Nous vivons dans une ¨¦poque de prouesses. De la nanochirurgie aux stations spatiales, des sites de mises en r¨¦seau aux cellules photovolta?ques, des jeunes entreprises d'informatique au capital social, le monde est un lieu mieux connect¨¦, plus attirant et plus s?r, au-del¨¤ de tout ce dont on pouvait r¨ºver, m¨ºme il y a cinquante ans. Les gens vivent plus longtemps, sont en meilleure sant¨¦ et jouissent d'une libert¨¦ sociale et politique sans pr¨¦c¨¦dent. Pourtant, malgr¨¦ ces progr¨¨s, une grande partie du monde est laiss¨¦e pour compte. Dans les pays les plus pauvres, un enfant sur cinq meurt avant l'?ge de cinq ans, souvent ¨¤ cause de maladies qui peuvent ¨ºtre ¨¦vit¨¦es, ou ont un acc¨¨s limit¨¦ ¨¤ l'eau potable et ¨¤ l'¨¦ducation de base et aux opportunit¨¦s pour sortir de la pauvret¨¦. Les femmes pauvres ont plus de chances de mourir en couches et sont souvent moins ¨¦duqu¨¦es que les hommes.


R¨¦duire ces ¨¦carts est un imp¨¦ratif moral reconnu dans la D¨¦claration du Mill¨¦naire de 2000 qui a ¨¦t¨¦ sign¨¦e par 147 dirigeants mondiaux afin de r¨¦duire d'ici ¨¤ 2015 de mani¨¨re significative la pauvret¨¦. Les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (OMD) adopt¨¦s par la suite ¨¦num¨¨rent clairement les principaux d¨¦fis du d¨¦veloppement dans le monde qui sont li¨¦s ¨¤ la pauvret¨¦, notamment la faim, la mortalit¨¦ infantile et l'in¨¦galit¨¦ des sexes. Il est ¨¦galement clair que des ressources sont n¨¦cessaires pour relever ces d¨¦fis. La question est de savoir qui doit les fournir et comment.


Le commerce cr¨¦e la richesse. En tant qu'institution apparent¨¦e aux Nations Unies, le Centre de commerce international (CCI) s'est engag¨¦ ¨¤ r¨¦aliser les OMD. Pour nous, le commerce est le moyen le plus efficace de sortir du pi¨¨ge de la pauvret¨¦. Pour ¨¦radiquer la pauvret¨¦ et ses nombreux maux, nous centrons notre effort sur la production de la richesse ¨¦conomique en aidant les pays pauvres ¨¤ promouvoir le commerce. Le recours au commerce pour s'attaquer ¨¤ la pauvret¨¦ et ¨¤ ses causes n'a pas que des b¨¦n¨¦fices purement financiers. Le commerce engendre des revenus, mais permet aussi d'acqu¨¦rir des comp¨¦tences et des connaissances. La confiance que les gens acqui¨¨rent en finan?ant leurs propres progr¨¨s constitue la base de la croissance qu'aucune aide ¨¦trang¨¨re, quel que soit son montant, n'est ¨¤ m¨ºme de fournir, bien qu'elle soit souvent un compl¨¦ment n¨¦cessaire.


L'histoire, ¨¤ la fois ancienne et moderne, nous montre que le commerce et la prosp¨¦rit¨¦ vont de pair. Les anciennes civilisations riches, que ce soit Rome, Carthage, le Ghana ou l'?gypte d¨¦pendaient du commerce pour leur d¨¦veloppement, comme les puissances commerciales d'aujourd'hui. Notre objectif est d'aider davantage de pays ¨¤ s'int¨¦grer dans l'¨¦conomie mondiale actuelle et ¨¤ profiter des perspectives de croissance.
Les exportations vers les nouveaux march¨¦s cr¨¦ent de nouveaux emplois et, avec des revenus plus ¨¦lev¨¦s, les citoyens et les gouvernements peuvent scolariser les enfants, construire des puits, acheter des m¨¦dicaments et am¨¦liorer la qualit¨¦ de vie de l'ensemble de la soci¨¦t¨¦. La participation au commerce mondial transforme les ¨¦conomies. ? cet ¨¦gard, la Chine, le Br¨¦sil et l'Inde sont souvent cit¨¦s. La croissance commerciale a permis ¨¤ ces pays de diminuer de mani¨¨re significative le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour, et une nouvelle classe moyenne a vu le jour.


Pourtant, dans les pays en d¨¦veloppement, il existe toujours une certaine ambivalence concernant le recours au commerce pour lutter contre la pauvret¨¦. Seulement 10 % des Cadres des Nations Unies pour l'aide au d¨¦veloppement ou des strat¨¦gies de pays pour le d¨¦veloppement mentionnent le commerce. Nous devons veiller ¨¤ ce que la voix des personnes impliqu¨¦es dans le commerce soit entendue quand les donateurs et les gouvernements ¨¦laborent leurs strat¨¦gies nationales.


