨¦velopp¨¦s d'¨¦liminer leurs subventions agricoles. Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l'OMC, Pascal Lamy, a dit ¨¤ la Commission que des efforts politiques importants ¨¦taient n¨¦cessaires de la part de l'Europe et de l'Am¨¦rique du Nord pour ¨¦viter l'¨¦chec du cycle de Doha, lequel visait ¨¤ am¨¦liorer l'acc¨¨s au march¨¦ des biens produits dans les pays en d¨¦veloppement en r¨¦duisant le protectionnisme agricole. La Commission a adopt¨¦ une r¨¦solution appelant les pays d¨¦velopp¨¦s ¨¤ faire preuve de souplesse et de volont¨¦ politique et ¨¤ reprendre les n¨¦gociations. Un rapport du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral sur le commerce et le d¨¦veloppement a ¨¦galement ¨¦t¨¦ pr¨¦sent¨¦, indiquant que le commerce Sud-Sud continuait de progresser, avec 42 % d'exportations des pays en d¨¦veloppement vers d'autres pays en d¨¦veloppement. Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral adjoint aux Affaires ¨¦conomiques et sociales, Jos¨¦ Antonio Ocampo, a d¨¦clar¨¦ que la quarantaine de r¨¦solutions adopt¨¦es par la Commission contribueraient de mani¨¨re significative ¨¤ ¨¦radiquer la pauvret¨¦ et ¨¤ r¨¦aliser les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement.
Le changement climatique, un danger de plus en plus r¨¦el
Mais il n'existe toujours pas de consensus
En 2006, les rejets d'oxyde de carbone dans l'atmosph¨¨re par les usines et les voitures ont connu des seuils optimaux. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'¨¦volution du climat a d¨¦clar¨¦ que ces ¨¦missions ¨¦taient responsables de l'effet de serre et estim¨¦ que les temp¨¦ratures moyennes mondiales augmenteraient de 1,4 ¨¤ 5,8 °C d'ici ¨¤ 2100, entra¨ªnant la fonte de la calotte glaciaire et la hausse du niveau des mers.
Alors que le r¨¦chauffement climatique est une question de plus en plus abord¨¦e par les m¨¦dias et qui fait partie de la politique g¨¦n¨¦rale de nombreux pays, les d¨¦l¨¦gu¨¦s de la Deuxi¨¨me Commission n'ont pas r¨¦ussi ¨¤ obtenir un consensus sur une r¨¦solution qui r¨¦it¨¨re le soutien aux efforts des Nations Unies pour r¨¦duire les ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre. Lors d'une r¨¦union ¨¤ Nairobi, au Kenya, d'importantes mesures ont cependant ¨¦t¨¦ prises pour s'assurer que les pays africains b¨¦n¨¦ficient de l'introduction des technologies vertes et que les pays en d¨¦veloppement s'adaptent au changement climatique.


Cr¨¦¨¦e suite au Sommet de la Terre, qui s'est tenu en 1992 ¨¤ Rio de Janeiro, au Br¨¦sil, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est entr¨¦e en vigueur en 1994. Quelque 189 pays ont ratifi¨¦ la Convention qui vise ¨¤ pr¨¦venir le r¨¦chauffement de la plan¨¨te en r¨¦duisant les ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre et place en grande partie le fardeau sur les pays industrialis¨¦s consid¨¦r¨¦s la principale source du probl¨¨me. Le Protocole de Kyoto, qui s'appuie sur la Convention et ¨¦tablit des objectifs sp¨¦cifiques et juridiquement contraignants pour les pays industrialis¨¦s, exige une r¨¦duction totale d'au moins 5 % des ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 au cours de la p¨¦riode d'engagement 2008-2012. ?tabli en 1997, le Protocole est entr¨¦ en vigueur en f¨¦vrier 2005, apr¨¨s la ratification de la F¨¦d¨¦ration de Russie.


