Mettre fin aux essais nucl¨¦aires
³¢¡¯histoire des essais nucl¨¦aires a commenc¨¦ ¨¤ l¡¯aube du 16 juillet 1945 sur un site d¡¯essai d¨¦sertique ¨¤ Alamogordo, au Nouveau Mexique, quand les ?tats-Unis ont fait exploser leur premi¨¨re bombe atomique.
Pendant les cinq premi¨¨res d¨¦cennies entre le jour fatidique de 1945 et l¡¯ouverture de la signature du en 1996, plus de 2 000 essais nucl¨¦aires ont ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦s dans le monde :
- Les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ont proc¨¦d¨¦ ¨¤ 1 032 essais entre 1945 et 1992.
- ³¢¡¯Union sovi¨¦tique a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 715 essais entre 1949 et 1990.
- Le Royaume-Uni a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 45 essais entre 1952 et 1991.
- La France a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 210 essais entre 1960 et 1996.
- La Chine a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 45 essais entre 1964 et 1996.
- L'Inde a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 1 essai en 1974.
Depuis l¡¯ouverture du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) ¨¤ la signature en septembre 1996, 10 essais ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s :
- ³¢¡¯Inde a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 2 essais en 1998.
- Le Pakistan a proc¨¦d¨¦ ¨¤ 2 essais en 1998.
- La R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e a proc¨¦d¨¦ ¨¤ des essais nucl¨¦aires en 2006, 2009, 2013, 2016 et 2017.
Types d¡¯essais nucl¨¦aires
Certaines bombes ont ¨¦t¨¦ jet¨¦es du haut de tours, sur des barges, suspendues ¨¤ des ballons, sur la surface terrestre, sous l¡¯eau jusqu¡¯¨¤ des profondeur de 600 m¨¨tres, sous terre jusqu¡¯¨¤ plus de 2 400 m¨¨tres de profondeur, ainsi que dans des tunnels horizontaux. D'autres bombes ont ¨¦t¨¦ largu¨¦es par avions ou tir¨¦es par des roquettes jusqu¡¯¨¤ 320 km dans l¡¯atmosph¨¨re.
Les essais atmosph¨¦riques
Les essais atmosph¨¦riques sont des explosions qui ont lieu dans ou au-dessus de l¡¯atmosph¨¨re.
Au total, plus de 2 000 bombes nucl¨¦aires ont explos¨¦ entre 1945 et 1996. 25 % d¡¯entre elles ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦es dans l¡¯atmosph¨¨re dont plus de 200 par les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, autant par l¡¯Union sovi¨¦tique, plus de 20 par le Royaume-Uni, environ 50 par la France et plus de 20 par la Chine.
La pr¨¦occupation internationale sur les retomb¨¦es nucl¨¦aires r¨¦sultant de ces essais atmosph¨¦riques a connu une escalade dans le courant des ann¨¦es 1950. En mars 1954, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique testent leur bombe ¨¤ hydrog¨¨ne ¨¤ Castle Bravo, dans les ?les Marshall du Pacifique. ³¢¡¯essai Bravo a caus¨¦ le pire d¨¦sastre radiologique de l¡¯histoire des essais des ?tats-Unis d'Am¨¦rique. Par accident, des citoyens locaux des ?les Marshall, des soldats de l¡¯arm¨¦e am¨¦ricaine post¨¦s sur l¡¯atoll Rongerik, et le Lucky Dragon, un chalutier japonais, ont ¨¦t¨¦ contamin¨¦s par les retomb¨¦es.
Les essais d'armes atomiques ont ¨¦t¨¦ interdits en 1963 par le Trait¨¦ sur l'interdiction partielle des essais nucl¨¦aires.
Les n¨¦gociations r¨¦pondaient largement ¨¤ la s¨¦rieuse pr¨¦occupation de la communaut¨¦ internationale sur les retomb¨¦es radioactives r¨¦sultant des essais atmosph¨¦riques. Les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, l¡¯Union sovi¨¦tique et le Royaume-Uni furent Parties ¨¤ ce Trait¨¦, mais ni la France ni la Chine ne le sign¨¨rent. La France a effectu¨¦ son dernier essai atmosph¨¦rique en 1974, la Chine, en 1980.
