L'Afrique. Ce seul mot ¨¦voque un peuple au destin tragique. Sa population subit de plein fouet les chocs ext¨¦rieurs caus¨¦s par les catastrophes naturelles, la guerre et les conflits. C'est aussi l¨¤ o¨´ la pand¨¦mie du sida a fait le plus de ravages. Il est indiscutable que l'Afrique est confront¨¦e ¨¤ de nombreux probl¨¨mes qui entravent sa capacit¨¦ ¨¤ assurer la s¨¦curit¨¦ alimentaire et nutritionnelle des populations. Et la situation semble se r¨¦p¨¦ter d'une ann¨¦e ¨¤ l'autre. Pourtant, tout n'est pas n¨¦gatif : c'est probablement le continent qui poss¨¨de les plus grandes ressources naturelles.
L'Afrique est couverte de nombreuses terres arables, abrite une faune abondante et poss¨¨de les plus hautes montagnes ¨¦quatoriales ainsi que des for¨ºts tropicales humides tout en ayant les d¨¦serts les plus arides du monde. Depuis les ann¨¦es 1970, l'environnement et les ressources naturelles de la plupart des pays africains ont ¨¦t¨¦ de plus en plus menac¨¦s par la pression caus¨¦e par l'expansion rapide des populations et des villes, sur laquelle est venu se greffer le vih/sida qui a ¨¦t¨¦ un frein consid¨¦rable au d¨¦veloppement1,2. Les politiques adopt¨¦es n'ont pas r¨¦ussi ¨¤ redresser la situation et, dans un certain nombre de pays, les chefs d'?tat ont pris le pouvoir par la force, ce qui constitue une atteinte aux principes d¨¦mocratiques.
Plusieurs facteurs ont contribu¨¦ ¨¤ la diminution de la production alimentaire : d¨¦gradation des terres, mauvaise gestion des ressources en eau disponibles, organismes nuisibles et maladies, m¨¦thodes de production alimentaire et d'entreposage et technologies de transformation des aliments inappropri¨¦es, conflits civils et guerres, politiques ¨¦conomiques mal con?ues pour soutenir la production alimentaire. ? tout cela s'est ajout¨¦e la condition sociale et ¨¦conomique des femmes qui constituent la majorit¨¦ des producteurs alimentaires3,4. Ces facteurs ont engendr¨¦ une d¨¦t¨¦rioration de la s¨¦curit¨¦ alimentaire qui a doubl¨¦ le nombre d'Africains sous-aliment¨¦s, qui est pass¨¦ de 100 millions ¨¤ la fin des ann¨¦es 1960 ¨¤ 200 millions en 1995. D'apr¨¨s les estimations, la r¨¦gion sera incapable de nourrir 60 % de sa population d'ici ¨¤ 20252,3. La population africaine, estim¨¦e ¨¤ 118 millions d'habitants au d¨¦but du XXe si¨¨cle, a atteint 788,5 millions en 1997 et devrait s'¨¦lever ¨¤ 1,5 milliard d'ici ¨¤ 20154,5. Cette augmentation rapide n'est pas tant un probl¨¨me que l'incapacit¨¦ des pays africains ¨¤ allier croissance ¨¦conomique et croissance d¨¦mographique. Apr¨¨s tout, l'immense potentiel agricole et les vastes ressources naturelles de l'Afrique restent en grande partie inexploit¨¦s.
L'urbanisation a ¨¦t¨¦ l'un des d¨¦veloppements les plus importants du XXe si¨¨cle. Au d¨¦but du si¨¨cle dernier, 5 % de la population vivait dans les zones urbaines, 20 % y vivaient dans les ann¨¦es 1960 puis 35 % dans les ann¨¦es 1990. Avec 4 %, l'Afrique a le taux annuel de croissance urbaine le plus ¨¦lev¨¦ au monde. Il a ¨¦t¨¦ ¨¦tabli que l'essentiel de la croissance de la population mondiale a lieu dans les pays en d¨¦veloppement. Cette augmentation, estim¨¦e ¨¤ un milliard de personnes entre 1995 et 2010, sera principalement absorb¨¦e par les villes de ces pays. ?videmment, ces villes connaissent des probl¨¨mes consid¨¦rables en mati¨¨re de logements et de d¨¦veloppement des infrastructures. Les logements ¨¦tant en mauvais ¨¦tat et inad¨¦quats, les bidonvilles se multiplient. Et ces villes font face ¨¤ une forte augmentation du transport des passagers, ¨¤ une insuffisance des ressources en eau, ¨¤ une d¨¦t¨¦rioration de l'assainissement et ¨¤ une ins¨¦curit¨¦ alimentaire en hausse4,6,9.