Le texte sur la ? protection du changement climatique pour les g¨¦n¨¦rations actuelles et futures ? a refl¨¦t¨¦ les pr¨¦occupations internationales concernant le r¨¦chauffement climatique, a indiqu¨¦ Sufaya Ebrahim Zia, de la Mission permanente de l'Afrique du Sud aupr¨¨s des Nations Unies, dont la d¨¦l¨¦gation a pr¨¦sent¨¦ la r¨¦solution au nom du Groupe des 77 pays en d¨¦veloppement. Il mentionne les divers efforts men¨¦s par les organismes de l'ONU pour traiter l'¨¦volution du climat, tels que le Protocole de Kyoto et ses ? m¨¦canismes souples ?, notamment le m¨¦canisme pour un d¨¦veloppement propre (MDP) par lequel les pays industrialis¨¦s peuvent obtenir des ? cr¨¦dits d'¨¦mission de carbone ? qui les aident ¨¤ respecter leurs propres engagements pris dans le cadre du Protocole en investissant dans un projet d'un pays en d¨¦veloppement afin de r¨¦duire les ¨¦missions de carbone. Par exemple, le Conseil municipal du Cap, en Afrique du Sud, a install¨¦ des chauffe-eau et des lampes solaires ¨¤ basse consommation et isol¨¦ les plafonds dans 2 300 habitations ¨¤ bon march¨¦. Les toits isol¨¦s permettent de r¨¦duire la quantit¨¦ de poussi¨¨re et d'am¨¦liorer la qualit¨¦ de l'air ¨¤ l'int¨¦rieur en utilisant moins les po¨ºles au k¨¦ros¨¨ne. Le projet permet d'am¨¦liorer l'efficacit¨¦ ¨¦nerg¨¦tique ainsi que la sant¨¦ des r¨¦sidents et de r¨¦duire les ¨¦missions de carbone. Il g¨¦n¨¨re ¨¦galement des emplois pour les travailleurs locaux, qui installent et assurent l'entretien des lampes, des plafonds et des chauffe-eau solaires produits localement. Les premiers 10 000 cr¨¦dits carbone g¨¦n¨¦r¨¦s par le projet ont ¨¦t¨¦ vendus au Royaume-Uni en 2005 ¨¤ raison de 15 euros l'unit¨¦ (environ 22,50 dollars). Selon Yvo de Boer, secr¨¦taire ex¨¦cutif de la CCNUCC, le MDP a connu un certain succ¨¨s (plus de 1 000 projets sont en cours d'approbation), ce qui se traduira par un investissement de 75 milliards de dollars dans les pays en d¨¦veloppement. Dans le cadre du plan-cadre de Nairobi, une initiative pr¨¦sent¨¦e par l'ancien Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral Kofi Annan ¨¤ la 12e Conf¨¦rence des parties ¨¤ la CCNUCC en novembre 2006, les pays africains recevraient une assistance pour d¨¦velopper leurs projets MDP. La r¨¦union a ¨¦t¨¦ un ? grand succ¨¨s ? car elle a permis de renforcer la confiance des pays en d¨¦veloppement vis-¨¤-vis des efforts men¨¦s par l'ONU pour r¨¦duire les changements climatiques, a-t-il estim¨¦. Autre succ¨¨s : le ? fonds d'adaptation ?, qui est destin¨¦ ¨¤ financer des projets, comme la construction de murs pour prot¨¦ger les villes c?ti¨¨res contre l'¨¦l¨¦vation du niveau de la mer et la restauration des zones humides pour prot¨¦ger les r¨¦gions c?ti¨¨res contre les temp¨ºtes, alors que les pays font face aux effets du changement climatique. Le fonds est particuli¨¨rement int¨¦ressant car il ne d¨¦pend pas de donateurs mais est financ¨¦ ¨¤ l'aide de fonds provenant de projets ex¨¦cut¨¦s au titre du m¨¦canisme pour un d¨¦veloppement propre. Malgr¨¦ ces d¨¦veloppements positifs, le d¨¦bat de la Commission sur la r¨¦solution s'est trouv¨¦ dans une impasse alors que les pays n'ont pas r¨¦ussi ¨¤ s'entendre sur un texte commun. L'Union europ¨¦enne, repr¨¦sent¨¦e par la Finlande, a appel¨¦ ¨¤ voter, puis s'est abstenue. Pour Mme Zia, ce fut une d¨¦ception. ? Jusqu'¨¤ la derni¨¨re minute, nous nous sommes efforc¨¦s d'obtenir un document de consensus. ?


Dans une d¨¦claration envoy¨¦e par la Mission de la Finlande ¨¤ la Chronique ONU, l'Union europ¨¦enne a indiqu¨¦ que cette r¨¦solution n'¨¦tait ? pas ad¨¦quate pour r¨¦pondre ¨¤ la menace s¨¦rieuse pos¨¦e par les changements climatiques et qu'elle ne refl¨¦tait pas les actions que nous devons tous prendre pour y r¨¦pondre ?, consid¨¦rant qu'elle ¨¦tait un ? pas en arri¨¨re ? par rapport aux progr¨¨s r¨¦alis¨¦s lors de la conf¨¦rence en novembre 2006.

Toujours selon la d¨¦claration, l'Union europ¨¦enne tenait ¨¤ souligner l'importance du processus prospectif pour s'attaquer ¨¤ la question des changements climatiques, ce qui ¨¦tait impossible ¨¤ mettre en ?uvre dans le cadre de la r¨¦solution. Cependant, l'Union a soulign¨¦ le caract¨¨re urgent de la question et le r?le central des Nations Unies, consid¨¦rant que ? le changement climatique constitue une menace pour la paix, le d¨¦veloppement et la prosp¨¦rit¨¦ ¨¦conomique, pas dans l'avenir mais dans le pr¨¦sent. L'ONU doit ¨ºtre au centre des efforts visant ¨¤ lutter contre le changement climatique. ?


Pour M. de Boer, l'absence de consensus au sein de la Commission refl¨¨te la ? nervosit¨¦ croissante de la communaut¨¦ internationale sur les prochaines mesures qui seront prises pour lutter contre le changement climatique ?. Il a fait remarquer que les discussions concernant le Protocole de Kyoto apr¨¨s 2012 devraient d¨¦buter bient?t, consid¨¦rant que les n¨¦gociations et les ratifications pouvaient prendre plusieurs ann¨¦es. La cl¨¦ du succ¨¨s du Protocole est d'assurer aux pays industrialis¨¦s de pouvoir respecter leurs engagements de fa?on rentable, a soulign¨¦ M. de Boer, et s'assurer qu'un nouveau cadre sera propice ¨¤ l'¨¦radication de la pauvret¨¦ et au d¨¦veloppement des technologies respectueuses de l'environnement dans les pays en d¨¦veloppement. Il a appel¨¦ les chefs d'?tat ¨¤ faire preuve de leadership, et les Nations Unies ¨¤ poursuivre leurs efforts. ? J'esp¨¨re que le nouveau Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral fera du r¨¦chauffement climatique une priorit¨¦. ?

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