La criminalit¨¦ li¨¦e aux esp¨¨ces sauvages et aux for¨ºts affecte les nations vuln¨¦rables et repr¨¦sente aujourd¡¯hui une menace grave pour la s¨¦curit¨¦, la stabilit¨¦ et l¡¯¨¦conomie de pays et de r¨¦gions enti¨¨res. L¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies et le Conseil de s¨¦curit¨¦, le Conseil ¨¦conomique et social et la Commission des Nations Unies pour la pr¨¦vention du crime et la justice p¨¦nale ont exprim¨¦ leur profonde inqui¨¦tude face au pillage des ressources naturelles et du patrimoine national.
Les profits en jeu sont immenses : la criminalit¨¦ li¨¦e aux esp¨¨ces sauvages figure au rang du trafic des stup¨¦fiants et de la traite des ¨ºtres humains et peut repr¨¦senter une valeur de 20 milliards par an, tandis que le commerce ill¨¦gal du bois co?te ¨¤ l¡¯¨¦conomie mondiale entre 300 et 100 milliards de dollars par an. La corruption graisse les rouages de cette activit¨¦, des pots-de-vin ¨¦tant vers¨¦s ¨¤ toutes les ¨¦tapes du processus, de l¡¯exploitation de l¡¯origine d¡¯un produit ¨¤ sa mise sur le march¨¦. Si les incitations sont ¨¦videntes pour les criminels, les mesures prises pour les combattre restent nettement insuffisantes.
Face ¨¤ ce carnage qui ne cesse de cro?tre, plusieurs organisations internationales ont entam¨¦ des discussions en novembre 2009 pour s¡¯attaquer ¨¤ ce fl¨¦au sur plusieurs fronts : le d¨¦veloppement, l¡¯application des lois et l¡¯environnement. En novembre 2010, le Consortium international de lutte contre la criminalit¨¦ li¨¦e aux esp¨¨ces sauvages (ICCWC) a ¨¦t¨¦ officiellement lanc¨¦ lors du Forum international pour la conservation du tigre qui s¡¯est tenu ¨¤ Saint-P¨¦tersbourg (Russie).
Le Consortium comprend cinq organisations : le Secr¨¦tariat de la Convention sur le commerce international des esp¨¨ces de faune et de flore sauvages menac¨¦es d¡¯extinction (CITES), l¡¯Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), l¡¯Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la Banque mondiale et l¡¯Organisation mondiale des douanes (OMD). Cette nouvelle approche permet de r¨¦unir des experts qui travaillent dans les domaines du renforcement des capacit¨¦s en mati¨¨re d¡¯application de la loi et de justice p¨¦nale ainsi que dans les domaines sociaux et ¨¦conomiques.
Avant la cr¨¦ation de l¡¯ICCWC, la destruction de la flore et de la faune sauvages ¨¦tait largement consid¨¦r¨¦e comme une question relevant de? la conservation. Malgr¨¦ les actions consid¨¦rables men¨¦es par les organisations intergouvernementales et non gouvernementales pour lutter contre la criminalit¨¦ li¨¦e aux esp¨¨ces sauvages et aux for¨ºts, ces activit¨¦s n¡¯ont montr¨¦ aucun signe de fl¨¦chissement.
Un facteur essentiel et qui, jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent, a probablement ¨¦t¨¦ sous-estim¨¦, est le r?le des groupes criminels organis¨¦s qui agissent par le biais de r¨¦seaux sophistiqu¨¦s. Face ¨¤ des ennemis dot¨¦s de ressources consid¨¦rables et bien arm¨¦s, les services de r¨¦pression peuvent se trouver confront¨¦s ¨¤ des d¨¦fis immenses.
Ces cinq organisations offrent une p¨¦pini¨¨re unique de sp¨¦cialistes dans les domaines techniques et de programmation pertinents. L¡¯approche offre un soutien coordonn¨¦ aux gouvernements des pays concern¨¦s, aux services charg¨¦s de l¡¯application des lois et aux r¨¦seaux sous-r¨¦gionaux qui s¡¯attachent ¨¤ prot¨¦ger les ressources naturelles mondiales de l¡¯exploitation criminelle. L¡¯accent est mis sur l¡¯am¨¦lioration de la coordination et de la coop¨¦ration entre les r¨¦gions et ¨¤ tous les stades de la proc¨¦dure polici¨¨re et judiciaire; sur le renforcement des capacit¨¦s ¨¤ long terme des services nationaux de r¨¦pression; et sur la consolidation de connaissances concernant l¡¯ampleur et la nature de ces activit¨¦s criminelles ainsi que les incitations et les interventions possibles pour y rem¨¦dier.
