Lorsque le Groupe des 77 (G77) est apparu en 1964 sur la sc¨¨ne ¨¦conomique mondiale ¨¤ la fin de la premi¨¨re Conf¨¦rence des Nations Unies sur le commerce et le d¨¦veloppement (CNUCED), il a ¨¦t¨¦ salu¨¦ en premi¨¨re page du prestigieux hebdomadaire londonien, Sunday Observer, comme ? le ph¨¦nom¨¨ne le plus important de l¡¯apr¨¨s-guerre ?. Lorsque la premi¨¨re CNUCED a ¨¦t¨¦ r¨¦unie, le groupe fonctionnait d¨¦j¨¤, mais comptait 75 membres, y compris l¡¯Australie et la Nouvelle-Z¨¦lande. ? l¡¯issue de la Conf¨¦rence, le G75 est devenu le G77 avec la sortie de l¡¯Australie et de la Nouvelle-Z¨¦lande et l¡¯entr¨¦e de quatre autres pays en d¨¦veloppement. Le premier document important publi¨¦ par le G77 et faisant autorit¨¦ a ¨¦t¨¦ la D¨¦claration contenant une analyse des r¨¦sultats de la Conf¨¦rence et la d¨¦finition des objectifs ¨¤ poursuivre, en particulier par le biais du Forum de la CNUCED. C¡¯¨¦tait un document fondateur dans lequel les pays en d¨¦veloppement proclamaient pour la premi¨¨re fois leur d¨¦termination ¨¤ ?uvrer ¨¤ un nouvel ordre international. Dix ans plus tard, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies adoptait la D¨¦claration et le Plan d¡¯action pour l¡¯instauration d¡¯un Nouvel ordre international.

Peu apr¨¨s la CNUCED I, le G77 est apparu comme la tribune la plus importante pour l¡¯harmonisation des vues des pays en d¨¦veloppement sur les questions ¨¦conomiques mondiales, l¡¯¨¦laboration de leurs positions communes sur ces questions et la proposition de nouvelles id¨¦es et strat¨¦gies de n¨¦gociation avec les pays d¨¦velopp¨¦s. Il a ¨¦t¨¦ l¨¦galement constitu¨¦ au sein de la CNUCED par la r¨¦solution adopt¨¦e lors de la CNUCED I et, plus tard, approuv¨¦e par l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, ¨¦tablissant le Conseil du commerce et du d¨¦veloppement, l¡¯organe ex¨¦cutif de la CNUCED. Il s¡¯est ensuite d¨¦ploy¨¦ dans la plupart des organes et organisations de l¡¯ONU, y compris les institutions sp¨¦cialis¨¦es et celles qui traitaient les questions politiques, de s¨¦curit¨¦ et des droits de l¡¯homme, et s¡¯y est fermement ¨¦tabli. Il est tr¨¨s difficile d¡¯imaginer comment, sans l¡¯aide du forum, tous ces organes et toutes ces organisations auraient pu, au cours des 50 derni¨¨res ann¨¦es, conclure leurs accords ambitieux relatifs aux normes, aux principes, aux r¨¨gles, aux r¨¦gimes, aux cadres, y compris aux trait¨¦s officiels. Le G77 est donc ¨¦troitement li¨¦ ¨¤ l¡¯immense production de biens publics internationaux qui s¡¯est d¨¦velopp¨¦e au cours des derni¨¨res 50 ann¨¦es. Mais, sans l¡¯existence et le fonctionnement du Groupe, la r¨¦alisation des objectifs de la communaut¨¦ internationale aurait ¨¦t¨¦ plus lente et la situation aurait ¨¦t¨¦ plus chaotique et beaucoup plus instable et vuln¨¦rable qu¡¯aujourd¡¯hui.