Faire du commerce un instrument du d¨¦veloppement . Ayant comme vision et comme mandat de promouvoir la qualit¨¦ de vie des populations gr?ce aux exportations, le CCI aide les pays en d¨¦veloppement ¨¤ choisir les exportations qui b¨¦n¨¦ficieront les personnes les plus marginalis¨¦es de la soci¨¦t¨¦, ainsi que celles qui poss¨¨dent le plus grand potentiel.


Nous aidons les d¨¦cideurs politiques ¨¤ comprendre les probl¨¨mes li¨¦s ¨¤ la pauvret¨¦ dans deux domaines essentiels avec des cons¨¦quences ¨¤ long terme. Premi¨¨rement, les n¨¦gociations commerciales - qu'il s'agisse des chefs de petites entreprises en Inde, des producteurs de coton en Afrique de l'Ouest ou des producteurs de cultures vivri¨¨res au Kenya - permettent aux n¨¦gociateurs de prendre en compte les pr¨¦occupations de leurs petites entreprises lorsqu'ils acceptent les termes des trait¨¦s commerciaux. Deuxi¨¨mement, le CCI sensibilise les responsables charg¨¦s de l'¨¦laboration des strat¨¦gies nationales d'exportation aux besoins des petites entreprises et des communaut¨¦s pauvres, afin qu'ils jettent les bases d'une approche au d¨¦veloppement favorable aux pauvres.


Nous devons pr¨ºter une plus grande attention aux populations les plus vuln¨¦rables. Alors que l'Asie de l'Est a d¨¦pass¨¦ l'objectif visant ¨¤ r¨¦duire de moiti¨¦ la pauvret¨¦ mon¨¦taire, qui est pass¨¦e de 30 % en 1990 ¨¤ 10 % en 2004, la situation est bien diff¨¦rente en Afrique subsaharienne qui abrite la plupart des pays les plus pauvres au monde, o¨´ 40 % de la population vit toujours avec moins d'un dollar par jour, contre 46 % en 1990.


Le CCI s'est engag¨¦ ¨¤ accorder davantage de ressources aux pays les moins avanc¨¦s, aux petits ?tats insulaires et aux nations sortant d'un conflit. Dans ces pays, il s'emploie ¨¤ trouver des solutions pour les petites entreprises et les femmes chefs d'entreprise - ceux qui traditionnellement n'exportent pas - afin d'augmenter leurs revenus au moyen du commerce. Les femmes repr¨¦sentent la majorit¨¦ des pauvres dans le monde. Aider les femmes ¨¤ d¨¦velopper leur entreprise est essentiel pour r¨¦duire la pauvret¨¦. Nos ¨¦tudes montrent que les femmes chefs d'entreprise investissent g¨¦n¨¦ralement leurs profits dans leur famille et leurs communaut¨¦s.Dans les ?tats sortant d'un conflit, par exemple, le CCI aide ¨¤ la relance ¨¦conomique et ¨¤ l'acc¨¨s des petites entreprises aux march¨¦s mondiaux. En Sierra Leone, par exemple, le CCI a contribu¨¦ ¨¤ relancer la culture du gingembre et les exportations vers l'Europe. Au Rwanda, et au Burundi, il encourage les exportations d'huiles essentielles produites et distill¨¦es par de petites entreprises. Dans tous ces cas, les femmes repr¨¦sentent une proportion importante d'agriculteurs. Le CCI appuie ¨¦galement les initiatives de plus grande envergure, comme l'Initiative d'aide au commerce qui comprend des fonds pour d¨¦velopper les comp¨¦tences commerciales et les capacit¨¦s de production. Ses projets de pays regroupent des partenaires du secteur priv¨¦ et le gouvernement. Nous travaillons souvent avec d'autres organismes de d¨¦veloppement, ainsi qu'avec des organisations non gouvernementales locales et internationales.


Changement pour l'am¨¦lioration de la vie des populations. Notre but est de cr¨¦er un b¨¦n¨¦fice durable. Pour que le commerce contribue au d¨¦veloppement durable, nous essayons de prendre en compte d¨¨s le d¨¦but de nos projets les questions comme le d¨¦veloppement social et la protection de l'environnement, bien que celles-ci n¨¦cessitent une planification, une mise en ?uvre et une ¨¦valuation plus complexes. Alors que les b¨¦n¨¦ficiaires de notre aide sont les petites et moyennes entreprises qui exportent, nous travaillons avec trois groupes principaux : les d¨¦cideurs politiques; les institutions d'appui au commerce (les organisations de promotion du commerce, les associations d'exportateurs et les instituts de gestion de la qualit¨¦) et la communaut¨¦ des entreprises, y compris les grandes entreprises qui jouent le r?le de mentor dans plusieurs programmes.