Dans les zones rurales, pour fuir la pauvret¨¦, des populations migrent vers les villes ¨¤ la recherche de meilleurs moyens d'existence. Les ¨¦conomies rurales, qui d¨¦pendent principalement de l'agriculture, ont ¨¦t¨¦, en grande partie, d¨¦truites par la d¨¦gradation des terres et le manque de main-d'?uvre, alors que les jeunes et la population active partent vivre dans les villes dans l'espoir de trouver un emploi. L'agriculture continue de se pratiquer sans intrants, ce qui donne des rendements faibles. L'instabilit¨¦ politique a ¨¦galement perturb¨¦ les activit¨¦s ¨¦conomiques, aggravant encore plus la pauvret¨¦. De plus, la r¨¦partition de la richesse est in¨¦gale : la plus grande partie des ressources est d¨¦tenue par un minuscule pourcentage de la population, tandis que la majorit¨¦ continue de s'enfoncer dans la pauvret¨¦4.
Mais malgr¨¦ ces probl¨¨mes importants, il existe de nombreuses opportunit¨¦s pour am¨¦liorer les conditions de vie des pauvres. Certains pays sont prosp¨¨res mais, malheureusement, on en entend trop rarement parler car les observateurs ont tendance ¨¤ traiter l'Afrique d'un seul bloc.
PAUVRET? ET FAIM : UNE RELATION CYCLIQUE
En Afrique, la faim peut ¨ºtre ? cach¨¦e ?, et chronique. Le nombre de personnes souffrant de la faim, estim¨¦ ¨¤ 180 millions, est ¨¦lev¨¦ et continue de progresser ¨¤ un rythme rapide10, mais est cependant inf¨¦rieur aux chiffres publi¨¦s r¨¦cemment par la Banque mondiale.
La s¨¦curit¨¦ alimentaire permet de vivre dans la dignit¨¦ et de mener une vie saine11. ?tre ¨¤ l'abri de la faim a ¨¦t¨¦ d¨¦crit comme un droit de l'homme fondamental, c'est pourquoi l'¨¦limination de la faim est l'un des Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (omd) de l'ONU. En fait, la r¨¦alisation de cet objectif aura des r¨¦percussions importantes sur la r¨¦alisation des autres omd et pourra ¨¦galement r¨¦duire les guerres et les conflits culturels12,13.
La pauvret¨¦ demeure l'une des principales causes de la faim en Afrique. Plus de la moiti¨¦ des Africains vivent au-dessous du seuil de pauvret¨¦ (avec moins de 1,50 dollar par jour) et plus des trois quarts habitent dans les zones rurales14. Le manque d'argent ou de ressources pour acheter de la nourriture engendre la faim, ¨¤ la fois chronique et cach¨¦e. La faim engendre donc la pauvret¨¦, les personnes souffrant de la faim produisant moins3,12. Dans la plupart des r¨¦gions, la pauvret¨¦ continue d'¨ºtre un ph¨¦nom¨¨ne rural, bien que la pauvret¨¦ urbaine soit en hausse sous ses formes les plus sordides. La pauvret¨¦ rurale incite de nombreuses populations ¨¤ quitter leur maison ¨¤ la recherche d'un emploi, ce qui transf¨¨re la pauvret¨¦ vers les zones urbaines.
Alors que la croissance ¨¦conomique continue d'¨ºtre lente et stagnante en Afrique subsaharienne, l'ins¨¦curit¨¦ alimentaire est devenue un probl¨¨me de d¨¦veloppement majeur dans les villes. Il faut que l'Afrique cr¨¦e un environnement qui attire ¨¤ la fois les investissements locaux et ¨¦trangers et que ceux-ci offrent aux populations des opportunit¨¦s d'emploi. Il faut, toutefois, pouvoir assurer la s¨¦curit¨¦ des investisseurs et de leurs investissements, ces garanties n'¨¦tant pas souvent pr¨¦sentes dans de nombreuses r¨¦gions du continent d¨¦chir¨¦es par les conflits.
