Janvier 2021 a marqu¨¦ un ¨¦v¨¦nement historique pour le d¨¦veloppement ¨¦conomique de l'Afrique : le lancement du libre-¨¦change dans le cadre de la Zone de libre-¨¦change continentale africaine (ZLECAf).?
L'accord favorise la croissance et le d¨¦veloppement socio-¨¦conomiques en Afrique par le biais de processus et de structures commerciales lib¨¦ralis¨¦s. Jusqu'¨¤ pr¨¦sent, les 54 pays africains ont sign¨¦ l'accord, ce qui se traduit par un immense potentiel de croissance du commerce entre les pays africains. En fait, Martyn Davies, directeur g¨¦n¨¦ral des march¨¦s ¨¦mergents chez Deloitte Afrique, a d¨¦clar¨¦ que cet accord ¨¦tait peut-¨ºtre "le projet de libre-¨¦change le plus ambitieux depuis la cr¨¦ation de l'Organisation mondiale du commerce elle-m¨ºme".?
La question est de savoir si les pays africains exploitent le potentiel offert par la ZLECAf.?
Selon la Banque africaine de d¨¦veloppement (BAD), les exportations intra-africaines ne repr¨¦sentent que 16,6 % du commerce total.?
Lwazi Mboyi, PDG par int¨¦rim de l'Agence des transports routiers transfrontaliers d'Afrique australe (C-BRTA), estime qu'il est n¨¦cessaire d'¨¦tablir des partenariats strat¨¦giques entre les institutions r¨¦gionales et celles bas¨¦es sur les corridors, les acteurs du commerce et du transport (tels que le Forum des r¨¦gulateurs des transports routiers transfrontaliers - un forum r¨¦gional des autorit¨¦s de r¨¦gulation) et les organismes connexes. Cela permettrait de multiplier les efforts de collaboration en vue de r¨¦soudre les goulets d'¨¦tranglement qui affectent le transport transfrontalier et le commerce r¨¦gional.?
"Il est imp¨¦ratif que nous traitions de mani¨¨re d¨¦cisive les contraintes op¨¦rationnelles et les barri¨¨res non tarifaires qui affectent n¨¦gativement la performance du syst¨¨me de transport transfrontalier et dans les corridors reliant la tripartite COMESA-EAC-SADC et au-del¨¤", a d¨¦clar¨¦ M. Mboyi. ?Il a ajout¨¦ : "Ce faisant, nous devons nous efforcer de faire en sorte que les op¨¦rations de transport routier transfrontalier s'appuient, premi¨¨rement, sur un environnement r¨¦glementaire harmonis¨¦ et, deuxi¨¨mement, sur un environnement op¨¦rationnel pr¨¦visible".
La r¨¦alit¨¦ est que ce ne sont pas seulement les politiques et les lacunes proc¨¦durales qui ont entra?n¨¦ des volumes limit¨¦s de commerce transfrontalier en Afrique. Nous devons examiner plus en profondeur les raisons pour lesquelles le commerce intra-africain a ¨¦t¨¦ lent ¨¤ se d¨¦velopper, ce qui a conduit ¨¤ la forte d¨¦pendance actuelle de l'Afrique vis-¨¤-vis des importations ¨¦trang¨¨res.?
La triste v¨¦rit¨¦ est que les pays africains ne voient pas toujours d'un bon ?il leurs homologues du continent. Cela est d? ¨¤ diverses raisons, telles que des conflits historiques entre pays ou r¨¦gions, ainsi que de mauvaises relations politiques et commerciales. Il existe ¨¦galement des perceptions n¨¦gatives des affaires en Afrique, notamment le manque d'infrastructures de base pour le commerce, l'incapacit¨¦ ¨¤ respecter les normes de qualit¨¦ mondiales, la faiblesse des structures de gouvernance et le fait que l'Afrique n'est tout simplement pas un choix viable pour des op¨¦rations commerciales r¨¦ussies.?
Si certains de ces points de vue ont un certain m¨¦rite (notamment en ce qui concerne les environnements commerciaux pass¨¦s), beaucoup de choses ont chang¨¦ au cours de la derni¨¨re d¨¦cennie. De nombreux pays africains ont continuellement et syst¨¦matiquement renforc¨¦ et am¨¦lior¨¦ leurs syst¨¨mes et processus relatifs au commerce et au d¨¦veloppement ¨¦conomique.?
