缅北禁地

Ibrahim Gambari, rencontre des chefs traditionnels dans un camp de d茅plac茅es dans l鈥檕uest du Darfour.

Photo ONU / Albert Gonzalez Farran

Un vent d'optimisme soufflait, Il y a quelques mois, lorsqu鈥橧brahim Gambari 鈥� m茅diateur chevronn茅 des Nations Unies - a 茅t茅 nomm茅 脿 la t锚te de la mission conjointe de l鈥橴nion africaine et de l鈥橭NU au Darfour, dans l鈥橭uest du Soudan. En d茅pit de ses 2 millions de d茅plac茅s, l鈥檌ntensit茅 du conflit qui a co没t茅 la vie 脿 300 000 victimes depuis 2003 avait consid茅rablement diminu茅. En 2009, on comptait tout juste quelques 300 morts au terme de nombreux accrochages. Les pourparlers entre le gouvernement soudanais et les groupes de l鈥檕pposition arm茅e semblaient 脿 nouveau sur les rails. 听

Cependant, quand听Afrique Renouveau听a rencontr茅 l鈥檃ncien diplomate nig茅rian 脿 New York le 30 juillet, alors m锚me que le Conseil de s茅curit茅 renouvelait, pour une ann茅e suppl茅mentaire, le mandat de la Mission des Nations Unies et de l鈥橴nion africaine au Darfour (MINUAD), celui-ci a peint une image beaucoup moins enthousiaste.

En mai, un des principaux groupes arm茅s, Le Mouvement pour la justice et l鈥櫭ゞalit茅 (Justice and Equality Movement听鈥� JEM), s鈥檈st retir茅 des pourparlers de paix et, explique M. Gambari, 鈥渘ous avons assist茅 脿 une reprise des affrontements.鈥� Depuis, 鈥渦n plus grand nombre de gens ont 茅t茅 tu茅s dans des confrontations directes entre le gouvernement et les groupes arm茅s qu鈥檃u cours d鈥檃ucune p茅riode depuis la mise en place de la MINUAD,鈥� fin 2008, ajoute-t-il.

鈥淟a criminalit茅 a aussi augment茅 鈥� d茅tournements de v茅hicules, prises d鈥檕tages, enl猫vements et attaques directes contre les troupes de maintien de la paix鈥�. R茅cemment, trois soldats rwandais de la MINUAD ont 茅t茅 tu茅s dans une embuscade, deux policiers civils de la mission ont 茅t茅 enlev茅s pendant plusieurs jours et un h茅licopt猫re de la mission et son 茅quipage ont 茅t茅 fait prisonniers apr猫s avoir atterri par erreur dans une zone non autoris茅e.

鈥淓nfin, poursuit M. Gambari, des combats ont eu lieu dans le camp de Kalma,鈥� un vaste camp qui abrite quelques 100 000 personnes d茅plac茅es et qui a 茅t茅 secou茅 par de violentes manifestations de divers groupes darfouris, favorables ou oppos茅s aux pourparlers de paix. 鈥淐ertains 茅voquent l鈥檌mplication d鈥檜n des chefs d鈥檜n groupe de l鈥檕pposition arm茅e, explique-t-il, nous esp茅rons que ce n鈥檈st pas le cas. Mais l鈥檌ncitation au meurtre est quelque chose qui doit 锚tre condamn茅鈥� Nous demandons 脿 la population de se calmer et de soutenir la paix et ici une r茅solution pacifique des conflits.鈥� L鈥檕rdre a finalement 茅t茅 r茅tabli par des patrouilles fortement arm茅es de la MINUAD. L鈥檃ide humanitaire est 脿 nouveau distribu茅e dans le camp depuis la mi-ao没t, mais la situation reste tendue.

Une attitude plus ferme

Une partie de la solution face 脿 cette situation militaire qui se d茅grade r茅side dans une attitude plus ferme de la part des forces militaires et des forces de police de la MINUAD, rel猫ve Ibrahim Gambari. 鈥淧ar le pass茅, les 茅l茅ments criminels ont eu tendance 脿 penser que nous 茅tions une cible facile. Mais d茅sormais nous ripostons avec vigueur aux attaques et nous rappelons 脿 tout le monde que des attaques contre les troupes de maintien de la paix constituent un crime de guerre. Nous demandons aussi au gouvernement de mettre fin 脿 cette impunit茅, d鈥檃rr锚ter les responsables et de les traduire devant un tribunal.鈥�

Il a fallu attendre le mois de juin, note-t-il, apr猫s la mort des trois soldats de la MINUAD, pour que le gouvernement soudanais condamne officiellement les attaques contre le personnel de la mission. 鈥淢ieux, ils ont d茅cid茅 d鈥檕rganiser un comit茅 d鈥檜rgence pour s鈥檕ccuper 脿 l鈥檃venir de ce genre d鈥檌ncidents. Donc nous constatons que le gouvernement r茅agit鈥�. C鈥檈st un bon d茅but.鈥�

