V锚tue d'une combinaison de travail griff茅e, d'un casque et d'un marteau de 14 livres pos茅 sur son 茅paule, Petiner Makupa, 46 ans, semble r茅fl茅chir 脿 sa prochaine t芒che alors qu'elle se rend au travail un matin.
Alors que le pays est aux prises avec des sanctions 茅conomiques, de nombreuses Zimbabw茅ennes rejoignent l'industrie mini猫re artisanale. Les femmes repr茅sentent jusqu'脿 10 % des 535 000 mineurs artisanaux et 脿 petite 茅chelle du pays.
Afrique Renouveau s'est r茅cemment entretenu avec Mme Makupa sur la mani猫re dont le gouvernement et d'autres acteurs favorisent l'autonomisation des femmes dans le secteur minier, 脿 petite ou grande 茅chelle. L'un de ces acteurs est la Zimbaqua Mining Company.
Mme Makupa, qui a rejoint Zimbaqua il y a cinq ans, dit qu'elle ne se voyait pas travailler dans cette profession domin茅e par les hommes, mais qu'elle n'avait pas d'autre choix. "Au d茅but, je ne croyais pas que je pouvais faire ce travail. Mais lorsque mon mari a d茅velopp茅 un probl猫me mental, je n'ai eu d'autre choix que de relever le d茅fi pour pouvoir m'occuper de nos cinq enfants et les garder 脿 l'茅cole".
"Depuis lors, dit-elle, deux de mes enfants ont termin茅 le niveau ordinaire du [General Certificate of Education]. J'aime mon travail 脿 la mine. Nous commen莽ons g茅n茅ralement chaque journ茅e 脿 un point de rassemblement o霉 on nous lit les r猫gles de s茅curit茅. Mes t芒ches habituelles consistent 脿 marteler, 脿 buriner ou 脿 pelleter".
Elle incite d'autres femmes 脿 envisager la profession de mineur, en disant qu'il y a des possibilit茅s comme l'entretien et la r茅paration des machines et les op茅rations.
Elle mentionne souvent le potentiel de promotion de la carri猫re : "L'entreprise nous offre des cours de formation. J'ai appris 脿 entretenir ou 脿 r茅parer divers types de machines. Avoir cette capacit茅 est valorisant".
Senzeni Tshuma, 46 ans et m猫re de deux enfants, sait aussi que les femmes sont des travailleuses capables et diligentes et qu'elles peuvent rivaliser 脿 茅galit茅 avec leurs homologues masculins dans le secteur minier.
"Avant de rejoindre Zimbaqua, j'茅tais orpailleur", explique Mme Tshuma. "Depuis mon arriv茅e ici, j'ai beaucoup appris et j'ai gravi les 茅chelons. Aujourd'hui, je suis directrice de mine. Je m'adresse 脿 nos travailleurs le matin au point de rassemblement, je leur assigne des t芒ches et je les supervise.
"Gr芒ce 脿 mon travail, je peux m'occuper de mes deux enfants, ainsi que de mon mari au ch么mage. En cours de route, j'ai acquis des comp茅tences de leadership qui peuvent s'av茅rer utiles m锚me si je quitte l'organisation. Je suis reconnaissante pour les tutoriels propos茅s par l'entreprise. Ils permettent aux femmes d'acqu茅rir les comp茅tences et les connaissances n茅cessaires pour travailler au m锚me niveau que leurs homologues masculins", explique-t-elle.
Rumbidzai Gwinji, directrice de la Zimbaqua Mining Company, parle de la strat茅gie consistant 脿 n'embaucher que des femmes dans son organisation.
"Dans la plupart des soci茅t茅s mini猫res du Zimbabwe, les femmes ont rarement la possibilit茅 de pourvoir les postes vacants", explique-t-elle. "C'est particuli猫rement vrai dans les zones rurales o霉 l'on attend des femmes qu'elles restent 脿 la maison et s'occupent de leurs enfants".
"Nous sommes diff茅rents", explique Mme Gwinji. "Nous avons cr茅茅 un environnement qui tient compte des besoins des femmes et les incite 脿 travailler en introduisant diff茅rentes cat茅gories d'avantages et de r茅compenses. Notre exp茅rience a d茅montr茅 que les femmes peuvent travailler aussi dur et 锚tre aussi performantes que leurs homologues masculins."
