Les données recueillies par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans 35 points de transit clés à travers l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale indiquent que les migrations régionales ont diminué de au cours du premier semestre 2020 (par rapport à 2019) en raison des restrictions de voyage imposées par les gouvernements pour empêcher la propagation de la COVID-19.
En cette Journée internationale des envois de fonds à la famille, les données reflètent le double fardeau que portent les pays à faible et moyen revenu à l'heure actuelle : la réponse à la COVID-19 a provoqué une grande perturbation de la mobilité et du commerce transfrontaliers alors même que la Banque mondiale prévoit une baisse de 23 pour cent des envois de fonds vers l'Afrique subsaharienne.
Une personne sur neuf dans le monde est concernée par les envois de fonds. Environ la moitié d'entre elles vivent dans des petites villes et des villages ruraux où les envois de fonds permettent de se nourrir, d'instruire les enfants et de soutenir les petites entreprises.
Les effets de la fermeture des frontières dans cette région sont ressentis par beaucoup.
«Avec le confinement, je ne peux plus sortir de Ouagadougou pour vendre le savon que je fabrique dans d'autres villes et localités», a déclaré un migrant interrogé par l’OIM au Burkina Faso.
«C'est comme si je devais à nouveau repartir de zéro. »
Bien que les restrictions de mobilité telles que la fermeture des frontières aient contribué à limiter la propagation du virus, elles ont eu des répercussions dévastatrices sur le commerce et les moyens de subsistance régionaux. Les migrants et les déplacés internes subissent de manière disproportionnée les effets de ces restrictions. Les communautés frontalières et le commerce transfrontalier ont été impactés dans une région où 60 pour cent de l'économie est informelle.
«Nous estimons qu'au moins 33 000 migrants sont actuellement bloqués aux frontières, notamment dans des centres de transit surpeuplés, en raison des restrictions de mobilité imposées par la COVID-19», a déclaré Sophie Nonnenmacher, Directrice régionale par intérim du Bureau régional de l'OIM pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale.
«La plupart d'entre eux ont perdu leur emploi ou leurs revenus, ce qui peut également constituer un obstacle à l'accès aux services de santé», a-t-elle ajouté.
Les données de l'OIM indiquent également que les déplacements se sont poursuivis à l'intérieur des pays et entre les pays, malgré les restrictions nationales et internationales.
Parmi ces milliers de migrants bloqués se trouvent des travailleurs migrants saisonniers dans une vaste zone, originaires des pays du Golfe de Guinée comme le Burkina Faso, le Mali et la Guinée elle-même. D'autres voyageurs fréquents sont les étudiants coraniques qui se déplacent entre les pays d'Afrique de l'Ouest, et les éleveurs transhumants le long de ce que l'on appelle le «couloir de transhumance» qui s'étend de la Mauritanie jusqu’au Tchad.
En outre, plus de six millions de déplacés internes à travers les pays d’Afrique de l'Ouest et d’Afrique centrale dépendent presque exclusivement de l'aide humanitaire, qui a été affectée par les restrictions de mobilité. Les déplacés internes qui pouvaient auparavant gagner un salaire grâce à un marché du travail local informel, ne peuvent plus le faire aujourd'hui en raison des restrictions d'entrée et de sortie de nombreux camps de déplacés internes de la région.
«La zone située entre le Mali, la Côte-d'Ivoire et le Burkina Faso est un bon exemple de la dynamique migratoire dans la région. Le besoin de travailleurs saisonniers dans les grandes zones agricoles ou dans les zones d'extraction de l'or a entraîné de nombreux mouvements transfrontaliers qui, dans le contexte des restrictions de mobilité, sont devenus irréguliers», a expliqué Damien Jusselme, responsable régional de la gestion de l'information à l'OIM. «En conséquence, des milliers de travailleurs saisonniers se sont retrouvés bloqués dans les pays voisins et ne peuvent plus rentrer chez eux, mettant en lumière la nécessité d'une approche plus intégrée à la gestion des migrations dans le contexte de la pandémie de COVID-19.»
«Cette situation est inquiétante. Il est crucial, aujourd'hui plus que jamais, d'intégrer les migrants dans les plans de réponse nationaux, régionaux et mondiaux», a ajouté Mme Nonnenmacher.
Depuis 2016, avec le soutien de l'I ainsi que du financé par le DFID, l’OIM recueille et analyse des données sur les déplacements en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale grâce à plus de 30 points de surveillance du flux installés dans les principales plaques tournantes de la région telles que les gares routières et les postes-frontières. Le DTM de l'OIM, par le biais de l'outil de suivi des urgences, fournit des mises à jour sur les tendances de la mobilité ainsi que sur les migrants bloqués dans la région et le long de l'itinéraire migratoire de la Méditerranée centrale.
Consultez la dernière édition du rapport intitulé (avril 2020).