Photo : Signature du Trait¨¦ sur l'interdiction partielle des essais nucl¨¦aires : le Secr¨¦taire d¡¯?tat D. Rusk signe pour les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, le Ministre des Affaires ?trang¨¨res, A. Gromyko, signe pour l¡¯Union sovi¨¦tique et Lord Hume signe pour le Royaume-Uni (5 ao?t 1963). Photo : Organisation du Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (OTICE)
Les essais sous-marins
Les essais sous-marins sont effectu¨¦es sous l¡¯eau ou proche de sa surface. Relativement peu d¡¯essais sous-marins ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s ¨¤ ce jour. Le premier essai nucl¨¦aire sous-marin ¨C Op¨¦ration Crossroads ¨C a ¨¦t¨¦ effectu¨¦ par les ?tats-Unis d'Am¨¦rique en 1946 sur son site d¡¯essai du Pacifique dans les ?les Marshall. Son objectif ¨¦tait d¡¯¨¦valuer les effets des armes nucl¨¦aires utilis¨¦es contre les navires. En 1955, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ont effectu¨¦ un nouvel essai nucl¨¦aire sous-marin - l¡¯Op¨¦ration Wigwam - ¨¤ une profondeur de 600m pour d¨¦terminer cette fois la vuln¨¦rabilit¨¦ des sous-marins.
Des explosions nucl¨¦aires sous-marines proches de la surface peuvent disperser de grandes quantit¨¦s d¡¯eau et de vapeur radioactives, contaminant ainsi bateaux, constructions et ¨ºtres vivants ¨¤ proximit¨¦.
Les essais nucl¨¦aires sous-marins ont ¨¦t¨¦ interdits en 1963 par le Trait¨¦ sur l'interdiction partielle des essais d'armes nucl¨¦aires.
20 % des 2 000 explosions nucl¨¦aires ont eu lieu entre 1946 et 1996; plus de 500 bombes ont ¨¦t¨¦ d¨¦ton¨¦es dans l¡¯atmosph¨¨re.
Les essais souterrains
Lors d'un essai souterrain, les explosions nucl¨¦aires sont r¨¦alis¨¦es ¨¤ des profondeurs vari¨¦es sous la surface de la terre. La majorit¨¦ (environ 75 %) des essais nucl¨¦aires effectu¨¦es pendant la Guerre Froide (1945-1989) sont de ce type, soit plus de 800 par les ?tats-Unis d'Am¨¦rique et presque 500 par l¡¯Union sovi¨¦tique.
Lorsque l¡¯explosion est enti¨¨rement contenue, un essai nucl¨¦aire souterrain ¨¦met une quantit¨¦ n¨¦gligeable de retomb¨¦es par rapport ¨¤ un essai atmosph¨¦rique. Toutefois, s'il perce ¨¤ la surface, il peut produire une quantit¨¦ consid¨¦rable de d¨¦bris radioactifs. Un essai souterrain est d¨¦tectable par l¡¯activit¨¦ sismique r¨¦sultante de l'explosion nucl¨¦aire.
Les essais nucl¨¦aires souterrains ont ¨¦t¨¦ interdits en 1996 par le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires, qui interdit toutes les explosions nucl¨¦aires sur la terre.
Environ 75 % des essais nucl¨¦aires effectu¨¦es pendant la Guerre Froide (1945-1989) ont ¨¦t¨¦ des essais souterrains.
Pour plus de d¨¦tails : : Ventilation num¨¦rique du nombre d'essais nucl¨¦aires atmosph¨¦riques et souterrains effectu¨¦s par chaque pays pour chaque ann¨¦e.
La station radionucl¨¦ide 56, ¨¤ Peleduy, en F¨¦d¨¦ration de Russie. Photo : OTICE
Les essais nucl¨¦aires de 1945 ¨¤ 2013
Le d¨¦but de l¡¯¨¨re nucl¨¦aire
L'¨¨re nucl¨¦aire a ¨¦t¨¦ amorc¨¦e quelques heures avant l¡¯aube du 16 juillet 1945, quand les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ont fait exploser une bombe atomique de 20 kilotonnes sous le nom de code ? Trinity ? ¨¤ Alamogordo, au Nouveau-Mexique.
Bien que l¡¯essai d'Alamogordo eu donn¨¦ la preuve des nombreux effets r¨¦sultants de l¡¯explosion, il ne permit pas la compr¨¦hension des retomb¨¦es nucl¨¦aires radioactives, qui ne furent vraiment per?ues par les scientifiques du projet que bien des ann¨¦es plus tard.
