La tendance ¨¤ la baisse des Investissements Directs ¨¤ l'¨¦tranger (IDE) en Afrique devrait s'aggraver consid¨¦rablement en 2020, en raison du double choc de la pand¨¦mie de coronavirus et de la faiblesse des prix des mati¨¨res premi¨¨res, en particulier du p¨¦trole.
Les flux d'IDE vers le continent devraient se contracter de 25 ¨¤ 40 % sur la base des projections de croissance du produit int¨¦rieur brut (PIB) ainsi que d'une s¨¦rie de facteurs sp¨¦cifiques aux investissements, selon le de la Conf¨¦rence des Nations Unies sur le Commerce et le D¨¦veloppement (CNUCED).
"Bien que toutes les industries devraient ¨ºtre touch¨¦es, plusieurs secteurs des services, notamment l'aviation, l'h?tellerie, le tourisme et les loisirs, sont durement touch¨¦s, une tendance qui devrait se poursuivre pendant un certain temps ¨¤ l'avenir", a d¨¦clar¨¦ le directeur de l'investissement et des entreprises de la CNUCED, James Zhan.
Les industries manufacturi¨¨res ¨¤ forte intensit¨¦ dans les cha?nes de valeur mondiales sont ¨¦galement fortement touch¨¦es, signe d'une pr¨¦occupation pour les efforts de promotion de la diversification ¨¦conomique et de l'industrialisation en Afrique.
Dans l'ensemble, on observe une forte tendance ¨¤ la baisse au cours du premier trimestre 2020 pour les projets d'investissement annonc¨¦s, bien que la valeur des projets (-58 %) ait chut¨¦ plus s¨¦v¨¨rement que leur nombre (-23 %) (figure 1).
De m¨ºme, en avril 2020, le nombre de projets de fusion et d'acquisition (M&A) transfrontaliers ciblant l'Afrique avait diminu¨¦ de 72 % par rapport ¨¤ la moyenne mensuelle de 2019 (figure 2).
L'espoir d'une reprise
Toutefois, deux facteurs distincts permettent d'esp¨¦rer une reprise des flux d'investissement vers le continent ¨¤ moyen et long terme. Le premier est la plus grande valeur accord¨¦e aux liens avec le continent par les grandes ¨¦conomies mondiales, qui favorisent les investissements dans les infrastructures, les ressources, mais aussi le d¨¦veloppement industriel.
Les investissements de ces pays, qui b¨¦n¨¦ficient d'un soutien politique ¨¤ des degr¨¦s divers, bien qu'ils soient affect¨¦s dans une certaine mesure par l'impact conjoint de la COVID-19 et de la faiblesse des prix des mati¨¨res premi¨¨res, pourraient ¨ºtre relativement plus r¨¦sistants.
Le second est l'approfondissement de l'int¨¦gration r¨¦gionale en raison du d¨¦but des ¨¦changes dans le cadre de la zone de libre-¨¦change continentale africaine (AfCFTA) apr¨¨s des ann¨¦es de d¨¦lib¨¦rations et la finalisation attendue de son protocole d'investissement.
? court terme, il est primordial de r¨¦duire l'ampleur du ralentissement des investissements et de limiter les co?ts ¨¦conomiques et humains de la pand¨¦mie.
? plus long terme, la diversification des flux d'investissement vers l'Afrique et leur exploitation en vue d'une transformation structurelle reste un objectif cl¨¦. Ces deux objectifs n¨¦cessiteront une r¨¦ponse prudente, coordonn¨¦e et rapide de la part des pays du continent.
Les IDE ¨¦taient d¨¦j¨¤ en d¨¦clin avant la crise
La crise de la COVID-19 est arriv¨¦e ¨¤ un moment o¨´ les IDE ¨¦taient d¨¦j¨¤ en d¨¦clin, le continent ayant connu une baisse de 10 % des flux entrants en 2019, ¨¤ 45 milliards de dollars.
Les effets n¨¦gatifs de la faible croissance du PIB mondial et r¨¦gional et de la baisse de la demande de produits de base ont frein¨¦ les flux vers les pays ayant des profils d'investissement ¨¤ la fois diversifi¨¦s et ax¨¦s sur les ressources naturelles, m¨ºme si quelques pays ont re?u des flux plus importants de nouveaux projets de grande envergure.