Tandis que le G77 est int¨¦gr¨¦ aux Nations Unies, son impact, son efficacit¨¦ ainsi que ses r¨¦alisations et ses ¨¦checs sont ¨¦troitement li¨¦s ¨¤ l¡¯apog¨¦e et au d¨¦clin de l¡¯Organisation ainsi qu¡¯¨¤ ses succ¨¨s et ¨¤ ses ¨¦checs. Il a fonctionn¨¦ de mani¨¨re exceptionnellement efficace et dynamique pendant la plus longue partie de l¡¯?ge d¡¯or de la coop¨¦ration ¨¦conomique internationale dans le cadre des Nations Unies, c¡¯est-¨¤-dire de 1964 ¨¤ la fin des ann¨¦es 1970. Son d¨¦clin a commenc¨¦ avec celui de l¡¯ONU, au d¨¦but des ann¨¦es 1980. On s¡¯accorde pour dire que cette situation est due ¨¤ l¡¯action bien planifi¨¦e et concert¨¦e que les grands pays d¨¦velopp¨¦s ont men¨¦ contre l¡¯ONU. Redonner au G77 sa gloire et son dynamisme pass¨¦s est impossible sans redonner aux Nations Unies les fonctions de sa Charte qui lui ont ¨¦t¨¦ retir¨¦es et sans reconstruire ses capacit¨¦s qui ont ¨¦t¨¦ syst¨¦matiquement d¨¦mantel¨¦es au cours des trois derni¨¨res d¨¦cennies.

J¡¯¨¦tais pr¨¦sent lorsque le G77 a ¨¦t¨¦ ¨¦tabli et j¡¯y suis rest¨¦ associ¨¦ jusqu¡¯¨¤ la fin de mes fonctions au Service diplomatique indien ¨¤ la fin de 1991. Lors de la CNUCED I, en tant que membre de l¡¯¨¦quipe indienne dans la Cinqui¨¨me Commission, j¡¯ai particip¨¦ aux n¨¦gociations concernant les ? Principes r¨¦gissant le commerce international et les politiques commerciales mondiales favorables au d¨¦veloppement ?. Nous croyions alors sinc¨¨rement ¨ºtre engag¨¦s dans une t?che historique qui consistait ¨¤ changer les r¨¨gles du jeu et ¨¤ ¨¦tablir de nouveaux principes, normes et r¨¨gles r¨¦gissant le syst¨¨me ¨¦conomique mondial. Au G77, nous avons entrepris d¡¯apporter un changement dans le statu quo pour faire face ¨¤ la d¨¦fense acharn¨¦e et d¨¦termin¨¦e des pays du Nord. Je me souviens qu¡¯apr¨¨s ¨ºtre parvenus ¨¤ un accord sur un ensemble de principes apr¨¨s une longue nuit de n¨¦gociations, l¡¯un des mes partenaires s¡¯est exclam¨¦ : ? C¡¯est notre contribution ¨¤ l¡¯humanit¨¦ ! ?. Ces principes sont devenus un ¨¦l¨¦ment de n¨¦gociation important ¨¤ la CNUCED I, requ¨¦rant l¡¯attention des d¨¦l¨¦gations au plus haut niveau et modelant de mani¨¨re d¨¦cisive l¡¯Acte final adopt¨¦ par la Conf¨¦rence.