Les ?tats-Unis d'Am¨¦rique largu¨¨rent deux bombes atomiques sur le Japon ¨¤ la fin de la deuxi¨¨me guerre mondiale : la premi¨¨re ¨¦tait une bombe nomm¨¦e ? Little Boy ?, largu¨¦e sur Hiroshima le 6 ao?t 1945; la seconde nomm¨¦e ? Fat man ? largu¨¦e sur Nagasaki le 9 ao?t 1945. Ces deux bombes ont tu¨¦ ¨¤ elles seules 220 000 citoyens japonais, auxquels sont venus s¡¯ajouter plus de 200 000 personnes d¨¦c¨¦d¨¦es ult¨¦rieurement d¡¯overdoses mortelles de radiation.
De la ? guerre chaude ? ¨¤ la Guerre Froide
La Deuxi¨¨me Guerre mondiale ¨¤ peine termin¨¦e en ao?t 1945, une course aux armes nucl¨¦aires commen?a entre les deux nouvelles superpuissances ¨¦mergentes: les ?tats-Unis d'Am¨¦rique et l¡¯Union sovi¨¦tique. Entre 1946 et 1949, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ont effectu¨¦ six essais suppl¨¦mentaires. Puis, le 29 ao?t 1949, l¡¯Union sovi¨¦tique teste sa premi¨¨re bombe nucl¨¦aire, ? Joe 1 ?. Cet essai a marqu¨¦ le d¨¦but de la course aux armes nucl¨¦aires de la Guerre Froide entre les deux superpuissances.
³¢¡¯Union sovi¨¦tique ayant effectu¨¦ son premier essai de bombe nucl¨¦aire le 29 ao?t 1949, la course aux armes nucl¨¦aires de la ? Guerre Froide ? entre l¡¯URSS et les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ¨¦tait lanc¨¦e.
Au d¨¦part, ni les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ni l¡¯Union sovi¨¦tique ne poss¨¦daient de grande quantit¨¦ d¡¯armes nucl¨¦aires. Les essais nucl¨¦aires ¨¦taient donc relativement limit¨¦s. Toutefois, d¨¨s les ann¨¦es 1950, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique ¨¦tablissent un site d¡¯essai sp¨¦cifique au Nevada, ainsi qu'aux ?les Marshall (site d¡¯essais du Pacifique) pour des essais nucl¨¦aires approfondis. ³¢¡¯Union sovi¨¦tique, quant ¨¤ elle, commence les essais ¨¤ petite ¨¦chelle, essentiellement ¨¤ Semipalatinsk, dans la R¨¦publique sovi¨¦tique du Kazakhstan. Des essais pr¨¦coces ont ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦s essentiellement pour d¨¦terminer les effets militaires des armes nucl¨¦aires et pour tester de nouveaux mod¨¨les d¡¯armes.
Des tensions exacerb¨¦es et une atmosph¨¨re de peur et de m¨¦fiance envahissante ont catalys¨¦ la comp¨¦tition pour construire des bombes toujours plus puissantes et sophistiqu¨¦es. Pendant les ann¨¦es 1950, de nouveaux mod¨¨les de bombes ¨¤ hydrog¨¨ne sont test¨¦s dans le Pacifique, ainsi que des mod¨¨les am¨¦lior¨¦s d¡¯armes ¨¤ fission.
Le premier essai nucl¨¦aire de l¡¯URSS ? Joe 1 ? ¨¤ Semipalatinsk, au Kazakhstan, le 29 ao?t 1949. Photo : OTICE
En 1954, le Premier Ministre de l¡¯Inde, Jawaharlal Nehru, devint le premier homme d¡¯¨¦tat ¨¤ demander un accord sur la non prolif¨¦ration des essais nucl¨¦aires.
Le 3 octobre 1952, le Royaume-Uni est devenu le troisi¨¨me pays ¨¤ tester l'armes nucl¨¦aires. Au d¨¦part, ses test ¨¦taient principalement r¨¦alis¨¦s en Australie, puis plus tard aux ?tats-Unis d'Am¨¦rique.
