4 septembre 2020

Aucun pays n¡¯a pu ¨¦viter les cons¨¦quences destructrices de la pand¨¦mie de COVID-19 ni la crise ¨¦conomique profonde qu¡¯elle a suscit¨¦e. Si nous apprenons comment contr?ler le virus, le nombre d¡¯infections, avec d¨¦j¨¤ plus de , suit une trajectoire ascendante implacable. L¡¯impact ¨¦conomique, toutefois, fera probablement plus de victimes que le virus lui-m¨ºme.

Certains pays ont r¨¦ussi ¨¤ amorcer une reprise prudente des activit¨¦s lors de la premi¨¨re vague de la pand¨¦mie. Pour aider leurs ¨¦conomies, l¡¯Organisation de coop¨¦ration et de d¨¦veloppement ¨¦conomiques et les pays du G20 ont pr¨¦sent¨¦ . Ils ont eu raison de le faire. D¡¯autres pays ¨¦prouvent de grandes difficult¨¦s et sont au bord du pr¨¦cipice. Ils n¡¯ont pas acc¨¨s aux options offertes aux pays plus riches. Ils d¨¦pendent du soutien international pour r¨¦pondre aux d¨¦fis auxquels ils sont confront¨¦s. Un grand nombre de ces pays connaissaient d¨¦j¨¤ une crise humanitaire avant la pand¨¦mie. Les taux d¡¯infection augmentent et les personnes les plus vuln¨¦rables, les femmes et les filles, les personnes handicap¨¦es, les personnes ?g¨¦es, sont les plus durement touch¨¦es.

Le 25 mars, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies a lanc¨¦ le pour aider les pays dans le besoin. Depuis, ce plan a ¨¦t¨¦ mis ¨¤ jour deux fois. Or, cinq mois plus tard (le 1er septembre), il ¨¦tait financ¨¦ ¨¤ moins de 25 %. Cela r¨¦v¨¨le le manque de vision des pays riches, cr¨¦ant une situation qui ne sert les int¨¦r¨ºts de personne, dont ceux des pays riches. Si nous n¡¯endiguons pas la pand¨¦mie et ses cons¨¦quences socio¨¦conomiques, nous serons confront¨¦s plus tard ¨¤ des probl¨¨mes plus graves et plus co?teux. Le virus doit ¨ºtre contr?l¨¦ partout sinon il continuera de circuler et de revenir l¨¤ o¨´ nous pensions qu¡¯il avait ¨¦t¨¦ ma?tris¨¦. Il n¡¯y a pas d¡¯autre choix alors que nous attendons le d¨¦veloppement d¡¯un vaccin s?r et efficace ainsi que la mise en place d¡¯un syst¨¨me permettant d¡¯atteindre un taux de couverture vaccinale ad¨¦quat dans le monde entier.

Le co?t ¨¦conomique de l¡¯inaction est immense : des millions de personnes sont pouss¨¦es vers l¡¯extr¨ºme pauvret¨¦, des d¨¦cennies de progr¨¨s en mati¨¨re de d¨¦veloppement sont perdues et des probl¨¨mes tragiques affecteront toute une g¨¦n¨¦ration. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde que 270 millions de personnes pourraient ¨ºtre au bord de la famine d¡¯ici ¨¤ la fin de l¡¯ann¨¦e. Des services essentiels, comme la vaccination, la pr¨¦vention du paludisme, le contr?le du VIH/sida, l¡¯accouchement sans danger et la pu¨¦riculture, ont ¨¦t¨¦ interrompus. Les ¨¦tablissements de soins de sant¨¦ sont surcharg¨¦s, le personnel m¨¦dical manque d¡¯¨¦quipements de protection et les gens restent chez eux craignant d¡¯¨ºtre contamin¨¦s.

Le plus grave, c¡¯est que la violence sexiste a consid¨¦rablement augment¨¦, les appels aux num¨¦ros d¡¯urgence sp¨¦ciaux ayant ¨¦t¨¦ multipli¨¦s par huit dans certains pays. Une aide financi¨¨re peut r¨¦pondre ¨¤ ces probl¨¨mes. Avec les fonds disponibles, les organismes des Nations Unies et les organisations non gouvernementales en premi¨¨re ligne ont r¨¦alis¨¦ des progr¨¨s importants dans la mise en ?uvre du Plan de r¨¦ponse humanitaire global COVID-19 :