Ma premi¨¨re t?che au G77 a ¨¦t¨¦ la pr¨¦paration de la position asiatique en tant que contribution ¨¤ la Charte d¡¯Alger adopt¨¦e par la premi¨¨re R¨¦union minist¨¦rielle du Groupe ¨¤ Alger en 1967, en vue de la CNUCED II qui allait se tenir ¨¤ New Delhi en 1968. Lors de cette pr¨¦paration, le secr¨¦tariat de la Commission ¨¦conomique pour l¡¯Asie et l¡¯Extr¨ºme-Orient (ECAFE) de l¡¯¨¦poque nous a compliqu¨¦ la t?che en refusant de nous offrir sa tribune pour nos n¨¦gociations, au motif que l¡¯ECAFE ¨¦tant compos¨¦e de pays d¨¦velopp¨¦s et de pays en d¨¦veloppement, elle ne pouvait ¨ºtre seulement accessible aux membres des pays en d¨¦veloppement. Apr¨¨s avoir finalement atteint un compromis, nous avons pu utiliser le forum des N¨¦gociations bilat¨¦rales pour la promotion du commerce ¨¤ cette fin. Malgr¨¦ les probl¨¨mes que cela a pos¨¦s, nous avons r¨¦ussi ¨¤ n¨¦gocier une D¨¦claration de Bangkok qui a ¨¦t¨¦ reconnue comme mod¨¨le ¨¤ suivre pour l¡¯¨¦laboration de la Charte d¡¯Alger. Cela a ¨¦t¨¦ d? en grande partie ¨¤ l¡¯importance de ce document que Ra¨´l Prebisch, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de la CNUCED, m¡¯a plac¨¦ dans le ? groupe de huit ? qui a ¨¦t¨¦ constitu¨¦ pour ¨¦laborer la Charte d¡¯Alger.

La question des mesures sp¨¦ciales en faveur de pays membres du G77 les moins avanc¨¦s a ¨¦t¨¦ pos¨¦e pour la premi¨¨re fois ¨¤ la Conf¨¦rence d¡¯Alger par les repr¨¦sentants des pays africains. Cette question a ¨¦t¨¦ d¨¦battue par les groupes de pression et examin¨¦e de mani¨¨re informelle par les repr¨¦sentants africains avec R. Prebisch. Aucune tentative n¡¯a ¨¦t¨¦ faite pour l¡¯inscrire ¨¤ l¡¯ordre du jour officiel de la Conf¨¦rence minist¨¦rielle. Il ne fallait pas non plus qu¡¯elle g¨ºne le G77 dans l¡¯¨¦laboration de ses positions communes pour les n¨¦gociations ¨¤ la CNUUCED II. Les repr¨¦sentants africains ont g¨¦n¨¦ralement accept¨¦ l¡¯assurance, donn¨¦e par R. Prebisch, que la question serait trait¨¦e ¨¤ la CNUCED. ? la d¨¦l¨¦gation indienne, nous savions qu¡¯elle serait d¨¦battue ¨¤ la Conf¨¦rence de Delhi pour laquelle nous devions rester pr¨ºts. J¡¯ai donc pr¨¦par¨¦ un document interne destin¨¦ au Gouvernement indien sugg¨¦rant les lignes sur lesquelles une position commune du G77 pourrait se d¨¦velopper.

Il ¨¦tait sugg¨¦r¨¦ que toute mesure qui repr¨¦sentait un int¨¦r¨ºt pour la majorit¨¦ des membres du G77 devait ¨ºtre soutenue par l¡¯ensemble du groupe tant qu¡¯elle n¡¯allait pas ¨¤ l¡¯encontre de l¡¯int¨¦r¨ºt de l¡¯un de ses membres. Si, en revanche, il y avait un conflit d¡¯int¨¦r¨ºt, un effort devait ¨ºtre fait pour trouver un consensus avec tous les membres du G77.

La question a, en effet, ¨¦t¨¦ pos¨¦e dans les consultations de haut niveau entre le G77 et le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de la CNUCED et l¡¯on s¡¯est accord¨¦ sur la d¨¦marche ¨¤ suivre pour la traiter, en se fondant plus ou moins sur la suggestion faite dans mon document.

Mon moment de gloire fut ma nomination au poste de Pr¨¦sident du G77 ¨¤ New York pour 1969-70 lorsque la Strat¨¦gie internationale du d¨¦veloppement (IDS) pour la Deuxi¨¨me D¨¦cennie du d¨¦veloppement de l¡¯ONU, qui est la d¨¦cennie des ann¨¦es 1970, a ¨¦t¨¦ n¨¦goci¨¦e. Avoir ¨¦t¨¦ ¨¦lu Pr¨¦sident du G77, alors que je n¡¯¨¦tais que le Premier Secr¨¦taire de la Mission permanente de l¡¯Inde aupr¨¨s des Nations Unies, a ¨¦t¨¦ un grand honneur. ? ce titre, j¡¯ai eu la t?che difficile de coordonner la formulation de la position commune du G77 sur l¡¯IDS et de n¨¦gocier en son nom avec les pays d¨¦velopp¨¦s. Lors de la session de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale de 1969, j¡¯ai ¨¦t¨¦ ¨¦lu Rapporteur de la Commission pr¨¦paratoire pour la formulation de l¡¯IDS.