La premi¨¨re bombe ¨¤ hydrog¨¨ne
Le premier novembre 1952, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique deviennent le premier pays ¨¤ tester une bombe ¨¤ hydrog¨¨ne. ³¢¡¯essai de Castle Bravo effectu¨¦ le 1er mars 1954 produisit une d¨¦flagration de 15 m¨¦gatonnes. Il s'agissait de l¡¯arme nucl¨¦aire la plus puissante jamais test¨¦e par les ?tats-Unis d'Am¨¦rique.
Le 2 avril 1954, le premier ministre de l¡¯Inde, Jawaharlal Nehru, fut le premier homme d¡¯¨¦tat ¨¤ demander un accord d¡¯ ? arr¨ºt ? des essais nucl¨¦aires. Toutefois, sa demande eut peu d¡¯effet sur l'arr¨ºt des essais nucl¨¦aires extensifs qui caract¨¦ris¨¨rent les 35 ann¨¦es suivantes, et qui ne s¡¯apais¨¨rent qu¡¯¨¤ l'issu de la Guerre Froide ¨¤ la fin des ann¨¦es 1980.
Entre 1955 et 1989, chaque ann¨¦e vit une moyenne de 55 essais nucl¨¦aires. C'est ¨¤ la fin des ann¨¦es 50 et au d¨¦but des ann¨¦es 60 que les essais nucl¨¦aires ont atteint leur sommet. Pendant la seule ann¨¦e 1962, 178 essais furent effectu¨¦s dont 96 par les ?tats-Unis d'Am¨¦rique et 79 par l¡¯Union sovi¨¦tique. ³¢¡¯ann¨¦e pr¨¦c¨¦dente, l¡¯Union sovi¨¦tique effectua l¡¯essai de la plus puissante arme nucl¨¦aire, la ? Tsar Bomba ?, d¡¯une production estim¨¦e de 50 m¨¦gatonnes et qui fut test¨¦e au centre d¡¯essai de Novaya Zemlya pr¨¨s du Cercle Polaire.
³¢¡¯essai de ? Castle Bravo ? a caus¨¦ le pire d¨¦sastre radiologique de l¡¯histoire des essais am¨¦ricains sur l'atoll de Bikini, aux ?les Marshall, le 1er mars 1954. Photo: OTICE
La France et la Chine acquirent l'arme nucl¨¦aires respectivement en 1960 et 1964. Les premiers essais fran?ais eurent lieu en Alg¨¦rie, puis dans le Pacifique Sud. La Chine effectua tous ses essais nucl¨¦aires ¨¤ Lop Nur dans la province de Xinjiang.
Le Trait¨¦ d¡¯interdiction partielle de 1963 interdit les essais nucl¨¦aires, y compris ¨¤ but pacifique, dans l¡¯atmosph¨¨re, sous l¡¯eau et dans l¡¯espace... mais pas sous terre.
Le d¨¦but des ann¨¦es 60 vit aussi l¡¯introduction du seul effort de limitation ayant eu de r¨¦elles cons¨¦quences sur la conduction des essais nucl¨¦aires pendant la Guerre Froide. Le Trait¨¦ sur l'interdiction partielle d¡¯essais d'armes nucl¨¦aires de 1963 interdit les essais ¨¤ but militaire et pacifique, dans l¡¯atmosph¨¨re, sous l¡¯eau et dans l¡¯espace.
Le plein essor des arsenaux nucl¨¦aires
Entre 1955 et 1980, les arsenaux nucl¨¦aires ont connu une croissance exponentielle, d'¨¤ peine 3 000 armes en 1955 ¨¤ plus de 37 000 en 1965 (31 000 pour les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, 6 000 pour l'Union sovi¨¦tique), puis 47 000 en 1975 (27 000 pour les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, 20 000 pour l'Union sovi¨¦tique), et jusqu'¨¤ plus de 60 000 ¨¤ la fin des ann¨¦es 1980 (23 000 pour les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, 39 000 pour l'Union sovi¨¦tique).
Selon l¡¯Initiative de r¨¦duction de la menace nucl¨¦aire, Isra?l a amorc¨¦ un programme nucl¨¦aire dans les ann¨¦es 1950, et a compl¨¦t¨¦ la phase de recherche et de d¨¦veloppement de son programme d¡¯armes nucl¨¦aires en 1966. Aucun test de telles armes n'a ¨¦t¨¦ officialis¨¦, la ? politique nucl¨¦aire d¡¯ambig¨¹it¨¦ ? d'Isra?l ne confirmant ni ne d¨¦niant son statut nucl¨¦aire.