LE FL?AU DES MALADIES
L'Afrique est frapp¨¦e par des maladies meurtri¨¨res, comme le paludisme, la typho?de, la tuberculose et, aujourd'hui, la pand¨¦mie du vih/sida. Les risques de morbidit¨¦, de mortalit¨¦ et de retard de la croissance sont particuli¨¨rement ¨¦lev¨¦s chez les enfants. Le fl¨¦au des maladies freine la croissance d¨¦mographique, en particulier dans le cas du vih/sida. Chaque jour, environ 10 000 personnes sont infect¨¦es par le vih en Afrique subsaharienne, et plus de 14 millions - soit 64 % du taux mondial de mortalit¨¦ - meurent de la maladie16,17. Selon le recensement k¨¦nyan effectu¨¦ en 1999, le Kenya comptait 28 686 607 habitants18, alors que le nombre de s¨¦ropositifs estim¨¦s en 2001 s'¨¦levait ¨¤ plus de 2 millions19. Les taux d'infection sont particuli¨¨rement ¨¦lev¨¦s parmi les pauvres, car les femmes sont souvent infect¨¦es par leur conjoint qui travaille au loin. L'analphab¨¦tisme et l'apathie sont tr¨¨s r¨¦pandus, r¨¦duisant l'impact de la plupart des campagnes de sensibilisation; et, g¨¦n¨¦ralement, ces populations ont cess¨¦ de penser ¨¤ leur avenir sur le long terme, ¨¦tant seulement concern¨¦es par leur survie.
La maladie affecte ¨¦galement la s¨¦curit¨¦ alimentaire de diverses fa?ons : la perte de la main-d'?uvre due au d¨¦c¨¨s des victimes; le travail et autres ressources qui ¨¦taient consacr¨¦s ¨¤ l'agriculture sont consacr¨¦s ¨¤ la prise en charge des malades; la perte du savoir traditionnel; les difficult¨¦s pour la famille d'acheter de la nourriture; et la transformation des activit¨¦s de production alimentaire avec l'adoption de cultures ¨¤ croissance rapide au d¨¦triment de la production de cultures plus longues mais pr¨¦sentant une valeur nutritionnelle ¨¦lev¨¦e16. En raison de la d¨¦gradation des sols, les malades ont des difficult¨¦s ¨¤ cultiver leur propre terre. La s¨¦cheresse, les inondations et le changement climatique ont des r¨¦percussions sur les activit¨¦s agricoles20-25.
QUAND LES ARMES REMPLACENT LE MAT?RIEL AGRICOLE
Assurer la s¨¦curit¨¦ alimentaire des populations affam¨¦es dans les r¨¦gions d¨¦chir¨¦es par un conflit a ¨¦t¨¦, et continue d'¨ºtre, un immense d¨¦fi. Il est triste de constater que la majorit¨¦ des r¨¦gions d'Afrique ont connu ¨¤ un moment ou ¨¤ un autre des conflits violents, g¨¦n¨¦ralement internes, entre des groupes ethniques. Les causes de ces conflits sont vari¨¦es : le d¨¦sir de contr?ler certaines r¨¦gions riches en minerais, par exemple, en Angola, en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo et en Sierra Leone; les tensions dues ¨¤ l'insuffisance des ressources agricoles et des p?turages; et le chauvinisme ethnique. Alors que certains conflits sont termin¨¦s depuis longtemps, leurs effets sur l'environnement, l'infrastructure, la sant¨¦ ainsi que le bien-¨ºtre de la nation se font encore sentir.