Afrique du Nord
Les flux d'IDE vers l'Afrique du Nord ont diminu¨¦ de 11 % pour atteindre 14 milliards de dollars, avec une r¨¦duction des flux dans tous les pays sauf l'?gypte, qui est rest¨¦e le plus grand b¨¦n¨¦ficiaire d'IDE en Afrique en 2019, avec des flux en hausse de 11 % pour atteindre 9 milliards de dollars.
Afrique subsaharienne et australe
Apr¨¨s une augmentation significative en 2018, les flux d'IDE vers l'Afrique subsaharienne ont diminu¨¦ de 10 % en 2019 pour atteindre 32 milliards de dollars.
L'Afrique australe est la seule sous-r¨¦gion ¨¤ avoir re?u des flux plus importants en 2019 (augmentation de 22 % ¨¤ 4,4 milliards de dollars), mais uniquement en raison du ralentissement du d¨¦sinvestissement net de l'Angola.
Les entr¨¦es d'IDE en Afrique du Sud ont diminu¨¦ de 15 % pour atteindre 4,6 milliards de dollars en 2019, malgr¨¦ des investissements cl¨¦s dans les secteurs minier, manufacturier (automobiles, biens de consommation) et des services (finance et banque).
Afrique de l'Ouest
L'IDE en Afrique de l'Ouest a diminu¨¦ de 21 % pour atteindre 11 milliards de dollars en 2019. Cette baisse s'explique en grande partie par la forte diminution des investissements au Nigeria, due ¨¤ la nouvelle r¨¦glementation sur les investissements des entreprises multinationales dans l'industrie du p¨¦trole et du gaz.
Afrique de l'Est
Les flux d'IDE vers l'Afrique de l'Est ont ¨¦galement diminu¨¦, de 9 %, pour atteindre 7,8 milliards de dollars. Les flux entrants vers l'?thiopie ont diminu¨¦ d'un quart, ¨¤ 2,5 milliards de dollars, en raison, dans une certaine mesure, des tensions politiques dans certaines parties du pays.
De m¨ºme, les flux entrants vers le Kenya ont chut¨¦ de 18 %, ¨¤ 1,3 milliard de dollars, malgr¨¦ plusieurs nouveaux projets dans le domaine des technologies de l'information et des soins de sant¨¦.
Afrique Centrale
L'Afrique centrale a re?u 8,7 milliards de dollars d'IDE, soit une baisse de 7 %. Le fait marquant dans la sous-r¨¦gion a ¨¦t¨¦ la diminution des flux vers la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo (de 9 % ¨¤ 1,5 milliard de dollars).
Les Pays-Bas ont devanc¨¦ la France en tant que premier investisseur par actions
Sur la base des donn¨¦es relatives au stock d'IDE jusqu'en 2018, les Pays-Bas ont d¨¦pass¨¦ la France en tant que premier investisseur ¨¦tranger en Afrique.
Le stock d'investissement d¨¦tenu par les ?tats-Unis et la France en Afrique a diminu¨¦ de 15 % et 5 % respectivement, en raison du rapatriement des b¨¦n¨¦fices et du d¨¦sinvestissement. Dans le m¨ºme temps, le stock d'investissement du Royaume-Uni et de la Chine a augment¨¦ de 10 % chacun.
Les flux d'IDE ont ¨¦galement diminu¨¦ en 2019, d'environ un tiers
Les flux d'IDE en provenance d'Afrique ont diminu¨¦ de 35 % pour atteindre 5,3 milliards de dollars. L'Afrique du Sud est rest¨¦e le premier investisseur ¨¤ l'¨¦tranger malgr¨¦ la r¨¦duction des flux sortants de 4,1 milliards de dollars ¨¤ 3,1 milliards de dollars.
Les flux sortants du Togo ont consid¨¦rablement augment¨¦, passant de 70 millions de dollars seulement ¨¤ 700 millions de dollars, soit une multiplication par dix. En Afrique du Nord, le Maroc a ¨¦galement augment¨¦ ses investissements directs ¨¦trangers, qui sont pass¨¦s de 800 millions de dollars en 2019 ¨¤ environ 1 milliard de dollars.