³¢¡¯Inde est devenue officiellement la sixi¨¨me nation ¨¤ d¨¦velopper des armes nucl¨¦aires en mai 1974, lors d'un essai qu¡¯elle qualifia d¡¯explosion nucl¨¦aire pacifique.
En 1982, une nation suppl¨¦mentaire, l¡¯Afrique du Sud, acquit des armes nucl¨¦aires, selon le Centre d¡¯¨¦tudes sur la non-prolif¨¦ration de l¡¯Institut de Monterey. Autant que l¡¯on sache, l¡¯Afrique du Sud n¡¯a pas effectu¨¦ d¡¯essais nucl¨¦aires. Moins de dix ans plus tard, avec la transition tant attendue vers un gouvernement ¨¦lu ¨¤ la majorit¨¦, l¡¯Afrique du Sud a d¨¦mantel¨¦ toutes ses armes nucl¨¦aires. Elle est ¨¤ ce jour la seule nation ¨¤ avoir volontairement renonc¨¦ aux armes nucl¨¦aires sous son contr?le. Le d¨¦mant¨¨lement fut termin¨¦ en 1991. La m¨ºme ann¨¦e, l¡¯Afrique du Sud acc¨¦da au Trait¨¦ de non-prolif¨¦ration de 1968 en tant qu¡¯?tat non possesseur d¡¯armes nucl¨¦aires.
Les essais nucl¨¦aires souterrains ont ¨¦t¨¦ interdits par le Trait¨¦ de 1996 instaurant une interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires.
Ce n¡¯est qu¡¯au d¨¦but des ann¨¦es 1990 que l¡¯on a pu noter une diminution importante des activit¨¦s d¡¯essais et d'acquisition d¡¯armes nucl¨¦aires parmi les ?tats d¨¦tenteurs. Le nombre total d¡¯essais nucl¨¦aires pendant la seconde moiti¨¦ des ann¨¦es 1980 fut de 174.
A partir de 1985, les relations se sont d¨¦tendues entre l¡¯Union sovi¨¦tique et les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, avec notamment la chute du mur de Berlin en 1989 et la dissolution de l¡¯Union sovi¨¦tique en 1991. La Bi¨¦lorussie, le Kazakhstan et l¡¯Ukraine, qui avaient accueilli l¡¯arsenal nucl¨¦aire sovi¨¦tique, devinrent des ?tats sans armes nucl¨¦aires sous le Trait¨¦ de non-prolif¨¦ration. Le site principal d¡¯essais sovi¨¦tique de Semipalatinsk au Kazakhstan fut ferm¨¦ en 1991.
Un moratoire sur les essais nucl¨¦aires
En 1990, l¡¯Union sovi¨¦tique proposa un moratoire sur les essais nucl¨¦aires que le Royaume-Uni et les ?tats-Unis d'Am¨¦rique approuv¨¨rent. Ceci cr¨¦a une opportunit¨¦ de progr¨¨s pour les partisans de l'interdiction compl¨¨te de tous les essais nucl¨¦aires actifs depuis d¨¦j¨¤ une d¨¦cennie.
Le dernier essai nucl¨¦aire de l¡¯Union sovi¨¦tique a eu lieu le 24 octobre 1990 ; celui du Royaume-Uni le 26 novembre 1991, et celui des ?tats-Unis d'Am¨¦rique le 23 septembre 1992. La France et la Chine ont effectu¨¦ leurs derniers essais en janvier et en juillet 1996, avant de signer le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires le 14 septembre 1996. La France a ferm¨¦ et d¨¦mantel¨¦ tous ses sites d¡¯essais nucl¨¦aires dans les ann¨¦es 1990 ¨C c¡¯est le seul ?tat d¨¦tenteur d¡¯armes nucl¨¦aires ¨¤ l¡¯avoir fait ¨¤ ce jour.
Violation du moratoire de fait
Dix essais nucl¨¦aires ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s entre 1998 et 2017 : 2 par l¡¯Inde, 2 par le Pakistan en 1998, et 6 par la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e en 2006, 2009, 2016, 2 en 2016, et 2017, violant ainsi par le moratoire de fait ¨¦tabli par le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE).
