8 mars 2023 - La cinqui¨¨me Conf¨¦rence des Nations Unies sur les Pays les moins avanc¨¦s (LDC5), qui se d¨¦roule ¨¤ Doha, au Qatar, s'est jointe au monde pour marquer la Journ¨¦e internationale des femmes, c¨¦l¨¦brant les r¨¦alisations des femmes et des filles du monde entier. De forts appels ¨¤ l'autonomisation ont retenti dans l'immense centre des congr¨¨s, o¨´ de jeunes femmes scientifiques et innovatrices, dont l'¨¦quipe de robotique des filles afghanes, ont pouss¨¦ un cri : ? N'abandonnez jamais ! ?

Sur le coup de midi mercredi, la LDC5 a organis¨¦ un moment de c¨¦l¨¦bration pr¨¨s de ? Maman ?, la sculpture embl¨¦matique en bronze et en acier inoxydable de l'artiste Louise Bourgeois, qui domine l'atrium principal du Qatar National Convention Centre. Une c¨¦l¨¦bration de la maternit¨¦, qui selon Mme Bourgeois fait ¨¦cho ¨¤ la force de sa propre m¨¨re, avec des m¨¦taphores de filage, de tissage, de soins et de protection.

 ? La Journ¨¦e d¡¯aujourd'hui devrait ¨ºtre consacr¨¦e ¨¤ la r¨¦flexion et de d¨¦termination ¨¤ faire mieux, mais aussi ¨ºtre une c¨¦l¨¦bration. Une c¨¦l¨¦bration de la contribution fondamentale apport¨¦e par les femmes et les filles, souvent contre toute attente, ¨¤ la r¨¦alisation d'un monde meilleur ?, a d¨¦clar¨¦ Rabab Fatima, la Haute Repr¨¦sentante des Nations Unies pour les Pays les moins avanc¨¦s, les Pays en d¨¦veloppement sans littoral et les Petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement (Ãå±±½ûµØ-OHRLLS).

La transformation de nos soci¨¦t¨¦s pour un monde meilleur, plus prosp¨¨re et pacifique ? ne peut se faire sans d'abord autonomiser les femmes et les filles ?, a rappel¨¦ Mme Fatima.

? cette fin, la Secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale de la conf¨¦rence LDC5 ¨¦galement a d¨¦clar¨¦ que le Programme d'action de Doha (DPoA) - qui vise ¨¤ ¨¦liminer les obstacles structurels ¨¤ la croissance globale et au d¨¦veloppement durable ¨C ? peut acc¨¦l¨¦rer l'acc¨¨s et ouvrir les portes des ¨¦coles, des conseils d'administrations et des emplois  pour les femmes et les filles dans tous les PMA ?.

? Continuons ¨¤ travailler pour un monde o¨´ toutes les femmes et les filles ont un acc¨¨s ¨¦gal ¨¤ toutes les opportunit¨¦s ?, a exhort¨¦ la haute responsable onusienne.

La c¨¦r¨¦monie jubilatoire a ¨¦galement ¨¦t¨¦ marqu¨¦e par un spectacle de danse africaine traditionnelle du groupe tanzanien Muda Africa, laur¨¦at du Fonds international de l' pour la diversit¨¦ culturelle, qui soutient les acteurs du secteur culturel ¨¤ saisir les opportunit¨¦s offertes par l'environnement num¨¦rique.

Les femmes restent sous-repr¨¦sent¨¦es dans les STI

Le th¨¨me de la Journ¨¦e internationale de la femme de cette ann¨¦e, ? Innovation et changement technologique : l'¨¦ducation ¨¤ l'¨¨re num¨¦rique ?, est directement li¨¦ ¨¤ l'objectif de la Conf¨¦rence LDC5. Ces sujets figurent en bonne place dans le DPoA et ont fait l'objet de discussions par toutes les parties prenantes ¨¤ Doha au cours des cinq derniers jours.

Selon l'Institut de statistique de l'UNESCO (ISU), seuls 30 % des chercheurs dans les PMA sont des femmes. M¨ºme les chercheuses qui se sont fray¨¦es un chemin vers les domaines de la science, de la technologie et de l'innovation (STI), ont tendance ¨¤ avoir une carri¨¨re plus courte et moins bien r¨¦mun¨¦r¨¦e.  Elles re?oivent g¨¦n¨¦ralement des subventions de recherche plus petites que leurs coll¨¨gues masculins en raison d'une discrimination et de pr¨¦jug¨¦s enracin¨¦s.

Une ¨¦ducation de qualit¨¦ et inclusive, ax¨¦e sur la culture num¨¦rique de base et les comp¨¦tences techniques en sciences, technologie, ing¨¦nierie et math¨¦matiques (STIM), ainsi que les technologies de l'information et de la communication (TIC), contribuerait ¨¤ promouvoir l'¨¦galit¨¦ des sexes et ¨¤ autonomiser toutes les femmes et les filles dans les PMA , y compris celles des zones rurales.

