Le 24 juin, nous célébrons la Journée internationale des femmes dans la diplomatie. Je salue cette initiative de l’Assemblée générale des Nations Unies, sous la direction du Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée, S. E. Abdulla Shahid, Ministre des Affaires étrangères des Maldives, visant à rendre plus visible le leadership des femmes, à reconna?tre leurs accomplissements dans l’espace diplomatique et à attirer l’attention sur le chemin qu’il nous reste à parcourir pour atteindre leur participation pleine et égale à la prise de décisions dans tous les domaines ainsi qu’à la vie politique.
Sur les 850 délégués qui sont signé la Charte des Nations Unies en 1945, 4 seulement étaient des femmes. Depuis, nous avons constaté une augmentation de leur représentation dans la diplomatie mondiale ainsi qu’aux Nations Unies, mais pas à la rapidité ni au rythme nécessaires?dont nous avons besoin. En fait, bien trop souvent, elles sont absentes des instances de prise de décisions.
L’une des grandes réalisations des Nations Unies et du multilatéralisme a été l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 – sous l’impulsion d’une femme, Eleanor Roosevelt – par laquelle toutes les nations ont reconnu l’égalité des droits des hommes et des femmes en tant que droits humains fondamentaux.?
La diplomatie reste un bastion masculin dans le monde entier. Les pouvoirs diplomatiques, exercés par les dirigeants aux plus hauts niveaux de l’?tat, restent principalement détenus par des hommes. Les représentants des pays du G7 et du G20 sont, en majorité, des hommes. Les panels exclusivement masculins sont trop souvent la norme. Les femmes ne sont chefs d’?tat et/ou de gouvernement que dans 28 pays; il n’y a actuellement que?16 femmes chefs d’?tat (10,6?% des pays) et 16 femmes chefs de gouvernement (8,3?%)1. Au niveau ministériel, la sphère des affaires étrangères est dominée de manière disproportionnée par les hommes, les femmes ministres?ne détenant que 25?% de ce type de portefeuille2. Au niveau parlementaire, elles occupent seulement 26,5 % des sièges. ?
Il en a été de même pour cette institution. En tant qu’Organisation mondiale, nous devons faire mieux. C’est d’ailleurs l’appel de ralliement lancé par notre Secrétaire général au cours des six dernières années. Aujourd’hui, nous avons réalisé des progrès louables, démontrant clairement ce qu’une volonté politique, des changements institutionnels et culturels ainsi que des mesures spéciales permettent?d’accomplir.
En 2020, pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, la parité a été atteinte parmi tous les hauts dirigeants. Nous avons également atteint une parité totale et une plus grande diversité géographique parmi nos coordinateurs résidents. Les Nations Unies sont en voie de l’atteindre à tous les niveaux des entités du Siège dans les cinq prochaines années. Cependant, nous continuons à nous battre pour une plus grande inclusion sur le terrain, en particulier dans les missions de maintien de la paix, à tous les niveaux. C’est là que nos interactions avec les communautés que nous servons sont les plus fréquentes, que les défis pour les pays sont les plus importants et que le besoin de diversité pour renforcer nos efforts est plus essentiel que jamais. C’est pourquoi nous amplifions nos efforts et sommes déterminés à atteindre les objectifs que le Secrétaire général nous a fixés.?
Tout au long de l’histoire, les femmes ont apporté une contribution essentielle à la politique ainsi qu’aux relations internationales lorsqu’elles siégeaient à la table des négociations. Les négociations relatives à la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux processus de paix au Libéria et en Irlande témoignent, à l’évidence, du r?le fondamental qu’elles ont joué. Leur participation et leur représentation égales à tous les niveaux de la prise de décisions sont essentielles pour susciter les transformations nécessaires à l’édification d’un avenir durable. Leur engagement dans les processus politiques contribue activement à ces efforts?: des décisions plus inclusives sont prises, des voix différentes sont entendues et des solutions sont créées. Les gouvernements fonctionnent mieux3, la corruption diminue et les processus de paix s’améliorent4. Sans la contribution de la moitié de la population mondiale, nous ne pouvons pas élaborer des politiques qui fonctionnent pour tous.
Aux Nations Unies, nous, les femmes, qui travaillons dans la diplomatie, et nos alliés masculins du féminisme, avons l’occasion de faire avancer le changement dont nous avons besoin. Notre Programme commun, la vision du Secrétaire général pour l’avenir de la coopération mondiale, offre une chance unique de mettre en réseau un multilatéralisme inclusif, en incluant toutes les générations. C’est aussi la raison pour laquelle, pendant la pandémie de COVID-19, j’ai lancé l’initiative Femmes debout ?– Solidaires pour tous, afin de mettre en lumière comment le leadership des femmes apporte une contribution significative et comment des structures de gouvernance plus inclusives et des espaces de négociation plus diversifiés conduisent à des politiques plus efficaces ainsi qu’à des changements durables.
Nous devons apporter des changements si nous voulons garantir ces avantages à tous, en particulier à ceux qui sont exclus ou laissés pour compte. Cela nécessitera des mesures et des politiques bien calibrées, con?ues pour soutenir les droits des femmes. Il faudra dénoncer et démanteler les obstacles structurels à la participation des femmes sur un pied d’égalité.
Lorsque nous atteindrons enfin une représentation pleine et équitable, nous nous rapprocherons d’une société inclusive, juste et prospère qui sera plus pacifique, plus durable et plus équitable, une société qui reflétera nos objectifs communs de développement durable et l’avenir que nous souhaitons tous.
Notes
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1Données compilées par ONU-Femmes à partir d’informations fournies par les Missions permanentes auprès des Nations Unies au 1er juin 2023. Les pays dont le système est fondé sur la monarchie sont exclus du décompte des chefs d’?tat.?
2UIP et ONU-Femmes en politique (carte) 2023. Disponible sur le site?.?
3Riccardo Pelizzo et Aminu Umar, ??A functionalist theory of oversight??,?African Politics & Policy,?1, n° 5 (2015), pp. 1-25; Riccardo Pelizzo et?Frederick Stapenhurst,???Parliamentary oversight tools: A comparative analysis?? (Londres, Routledge, 2012).?
4Dans les contextes touchés par un conflit, la participation et la représentation des femmes dans la vie publique apportent de la crédibilité aux processus de paix et aux négociations, car leur présence et leur influence sont essentielles pour unir les communautés divisées et rallier les acteurs de la consolidation de la paix. Source?: Thomas Carothers, ??Democracy Support Strategies: Leading with Women’s Political Empowerment??, document, Dotation Carnegie pour la paix internationale, 2016. Disponible sur le site?.
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La?Chronique de l’ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privilège d’accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingués ne faisant pas partie du système des Nations Unies dont les points de vue ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l’acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.?