³¢¡¯Inde a effectu¨¦ deux essais nucl¨¦aires souterrains, ? Shakti (Pouvoir) ¡¯98 ?, le 11 et 13 mai 1998 sur son site d¡¯essais souterrain de Pokhran. Contrairement aux premiers essais nucl¨¦aires effectu¨¦s par l¡¯Inde en 1974, ces essais ne furent aucunement qualifi¨¦s officiellement d¡¯ ? essais pacifiques ?. Au contraire, les repr¨¦sentants du gouvernement ont rapidement soulign¨¦ la nature militaire des explosions.
? peine deux semaines plus tard, le Pakistan r¨¦agit en effectuant lui aussi deux essais nucl¨¦aires souterrains sur son site de Ras Koh.
³¢¡¯Inde et le Pakistan ont tous deux annonc¨¦ imm¨¦diatement des moratoires unilat¨¦raux sur les essais nucl¨¦aires et plus aucun autre essai n'a ¨¦t¨¦ effectu¨¦ depuis 1998.
³¢¡¯essai nucl¨¦aire r¨¦alis¨¦ par la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e le 9 octobre 2006 violait de fait le moratoire qui ¨¦tait en vigueur depuis huit ans. Il est all¨¦ ¨¤ l¡¯encontre du texte et de l¡¯esprit du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires.
Apr¨¨s ce premier essai en 2006, la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e encha?na cinq essais suppl¨¦mentaires : un en 2009, un en 2013, deux en 2016 et un en 2017. Des essais qui ont provoqu¨¦ une vive inqui¨¦tude unaninement partag¨¦e au niveau mondial. Le Conseil de S¨¦curit¨¦ des Nations Unies condamna fermement cet acte qu¡¯il qualifia de menace ¨¤ la paix et ¨¤ la s¨¦curit¨¦ internationales.
Pour en savoir plus
- Informations sur les essais annonc¨¦s par la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e et les d¨¦couvertes de l¡¯Organisation du Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (OTICE) par rapport ¨¤ ces essais d¨¦clar¨¦s : , et .
- du statut du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) des pays qui ont effectu¨¦ des essais nucl¨¦aires
- des essais nucl¨¦aires de 1945 ¨¤ nos jours.
Le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE)
Le Trait¨¦
Le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires, ¨¤ vocation mondiale - au sol, dans l¡¯atmosph¨¨re, sous l¡¯eau et sous terre - a pour but de bloquer le d¨¦veloppement des armes nucl¨¦aires : le d¨¦veloppement initial mais aussi les am¨¦liorations substantielles (av¨¨nement des armes thermonucl¨¦aires) qui n¨¦cessitent des essais nucl¨¦aires r¨¦els. Le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) rend quasiment impossible le d¨¦veloppement d¡¯armes nucl¨¦aires pour les pays qui ne les ont pas d¨¦j¨¤. Il limite aussi grandement le d¨¦veloppement de nouvelles armes ou d¡¯armes sup¨¦rieures pour les pays poss¨¦dant d¨¦j¨¤ l¡¯arme nucl¨¦aire. Il contribue enfin ¨¤ ¨¦liminer les d¨¦g?ts caus¨¦s ¨¤ l'homme et ¨¤ l¡¯environnement.
Le Trait¨¦ n¡¯est pas encore entr¨¦ en vigueur
Les 44 ?tats list¨¦s dans le Trait¨¦ (pays dits ? de l¡¯annexe 2 ?), c'est ¨¤ dire ceux qui avaient des capacit¨¦s de technologie nucl¨¦aire au moment des n¨¦gociations finales en 1996, doivent signer et ratifier le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) avant qu'il puisse entrer en vigueur.
Parmi ces ¨¦tats, 9 manquent encore ¨¤ l'appel : La Chine, l¡¯?gypte, les ?tats-Unis d'Am¨¦rique, la F¨¦d¨¦ration de Russie, la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e, l¡¯Inde, l¡¯Iran, Isra?l, le Pakistan. La R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e, l¡¯Inde et le Pakistan n¡¯ont pas encore sign¨¦ le Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE). En novembre 2023, la F¨¦d¨¦ration de Russie a r¨¦voqu¨¦ sa ratification du trait¨¦. Au total, 187 pays ont sign¨¦ et parmi eux 178 l'ont aussi ratifi¨¦ (mis ¨¤ jour en ao?t 2024).