Malheureusement, les perceptions n¨¦gatives n'ont pas toujours ¨¦volu¨¦ en fonction de ces changements et progr¨¨s positifs, malgr¨¦ des donn¨¦es et des projections montrant un ¨¦norme potentiel pour ces pays, et pour le continent dans son ensemble. Ce manque de reconnaissance des indicateurs de croissance socio-¨¦conomique a un impact n¨¦gatif sur le commerce intra-africain.?
Stimuler le commerce
Pour stimuler le commerce intra-africain, nous devons comprendre les limites et les opportunit¨¦s actuelles du continent. Il est n¨¦cessaire de changer le discours sur l'Afrique. Ce discours doit ¨ºtre tourn¨¦ vers l'avenir et refl¨¦ter la direction que prend le continent.?
Pour que la transformation se produise r¨¦ellement en Afrique, nous devons obtenir l'adh¨¦sion et le soutien de toutes les parties prenantes, et pas seulement des gouvernements et des d¨¦cideurs politiques.?
Le secteur priv¨¦ doit ¨ºtre ouvert ¨¤ l'id¨¦e de faire de plus en plus d'affaires sur le continent et d'explorer les partenariats locaux dans une mesure exponentielle.?
Toutefois, pour que cela fonctionne, les parties prenantes et les d¨¦cideurs doivent s'engager ¨¤ am¨¦liorer concr¨¨tement le commerce et le d¨¦veloppement en Afrique en pla?ant la barre plus haut en mati¨¨re d'excellence, de prestation de services, d'infrastructures, de pratiques commerciales ¨¦thiques, de politiques et d'autres facteurs connexes.?
Selon un livre blanc publi¨¦ en 2021 par le Forum ¨¦conomique mondial (en collaboration avec Deloitte), les liens insuffisants et inertes qui existent actuellement entre les ¨¦conomies africaines ont exacerb¨¦ l'impact de la pand¨¦mie de COVID-19 sur les cha?nes d'approvisionnement du continent.?
Le rapport indique que "le continent ne peut pas faire grand-chose pour contrer les forces mondiales qui penchent vers la d¨¦mondialisation, mais il peut lui-m¨ºme adopter un r¨¦gionalisme autosuffisant en renfor?ant le commerce intra-africain, sans parler de la promotion de l'Afrique comme destination privil¨¦gi¨¦e pour les investissements des multinationales".
La communication est essentielle
Pour r¨¦ussir ¨¤ stimuler le commerce ¨¦conomique intra-africain, nous devons d¨¦ployer de gros efforts pour am¨¦liorer les syst¨¨mes commerciaux, de d¨¦veloppement et d'affaires qui favorisent le commerce sur le continent.?
Plus important encore, nous devons ¨¦galement communiquer efficacement afin de faire passer le message et de changer r¨¦ellement le discours. Pour y parvenir, nous avons besoin de canaux de communication et de dialogue plus ouverts pour connecter les entreprises et les organisations africaines entre elles. Les plateformes telles que les webinaires, les tables rondes, les salons professionnels transfrontaliers, comme la prochaine foire commerciale intra-africaine 2021 qui se tiendra ¨¤ Durban, en Afrique du Sud, en novembre prochain, et les ¨¦v¨¦nements de mise en r¨¦seau sont des moyens efficaces de stimuler l'interaction qui m¨¨ne ¨¤ la collaboration.?
En fait, en tant qu'acteurs des ¨¦cosyst¨¨mes ¨¦conomiques africains, nous devons tous ¨ºtre des "ambassadeurs" lorsqu'il s'agit de cr¨¦er une marque pour le continent. Une telle approche profitera aux entreprises, aux pays et ¨¤ l'Afrique dans son ensemble - et cette vision "globale" est ce qui fera avancer le continent de mani¨¨re tr¨¨s intentionnelle et tangible.
Ce processus de communication doit ¨ºtre un cycle productif : apporter des changements positifs, communiquer sur ces changements, ce qui conduit ensuite ¨¤ des changements de perception plus positifs, ce qui conduit ¨¤ nouveau ¨¤ des changements plus positifs.?
En r¨¦sum¨¦, en tant qu'Africains, nous devons assumer davantage de responsabilit¨¦s quant ¨¤ la mani¨¨re dont nous nous percevons les uns les autres et dont les autres nous per?oivent. Relevons tous le d¨¦fi, en utilisant la ZLECAf comme un tremplin pour stimuler les relations commerciales avec nos homologues africains. Le temps de l'Afrique est venu, alors faisons en sorte que cela se produise - ensemble.
Mme Matsena est la fondatrice et la directrice g¨¦n¨¦rale de , une agence de communication strat¨¦gique et de solutions commerciales bas¨¦e en Afrique du Sud.?