Elle met le gouvernement au d茅fi d'茅laborer des politiques qui favorisent l'茅galit茅 des chances en mati猫re d'emploi pour les femmes dans le secteur minier. "Le gouvernement peut commencer par encourager les 茅tudiantes 脿 茅tudier des domaines domin茅s par les hommes, comme l'exploitation mini猫re", explique-t-elle. "Il devrait 茅galement 茅tendre aux femmes les programmes de formation dont b茅n茅ficient les mineurs artisanaux masculins."
Billian Tembo, pr茅sidente de l'Alliance des femmes de Marange, rend hommage 脿 Zimbaqua pour avoir 茅t茅 la premi猫re soci茅t茅 mini猫re de l'histoire du Zimbabwe 脿 embaucher des femmes.
"Cela montre que nous avan莽ons dans la bonne direction en tant que pays", commente-t-il. "Pour maintenir notre 茅lan, j'exhorte le gouvernement 脿 soutenir cet effort par des politiques et des incitations rigoureuses."
R茅fl茅chissant 脿 la fa莽on dont tout a commenc茅, le directeur de la mine Zimbaqua, Iver Rosenkrantz, explique que l'id茅e d'un projet minier qui emploie des femmes lui est venue apr猫s une s茅rie de visites 脿 Karoi, une r茅gion agricole r茅put茅e.
"Au d茅but, il a 茅t茅 difficile de convaincre les cultivateurs de tabac de prendre part aux activit茅s mini猫res", explique-t-il. "Bien que seuls quelques projets d'exploitation mini猫re artisanale 脿 petite 茅chelle soient en cours, nous avons vu une opportunit茅, ainsi qu'un besoin. Les femmes devaient subvenir aux besoins de leurs enfants en termes de nourriture, de logement et d'茅ducation", poursuit-il. "C'est alors que nous avons d茅cid茅 d'embaucher uniquement des femmes.
"Obtenir le soutien des dirigeants de la communaut茅 s'est av茅r茅 difficile", selon M. Rosenkrantz. "Dans les zones rurales, on attend des femmes qu'elles restent 脿 la maison et s'occupent de leurs enfants. Tout le monde 茅tait convaincu que nous allions 茅chouer. Au contraire, nous avons bien r茅ussi, et nous avons chang茅 le narratif."
Aujourd'hui, Zimbaqua emploie 35 femmes qui exercent toutes les fonctions, de la manipulation des explosifs 脿 la conduite de camions et d'excavatrices, et plus encore. La plupart d'entre elles sont devenues des cadres avec de bons revenus.
"C'est une histoire 脿 succ猫s sur le plan commercial et humain", d茅clare M. Rosenkrantz. "Beaucoup d'entre eux venaient de milieux pauvres et difficiles. Maintenant, ils ont des revenus stables, sont des hommes d'affaires capables et autonomes, et sont super motiv茅s."
Pfungwa Kunaka, secr茅taire permanent du minist猫re des mines et du d茅veloppement minier, reconna卯t que Zimbaqua et d'autres acteurs du secteur minier offrent des opportunit茅s d'emploi 茅gales aux femmes.
"Le gouvernement soutient pleinement Zimbaqua et les autres entreprises du secteur minier qui ont pris sur elles d'offrir des opportunit茅s d'emploi significatives aux femmes", d茅clare-t-il.
M. Kunaka ajoute : "Nous avons fait de gros efforts pour encourager les femmes dans le secteur minier en leur offrant des pr锚ts par l'interm茅diaire de la Reserve Bank of Zimbabwe, du Mining Industry Loan Fund et de la Zimbabwe Women's Microfinance Bank. Un report de la TVA est accord茅 aux soci茅t茅s mini猫res sur les capitaux import茅s pendant 120 jours, sous r茅serve des conditions fix茅es par le commissaire g茅n茅ral", dit-il.
Le gouvernement est 茅galement en train d'茅laborer une politique de d茅veloppement minier int茅grant la dimension de genre, qui r茅pondra aux besoins des groupes d'int茅r锚t sp茅ciaux, dont les femmes.
Mkhululi Chimoio est un journaliste d'investigation n茅 au Zimbabwe et r茅sidant en Afrique du Sud.