L'Organisation du Trait¨¦
Puisque le Trait¨¦ n¡¯est pas encore entr¨¦ en vigueur, une organisation a ¨¦t¨¦ fond¨¦e en 1996, sous l'intitul¨¦ Commission Pr¨¦paratoire pour l¡¯Organisation de l¡¯Interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires, ou Organisation du Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (OTICE). Elle compte environ 290 membres du personnel issu principalement des 196 ?tats Membres du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE). ? sa t¨ºte se trouve le Secr¨¦taire Ex¨¦cutif, Robert Floyd (Australie). Les t?ches principales de l¡¯Organisation du Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (OTICE) sont la promotion du Trait¨¦ et le renforcement du r¨¦gime de v¨¦rification afin qu¡¯il soit compl¨¨tement op¨¦rationnel quand le Trait¨¦ entrera en vigueur.
Le r¨¦gime de v¨¦rification
Il s¡¯agit d¡¯un syst¨¨me unique et complet, au c?ur duquel se trouve le Syst¨¨me de Surveillance International (SSI), compos¨¦ de 337 centres partout dans le monde qui surveillent constamment la plan¨¨te ¨¤ la recherche de signes d¡¯explosions nucl¨¦aires. Pr¨¨s de 90 % de ces centres communiquent d¨¦j¨¤ des relev¨¦s au Centre de Donn¨¦es du Si¨¨ge de l¡¯Organisation du Trait¨¦ d'interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (OTICE) ¨¤ Vienne. Le Syst¨¨me de surveillance international (SSI) utilise les quatre technologies de pointe suivantes :
- Sismique : 50 stations sismiques primaires et 120 stations auxiliaires surveillent les ondes de choc terrestres. La grande majorit¨¦ de ces ondes ¨C plusieurs milliers par an ¨C sont provoqu¨¦s par des tremblements de terre. Mais des explosions de cause humaine comme des explosions de mines ou les essais nucl¨¦aires effectu¨¦s par la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e entre 2006 et 2017, ont aussi ¨¦t¨¦ d¨¦tect¨¦es.
- Hydroacoustique : 11 stations hydrophones captent les ondes sonores oc¨¦aniques. Les ondes provenant d¡¯explosions peuvent voyager tr¨¨s loin sous l¡¯eau.
- Infrason : 60 stations de surface ont pour r?le de d¨¦tecter les fr¨¦quences des fr¨¦quences ultra basses des infrasons (inaudibles ¨¤ l¡¯oreille humaine) ¨¦mis par de larges explosions.
- Radionucl¨¦ide : 80 stations mesurent l¡¯atmosph¨¨re pour capter les particules radioactives, 40 d¡¯entre elles captent aussi les gaz rares. Ces mesures sont les seules ¨¤ pouvoir donner une indication claire sur l¡¯origine nucl¨¦aire ou non d¡¯une explosion d¨¦tect¨¦e par d¡¯autres m¨¦thodes. Elles sont soutenues par 16 laboratoires radionucl¨¦ides.
Inspection sur place
Si les donn¨¦es des stations du Syst¨¨me de surveillance international (SSI) d¨¦tectent un essai nucl¨¦aire, chaque ?tat Membre peut demander une inspection sur place pour rassembler les preuves qui permettront l¡¯¨¦valuation de la nature nucl¨¦aire ou non d¡¯une explosion ¨C et le cas ¨¦ch¨¦ant les preuves qu¡¯une violation du Trait¨¦ a bien eu lieu. Ceci ne sera possible qu¡¯apr¨¨s l¡¯entr¨¦e en vigueur du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE). En attendant, plusieurs exercices d¡¯inspection ¨¤ grande ¨¦chelle ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s au Kazakhstan (en 2008), en Jordanie (en 2014) et en Hongrie (en 2024).
Les applications civiles et scientifiques
Les donn¨¦es du Syst¨¨me de surveillance international (SSI) sont fournies aux ?tats Membres du Trait¨¦ d¡¯interdiction compl¨¨te des essais nucl¨¦aires (TICE) ainsi qu'¨¤ d¡¯autre organisations internationales. Elles sont aussi utiles pour d'autres applications que la v¨¦rification de l'arr¨ºt des essais. Elles servent par exemple ¨¤ la pr¨¦vention des tsunamis, pour la recherche sur le noyau terrestre, le suivi des tremblements de terre et des volcans, la recherche sur les oc¨¦ans, sur le changement climatique et bien d¡¯autres applications.
Les informations et images sur cette page ont ¨¦t¨¦ fournies par la