Les 17 objectifs de développement durable (ODD) proposés sont le résultat de négociations intenses menées par les ?tats Membres des Nations Unies pour construire le monde que nous voulons d’ici à 2030. Ils couvrent divers aspects économiques, sociaux et environnementaux.
La réalisation de ces objectifs nécessitera un niveau de coopération sans précédent pour tirer parti du financement et des connaissances disponibles ainsi que des modalités de mise en ?uvre. Une approche intégrée, interdisciplinaire entre et parmi les objectifs est nécessaire.
Je prendrai l’exemple de l’ODD 15 qui vise à ? préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de fa?on durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité ?. Il est assorti de 10 cibles, qui comprennent l’intégration des valeurs des écosystèmes et de la biodiversité dans la planification nationale et locale, les processus de développement et les stratégies de réduction de la pauvreté et la comptabilité, ainsi qu’une cible visant à mobiliser et à accro?tre de manière significative des ressources financières en provenance de toutes les sources pour la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité et des écosystèmes.
La déforestation, la dégradation, la désertification et la protection de la biodiversité sont des questions qui ne peuvent pas être traitées séparément : des écosystèmes sains sont la clef de vo?te des efforts en matière de réduction de la pauvreté, d’une agriculture durable et productive et des réseaux de distribution d’eau qui constituent le fondement du développement et de la croissance. Un grand nombre d’experts en agriculture, en santé et en eau sont conscients que la déforestation et la surexploitation des terres pourraient avoir un impact négatif sur les objectifs visant à assurer une vie saine (ODD 3), à éliminer la faim (ODD 2) et à garantir l’accès à l’eau (ODD 6). Si les approches sectorielles étroites restent la règle et que rien n’est fait pour contr?ler leurs effets négatifs, les perspectives du développement à long terme seront de plus en plus limitées. En revanche, les approches intersectorielles peuvent permettre d’atteindre de multiples objectifs dans une perspective à long terme et d’une manière efficace.
Les gouvernements s’engageront à réaliser les ODD à un moment où les ressources de la planète sont déjà sérieusement réduites, mena?ant leur capacité à créer des opportunités sociales et économiques. On estime que près de 50 % des emplois dans le monde sont liés à l’agriculture, à la pêche et aux forêts. Trois quarts des 115 cultures principales dans le monde dépendent de la pollinisation animale et plus de 50 % des médicaments sont fabriqués à partir de plantes médicinales. Pourtant, la biodiversité animale et végétale diminue rapidement en raison de la déforestation et de la fragmentation des forêts. Environ 1 milliard de personnes dépendent du poisson comme source principale de protéines animales. Or, les principaux stocks de poissons sont en déclin. Les mangroves disparaissent au taux alarmant de 2 à 7 % par an et, avec elles, les habitats pour les poissons et la protection contre les tempêtes.
Dans ce contexte, le programme pour l’après-2015 a d’importantes implications pour le Groupe de la Banque mondiale. Ses objectifs visant à éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et à stimuler de fa?on durable la prospérité partagée pour les 40 % des plus pauvres dans le monde sont parfaitement conformes aux ODD. L’ODD 15 qui vise à protéger, à restaurer et à améliorer les écosystèmes naturels est au c?ur des activités de la Banque dans les zones rurales, où 78 % des populations extrêmement pauvres du monde vivent, et est un facteur clé des perspectives de croissance économique à long terme en faveur des générations futures. Il s’agit ni plus ni moins de sauver dès maintenant la planète.
Les résultats des efforts de reboisement locaux menés pour mettre en place de véritables stratégies pour une croissance verte montrent qu’il est possible de trouver des solutions avantageuses à tous égards. Par exemple, suite à la crise financière de 2008, l’expérience de la République de Corée a démontré qu’il est possible de stimuler à la fois les emplois et le produit intérieur brut (PIB) tout en réduisant la pollution et les émissions de carbone. Ce résultat a été obtenu en adoptant des technologies sobres en carbone.
Des interventions simples, comme une meilleure gestion du bétail pour favoriser la régénération naturelle des plantes et des arbres, ont permis aux communautés rurales mises à l’épreuve de trouver un nouveau souffle, d’augmenter leurs rendements et de jouir de meilleures conditions de vie, partout dans le monde, de l’Albanie à la Colombie en passant par la Chine et l’?thiopie. Le partage de ces expériences d’un pays à l’autre sera crucial pour assurer que les nations ne repartent pas à zéro et qu’elles s’entraident à matérialiser leur vision ambitieuse.
Le financement de la lutte contre les changements climatiques a été crucial pour trouver des solutions qui ciblent une grande variété de secteurs. Les fonds versés par le Fonds biocarbone, le Programme d’investissement pour la forêt et le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions du carbone forestier, par exemple, ont servi à piloter des réformes dans l’agriculture et la gestion du bétail afin de lutter contre la déforestation et absorber plus de carbone. Gérés ensemble, ces fonds destinés aux forêts apporteront un soutien ininterrompu à nos pays clients. La création de partenariats publics- privés (PPP) avec des multinationales pour soutenir une déforestation zéro dans les cha?nes d’approvisionnement de produits de base, comme l’huile de palme, le soja, l’élevage bovin et autres, fait également partie de l’approche globale. Ces partenariats offrent des occasions immenses d’accro?tre les investissements en faveur des agriculteurs et de renforcer le soutien technique, de gros investissements que les pouvoirs publics ne peuvent assumer à eux seuls.
Enfin, les approches de la comptabilisation du capital naturel encouragent les gouvernements et les entreprises à prendre en compte l’état et la durabilité de leur patrimoine naturel dans leur planification. Des initiatives comme le Partenariat pour le calcul des richesses et l’évaluation des services écosystémiques, ainsi que d’autres programmes, aident un nombre croissant de pays à voir au-delà du PIB et à ? intégrer la protection des écosystèmes et de la biodiversité dans la planification nationale, dans les mécanismes de développement, dans les stratégies de réduction de la pauvreté et dans la comptabilité ? (cible 15.9). La comptabilisation du capital naturel peut aider les pays à se concentrer sur le tableau de bord des indicateurs afin de contr?ler les actifs dont les pays ont besoin pour garantir la croissance à long terme et s’assurer que les progrès dans la réalisation d’un ODD ne se font pas au détriment d’un autre. ? cet égard, on pourrait faire encore plus. Les écarts entre les données et les remèdes seront, sans aucun doute à l’ordre du jour dans les mois à venir alors que l’ONU se prépare à transmettre une feuille de route d’indicateurs pour consultation.
Avec le lancement imminent du programme de développement durable, le Groupe de la Banque mondiale se prépare activement à soutenir sa mise en ?uvre en aidant les pays à accorder la priorité aux mesures qui renforcent les liens entre les écosystèmes sains et le développement. Les interventions dans les forêts, les paysages ruraux et les océans doivent répondre aux nombreux besoins des pays, que ce soit en matière de croissance économique, de nutrition, de sécurité alimentaire ou de lutte contre les changements climatiques. Les investissements dans l’emploi, la compétitivité et l’assainissement de l’air et de l’eau renforcent aussi la résilience et réduisent les émissions. Nous sommes prêts à travailler avec les partenaires pour pro- mouvoir des solutions intégrées, multisectorielles qui seront indispensables pour atteindre l’ODD 15 – et, en fait, tous les ODD – dans un monde de plus en plus interconnecté, limité et engagé.?
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