L¡¯ICCWC vise ¨¤ fournir ¨¤ ces autorit¨¦s les outils et les services dont elles ont besoin pour lutter contre la criminalit¨¦ environnementale. Toutes les organisations poss¨¨dent une exp¨¦rience consid¨¦rable en mati¨¨re d¡¯assistance technique et certaines disposent de bureaux nationaux ou r¨¦gionaux qui travaillent d¨¦j¨¤ sur le terrain en parall¨¨le avec les services nationaux de r¨¦pression. Chacune, ¨¤ sa mani¨¨re, a men¨¦ des recherches approfondies dans le domaine de la criminalit¨¦ et des moyens efficaces pour la combattre. Elles poss¨¨dent une vue d¡¯ensemble des questions de criminalit¨¦ et de contrebande qui n¡¯existe nulle part ailleurs.
Les organisations qui forment l¡¯ICCWC s¡¯appuient sur une grande exp¨¦rience pour mettre au point et dispenser une formation compl¨¨te et pour r¨¦aliser des dossiers sur le renforcement des capacit¨¦s pour les agents de lutte contre la fraude aux niveaux r¨¦gional et sous-r¨¦gional. Plusieurs d¡¯entre elles sont dot¨¦es de canaux de communication qui permettent la diffusion de renseignements en temps r¨¦el pour aider les organismes nationaux de lutte contre la fraude ¨¤ ¨¦valuer les risques, au ciblage et au profilage, et pour faciliter les investigations dans diff¨¦rents pays. Elles savent coordonner les op¨¦rations multinationales de ciblage du commerce ill¨¦gal et de la contrebande.
? moyen et ¨¤ plus long terme, l¡¯ICCWC sera parfaitement plac¨¦ pour mettre au point avec succ¨¨s des programmes pour :
- mieux sensibiliser ¨¤ la criminalit¨¦ li¨¦e aux esp¨¨ces sauvages;
- fournir une analyse et un appui institutionnel;
- renforcer la capacit¨¦ des institutions nationales,? des organisations r¨¦gionales et?sous-r¨¦gionales?de?lutte contre la fraude en tenant compte de toute la gamme des techniques d¡¯investigation et de poursuite en justice;
- favoriser des actions de lutte contre la fraude coordonn¨¦es;
- appuyer des examens analytiques, en particulier avec l¡¯outil d¡¯analyse de la criminalit¨¦ en mati¨¨re d¡¯esp¨¨ces sauvages et de for¨ºts;
- mettre l¡¯accent sur la criminalit¨¦ en mati¨¨re d¡¯esp¨¨ces sauvages?dans les organisations nationales pertinentes;
- promouvoir la gestion et le d¨¦veloppement des ressources naturelles;
- comprendre et s¡¯attaquer aux auteurs de d¨¦lits touchant aux esp¨¨ces sauvages et r¨¦duire la demande.
Lors de la premi¨¨re Assembl¨¦e des Nations Unies sur l¡¯environnement, qui a eu lieu en juin 2014, les 193 membres des Nations Unies et les parties prenantes ont souscrit ¨¤ une nouvelle vision de la dimension environnementale du d¨¦veloppement durable. Les ?tats Membres se sont r¨¦unis pour d¨¦finir une volont¨¦ politique mondiale afin d¡¯enrayer la destruction de la nature. Parmi les points inscrits ¨¤ l¡¯ordre du jour de l¡¯Assembl¨¦e figuraient l¡¯¨¦tat de droit en mati¨¨re d¡¯environnement et le commerce ill¨¦gal du bois et des esp¨¨ces sauvages.
L¡¯ICCWC peut jouer un r?le vital pour canaliser cet ¨¦lan en mobilisant les sp¨¦cialistes mondiaux. Reconnaissant que l¡¯un des probl¨¨mes actuels les plus significatifs doit faire l¡¯objet d¡¯une action mondiale, ce Consortium affirme son action en effectuant des interventions concr¨¨tes et en faisant appel aux technologies de pointe afin d¡¯¨¦viter une trag¨¦die plan¨¦taire.
Des informations compl¨¦mentaires sur l¡¯ICCWC sont disponibles sur le site
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