? ce titre, j¡¯ai pr¨¦par¨¦ pour la Commission le texte approuv¨¦ des diff¨¦rentes composantes de la Strat¨¦gie. Le moment le plus ¨¦mouvant fut lorsque j¡¯ai pr¨¦sid¨¦ une r¨¦union du G77 pour obtenir l¡¯approbation finale du texte de la Strat¨¦gie qui avait ¨¦t¨¦ n¨¦goci¨¦ avec d¡¯autres groupes pendant plus d¡¯un an. J¡¯ai ¨¦t¨¦ constern¨¦ de voir que plus de 100 amendements avaient ¨¦t¨¦ propos¨¦s par diff¨¦rentes d¨¦l¨¦gations, mais je n¡¯ai pas baiss¨¦ les bras. Dans une intervention qui a dur¨¦ 45 minutes, j¡¯ai repris les amendements un ¨¤ un et expliqu¨¦ pourquoi ils n¡¯¨¦taient pas n¨¦cessaires. Imm¨¦diatement apr¨¨s cette longue r¨¦ponse, l¡¯Ambassadeur du Br¨¦sil, Sergio Armando Frazao, le Repr¨¦sentant permanent de l¡¯ONU le plus respect¨¦ et le plus ancien, a propos¨¦ le retrait de tous les amendements. Des cris d¡¯approbation ont alors retenti dans la salle de conf¨¦rence pour que le texte soit approuv¨¦. Cela montre la solidarit¨¦ sans faille qui inspirait le G77 ¨¤ cette ¨¦poque. En adoptant ce document, les Nations Unies ont mis en place un nouveau cadre global et ¨¦tabli un nouveau crit¨¨re de r¨¦f¨¦rence pour la coop¨¦ration internationale. L¡¯IDS a ¨¦t¨¦ l¡¯exemple qui se rapproche le plus d¡¯un programme international de d¨¦veloppement. Il est en effet remarquable que, bien que n¡¯¨¦tant pas un gouvernement mondial, les Nations Unies aient pu parvenir ¨¤ un consensus sur un type de document qui est g¨¦n¨¦ralement formul¨¦ et mis en ?uvre par les gouvernements. Cela a permis de battre en br¨¨che la pr¨¦somption de certains qui consid¨¦raient qu¡¯un agglom¨¦rat d¡¯?tats souverains n¡¯¨¦tant pas investi de sa propre autorit¨¦ souveraine (c¡¯est l¡¯une des fa?ons dont sont d¨¦finies les Nations Unies) ne peut jamais envisager d¡¯assumer les fonctions qui incombent seulement ¨¤ un pays souverain. Les engagements d¨¦finis dans ce document sont exprim¨¦s en des termes d¨¦finitifs.? Les pays d¨¦velopp¨¦s ont accept¨¦ pour la premi¨¨re fois l¡¯engagement de consacrer 0,75 % de leur PIB ¨¤ l¡¯aide publique aux pays en d¨¦veloppement et fix¨¦ la date butoir de 1972 pour y parvenir. Ils ont aussi, pour la premi¨¨re fois, accept¨¦ d¡¯entreprendre des ajustements structurels dans leur ¨¦conomie nationale afin de faciliter les importations ¨¤ partir des pays en d¨¦veloppement.

