Les leçons tirées de la réponse mondiale à la pandémie actuelle de coronavirus donnent des signaux positifs sur la manière dont le monde peut faire face aux effets dévastateurs du changement climatique.
Dans une contribution à une publication de la CEA sur COVID-19, le Centre africain pour la politique climatique (ACPC) de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) déclare que si la dynamique de l'action climatique peut être entravée par la crise actuelle du coronavirus (COVID-19), la façon dont le monde a réagi à la pandémie peut aider la réponse mondiale à faire face à la menace existentielle du changement climatique.
Les gouvernements ont tous pris des mesures rapides pour faire face à la pandémie, y compris des mesures de soutien et de stimulation financière, et il y a eu une grande solidarité entre les pays et entre les communautés, la profession médicale et la communauté scientifique avec le partage des données et le soutien au-delà des frontières.
"La réponse mondiale à la lutte contre le changement climatique et à la construction d'économies et de sociétés plus résistantes dépendra en grande partie de la manière dont les pays prendront des mesures rapides et transformatrices pour combler le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique, d'autant plus que les contributions nationales à l'action climatique de la plupart des pays africains dépendent en grande partie de la disponibilité de financements pour le climat et que les pays africains disposent déjà d'une marge de manœuvre budgétaire réduite pour pouvoir stimuler leurs économies", peut-on lire dans le document.
Bien qu'à court terme, les pays développés puissent être contraints de respecter leurs obligations en matière de financement climatique dans le cadre de l'accord de Paris, des moyens novateurs doivent être explorés pour garantir que les mesures de lutte contre le changement climatique ne soient pas relâchées après la tenue de la 19e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COVID).
Les stratégies, notamment l'allègement de la dette des pays africains ainsi que les innovations en matière de mobilisation des financements du secteur privé pour lutter contre le changement climatique sont devenues encore plus urgentes, selon l'ACPC.Ìý
En termes de mobilisation des financements du secteur privé, l'initiative SDG7 de la CEA pour l'Afrique, qui est déjà expérimentée dans quelques pays, peut aider les pays africains à revoir leurs NDC afin d'accroître les actions d'énergie propre bancables qui pourraient être entièrement financées par des ressources du secteur privé.
Cette initiative est particulièrement pertinente et opportune en 2020, car toutes les parties à l'accord de Paris sont tenues de soumettre des CDN révisés ou nouveaux.
L'élaboration de stratégies de développement à long terme après la 19e Conférence des parties contractantes (COVID), axées sur des modes de développement à faible émission de carbone et résistants aux changements climatiques, apporte de multiples avantages pour la société, les économies et l'environnement, ajoute la CCAP.
Avec la hausse inévitable du chômage que les impacts économiques du COVID-19 entraîneront, une reprise économique africaine fondée sur la résilience et alimentée par les abondantes ressources énergétiques propres du continent créera davantage d'emplois, renforcera le commerce et contribuera à l'action mondiale en faveur du climat, tout en s'attaquant au déficit chronique d'accès à l'énergie du continent.
Cela, souligne le document, renforcera également la capacité des pays à faire face aux autres chocs qui se produiront.
Dans un récent article d'opinion, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré : "l'impact du coronavirus est immédiat et terrible. Nous devons agir maintenant et nous devons agir ensemble. Tout comme nous devons agir ensemble pour faire face à une autre urgence mondiale que nous ne devons pas perdre de vue : le changement climatique".
Outre les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la santé publique, on a observé un ralentissement important de l'économie mondiale, qui s'est traduit par une amélioration de la qualité de l'air et une réduction des émissions, notamment en Chine et dans les économies occidentales, les émissions en Chine ayant temporairement diminué de pas moins de 25 %.
La CCAM note que la réduction des émissions n'est qu'une situation temporaire et qu'il existe un risque que les émissions augmentent de manière substantielle lorsque l'activité économique reprendra "après" la crise du COVID-19, tout comme ce fut le cas après la crise financière de 2008.
Elle ajoute que les émissions doivent diminuer considérablement au cours de cette décennie d'action sur les objectifs de développement durable jusqu'en 2030 et atteindre un niveau net zéro d'ici 2050 si l'on veut que le monde reste sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de température de l'accord de Paris.
COVID-19, en tant que maladie zoologique (venant d'un animal), est un signe avant-coureur des choses à venir en l'absence d'actions mondiales urgentes pour lutter contre le changement climatique, qui pourrait faire beaucoup plus de victimes que les récentes pandémies, déclare l'ACPC, d'autant plus que l'exode rural se poursuit et que le changement climatique continue de provoquer la perte d'habitats naturels et oblige les humains à empiéter davantage sur ces habitats pour satisfaire leurs besoins énergétiques et autres.