Les 茅changes commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf) ont d茅but茅 en fanfare le 1er janvier 2021. Une grande f锚te a eu lieu 脿 Accra, au Ghana, o霉 se trouve le secr茅tariat de la ZLECAf.
Comme beaucoup d'Africains, je me r茅jouis de ce que le libre-茅change et la libre circulation des personnes annoncent pour le sort des Africains dans les 55 nations de l'Union africaine (UA).
En tant que femme africaine travaillant dans le secteur minier, je me suis demand茅 ce que la ZLECAf signifie pour les millions de femmes mineurs et entrepreneurs.
Les femmes travaillent dans tous les domaines de l'exploitation mini猫re, de l'exploitation artisanale et 脿 petite 茅chelle (ASM) 脿 l'exploitation mini猫re 脿 grande 茅chelle (LSM). Elles sont ing茅nieurs, g茅ologues et autres scientifiques, mais beaucoup de femmes dans le secteur minier sont des travailleuses manuelles. Jusqu'脿 99 % des femmes travaillant dans le secteur minier se trouvent dans le sous-secteur ASM. Sur les quelque neuf millions de personnes travaillant dans l'ASM en Afrique, environ 50 % sont des femmes. Malheureusement, il y a aussi des enfants dans l'ASM.
En Afrique, les femmes sont impliqu茅es dans la production de diamants, d'or, de pierres pr茅cieuses de couleur, de cobalt, de cuivre, de min茅raux dits "3T" (contenant de l'茅tain, du tungst猫ne et du tantale), de min茅raux industriels et de mat茅riaux de construction, dont elles transforment certains en produits finis - de la poterie et des briques aux bijoux.
脡tant donn茅 la vitesse 脿 laquelle les premi猫res 茅tapes de la ZLECAf sont mises en place et l'茅limination pr茅vue des droits de douane sur 90 % des biens produits par les pays au cours des cinq premi猫res ann茅es, il est n茅cessaire d'examiner, m锚me 脿 ce stade, l'impact potentiel du libre-茅change sur les femmes dans le secteur minier - qu'il soit positif ou n茅gatif.
L'examen de cet impact permettrait de d茅terminer la r茅alisation des aspirations de la Vision mini猫re africaine (VMA) de l'UA, adopt茅e en 2009, qui vise 脿 "une exploitation transparente, 茅quitable et optimale des ressources min茅rales pour soutenir une croissance durable et un d茅veloppement socio-茅conomique 脿 large assise..." et qui mentionne notamment l'inclusion des femmes comme l'un de ses principes cl茅s, bien que les m茅canismes de cette inclusion restent 脿 d茅finir.
Comment la ZLECAf peut-il r茅aliser ou am茅liorer les aspirations de la Vision mini猫re africaine ?
La Vision mini猫re africaine part du principe que les femmes travaillant dans l'industrie mini猫re en Afrique sont principalement dans l'ASM. Le monde de l'ASM est pr茅caire et marqu茅 par les bas salaires, l'exploitation et l'insuffisance des moyens de production, la marginalisation de la cha卯ne de valeur, etc. Pourtant, il offre des moyens de subsistance 脿 de nombreuses femmes en milieu rural.
Elle n茅cessite une r茅flexion fond茅e sur des donn茅es probantes quant aux impacts n茅gatifs des protocoles r茅gionaux sur les femmes et aux mesures n茅cessaires pour att茅nuer ces impacts.
Il n'y a pas eu de consultation officielle des femmes dans le secteur minier au cours des processus qui ont conduit 脿 l'茅laboration de la ZLECAf.
Dans un article sur la question du genre et de la ZLECAf, Fatima Kelleher, de l'organisation FEMNET (茅galement appel茅e R茅seau de d茅veloppement et de communication des femmes africaines), bas茅e 脿 Nairobi, sugg猫re que l'accord commercial a laiss茅 aux pays le soin d'assurer l'inclusion du genre. C'est inqui茅tant car, dans le secteur minier, le genre et l'inclusion sociale ont historiquement 茅t茅 une faible priorit茅.
- D茅velopper une industrie min茅rale africaine diversifi茅e et comp茅titive au niveau mondial
- Favoriser un secteur min茅ral transparent et responsable
- Optimiser les connaissances et les avantages des ressources min茅rales limit茅es.
- Exploiter le potentiel de l'exploitation mini猫re 脿 petite 茅chelle pour am茅liorer les moyens de subsistance et l'int茅gration dans l'茅conomie rurale et nationale.
