04 mars 2021

D’après le Programme?des?Nations?Unies?pour?le?Développement?(PNUD), le taux d'alphabétisation mondiale des adultes handicapés est de moins de 3?%, et atteint seulement 1?% dans le cas des femmes handicapées. Les personnes handicapées constituent la plus grande minorité au monde, représentant 15?% de la population mondiale, soit un milliard de personnes. Il appara?t donc essentiel qu'elles soient pleinement intégrées dans la société, notamment en ayant un accès égal à une éducation de qualité.

Or, les étudiants, universitaires et chercheurs handicapés restent sous-représentés dans l'enseignement supérieur et comptent parmi les groupes de personnes les plus exclues, marginalisées, et vulnérables sur les campus. En effet, ces personnes luttent pour accéder à l’enseignement et sont confrontées à différentes formes de stigmatisation et de discrimination, ainsi qu'à des obstacles dans l'exercice de leurs droits. L'éducation inclusive est fondamentale non seulement pour les étudiants, universitaires et professeurs handicapés, mais aussi pour les sociétés dans lesquelles ils vivent, car elle contribue à lutter contre les discriminations, à promouvoir la diversité, et à faire participer les personnes handicapées.

Dans la série d'entretiens consacrée au handicap et à l'enseignement supérieur, l’Impact Universitaire des Nations Unies (UNAI) met en avant les apports d’intellectuels handicapés au monde universitaire et étudie les moyens de construire un environnement pédagogique réellement inclusif. Le présent article souligne comment les étudiants handicapés peuvent activement utiliser les ressources disponibles au sein de leurs universités pour s’assurer une transition en douceur vers le monde du travail.?

??En tant qu'étudiante internationale, locutrice non-native en anglais, et personne handicapée sans réseau??, Mariko Tatsumi a quitté le Japon pour les ?tats-Unis en 2016 afin de poursuivre des études supérieures et évoluer professionnellement.?

Bien qu'elle soit aveugle des deux yeux, Mariko a décroché une licence en gestion des ressources humaines à l', une ma?trise en psychologie sociale et organisationnelle à l', et effectuée un stage en partenariat politique et stratégique aux Nations Unies. Cette année, Mariko a commencé à travailler pour l'équipe de planification des effectifs du Bureau des ressources humaines du Secrétariat des Nations Unies en tant qu'administratrice auxiliaire (JPO).

Revenant sur son expérience d’entrée sur le marché du travail en tant qu'étudiante dipl?mée handicapée, Mariko a reconnu que son université avait fait du bon travail en offrant un soutien et des aménagements aux étudiants handicapés afin d'optimiser leur apprentissage et leur vie sur le campus. Toutefois, elle souligne que ??les Services aux personnes handicapées et les Bureaux d’orientation professionnelle ne sont pas encore connectés??. Selon elle, les services d’orientation professionnelle adaptés aux étudiants handicapés devraient inclure ??la création d'une communauté afin que les étudiants handicapés puissent réseauter et partager des informations les uns avec les autres, la mise à disposition de consultants de carrière et l'organisation d'événements de carrière afin d'obtenir des informations concrètes??.

Selon Mariko, permettre aux étudiants handicapés de saisir des opportunités professionnelles n'est pas une voie à sens unique?: ??Toute organisation désireuse de recruter des personnes handicapées qualifiées devrait se mettre en relation avec les écoles afin de créer une réserve spéciale de talents??, a-t-elle déclaré, espérant que davantage d'entreprises lanceront des systèmes spécifiques de sensibilisation, de recrutement, d’acquisition de talents, et des programmes de leadership pour les étudiants handicapés. Mariko estime que l'Organisation des Nations Unies (ONU) ??est un excellent exemple d'organisation qui considère les professionnels handicapés comme une part essentielle de sa diversité??.

? la place d'une orientation professionnelle adéquate et adaptée, Mariko conseille aux étudiants handicapés d'être proactifs et de se créer des opportunités. Depuis son stage, Mariko a activement noué des contacts avec des professeurs et anciens élèves de son université qui disposent également d’une expérience onusienne ??afin de mieux comprendre l'organisation et d’obtenir des conseils sur les candidatures??, ce qui l'a aidée à trouver un emploi à temps plein à la suite de son stage.?

Elle encourage également tous ses pairs handicapés chercheurs?d’emplois valorisants à avoir confiance en eux et d’établir des liens avec les autres pour prouver que le handicap n'est pas une inaptitude : ??Soyez vulnérables, à l'aise avec vous-même. Au lieu de vous faire du souci dans votre coin, faites participer tout le monde. Ce que nous essayons de réaliser n'est pas aisé et ne se fera pas du jour au lendemain. Alors, parlez à d’autres personnes et demandez de l'aide. Vous êtes doué à bien des égards et il existe plein d’opportunités d'élargir votre horizon??.?

Claudia Romero a obtenu sa ma?trise d’enseignante spécialisée à l' alors qu'elle était une étudiante atteinte de dyslexie, un trouble de l'apprentissage qui entra?ne des difficultés de lecture et d’écriture. Elle a ensuite rejoint le monde du travail en tant que Coordinatrice des Services de Soutien à l' au Mexique.?

Elle estime que les compétences qu'elle a acquises en tant qu'étudiante handicapée l'aident dans sa vie professionnelle et son emploi actuel où elle soutient des étudiants à besoins spécifiques. Bien que son diagnostic de dyslexie ait été posé tardivement, ses difficultés en lecture et en écriture l’ont incitée à se rendre au centre d'écriture de son université. Le personnel de ce centre lui a fourni des méthodes utiles pour faciliter la lecture et l'écriture, comme ??le recueil d'informations avant la lecture et l'apprentissage de la reformulation??. Elle a souligné que ce sont des méthodes qu'elle continue d’utiliser en tant qu'enseignante avec ses élèves qui ont des besoins spécifiques. Elle a également expliqué que le fait d’étudier dans l'enseignement supérieur en étant dyslexique lui a permis de développer sa créativité, sa pensée critique et ses capacités de résolution de problèmes, qu’elle continue à mettre en pratique dans sa vie professionnelle. Enfin, comme son handicap l'a contrainte à faire appel au soutien des autres, elle a su développer des compétences sociales qui s’avèrent essentielles pour mener une carrière réussie.

Ces prises de conscience ont conduit Claudia à penser que ??vous n'êtes pas votre handicap?: il s’agit seulement d’un élément que vous pouvez utiliser à votre avantage??. Elle affirme que son handicap l'a rendue ??plus tolérante et ouverte à la diversité?? tout en restant convaincue que ??si les personnes se réunissent, prennent conscience de leurs forces et faiblesses, et utilisent ces forces pour travailler en équipe et évoluer, le monde n’en sera que meilleur??.?