? Il est all¨¦ ¨¤ l'¨¦cole. C'est pourquoi il est mort. S'il n'avait pas ¨¦tudi¨¦ autant d'ann¨¦es, il serait encore vivant, il m'aiderait et ¨¦l¨¨verait ses enfants ?, dit Eudochia Motco, sa m¨¨re. Elle a 83 ans et dans quatre heures son plus jeune fils, Filaret, va ¨ºtre enterr¨¦.

Eudochia peut ¨¤ peine remuer les pieds ¨¤ cause d'une maladie cong¨¦nitale, mais elle refuse mon aide pour aller dans la pi¨¨ce o¨´ repose le cercueil ferm¨¦. Elle ne pourra pas aller au cimeti¨¨re et elle veut passer le plus de temps possible pr¨¨s de son enfant.

Avant d'aller ¨¤ l'enterrement, je m'attendais ¨¤ voir Eudochia pleurer, mais elle avait d¨¦j¨¤ vers¨¦ toutes ses larmes. L'incendie qui avait d¨¦truit sa maison deux mois auparavant les avait s¨¦ch¨¦es.

? Dimanche dernier, lorsqu'il m'a appel¨¦, comme il le fait habituellement, Filaret m'a promis qu'il viendrait nous voir ¨¤ P?ques. Il a tenu sa promesse ?, dit-elle, pendant qu'un membre de la famille tire une chaise pour qu'elle s'asseye. Elle s'assied lentement, touche le drapeau de l'ONU qui recouvre le cercueil et poursuit : ? Il a ¨¦galement dit qu'il restera deux ann¨¦es de plus en Afghanistan jusqu'¨¤ ce qu'il ait ¨¦conomis¨¦ assez d'argent pour reconstruire la maison. ?

Je regarde ses quatre autres enfants - deux fils et deux filles - qui opinent de la t¨ºte. Ion, l'a¨ªn¨¦, ne peut retenir ses larmes. C'est lui qui a sauv¨¦ sa m¨¨re des flammes.

? C'est vrai que Filaret a ¨¦t¨¦ d¨¦capit¨¦ ? ?, demande ¨¤ voix basse Ovidiu, un cousin de Filaret. ? L'ONU devrait mener une enqu¨ºte sur cet affrontement. Cela ne changera pas grand-chose maintenant, mais la s¨¦curit¨¦ des personnels doit ¨ºtre renforc¨¦e. Et ce pr¨ºtre am¨¦ricain - comment peut-il se consid¨¦rer comme un homme de Dieu ? Regardez ce qu'il a fait. Il devrait ¨ºtre envoy¨¦ en prison. ? Le responsable de l'ONU qui a escort¨¦ le cercueil depuis l'Afghanistan explique que Filaret a ¨¦t¨¦ tu¨¦ par balles.

Huit soldats sont entr¨¦s dans la maison pour prendre le cercueil et le d¨¦poser dans un camion militaire. Eudochia s'est lev¨¦e et s'est avanc¨¦e vers la porte d'entr¨¦e en bo¨ªtant. C'est le mois d'avril et le soleil devrait briller, mais il neige abondamment. La route qui m¨¨ne au cimeti¨¨re est tr¨¨s boueuse et aucune voiture, sauf le camion, ne pourrait acc¨¦der ¨¤ la petite maison en haut de la colline.

Une foule pacifique et silencieuse de 1500 personnes s'appr¨ºte ¨¤ escorter le cercueil jusqu'¨¤ la tombe. Eudochia se couvre la bouche et ses yeux sont humides. Maintenant, seules ses pri¨¨res suivront son fils.