- Favoriser un d茅veloppement durable fond茅 sur une exploitation mini猫re responsable sur le plan environnemental et social.
- Renforcer les capacit茅s humaines et institutionnelles en s'appuyant sur une 茅conomie du savoir qui soutient l'innovation, la recherche et le d茅veloppement.
- Assurer la participation des communaut茅s et des citoyens aux actifs miniers et la distribution 茅quitable des b茅n茅fices.
Source: Union africaine鈥�
Pour examiner le lien entre les femmes dans le secteur minier et l'AfCFTA, il est important de comprendre la situation des femmes dans le secteur minier.
Solutions propos茅es
J'aimerais voir un effort d茅lib茅r茅 d'inclusion des femmes dans la formulation des protocoles de l'AfCFTA. Cela signifie invariablement la prise en compte des int茅r锚ts des quelque cinq millions de femmes travaillant dans le secteur minier en Afrique. Par cons茅quent, les mesures correctives suivantes sont urgentes :
Premi猫rement, les femmes doivent plaider pour la cr茅ation d'un espace permettant de prendre en compte leurs pr茅occupations. Les opportunit茅s offertes par la ZLECAf ne peuvent 锚tre r茅alis茅es que si les protocoles contiennent des dispositions fond茅es sur des preuves. C'est aux niveaux national et r茅gional qu'il est le plus facile de les g茅n茅rer.
Deuxi猫mement, les minist猫res africains des mines et du commerce doivent adopter une position politique coh茅rente sur l'optimisation de la ZLECAf et de la Vision mini猫re africaine. Les gouvernements doivent s'attaquer 脿 l'approche cloisonn茅e qui nuit 脿 l'obtention de r茅sultats optimaux en mati猫re de d茅veloppement.
Actuellement, les gouvernements font pression en faveur de l'enrichissement des min茅raux et de la valeur ajout茅e, tandis que la Vision mini猫re africaine pr茅conise une industrialisation bas茅e sur les min茅raux. Mais quel impact cela aura-t-il sur les femmes impliqu茅es dans le commerce des min茅raux sur le continent ? Qu'en sera-t-il des min茅raux dont les cha卯nes de valeur sont li茅es aux cha卯nes de valeur mondiales ? Qu'en est-il des cha卯nes de valeur r茅gionales et de la mise en place d'industries nationales de valorisation et d'ajout de valeur ?
Troisi猫mement, la ZLECAf peut faire avancer les aspirations de la Vision mini猫re africaine et l'inclusion du genre dans le secteur des min茅raux en s'assurant que les protocoles pertinents de la ZLECAf s'alignent sur les principes cl茅s de la vision. Par exemple, l'objectif de la ZLECAf de "promouvoir l'industrialisation, la diversification 茅conomique et le d茅veloppement des cha卯nes de valeur" offre une opportunit茅 de participation optimale des femmes pour des b茅n茅fices 茅quitables dans les cha卯nes de valeur des min茅raux.
Quatri猫mement, un autre objectif de la ZLECAf, qui consiste 脿 "lib茅raliser les 茅changes de services" entre les pays, peut 锚tre mis en avant 脿 mesure que les pays d茅veloppent des liens avec les min茅raux qui sont essentiels 脿 la transformation 茅conomique de l'Afrique.
En favorisant l'茅change de services entre les pays, la ZLECAf a l'occasion de combler le foss茅 entre les sexes dans le secteur des min茅raux. Il est n茅cessaire d'intervenir pour favoriser l'acc猫s 茅quitable au d茅veloppement des comp茅tences, ce qui permettra aux femmes professionnelles et aux entrepreneurs du secteur minier d'offrir des services tels que l'exploration, l'exploitation mini猫re sous contrat, les services de laboratoire, etc.
Enfin, les cadres institutionnels 茅tablis pour la mise en 艙uvre de la ZLECAf doivent inclure les femmes 脿 tous les niveaux, conform茅ment au protocole de Maputo 脿 la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique.
Mon message aux partenaires du d茅veloppement est qu'ils doivent 锚tre attentifs au soutien dont ont besoin les femmes dans le secteur minier africain. Le fait de fournir ce soutien sous les auspices de ZLECAf favorisera l'inclusion.
Nellie Mutemeri est responsable de la pratique mini猫re chez Mutemeri Consulting et professeur associ茅e 脿 l'Universit茅 de Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud.