Dans certains pays, les conflits se poursuivent, avec leur lot de bless¨¦s et de morts ¨¤ la fois du c?t¨¦ des combattants et du c?t¨¦ des civils. Ils perturbent les activit¨¦s ¨¦conomiques quotidiennes et donc la production, la commercialisation et la distribution alimentaire. Non seulement les fermes sont abandonn¨¦es et les activit¨¦s commerciales interrompues, mais les populations sont d¨¦plac¨¦es et trop fragilis¨¦es pour participer ¨¤ des activit¨¦s productives. L'ins¨¦curit¨¦ alimentaire est alors in¨¦vitable. De plus, les personnes d¨¦plac¨¦es vivent souvent dans des camps surpeupl¨¦s o¨´ elles sont expos¨¦es ¨¤ des maladies li¨¦es au manque d'hygi¨¨ne. Enfin, la malnutrition se propage, touchant principalement les enfants, mais aussi les adultes comme on le voit fr¨¦quemment dans les reportages t¨¦l¨¦vis¨¦s. La malnutrition chez les adultes devient une menace s¨¦rieuse ¨¤ la s¨¦curit¨¦ alimentaire, en particulier dans la Corne de l'Afrique, les populations touch¨¦es ¨¦tant trop affaiblies physiquement pour entreprendre des activit¨¦s productives. Les communaut¨¦s pastorales nomades, en particulier au Kenya et en Ouganda, sont particuli¨¨rement touch¨¦es par les conflits26,27,28.
COMMENT LA FAIM EST PER?UE PAR LE PUBLIC
Au fil des ans, on a constat¨¦ que les pays africains ¨¦taient mal pr¨¦par¨¦s ¨¤ faire face aux catastrophes et aux situations d'urgence. Les p¨¦riodes de s¨¦cheresse alternant avec les p¨¦riodes de crue, ces deux ph¨¦nom¨¨nes entra¨ªnent g¨¦n¨¦ralement une p¨¦nurie alimentaire due aux mauvaises r¨¦coltes. Et c'est g¨¦n¨¦ralement ce type de situations qui suscitent un regain d'int¨¦r¨ºt pour l'Afrique. La t¨¦l¨¦vision et les journaux diffusent des images d'Africains ¨¦maci¨¦s, en proie aux souffrances, laiss¨¦s en rade et d¨¦sesp¨¦r¨¦s. Nous nous souvenons tous des images insoutenables d'?thiopiens ¨¦maci¨¦s qui ont ¨¦mu le monde et donn¨¦ lieu ¨¤ une grande mobilisation de soutien pendant la famine de 1984 qui a fait plus d'un million de morts. En Afrique australe, pendant la saison des r¨¦coltes de 1994-1995, la production c¨¦r¨¦ali¨¨re a chut¨¦ de 35 % par rapport ¨¤ l'ann¨¦e pr¨¦c¨¦dente, avec une baisse de la production de ma?s de 42 % due ¨¤ la s¨¦cheresse25,28. Les chercheurs ont identifi¨¦ les famines r¨¦currentes en Afrique subsaharienne comme un ? nouvelle variante ?, qui a ¨¦t¨¦ exacerb¨¦e par le changement climatique mondial ainsi que par la pand¨¦mie du vih/sida30.
LA BIOTECHNOLOGIE EN AFRIQUE : Ãå±±½ûµØPROBL?ME OU UNE PANAC?E ?
Au cours des derni¨¨res ann¨¦es, peu de technologies ont suscit¨¦ un d¨¦bat aussi vif que la biotechnologie moderne. Selon la Convention sur la diversit¨¦ biologique en 199233, la biotechnologie peut ¨ºtre d¨¦finie comme ? toute application technologique qui utilise des syst¨¨mes biologiques, des organismes vivants, ou des d¨¦riv¨¦s de ceux-ci, pour r¨¦aliser ou modifier des produits ou des proc¨¦d¨¦s ¨¤ usage sp¨¦cifique ?. L'Afrique s'est souvent retrouv¨¦e au centre de la controverse sur la biotechnologie. L'application de la biotechnologie moderne ¨¤ la production agricole repr¨¦sente un immense potentiel car elle permettrait d'augmenter la production alimentaire, de r¨¦duire les pertes et la p¨¦nurie de denr¨¦es alimentaires ainsi que la faim qui y est associ¨¦e.
Plusieurs succ¨¨s ont d¨¦j¨¤ ¨¦t¨¦ enregistr¨¦s, notamment la production de cultures qui sont plus r¨¦sistantes aux conditions climatiques n¨¦fastes, comme la s¨¦cheresse ou la salinit¨¦, les organismes nuisibles et les mauvaises herbes. C'est le cas de la pomme de terre, du ma?s, du soja et de la tomate34, mais il est clair que d'autres cultures peuvent aussi en b¨¦n¨¦ficier. L'utilisation r¨¦duite de pesticides et d'herbicides a ¨¦galement am¨¦lior¨¦ la qualit¨¦ et la valeur nutritionnelle des aliments35,36.
