缅北禁地

鈥淚l est imp茅ratif d鈥檈nvisager le r么le de la diaspora dans le d茅veloppement de l鈥橝frique d鈥檜n point de vue strat茅gique,鈥� a estim茅 Obiagali Ezekwesili, Vice-pr茅sidente de la Banque mondiale pour l鈥橝frique, lors de la rencontre avec les expatri茅s africains.

Photo: World Bank / Arne Hoel

Pour qui veut prendre la mesure des comp茅tences africaines r茅sidant 脿 l鈥櫭﹖ranger, il suffit d鈥檃ssister 脿 des rencontres comme celle organis茅e r茅cemment, avec la diaspora africaine,au si猫ge de la Banque Mondiale 脿 Washington. Dans un amphith茅芒tre de 400 places, on pouvait compter des m茅decins et des avocats, des ing茅nieurs et des architectes, des scientifiques, des enseignants et des entrepreneurs. Tous ou presque avaient quitt茅 leur pays 脿 la recherche d鈥檜ne vie meilleure. Ils n鈥櫭﹖aient cependant pas moins curieux de voir comment ils pourraient contribuer 脿 l鈥櫭ヾification d鈥檜ne Afrique prosp猫re et d茅mocratique.

Obiagali Ezekwesili, Vice-pr茅sidente de la Banque mondiale pour l鈥橝frique, a fait remarquer que les transferts de fonds en provenance de la diaspora africaine, estim茅s 脿 quelque 32 脿 40 milliards de dollars par an, d茅passaient d茅sormais l鈥檃ide officielle au d茅veloppement accord茅e au continent. 鈥淎u-del脿 des moyens financiers, les Africains de la diaspora ont les comp茅tences et les connaissances qu鈥檌l faudrait mobiliser au service du continent. Il est imp茅ratif, par cons茅quent, d鈥檈nvisager le r么le de la diaspora dans le d茅veloppement de l鈥橝frique d鈥檜n point de vue strat茅gique鈥�, a-t-elle dit.

Lors des tables rondes et des ateliers qui se sont d茅roul茅s dans la journ茅e du 25 f茅vrier, les participants ont sollicit茅 l鈥檃vis des hauts fonctionnaires de la Banque mondiale sur des questions comme la cr茅ation d鈥檕bligations pour lancer des micro-entreprises dans leur pays d鈥檕rigine, ou l鈥櫭﹖ablissement d鈥檜ne base de donn茅es des comp茅tences de la diaspora 脿 l鈥檌ntention des gouvernements africains et des organismes de d茅veloppement internationaux.

La Banque mondiale a lanc茅 son premier programme pour la diaspora africaine en 2007, ann茅e de l鈥檕rganisation de la premi猫re conf茅rence de la diaspora africaine. En 2008, la Banque s鈥檈st associ茅e 脿 l鈥橴nion africaine (UA) qui a d茅sign茅 la diaspora comme l鈥檜ne des six r茅gions de l鈥橝frique. Au nom de la Commission de l鈥橴A, Jimni Adisi a soulign茅 que l鈥檌nstance panafricaine avait r茅serv茅 20 si猫ges de son Conseil 茅conomique, social et culturel aux repr茅sentants des groupes de la soci茅t茅 civile de la diaspora. 鈥淟a prochaine 茅tape sera d鈥檈xplorer les moyens de faire participer la diaspora aux travaux de toutes les autres institutions de l鈥橴A,鈥� a-t-il affirm茅. Pour y si茅ger les candidats devront avoir une descendance africaine, vivre 脿 l鈥櫭﹖ranger et s鈥檌mpliquer activement dans la construction de l鈥橴nion africaine.