  • Depuis le d¨¦but de la pand¨¦mie, . Un ¨¦quipement de protection a ¨¦t¨¦ fourni ¨¤ plus de 729 00 agents de sant¨¦.
  • L¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦ a envoy¨¦ 57 000 millions de masques ¨¤ 56 pays et fourni plus de 3 millions de kits de d¨¦pistage ainsi que des g¨¦n¨¦rateurs d¡¯oxyg¨¨ne, des thermom¨¨tres ¨¤ infrarouge et des masques ¨¤ oxyg¨¨ne.
  • Au Br¨¦sil, le navire h?pital ? Solidarit¨¦ ?, exploit¨¦ par l¡¯ONG World Vision et l¡¯?glise presbyt¨¦rienne de Manaus, fournit aux communaut¨¦s les plus recul¨¦es de la r¨¦gion de l¡¯Amazone des soins m¨¦dicaux et des produits d¡¯hygi¨¨ne.
  • Pr¨¨s de 7 millions d¡¯enfants et d¡¯adultes ont acc¨¨s ¨¤ des voies et ¨¤ des lieux s?rs pour signaler l¡¯exploitation et les abus sexuels. Les organismes ont veill¨¦ ¨¤ ce que les services visant ¨¤ traiter la violence sexiste restent disponibles, notamment les services psychologiques ¨¤ distance.
  • Un service a¨¦rien mis en place par le PAM a desservi 64 destinations en Afrique, en Asie, en Am¨¦rique latine et au Moyen-Orient, . Un r¨¦seau de huit p?les d¡¯action humanitaire a assur¨¦ le transport de fournitures dans 166 pays.
  • Le Fonds des Nations Unies pour l¡¯enfance (UNICEF) et ses partenaires ont assur¨¦ la ainsi que . D¡¯autres organisations ont distribu¨¦ du savon, des d¨¦tergents et du chlore.
  • Alors que les restrictions de d¨¦placement sont maintenues, l¡¯apprentissage ¨¤ distance a ¨¦t¨¦ soutenu, tandis que les programmes d¡¯aide en esp¨¨ces sont de plus en plus g¨¦n¨¦ralis¨¦s comme moyen de subsistance.
  • Des millions de r¨¦fugi¨¦s, de personnes d¨¦plac¨¦es ¨¤ l¡¯int¨¦rieur de leur pays, de migrants et de communaut¨¦s d¡¯accueil risquant de contracter la COVID-19 dans les zones ¨¤ forte densit¨¦ de population ont re?u des fournitures et les organismes ont assur¨¦ l¡¯acc¨¨s ¨¤ des services de sant¨¦ et plaid¨¦ pour qu¡¯ils soient inclus dans l¡¯action sanitaire nationale.
Mark Lowcock, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d¡¯urgence pr¨¦side une s¨¦ance d¡¯information virtuelle sur la situation humanitaire au Liban. 10 ao?t 2020. Nations Unies, New York. Photo ONU/Eskinder Debebe

Ces r¨¦sultats peuvent ¨ºtre atteints lorsque les ressources financi¨¨res sont disponibles, y compris par le biais du et le Fonds de financement commun g¨¦r¨¦ par mon bureau, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Les projets soutenus par ces fonds ont permis de toucher plus de 20 millions de personnes par le biais de campagnes de sensibilisation sur la sant¨¦ et de fournir des ¨¦quipements de protection individuelle, des trousses de sant¨¦ et des fournitures m¨¦dicales. Je me f¨¦licite que de nombreux donateurs aient r¨¦pondu ¨¤ l¡¯appel. Mais il reste encore beaucoup ¨¤ faire ¨¤ tr¨¨s court terme et ¨¤ long terme. Nous sommes confront¨¦s ¨¤ des probl¨¨mes immenses et exceptionnels.

Dans l¡¯imm¨¦diat, nous devons renforcer le soutien financier au Plan de r¨¦ponse humanitaire global COVID-19 et autres initiatives compl¨¦mentaires. Il est essentiel que les institutions financi¨¨res internationales ¨¦laborent un nouveau r¨¦pertoire de pratiques en mati¨¨re de lev¨¦e de fonds afin de r¨¦pondre aux besoins des populations des pays les plus vuln¨¦rables.

L¡¯histoire r¨¦cente montre que les nations riches peuvent, en m¨ºme temps, s¡¯attaquer aux probl¨¨mes aux niveaux national et mondial. Apr¨¨s la crise financi¨¨re de 2008-2009, la collecte de fonds pour les appels humanitaires, coordonn¨¦s par les Nations Unies, a augment¨¦ au nom de la solidarit¨¦ internationale. Il est logique que la sant¨¦ publique aide tous les pays ¨¤ combattre le virus. D¡¯un point de vue ¨¦conomique, il est avis¨¦ d¡¯agir rapidement et g¨¦n¨¦reusement dans la plupart des r¨¦gions fragiles afin d¡¯¨¦viter les pires sc¨¦narios. N¡¯attendons pas de toucher le fond pour tirer cette le?on.

 

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