Dix ans plus tard, le G77 m¡¯a pr¨¦sent¨¦ comme candidat du G77 au poste de Pr¨¦sident du Comit¨¦ pr¨¦paratoire de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale pour la formulation de la Strat¨¦gie internationale du d¨¦veloppement pour la Troisi¨¨me D¨¦cennie pour le d¨¦veloppement (les ann¨¦es 1980) et j¡¯ai ¨¦t¨¦ ¨¦lu ¨¤ l¡¯unanimit¨¦ par l¡¯Assembl¨¦e. Malheureusement, ¨¤ ce moment-l¨¤, les grands pays d¨¦velopp¨¦s ¨¦taient d¨¦j¨¤ pass¨¦s ¨¤ l¡¯offensive pour affaiblir l¡¯ONU et transformer son mandat. La perspective de parvenir ¨¤ un consensus sur une Strat¨¦gie internationale du d¨¦veloppement r¨¦ellement utile pour les ann¨¦es 1980 n¡¯¨¦tait donc gu¨¨re prometteuse. En l¡¯occurrence, j¡¯ai d? d¨¦missionner de mon poste et me retirer bri¨¨vement de la sc¨¨ne internationale, car mon gouvernement avait d¨¦cid¨¦ de me confier une mission bilat¨¦rale importante. L¡¯Ambassadeur Agha Shahi (Pakistan) m¡¯a remplac¨¦ au poste de Pr¨¦sident du Comit¨¦ pr¨¦paratoire. Une Strat¨¦gie a ¨¦t¨¦ effectivement adopt¨¦e pour les ann¨¦es 1980, mais elle n¡¯¨¦tait qu¡¯une p?le copie de celle qui avait ¨¦t¨¦ ¨¦labor¨¦e pour les ann¨¦es 1970.

Un changement qualitatif a eu lieu dans la situation ¨¦conomique mondiale et la position du syst¨¨me ¨¦conomique multilat¨¦ral lorsque je suis revenu ¨¤ l¡¯ONU en tant que Repr¨¦sentant permanent de l¡¯Inde ¨¤ Gen¨¨ve. L¡¯ONU avait alors cess¨¦ d¡¯¨ºtre une instance de n¨¦gociations pertinente. Chaque fois qu¡¯au nom du G77, nous prenions l¡¯initiative de soulever une question importante ¨¤ n¨¦gocier, nos partenaires des pays d¨¦velopp¨¦s s¡¯employaient ¨¤ ce que le d¨¦bat s¡¯enlise dans des querelles de proc¨¦dures concernant l¡¯habilitation de l¡¯ONU ¨¤ n¨¦gocier sur cette question. Le transfert des fonctions de la Charte de l¡¯ONU dans le domaine ¨¦conomique au Fonds mon¨¦taire international, ¨¤ la Banque mondiale et au GATT (Accord g¨¦n¨¦ral sur les tarifs douaniers et le commerce) ¨¦tait bien avanc¨¦, de m¨ºme que les efforts soutenus pour r¨¦duire le nombre de membres du personnel et geler les budgets des organisations de l¡¯ONU. La situation ¨¦tait si d¨¦sesp¨¦r¨¦e que nous avons ¨¦chou¨¦ dans l¡¯effort que nous menions depuis plus de trois ans pour persuader les pays d¨¦velopp¨¦s ¨¤ convoquer une r¨¦union minist¨¦rielle du Conseil du commerce et du d¨¦veloppement de la CNUCED.