Nous aidons nos partenaires ¨¤ trouver des solutions commerciales qui r¨¦pondent aux probl¨¨mes sanitaires, ¨¦cologiques et sexosp¨¦cifiques. Par exemple, le CCI a l'intention d'¨¦largir ses activit¨¦s et de traiter l'¨¦galit¨¦ des sexes, notamment avec le lancement en 2008 du ? Programme d'int¨¦gration des femmes au d¨¦veloppement du commerce ?. Au niveau des politiques, il aide les pays ¨¤ inclure dans les strat¨¦gies commerciales nationales une d¨¦marche tenant compte des sexosp¨¦cificit¨¦s et aide les institutions d'appui au commerce ¨¤ r¨¦pondre aux besoins des femmes exportatrices. Au niveau des entreprises, il lie directement les femmes chefs d'entreprise aux march¨¦s mondiaux et les aide ¨¤ d¨¦velopper les comp¨¦tences commerciales pour les int¨¦grer dans ce march¨¦.


Poursuivre sa route. Le d¨¦veloppement, y compris le d¨¦veloppement du commerce, est un processus lent qui n¨¦cessite un changement des comportements. Il faut parfois surmonter des formes de r¨¦sistance internes et externes qui influent sur le succ¨¨s du commerce comme outil du d¨¦veloppement. Les gouvernements doivent veiller ¨¤ ce que les b¨¦n¨¦fices soient accessibles ¨¤ l'ensemble de la population. Ils devraient proc¨¦der ¨¤ des consultations plus larges et plus fr¨¦quentes afin d'assurer que les objectifs du d¨¦veloppement sont r¨¦alis¨¦s. Le commerce permet aux pays en d¨¦veloppement de ? prendre les choses en main ? - ¨¤ condition que les barri¨¨res commerciales ne constituent pas des obstacles. Les pays riches, en particulier, doivent s'engager ¨¤ ouvrir les march¨¦s aux pays en d¨¦veloppement.


Nous pouvons mieux nous informer sur le d¨¦veloppement du commerce. En tant que citoyens, nous devons continuer ¨¤ tenir les gouvernements responsables des promesses qu'ils ont faites, ceux des pays riches comme des pays pauvres. L'innovation et le dynamisme qui existent dans de nombreux secteurs d'activit¨¦ devraient ¨ºtre mis ¨¤ profit pour ¨¦radiquer la pauvret¨¦. Si nous les exploitons pour d¨¦velopper le commerce, nous pourrons mettre fin ¨¤ la pauvret¨¦ extr¨ºme et aux in¨¦galit¨¦s - la prouesse la plus remarquable de notre temps.


Une noix pour sauver une for¨ºt pluviale

Au nord de la Bolivie, le CCI a travaill¨¦ avec un groupe d'entreprises qui r¨¦coltent et transforment les noix du Br¨¦sil destin¨¦es ¨¤ l'exportation. En 2003, cette activit¨¦ qui constitue l'exportation majeure de cette r¨¦gion amazonienne frapp¨¦e par la pauvret¨¦ repr¨¦sente une valeur de 48 millions de dollars. Mais la r¨¦glementation stricte de l'Union europ¨¦enne et un contr?le des maladies insuffisant ¨¤ la source de la production ont entra¨ªn¨¦ une diminution des exportations.


Entrepris en 2001, le projet du CCI a cr¨¦¨¦ un Centre de formation et qualit¨¦ en Bolivie, qui analyse les envois export¨¦s pour en v¨¦rifier la conformit¨¦ avec les exigences de s¨¦curit¨¦ alimentaire. Le Centre propose une formation dans des domaines comme la qualit¨¦ du produit, le contr?le des maladies et la surveillance des tendances du march¨¦. Le b?timent o¨´ se d¨¦roulent ces activit¨¦s offre aussi des installations pour la pratique du sport ou d'activit¨¦s sociales, comme un terrain de football et un th¨¦?tre, ce qui comble un vide au sein de la communaut¨¦ locale.


Les incidences sur le secteur ont ¨¦t¨¦ mesurables : en 2003, les exportations ont atteint 16,3 millions de kilos, par rapport ¨¤ 7,25 millions en 1995. Cette activit¨¦ croissante contribue ¨¤ sauver la for¨ºt pluviale. Les noix du Br¨¦sil ne poussent qu'¨¤ l'¨¦tat sauvage, ¨¤ raison d'un ¨¤ trois arbres de grande taille par hectare. En m¨ºme temps, cette activit¨¦ cr¨¦e des emplois dans les zones rurales et contribue ¨¤ sortir des milliers de travailleurs et leur famille de la pauvret¨¦.