Les communautés touchées par le conflit dans le nord-est du Nigéria sont de plus en plus vulnérables à la pandémie de COVID-19, à mesure que des cas commencent à être signalés dans l'État de Borno. Une épidémie aurait des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes déplacées dans toute la région, dont une majorité vit dans des camps surpeuplés et mal desservis.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) travaille avec les acteurs de la santé pour construire 90 centres de quarantaine dans les États de Borno, d’Adamawa et de Yobe afin de réduire le risque de propagation de COVID-19 dans les camps densément peuplés et les communautés d'accueil.
«Compte tenu de l'évolution rapide de la situation au Nigeria et dans le monde, nous devons veiller à ce que la santé des communautés déplacées et d'accueil soit au centre de notre réponse», a déclaré Franz Celestin, chef de mission de l'OIM au Nigéria.
Le nord-est du Nigéria reste très exposé aux épidémies de choléra, et d'autres maladies comme le paludisme, la rougeole, la fièvre de Lassa, la méningite et l'hépatite E sont endémiques. Le manque d'accès à l'eau potable et aux infrastructures sanitaires augmente les risques sanitaires des personnes déplacées et des migrants de retour. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte qu'environ 35 pour cent des installations médicales ont été détruites ou partiellement endommagées en raison du conflit.
En coordination avec les partenaires de la santé et les organismes d'intervention d'urgence, l'OIM construit des centres de quarantaine pour les personnes déplacées et les communautés d'accueil dans les villes de Gwoza, Pulka, Bama, Dikwa et Monguno. Ces centres seront destinés aux personnes ayant des antécédents de voyage et de contact qui pourraient avoir été exposées au virus. Ils seront composés de pièces individuelles avec une latrine et d’installations d’eau, d’assainissment et d’hygiène (WASH).
Selon le Centre de contrôle des maladies du Nigéria, 981 cas ont été confirmés dans tout le pays au 24 avril. Le 18 avril, le premier cas de COVID-19 a été confirmé dans l'État de Borno, l'épicentre d'une crise humanitaire qui a forcé plus de 1,8 million de personnes à quitter leur domicile.
Dix ans après le début d'un conflit brutal, 7,9 millions de personnes au total ont besoin d'une aide humanitaire dans les trois États les plus touchés, à savoir Borno, Adamawa et Yobe. On estime que 40 pour cent de la population déplacée réside dans 298 sites de déplacement.
Rien qu'en 2019, plus de 180 000 personnes ont fui suite à une recrudescence de la violence dans le nord-est. Un camp sur deux dans l'État de Borno est actuellement surpeuplé, ce qui augmente le risque de transmission de la maladie pour les près de 700 000 personnes vulnérables qui vivent dans ces installations.
«La décongestion des camps était un défi, c'est maintenant une priorité. J'appelle toutes les parties prenantes à contribuer de toute urgence aux efforts déployés en vue de décongestionner les camps dans le respect des droits et de la dignité des personnes», a déclaré Edward Kallon, coordonnateur humanitaire au Nigéria.
Pour décongestionner les camps, l'OIM réhabilite des bâtiments pour accueillir les personnes déplacées vivant dans les centres d'accueil de la ville de Ngala et transfère les résidents des camps surpeuplés vers de nouveaux abris à Monguno.
Depuis le début de la pandémie, l'OIM sensibilise les communautés déplacées aux mesures de prévention de la propagation de la COVID-19, telles que le lavage des mains et les meilleures pratiques en matière de toux.
Dans plus de 80 sites gérés par l'OIM, les promoteurs de l'hygiène, y compris des résidents des camps, ont diffusé des informations conformément aux mesures de distanciation physique. Ils font du porte-à-porte dans les foyers, diffusent des annonces à l'aide de haut-parleurs et de radios mobiles et organisent des discussions en petits groupes de 15 personnes maximum, assises à un mètre les unes des autres.
Les équipes de l'OIM réparent également les installations WASH et installent des stations de lavage des mains supplémentaires tout en fournissant des articles d'hygiène de base à 48 000 personnes, notamment du savon et des produits de nettoyage et de désinfection pour les latrines, les maisons et les établissements de santé.
Dans le cadre de sa réponse globale au virus et de son soutien aux autorités nigérianes, l'OIM gérera le nouveau centre d'isolement des Nations Unies à Abuja et transformera deux de ses laboratoires pour les tests et pour la gestion des cas, lorsque ceux-ci seront disponibles.
Le projet de neuf mois pour les centres de quarantaine dans les États de Borno, d’Adamawa et de Yobe est financé par le Fonds central des Nations unies pour les interventions d’urgence (CERF).