Toutefois, avec d¡¯autres membres actifs du G77, j¡¯ai r¨¦ussi ¨¤ accomplir plusieurs choses dont je tire une grande satisfaction. Lors de la R¨¦union minist¨¦rielle du GATT qui s¡¯est tenue ¨¤ Gen¨¨ve en 1982, nous avons r¨¦ussi, malgr¨¦ la pression sans rel?che ¨¤ la fois ¨¤ Gen¨¨ve et de mani¨¨re bilat¨¦rale au Si¨¨ge, ¨¤ emp¨ºcher le lancement d¡¯un nouveau cycle de n¨¦gociations commerciales dans le cadre du GATT portant sur de nouvelles questions inscrites ¨¤ l¡¯ordre du jour, comme l¡¯Accord sur les aspects des droits de propri¨¦t¨¦ intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et les Mesures concernant l¡¯investisse- ment et li¨¦es au commerce (MIC). Finalement, le G77 a c¨¦d¨¦ ¨¤ la pression et accept¨¦ de lancer les N¨¦gociations commerciales du Cycle d¡¯Uruguay lors de la R¨¦union minist¨¦rielle du GATT, qui s¡¯est tenue ¨¤ Punta del Este en 1986. Le G77, qui n¡¯a pas r¨¦ussi ¨¤ formuler une position commune pour la Conf¨¦rence de Punta del Este, a ¨¦t¨¦ r¨¦duit ¨¤ dix pays, le G10, au moment o¨´ nous avons particip¨¦ ¨¤ la Conf¨¦rence. M¨ºme celui-ci n¡¯a pas pu agir de concert pour emp¨ºcher le d¨¦nouement. Le nouveau cycle a ¨¦t¨¦ lanc¨¦ avec l¡¯inclusion de questions comme, l¡¯ADPIC, les MIC, etc. Nous avons tir¨¦ une certaine satisfaction de la flexibilit¨¦ sur ces questions et de la d¨¦cision de lancer des n¨¦gociations sur les Services sur une autre voie. Cela, toutefois, s¡¯est r¨¦v¨¦l¨¦ n¡¯¨ºtre qu¡¯un artifice, car les deux voies se sont rapidement r¨¦unies, donnant lieu ¨¤ des repr¨¦sailles crois¨¦es. Lors de la Conf¨¦rence d¡¯examen des r¨¦sultats des n¨¦gociations d¡¯Uruguay, qui s¡¯est tenue ¨¤ Montr¨¦al, j¡¯ai r¨¦ussi ¨¤ galvaniser le G10 et ¨¤ emp¨ºcher l¡¯ouverture de n¨¦gociations de fond sur l¡¯ADPIC. Huit mois plus tard, l¡¯Inde a abandonn¨¦ sa position, ce qui explique pourquoi le G77 dans son ensemble a c¨¦d¨¦ ¨¤ la pression et accept¨¦ d¡¯engager des n¨¦gociations de fond sur l¡¯ADPIC. Cela refl¨¦tait la perte de stature et le manque de coh¨¦sion du G77, qui avait vu son efficacit¨¦ et son autorit¨¦ politique chuter en fl¨¨che parall¨¨lement au d¨¦clin de l¡¯ONU, qui avait commenc¨¦ au d¨¦but des ann¨¦es 1980.

Une autre initiative importante que j¡¯ai prise avec mon coll¨¨gue, l¡¯Ambassadeur S.P. Shukla, alors Ambassadeur indien au GATT, a ¨¦t¨¦ de persuader le G77 de participer ¨¤ une Conf¨¦rence minist¨¦rielle ¨¤ New Delhi consacr¨¦e au Syst¨¨me global de pr¨¦f¨¦rences commerciales (SGPC). Un nombre impressionnant de Ministres ont particip¨¦ ¨¤ la Conf¨¦rence durant laquelle des concessions commerciales importantes ont ¨¦t¨¦ accord¨¦es et le SGPC a ¨¦t¨¦ remis sur les rails apr¨¨s ¨ºtre rest¨¦ inactif depuis son lancement ¨¤ Belgrade sept ans auparavant. Deux ans apr¨¨s la Conf¨¦rence minist¨¦rielle de Delhi, le SGPC a ¨¦t¨¦ de nouveau oubli¨¦ et relanc¨¦ seulement deux ans plus tard lorsque le Pr¨¦sident br¨¦silien Lula alors en fonction a pris l¡¯initiative de convoquer ¨¤ Brasilia la Troisi¨¨me Conf¨¦rence de n¨¦gociation dans le cadre du SGPC. Avec le r¨¦cent changement dans l¡¯¨¦quilibre du pouvoir ¨¦conomique mondial en faveur des pays en d¨¦veloppement, le SGPC a pris une plus grande importance et devait donc ¨ºtre relanc¨¦ comme un instrument majeur de la coop¨¦ration Sud-Sud.