La controverse sur l'application de cette technologie ¨¤ la production alimentaire semble concerner les questions de s¨¦curit¨¦, qui doivent ¨ºtre examin¨¦es. En 2002, suite ¨¤ une p¨¦nurie alimentaire caus¨¦e par la s¨¦cheresse, l'Afrique australe a connu une p¨¦riode de famine qui a menac¨¦ de faire de nombreuses victimes. Par le biais du Programme alimentaire mondial (pam), la communaut¨¦ internationale a offert une aide alimentaire en produits g¨¦n¨¦tiquement modifi¨¦s pour faire face ¨¤ la situation. Les gouvernements ont refus¨¦ cat¨¦goriquement, invoquant les risques que repr¨¦sente ce type de c¨¦r¨¦ales pour la sant¨¦ et consid¨¦rant qu'il ¨¦tait injuste de demander aux populations appauvries de choisir entre la mort imm¨¦diate ou la mort associ¨¦e ¨¤ la consommation d'aliments g¨¦n¨¦tiquement modifi¨¦s. Cette opinion a ¨¦t¨¦ particuli¨¨rement forte en Zambie, o¨´ des craintes ont ¨¦t¨¦ exprim¨¦es sur la nature ? toxique ? du ma?s et les risques de ? contamination ? des c¨¦r¨¦ales zambiennes par le pollen du ma?s transg¨¦nique37. Il est donc ¨¦vident qu'il faut non seulement ¨¦duquer le public sur la biotechnologie mais aussi que les chercheurs africains soient mieux inform¨¦s pour conseiller leurs gouvernements. Les r¨¦actions ¨¦motionnelles n'ont aucune valeur scientifique. ?tant donn¨¦ la mondialisation du commerce alimentaire, il sera difficile pour l'Afrique de se prot¨¦ger contre cette technologie qu'elle consid¨¨re comme ¨¦tant n¨¦faste pour le continent.
CONSID?RATIONS POLITIQUES
Bien que de nombreux probl¨¨mes entravent la capacit¨¦ de l'Afrique ¨¤ r¨¦pondre aux besoins alimentaires des populations, les Africains sont pleins d'espoir. Mais l'espoir ne suffit pas. Ils doivent agir et agir vite en collaboration avec la communaut¨¦ internationale afin d'¨¦radiquer la faim.
Un ¨¦l¨¦ment majeur sera l'att¨¦nuation de la pauvret¨¦, ¨¤ la fois rurale et urbaine, qui permettra ¨¤ un plus grand nombre de populations d'avoir acc¨¨s ¨¤ une nourriture ad¨¦quate. On sait qu'il ne peut y avoir de croissance ¨¦conomique dans un environnement non d¨¦mocratique et sans la mise en place d'infrastructures ad¨¦quates. Les dirigeants africains ont la responsabilit¨¦ de mettre en ?uvre les politiques n¨¦cessaires pour promouvoir la d¨¦mocratie, ce qui renforcera le d¨¦veloppement social et ¨¦conomique, mettra fin aux violations des droits de l'homme et cr¨¦era un environnement propice aux investissements, ¨¤ la fois nationaux et ¨¦trangers.
L'agriculture continue de jouer un r?le important dans les ¨¦conomies de la plupart des pays africains. Il est donc imp¨¦ratif que les gouvernements prennent des mesures pour promouvoir le d¨¦veloppement rural et agricole. Les options viables comprennent le d¨¦veloppement de l'agriculture de subsistance pour augmenter la production alimentaire; le renforcement de la capacit¨¦ du capital humain pour participer au commerce et l'utilisation de technologies qui augmentent la production, comme la biotechnologie; un meilleur acc¨¨s des populations rurales ¨¤ la terre, ¨¤ l'emploi et au cr¨¦dit; et l'am¨¦lioration des infrastructures et des services sociaux dans les zones rurales.
Afin de r¨¦duire la vuln¨¦rabilit¨¦ face ¨¤ la p¨¦nurie alimentaire caus¨¦e par les catastrophes naturelles, il sera n¨¦cessaire pour les gouvernements africains d'am¨¦liorer l'infrastructure, en particulier les syst¨¨mes d'alerte rapide et la distribution alimentaire. De plus, les pays devront maintenir des r¨¦serves alimentaires nationales strat¨¦giques par une gestion efficace de la production, du stockage et du traitement de la nourriture.