M. Gambari refuse de sp茅culer sur la mani猫re dont l鈥檌nculpation pour g茅nocide en juillet du pr茅sident soudanais Omar al-Bashir par la Cour p茅nale internationale pourrait influencer les efforts de la MINUAD. 鈥淛鈥檃i des troupes sur le terrain. Je compte sur le gouvernement du Soudan pour assurer notre s茅curit茅, pour 茅liminer les obstacles 脿 nos mouvements et nous permettre d鈥檜tiliser nos moyens a茅riens. Je dois traiter avec eux de mani猫re quotidienne pour pouvoir faire mon travail.鈥�

Des pourparlers de paix d茅cisifs

En fin de compte, la solution 脿 la crise du Darfour passe par les pourparlers de paix. Les n茅gociations actuelles se d茅roulent 脿 Doha au Qatar et font suite 脿 un accord de paix conclu en 2006 entre le gouvernement et un des principaux groupes de l鈥檕pposition. Depuis cet accord initial, plusieurs autres groupes ont 茅galement sign茅 des cessez-le-feu, mais la fragmentation des groupes arm茅s a emp锚ch茅 des n茅gociations globales.

Et le temps ne joue pas en faveur du Darfour. 鈥淚l est de l鈥檌nt茅r锚t de tous de mener le processus de paix du Darfour 脿 sa conclusion avant la fin de cette ann茅e,鈥� affirme M. Gambari qui craint que 鈥渓鈥檃ttention de la communaut茅 internationale se porte ailleurs,鈥� avec le prochain r茅f茅rendum sur l鈥檌nd茅pendance du Sud-Soudan qui aura lieu d茅but 2011.

La MINUAD travaille avec Djibril Bassol茅, le m茅diateur de l鈥橴A et de l鈥橭NU, pour faire participer les personnes d茅plac茅es et les groupes de la soci茅t茅 civile du Darfour aux pourparlers. Une question vitale en vue obtenir un v茅ritable accord de 鈥減aix inclusif鈥� qui ne concerne pas seulement les mouvements arm茅s, souligne M. Gambari.

Plus longtemps les gens sont oblig茅s de rester dans des camps de personnes d茅plac茅es, 鈥減lus grands sont les dangers de radicalisation,鈥� explique-t-il听; ainsi que le d茅montre des incidents comme ceux de Kalma.

En fin de compte, affirme-t-il, un programme s茅rieux pour le retour volontaire des personnes d茅plac茅es dans leurs foyers doit 锚tre mis en place. M. Gambari travaille avec les organisations des Nations Unies, avec la Ligue arabe, avec l鈥橭rganisation de la conf茅rence islamique et avec le Qatar pour mettre au point de 鈥渧rais programmes鈥� capables de fournir aux personnes d茅plac茅es dans leurs foyers d鈥檕rigine services sociaux, s茅curit茅 et moyens d鈥檈xistence. 鈥淭out cela ne se produira pas s鈥檌l existe un climat de violence.鈥�

Une r茅alit茅 complexe

Les campagnes internationales en faveur de la paix et du respect des droits humains au Darfour ont jou茅 un r么le important dans la sensibilisation 脿 la crise au niveau international, observe M. Gambari. 鈥淢ais l鈥檃spect n茅gatif est une simplification exag茅r茅e鈥� des groupes qui militent pour ces causes avertit-il. Il conteste l鈥檃rgument selon lequel 鈥渓e conflit du Darfour s鈥檈xplique par un sc茅nario selon lequel des Arabes musulmans tuent de pauvres Africains noirs. La r茅alit茅 est beaucoup plus complexe. De janvier 脿 avril, les conflits entre tribus arabes ont fait plus de victimes que les confrontations directes entre les forces gouvernementales et les groupes de l鈥檕pposition arm茅e.鈥�

Pour Ibrahim Gambari, les causes profondes du conflit du Darfour se trouvent dans une combinaison de facteurs qui comprennent une p茅nurie de ressources essentielles comme l鈥檈au et les p芒turages, 鈥溍ゞalement le sentiment de marginalisation de la p茅riph茅rie 鈥� au Darfour et dans le Sud du Soudan 鈥� face 脿 ce que les populations consid猫rent comme une concentration excessive des pouvoirs 脿 Khartoum. C鈥檈st donc une situation tr猫s complexe.鈥�

M. Gambari n鈥檈st pas 茅tranger aux missions difficiles ; depuis qu鈥檌l a quitt茅 son poste d鈥檃mbassadeur du Nig茅ria aupr猫s des Nations Unies en 1999, il a servi les Secr茅taires g茅n茅raux successifs 脿 diff茅rents postes de responsabilit茅, comme Conseiller sp茅cial pour l鈥橝frique, Directeur des affaires politiques et conseiller sur l鈥橧raq. Il se trouve aujourd鈥檋ui plac茅 au centre d鈥檜n conflit apparemment insoluble qui sera un d茅fi m锚me pour ses impressionnantes qualit茅s de diplomate.

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