Pendant mon mandat en tant que Repr¨¦sentant permanent de l¡¯Inde ¨¤ Gen¨¨ve, j¡¯ai tir¨¦ une grande satisfaction intellectuelle de la pr¨¦sentation pertinente et lucide du Rapport sur le commerce et le d¨¦veloppement (TDR) faite au pied lev¨¦ chaque ann¨¦e par Gamani Corea, alors Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de la CNUCED. La possibilit¨¦ de commenter le dis- cours du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral et le TDR au nom du G77 ¨¦tait, ¨¤ cette ¨¦poque, un ¨¦v¨¦nement important dans ma vie professionnelle. Je me souviens aussi avoir particip¨¦ comme porte-parole du G77 ¨¤ la Conf¨¦rence de la CNUCED ¨¤ Belgrade, en 1983, dans le d¨¦bat sur le fameux point 8 de l¡¯ordre du jour intitul¨¦ l¡¯Interaction entre le commerce, l¡¯argent, la finance et le d¨¦veloppement. Les d¨¦l¨¦gu¨¦s venaient assister en grand nombre ¨¤ la conf¨¦rence, simplement pour ¨¦couter ce d¨¦bat qui, souvent, atteignait des hauteurs vertigineuses. Mes deux autres coll¨¨gues du G77 qui ont pris part ¨¤ la discussion ¨¦taient les repr¨¦sentants du Br¨¦sil et de l¡¯Alg¨¦rie. Les divergences entre notre position et celle des pays d¨¦velopp¨¦s portaient sur le fait que nous consid¨¦rions que la crise que connaissait l¡¯¨¦conomie mondiale au d¨¦but des ann¨¦es 1980 ¨¦tait due ¨¤ des facteurs structurels qu¡¯il fallait changer pour rendre le syst¨¨me ¨¦conomique juste et ¨¦quitable, alors que nos coll¨¨gues des pays d¨¦velopp¨¦s faisaient valoir que la crise que nous traversions ¨¦tait de nature cyclique qui se corrigerait d¡¯elle-m¨ºme par le jeu des forces du march¨¦ et qu¡¯aucune mesure drastique suppl¨¦mentaire ne s¡¯imposait. R¨¦trospectivement, il est difficile de dire qui a gagn¨¦ le d¨¦bat, mais je me souviens que malgr¨¦ les diff¨¦rences de points de vue fondamentales, nous avons r¨¦ussi ¨¤ obtenir un consensus sur ce point de l¡¯ordre du jour qui a figur¨¦ dans le rapport de la Conf¨¦rence.

De 1982 ¨¤ 1985, j¡¯ai repr¨¦sent¨¦ l¡¯Inde ¨¤ la Premi¨¨re Commission de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale qui examinait toutes les questions li¨¦es au d¨¦sarmement. Je me souviens avoir coordonn¨¦ la position des Pays non align¨¦s (et donc aussi du G77). Nos positions diff¨¦raient sur des questions majeures comme le Trait¨¦ sur la non-prolif¨¦ration (TNP), les zones de paix et la course aux armements au niveau r¨¦gional ainsi que la course aux armements de type classique. Nous avons vot¨¦ diff¨¦remment sur les r¨¦solutions relatives ¨¤ ces questions. Mais il ¨¦tait remarquable d¡¯avoir r¨¦ussi ¨¤ ¨¦tablir des positions communes sur les autres questions (90 %) relatives aux armements qui incluaient la plupart des r¨¦solutions sur la pr¨¦vention de la guerre nucl¨¦aire et le d¨¦sarmement nucl¨¦aire. L¡¯une de nos plus grandes r¨¦ussites dans ce domaine a ¨¦t¨¦ l¡¯adoption par consensus d¡¯un Document sur la relation entre le d¨¦sarmement et le d¨¦veloppement, lors d¡¯une Conf¨¦rence de l¡¯ONU pr¨¦vue sp¨¦cialement ¨¤ cet effet. J¡¯¨¦tais Pr¨¦sident du Comit¨¦ pr¨¦paratoire de cette Conf¨¦rence et, ¨¤ ce titre, j¡¯endossais la responsabilit¨¦ principale d¡¯obtenir un accord sur ce Document. Cela n¡¯a pu se faire qu¡¯avec le soutien in¨¦branlable du G77 et la coop¨¦ration constructive de tous les grands pays occidentaux, sauf les ?tats-Unis et le Royaume-Uni qui ont boycott¨¦ la Conf¨¦rence, ainsi que le bloc des pays de l¡¯Est.

