Des guichets uniques aux postes-fronti¨¨res
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Des guichets uniques aux postes-fronti¨¨res
Responsable du marketing chez Dairibord Zimbabwe, une entreprise d¡¯export alimentaire et de boissons r¨¦gionale cot¨¦e en bourse, Tracy Mutaviri esp¨¨re gagner des parts de march¨¦s gr?ce ¨¤ la Zone de libre-¨¦change continentale (ZLEC) africaine.
Les ¨¦conomies d¡¯¨¦chelle r¨¦alis¨¦es gr?ce ¨¤ l¡¯¨¦largissement du march¨¦ signifient que sa soci¨¦t¨¦ pourra vendre ses produits au-del¨¤ du Botswana, du Malawi, du Mozambique, de l¡¯Afrique du Sud et de la Zambie o¨´ elle exporte d¨¦j¨¤. L¡¯entreprise pourrait m¨ºme commencer ¨¤ s¡¯int¨¦resser aux pays d¡¯Afrique de l¡¯Ouest et de l¡¯Est.
Pour Mme Mutaviri, les opportunit¨¦s offertes par un march¨¦ aussi vaste sont enthousiasmantes, notamment du fait des avantages li¨¦s ¨¤ la normalisation des proc¨¦dures d¡¯exportation. Sa pr¨¦occupation majeure concerne les barri¨¨res tarifaires et non-tarifaires auxquelles son entreprise est confront¨¦e.
? Ce sont principalement les obstacles non-tarifaires qui nous g¨ºnent, comme l¡¯acquisition de licences ou l¡¯obtention des permis n¨¦cessaires ¨¤ la vente de nos produits. Ce processus peut prendre jusqu¡¯¨¤ trois semaines et affecte la comp¨¦titivit¨¦ de nos exportations ?, a-t-elle expliqu¨¦ ¨¤ Afrique Renouveau.
Deux acteurs cl¨¦s de la ZLEC, l¡¯Union africaine et la Commission ¨¦conomique pour l¡¯Afrique, continuent d¡¯affirmer que des m¨¦canismes seront mis en place pour ¨¦liminer ces barri¨¨res tarifaires et non-tarifaires.
Mais, selon Mme Mutaviri, la lourdeur des exigences douani¨¨res et les d¨¦lais administratifs et bureaucratiques aux points d¡¯entr¨¦e continuent d¡¯occasionner des retards de sept jours ou plus. Pour acc¨¦l¨¦rer le d¨¦douanement des marchandises, elle se dit favorable aux postes fronti¨¨res ¨¤ guichet unique pour harmoniser la v¨¦rification des documents d¡¯exportation et acc¨¦l¨¦rer les proc¨¦dures administratives.
Selon l¡¯Organisation mondiale du commerce (OMC), le poste-fronti¨¨re ¨¤ guichet unique permettrait d¡¯absorber diff¨¦rents organes de contr?le aux fronti¨¨res dans une seule agence. Cela permettrait notamment de r¨¦duire les d¨¦lais de transit pour les n¨¦gociants ou les transporteurs. Il sera alors possible de mieux g¨¦rer les ressources et actifs disponibles, et ce ¨¤ moindre co?t, tout en am¨¦liorant la comp¨¦titivit¨¦ des produits gr?ce ¨¤ la r¨¦duction des temps de traitement ¡ªce qui, selon l¡¯OMC, se traduira par une diminution des co?ts.
Selon Mme Mutaviri, les accords commerciaux existants, comme ceux qu¡¯appliquent l¡¯Union douani¨¨re d¡¯Afrique australe et la Communaut¨¦ ¨¦conomique des ?tats de l¡¯Afrique de l¡¯Ouest, n¡¯ont pas r¨¦duit les obstacles au commerce. En l¡¯absence d¡¯agences de notation de cr¨¦dit suffisamment fiables ou de dispositifs d¡¯assurance-cr¨¦dit, l¡¯importance du risque de cr¨¦dit pour le trafic transfrontalier reste un obstacle majeur pour le commerce.
? Le fait d¡¯exporter depuis une ¨¦conomie bas¨¦e sur le dollar am¨¦ricain vers des march¨¦s dont les devises sont plus faibles emp¨ºche nos prix d¡¯¨ºtre comp¨¦titifs, alors m¨ºme que la concurrence d¡¯acteurs r¨¦gionaux ou ext¨¦rieurs ¨¤ la r¨¦gion se fait ressentir ?, note Mme Mutaviri.
M¨ºme si elle est favorable ¨¤ une zone de libre-¨¦change, Mme Mutaviri redoute un regain de concurrence de la part d¡¯autres ¨¦conomies africaines d¨¨s lors que l¡¯¨¦cart de comp¨¦titivit¨¦ r¨¦gionale du secteur agroalimentaire zimbabw¨¦en est actuellement estim¨¦ ¨¤ seulement 38%.
Mme Mutaviri note que les programmes d¡¯industrialisation mis en place dans divers pays africains peuvent faire h¨¦siter les gouvernements ¨¤ ouvrir leurs fronti¨¨res et elle esp¨¨re que la zone de libre-¨¦change tiendra compte des diff¨¦rents niveaux d¡¯industrialisation des ?tats membres.
? Si on les laisse faire, les ¨¦conomies plus fortes ou plus importantes d¨¦termineront les conditions de mise en ?uvre des r¨¦formes, et ce sont les ¨¦conomies plus petites qui devront s¡¯adapter. Les structures de gouvernance de la ZLEC doivent donc s¡¯assurer que les ¨¦conomies moins d¨¦velopp¨¦es sont ¨¦quitablement repr¨¦sent¨¦es ?, explique-t-elle.
Mme Mutaviri note enfin que les probl¨¨mes d¡¯infrastructures peuvent aussi constituer un obstacle de taille. Selon le Groupe de la Banque africaine de d¨¦veloppement, les infrastructures africaines n¨¦cessitent des investissements ¨¤ hauteur de 93 milliards de dollars par an pour les dix prochaines ann¨¦es. Pour les experts, trouver des sources de financement pour de tels montants ne sera pas chose ais¨¦e. Et sans infrastructure solide, notamment dans les transports, une zone de libre-¨¦change aura du mal ¨¤ se concr¨¦tiser. ? ?