Les "circonstances exceptionnelles" de la pandémie de COVID-19 ont eu un impact sur le processus de paix au Soudan ainsi que sur le retrait de la mission des Nations Unies dans ce pays, a indiqué vendredi le responsable du maintien de la paix de l'ONU au Conseil de sécurité.
Malgré cette situation "désastreuse", le secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, , par vidéoconférence, que l'ONU est "pleinement mobilisée" pour continuer à soutenir le peuple soudanais.
Notant les progrès réalisés en matière de réformes politiques, de responsabilité et de participation des femmes à la prise de décision, il a déclaré que "les autorités et le peuple soudanais ont fait avancer" la mise en œuvre de leur transition démocratique.
Mais, citant une tentative d'assassinat du Premier ministre Abdallah Hamdok en mars, il a informé que le changement de trajectoire du Soudan reste fragile.
Le processus de paix
Entre-temps, les troubles civils, la forte augmentation des attaques des éleveurs contre les agriculteurs et les violations des droits de l'homme sont autant d'obstacles au processus de paix.
"Ces défis soulignent la persistance de certains des moteurs du conflit au Darfour, ce qui pourrait dépasser la portée du processus de paix et nécessitera un investissement important dans la consolidation de la paix", a déclaré M. Lacroix.
Il a également parlé des "développements inquiétants" au Darfour occidental à la fin de l'année qui ont fait quelque 65 morts, plus de 46 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et 11 000 autres qui ont fui au Tchad.
"Il est également essentiel de faire des progrès sur le volet du processus de paix concernant le Darfour et pour la population du Darfour de voir les dividendes de la paix", a-t-il souligné.
Tirage au sort
En réponse à la pandémie de COVID-19, la fermeture des aéroports, des ports maritimes et des points de passage terrestres ainsi que la suspension de toutes les rotations de maintien de la paix ont gravement affecté l'opération hybride Union Africaine Nations unies au Darfour (MINUAD), rendant "impraticable" une sortie effective d'ici le 31 octobre.
Le chef du maintien de la paix a maintenu qu'une fois décidée par le Conseil, la structure, le mandat et le calendrier de mise en place de la présence de suivi auraient "un impact significatif sur l'enchaînement et le calendrier général du retrait de la MINUAD".
Compte tenu des menaces persistantes qui pèsent sur les civils et du niveau d'anxiété élevé parmi les populations les plus vulnérables quant au retrait de la MINUAD, le processus de retrait doit être "géré avec soin", a-t-il souligné, et ne doit pas signaler l'absence de "préoccupations liées à la protection des civils au Darfour".
Just told Security Council members that we’re driven by sense of urgency and collective responsibility to enable the success of the truly historic transition in Sudan. We are planning a future presence in the country to help do just that. Full remarks
— Rosemary A. DiCarlo (@DicarloRosemary)
Nouvelle mission
Le haut responsable du maintien de la paix a souligné que la présence de suivi viserait à "préserver et consolider les acquis réalisés au fil des années" et à "tirer parti du travail de consolidation de la paix" de la MINUAD et de l'équipe de pays des Nations Unies.
"Notre objectif est de parvenir à une transition en douceur vers une future mission des Nations Unies qui puisse aider l'ONU à mieux soutenir le peuple soudanais", a-t-il déclaré, ajoutant que cela implique de s'assurer que chaque mandat bénéficie du plein soutien des autorités soudanaises.Ìý
Un état humanitaire "inquiétant"
Pendant ce temps, la secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, a fait part d'une situation humanitaire "inquiétante" dans le pays.
"Le nombre de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire au Soudan est passé d'environ 8 millions à 9,3 millions à la fin de 2019", a-t-elle déclaré, attribuant cette situation à une crise économique qui s'aggrave.
Et avec le risque d'une plus grande propagation du COVID-19, "les défis économiques pourraient s'aggraver", a-t-elle prévenu.
"La situation au Soudan est clairement désastreuse et le besoin de soutien est réel et urgent", a expliqué Mme DiCarlo.
Boulons et écrous
Lors de la planification d'une nouvelle mission, elle a détaillé les quatre domaines ciblés : le respect des critères politiques contenus dans la déclaration constitutionnelle ; la mise en œuvre des accords de paix dans les zones touchées par le conflit ; le renforcement des institutions nationales de consolidation de la paix, des droits de l'homme et de l'État de droit ; et la facilitation du soutien international aux réformes économiques.
"La protection des civils est également un domaine d'intérêt", a déclaré Mme DiCarlo, qui nécessite "une approche globale ... pour être efficace à long terme".
Bien que l'épidémie de coronavirus ait interdit la présence d'une équipe de transition sur le terrain, elle a assuré au Conseil que la planification est en cours virtuellement et qu'une équipe sera physiquement déployée au Soudan dès que la situation le permettra.Ìý
"Je suis convaincue que nous partageons tous ce sentiment d'urgence et de responsabilité collective pour permettre le succès de la transition véritablement historique au Soudan", a-t-elle conclu.Ìý