Apr¨¨s avoir quitt¨¦ mes fonctions au Service diplomatique indien, j¡¯ai eu l¡¯occasion de servir la cause du G77 par le biais du Centre Sud, ¨¤ Gen¨¨ve, sous l¡¯¨¦gide du Pr¨¦sident Julius Nyerere, surnomm¨¦ aussi Mwalimu, le professeur. Mon association avec le Centre a d¨¦but¨¦ lorsqu¡¯il m¡¯a demand¨¦ de pr¨¦parer une r¨¦ponse du G77 ¨¤ la proposition nordique de r¨¦formes de l¡¯ONU faite sur la base d¡¯une ¨¦tude globale des activit¨¦s op¨¦rationnelles de l¡¯ONU. J¡¯ai volontiers accept¨¦ le d¨¦fi de pr¨¦parer la position du G77 et le Centre Sud m¡¯a demand¨¦ de m¡¯¨¦tablir ¨¤ New York ¨¤ cette fin et de travailler au Secr¨¦tariat situ¨¦ au Si¨¨ge de l¡¯ONU. Je me souviens d¡¯un incident int¨¦ressant li¨¦ ¨¤ cette mission. Le service de s¨¦curit¨¦ de l¡¯ONU m¡¯a notifi¨¦ qu¡¯un badge d¡¯acc¨¨s ne me serait remis que si j¡¯¨¦tais en possession d¡¯une carte d¡¯identit¨¦ indiquant que j¡¯¨¦tais un membre de la Mission permanente du Pakistan, dont le repr¨¦sentant permanent, l¡¯Ambassadeur Jamashid, ¨¦tait alors le Pr¨¦sident du Groupe des 77. Celle-ci m¡¯a d¨¦livr¨¦ une carte. Quel sentiment exaltant de faire partie de cette Mission pour mener ¨¤ bien ma mission pour le G77 !

J¡¯ai pr¨¦par¨¦ un projet de document sur la position du G77 et j¡¯ai re?u les observations d¡¯un groupe d¡¯ambassadeurs ¨¦minents, de d¨¦cideurs politiques et d¡¯intellectuels ¨¤ la fois du Nord et du Sud, lors d¡¯une r¨¦union consultative sp¨¦cialement pr¨¦vue ¨¤ cet effet ¨¤ New York. Ce document a ¨¦t¨¦ approuv¨¦ dans son int¨¦gralit¨¦ par le Centre Sud et a donc ¨¦t¨¦ publi¨¦ comme l¡¯une de ses publications. Ensuite, j¡¯ai pr¨¦par¨¦ pour le Centre Sud des documents sur les r¨¦formes de l¡¯ONU concernant l¡¯int¨¦gration g¨¦n¨¦rale, r¨¦gionale, l¡¯architecture financi¨¨re internationale, l¡¯importance de la CNUCED, etc. qui ont servi ¨¤ l¡¯¨¦laboration d¡¯expos¨¦s politiques que le Centre Sud a pr¨¦sent¨¦s au G77 et dont certains ont ¨¦t¨¦ envoy¨¦s comme lettres adress¨¦es par Mwalimu aux chefs de gouvernement du G77.???