 Selon Mme Fatima, il pourrait y avoir une perc¨¦e dans l'enseignement sup¨¦rieur dans les PMA ? en ¨¦liminant de nombreux obstacles artificiels qui entravent la participation ¨¦gale des femmes et des filles ¨¤ l'enseignement sup¨¦rieur, en particulier dans les domaines des STIM ?.

 ? C'est pourquoi le DPoA a un objectif concret dans ce domaine, d¡¯entreprendre des ¨¦tudes de faisabilit¨¦ pour la cr¨¦ation d'une universit¨¦ en ligne ?, a expliqu¨¦ Fatima. ? L'objectif de l'universit¨¦ est d'atteindre la parit¨¦ hommes-femmes 50/50 ¨¤ tous les niveaux, tout en garantissant un acc¨¨s sp¨¦cial aux personnes les plus pauvres et en situation de vuln¨¦rabilit¨¦ ?.

Autonomiser les femmes scientifiques

Parmi les nombreuses activit¨¦s parall¨¨les ¨¤ Doha mercredi, un dialogue interactif, organis¨¦ par le Bureau des Nations Unies pour la Coop¨¦ration Sud-Sud () en partenariat avec le Centre international pour le g¨¦nie g¨¦n¨¦tique et la biotechnologie (ICGEB), a r¨¦uni des repr¨¦sentantes de haut niveau du syst¨¨me des Nations Unies et des jeunes femmes scientifiques des PMA.

En 2021, l'UNOSSC et l'ICGEB ont lanc¨¦ conjointement la bourse EMPOWER ¨¤ un moment strat¨¦gique et critique o¨´ la communaut¨¦ mondiale luttait contre une crise sanitaire sans pr¨¦c¨¦dent de Covid-19 et se trouvait ¨¤ la recherche de vaccins, de traitements et d'autres technologies innovantes.

Selon Lawrence Banks, Directeur g¨¦n¨¦ral de l'ICGEB, cinq jeunes femmes scientifiques du Bangladesh, de Colombie, de la RD Congo, de Tanzanie et du Zimbabwe ont ¨¦t¨¦ s¨¦lectionn¨¦es comme cohorte pilote.

Les cinq boursi¨¨res ont ¨¦t¨¦ accueillies aux laboratoires ICGEB en Inde et en Afrique du Sud en 2022. Elles ont re?u une formation pour appliquer les derni¨¨res techniques et m¨¦thodologies ¨¤ leurs sujets de recherche, et ont re?u un mentorat sur des comp¨¦tences compl¨¦mentaires, ainsi que des opportunit¨¦s de s'immerger dans un environnement scientifique international de premier plan.

Pour la Directrice de l'UNOSSC, Dima Al-Khatib, les jeunes femmes scientifiques peuvent jouer un r?le essentiel que dans la conduite de l'innovation et du d¨¦veloppement dans ces r¨¦gions.  Elle a ainsi appel¨¦ ¨¤ un soutien et ¨¤ des investissements accrus dans leur ¨¦ducation, leur formation et le d¨¦veloppement de leurs capacit¨¦s.

? Investir dans les femmes et les filles en STI peut conduire ¨¤ la croissance ¨¦conomique, car cela aide ¨¤ cr¨¦er davantage de travailleurs qualifi¨¦s qui peuvent contribuer ¨¤ l'¨¦conomie. Cela peut aider les PMA ¨¤ construire une ¨¦conomie plus diversifi¨¦e et r¨¦siliente, capable de r¨¦sister aux chocs ¨¦conomiques mondiaux ?, a d¨¦clar¨¦ Mme Al-Khatib ¨¤ ONU Info.

? Les femmes et les filles apportent une perspective unique aux domaines des STI, et investir en elles peut contribuer ¨¤ favoriser l'innovation et la cr¨¦ativit¨¦. En exploitant leurs comp¨¦tences et leurs perspectives, les PMA peuvent d¨¦velopper des solutions plus cr¨¦atives ¨¤ leurs d¨¦fis de d¨¦veloppement ?, a fait valoir la Directrice de l'UNOSSC.

Un voyage vers la science

Dans un documentaire captivant pr¨¦sent¨¦ ¨¤ la LDC5, cinq femmes scientifiques ont partag¨¦ leur exp¨¦rience de boursi¨¨res EMPOWER, soulignant l¡¯impact du programme sur leurs recherches et leur vie.

? Le programme est une exp¨¦rience qui a chang¨¦ ma vie ?, a d¨¦clar¨¦ Najneen Rejwana ¨¤ ONU Info, l¡¯une des boursi¨¨res EMPOWER du Bangladesh qui travaille actuellement au Laboratoire de bioinformatique translationnelle de l'ICGEB.