鈥淯n pied dans chaque monde鈥�

Toute la bonne volont茅 et l鈥檈ngagement exprim茅s 脿 cette occasion ne dissimulent toutefois pas l鈥檃mpleur des difficult茅s 脿 venir. L鈥檃mbassadeur de la Sierra Leone aux Etats-Unis, Bockari Kortu Stevens, a 茅voqu茅 l鈥檋istoire d鈥檜n expatri茅 sierra-l茅onais hautement qualifi茅 qui avait 茅t茅 recrut茅 par le pr茅sident du pays 脿 un poste de responsabilit茅 au minist猫re des mines. Bien qu鈥檈nthousiaste 脿 l鈥檌d茅e de 鈥渟ervir 脿 son tour son pays鈥�, il a d没 se r茅soudre 脿 revenir aux Etats-Unis car son salaire en Sierra Leone ne lui permettait m锚me pas de couvrir le co没t de l鈥檃ssurance-maladie de sa famille. 鈥淚l avait un pied dans chaque monde. L鈥榰n dans son pays d鈥檃doption, l鈥檃utre en Sierra Leone, et il avait du mal 脿 choisir. C鈥檈st le type de situation humaine que vous rencontrons鈥�, a-t-il dit.

Richard Cambridge, responsable du programme pour la diaspora 脿 la Banque mondiale, a convenu que la premi猫re rencontre entre la diaspora et la Banque avait eu peu d鈥檈ffet 脿 cause des attentes contradictoires des uns et des autres. A son avis, la tentative d鈥櫭﹖ablir une base de donn茅es des comp茅tences se r茅sume plus ou moins 脿 collecter des cartes de visite pour les donner aux responsables de projets en Afrique, avec de maigres r茅sultats.

Ibedia Alltrade, pr茅sident du groupe 脿 but non lucratif 100 Hours for Nigeria install茅 脿 Hartford (Connecticut), aux Etats-Unis, confirme: 鈥淟a r茅union de 2007 n鈥檃 rien donn茅, a-t-il confi茅 脿 Afrique Renouveau. On sait ce que la Banque veut de nous, mais on ne sait pas tr猫s ce que la Banque peut nous offrir鈥�. Il fait remarquer que les membres de la diaspora envoient d茅j脿 de l鈥檃rgent 脿 leurs familles en Afrique et contribuent au financement des projets sur le terrain locaux par le biais des organismes locaux. Selon lui, la Banque devrait fournir plus d鈥檌nformations sur sa mani猫re de fonctionner et d鈥檕rganiser ses prochaines r茅unions en consultation avec les membres de la diaspora.

Adapter les attentes

D鈥檃pr猫s Ntal Alimasi, ancien consultant 脿 la Banque mondiale qui dirige 脿 pr茅sent la National Association of African Catholics aux Etats-Unis, la Banque comme la diaspora doivent redoubler d鈥檈fforts pour am茅liorer leurs relations. 鈥溾�淟es fonctionnaires de la Banque se rendent compte que bon nombre de leurs grands projets 茅chouent une fois lanc茅s sur le terrain. Ils se rendent compte aussi que les membres de la diaspora peuvent servir d鈥檌nterm茅diaires entre la Banque et les communaut茅s localesdans les villages notamment鈥�.

M. Alimasi note par ailleurs que bon nombre des participants 脿 la r茅union de 2007 avaient des attentes irr茅alistes. 鈥淚ls pensaient pouvoir changer la fa莽on de fonctionner de la Banque et glaner un contrat par ici par l脿. Ce n鈥檈st pas r茅aliste. On devrait r茅fl茅chir 脿 la mani猫re de responsabiliser davantage la Banque pour ce qui concerne ses programmes en Afrique plut么t que d鈥檈ssayer de la changer de l鈥檈xt茅rieur鈥濃��.

Il importe que les membres de la diaspora et les fonctionnaires de la Banque mondiale trouvent les moyens de pr茅server les int茅r锚ts de chacun. 鈥淟a question de savoir si la Banque mondiale, l鈥橴nion africaine et la diaspora sont capables de constituer un partenariat plus efficace reste d鈥檃ctualit茅. Mais je viens de passer ma journ茅e ici, et je leur donne le b茅n茅fice du doute鈥�, conclu Ntal Alimasi.