La contribution des femmes est ¨¦galement un aspect qu'il ne faut pas n¨¦gliger. Selon Joachim von Braun, les femmes augmentent de 22 % les rendements des cultures de base quand elles ont le m¨ºme niveau d'¨¦ducation, d'exp¨¦rience, d'acc¨¨s aux services d'extension et aux intrants que les hommes. Cela est particuli¨¨rement important car les femmes jouent un r?le central dans la production alimentaire, la gestion des ressources naturelles, la g¨¦n¨¦ration de revenus, l'alimentation et la s¨¦curit¨¦ nutritionnelle de leur famille30.
Enfin, une fois ces propositions mises en ?uvre, les Africains seront dans une meilleure position pour construire un environnement lib¨¦r¨¦ de la faim d'une mani¨¨re durable sur les plans social, ¨¦conomique, politique et environnemental et seront en mesure de renforcer leur position internationale.
Notes 1 FAOSTAT. FAOSTAT Base de donn¨¦es statistiques. FAO, Rome, Italie. 1997. 2 Nana-Sinkam, S.C. Land and Environmental Degradation and Desertification in Africa. Publication commune UNECA/FAO, Addis Ababa, ?thiopie, 1995. 3 FAO. Nourriture, s¨¦curit¨¦ et nutrition. Sommet mondial de l'alimentation, FAO, Rome, Italie. 1996. 4 PNUE. Afrique. Dans Rapport sur l'avenir de l'environnement mondial 2000. PNUE, 1999. pp 52-68. 5 Division de la population des Nations Unies. Populations annuelles 1950-2050. Nations Unies, New York, ?tats-Unis, 1996. 6 CNUEH. An Urbanizing World: Global Report on Human Settlements. Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni et New York, ?tats-Unis. 7 ICWE. Conf¨¦rence internationale sur l'eau et l'environnement : le d¨¦veloppement dans la perspective du XXIe si¨¨cle. 26-31 janvier 1992, Dublin, Irlande. Secr¨¦tariat de l'ICWE, OMM, Gen¨¨ve, Suisse, 1992. 8 GIEC. Les impacts r¨¦gionaux du changement climatique : ¨¦valuation de la vuln¨¦rabilit¨¦. Un rapport sp¨¦cial du groupe de travail II du GIEC. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni, 1998. 9 HABITAT. Base de donn¨¦es des indicateurs urbains mondiaux. HABITAT, Kenya, 1997. 10 Bryant E. Water: Tapping Africa's Most Basic. Africa Farmer. 1994; 12: 25-28. 11 FAO. Rapport final du Sommet mondial de l'alimentation, partie I. FAO, Rome, Italie, 1996. 12 Pinstrup-Andersen, P., Pandya-Lorch, R. et M.W. Rosegrant. S¨¦curit¨¦ alimentaire mondiale. Dans : The Unfinished Agenda-Perspectives on Overcoming Hunger, Poverty and Environmental Degradation. IFPRI, 2001. 13 FAO. L'¨¦tat de l'ins¨¦curit¨¦ alimentaire dans le monde, FAO, Rome, 2002. 14 FIDA. Rapport sur la pauvret¨¦ rurale 2001. FIDA, Rome, 2001. 15 Babu S. ? Food and Nutrition Policies in Africa: Capacity Challenges and Training Options. ? Afr. J. Food Nutr. Sci. 2001;1:20 16 Wilson, S.E. AIDS Mushrooms into a Development Crisis. Dans : The Unfinished Agenda - Perspectives on Overcoming Hunger, Poverty and Environmental Degradation. IFPRI, Washington 2001, chapitre 6. 17 AIDS Analysis Africa. Southern African Edition. 1996; 7. Afrique du Sud. 18 CBS. (Central Bureau of Statistics) Rapport sur le recensement de la population 1999. CBS, Nairobi, Kenya, 1999. 19 Baltazar, G.M. AIDS in Kenya: Background Projections, Intervention and Policy. NAS COP, minist¨¨re de la Sant¨¦, Nairobi, Kenya. 2001. 20 Darkoh, M.B.K. Desertification: The Scourge of Africa. Tiempo. 1993;
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