Elle a ¨¦voqu¨¦ le chemin qui l¡¯a men¨¦ vers la biologie computationnelle : ? Pendant la pand¨¦mie de Covid-19, les gens mouraient et cela m'a vraiment bris¨¦ le c?ur. Alors j'ai d¨¦cid¨¦ de faire quelque chose, et je voulais r¨¦utiliser les m¨¦dicaments ¨¤ travers une approche bioinformatique. C'est ainsi que j'ai d¨¦couvert mon int¨¦r¨ºt pour la biologie computationnelle ?.

Avec le soutien de la bourse EMPOWER, Rejwana a re?u une formation pour appliquer les derni¨¨res techniques et m¨¦thodologies ¨¤ ses sujets de recherche.  Elle a b¨¦n¨¦fici¨¦ d'un mentorat, d'un apprentissage entre pairs et de comp¨¦tences compl¨¦mentaires, ainsi que d'opportunit¨¦s de s'immerger dans un environnement scientifique international de premier ordre.

? J'ai trouv¨¦ plus d'opportunit¨¦s d'explorer et de suivre une formation qui m'aide ¨¤ faire mieux qu'avant ?, a racont¨¦ la jeune scientifique.

Interrog¨¦e sur la sous-repr¨¦sentation des femmes dans la science, Rejwana a soulign¨¦ l'importance de la participation des femmes dans ce domaine, affirmant que la moiti¨¦ de la population mondiale est constitu¨¦e de femmes, mais qu'elles sont laiss¨¦es pour compte dans la sph¨¨re scientifique en raison de divers probl¨¨mes et obstacles sociaux et soci¨¦taux.

Rejwana a encourag¨¦ les femmes ¨¤ ? se pr¨¦senter et ¨¤ s'engager dans le domaine de la recherche ?.

 N¡¯abandonnez jamais !

Chaque jour pendant la LDC5, la premi¨¨re chose que les participantes voient en entrant dans le Centre des congr¨¨s c¡¯est un groupe de jeunes filles afghanes v¨ºtues en tenue nationale. Elles font partie de la seule ¨¦quipe de robotique enti¨¨rement f¨¦minine d'Afghanistan. Derri¨¨re elles, sur le stand, se trouvaient les robots qu'elles ont construits.

? Aujourd'hui, c'est le 8 mars, la Journ¨¦e internationale des femmes. En ce jour, je voudrais f¨¦liciter toutes les femmes du monde, en particulier les femmes et les filles courageuses des pays touch¨¦s par la crise qui ont encore de l'espoir pour l'avenir et se battent pour leurs droits ?, a d¨¦clar¨¦ la capitaine de l¡¯Equipe f¨¦minine de Robotique afghane, Somaya Faruqi.

Les membres de l'¨¦quipe ¨¦tudient au Qatar depuis ao?t 2021, apr¨¨s avoir ¨¦t¨¦ ¨¦vacu¨¦es de leur pays d'origine ? sans pouvoir dire au revoir ¨¤ leurs familles ?. Apr¨¨s le retour au pouvoir des Talibans, de nouvelles r¨¨gles ont interdit l'¨¦ducation des filles et priv¨¦ les femmes de leurs droits humains.

? Le plus grand d¨¦fi pour les femmes en Afghanistan en ce moment est qu'elles sont priv¨¦es des droits fondamentaux d'aller ¨¤ l¡¯¨¦cole, aux universit¨¦s, dans les parcs, les gymnases, ou les restaurants. Elles ne sont pas autoris¨¦es ¨¤ sortir de la maison sans un chaperon masculin comme un p¨¨re, un fr¨¨re ou un mari, ce qui est triste, cela signifie qu'elles sont maintenant comme dans une prison sans aucun espoir pour l'avenir, pour l'¨¦ducation ?, a d¨¦clar¨¦ Somaya ¨¤ l'ONU Info.

 ? Je crois que l'¨¦ducation est la cl¨¦ pour lib¨¦rer le potentiel de chaque enfant. Nous devrions leur donner la cl¨¦ et leur donner la possibilit¨¦ de d¨¦bloquer leur vie pleine de potentiel ?, a ajout¨¦ la passionn¨¦e de la robotique.

 ? Aujourd'hui, nous sommes ici pour montrer le pouvoir, la capacit¨¦ et le talent des filles en Afghanistan. Nous n'avons jamais abandonn¨¦ ?, a d¨¦clar¨¦ pour sa part ¨¤ ONU Info Asefa Amini, membre de l'¨¦quipe de Somaya, ajoutant : ? J'esp¨¨re qu'un jour toutes les filles d'Afghanistan auront l'occasion de montrer ce qu'elles peuvent faire ?.

Source: ONU Info