Les accidents de la route sont la principale cause de décès chez les jeunes Africains. Les gouvernements du continent ont donc décidé de prendre une nouvelle direction unifiée, à l'approche de la Semaine de la sécurité routière, qui se déroule du 15 au 21 mai.
Des statistiques d'accidents de plus en plus sombres ont incité à agir, notamment deux accidents de bus au Sénégal qui ont coûté la vie à 62 personnes en janvier. En Côte d'Ivoire, le nombre quotidien d'accidents de la route mortels est passé de 12 en 2012 à 46.
Dans la région du monde la plus touchée par les accidents de la route, le taux de mortalité en Afrique subsaharienne est de 27 pour 100 000 habitants. C'est trois fois plus que la moyenne européenne de neuf et bien plus que la moyenne mondiale de 18, selon la Commission économique des Nations unies pour l'Europe (CEE-ONU), qui gère 59 des instruments juridiques de l'Organisation sur le transport intérieur, y compris les conventions de l'ONU sur la sécurité routière.
Chaque année, 1,3 million de personnes dans le monde sont tuées dans des accidents de la route et des millions d'autres sont blessées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un quart des décès dans le monde
En Afrique, les décès dus aux accidents de la route représentent environ un quart du nombre total de victimes, alors que le continent compte à peine 2 % du parc automobile mondial, a déclaré l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière, Jean Todt, de retour d'une visite dans les rues et sur les autoroutes de l'Afrique de l'Ouest.
"L'Afrique est particulièrement touchée par la tragédie des accidents de la route, qui est la première cause de mortalité chez les jeunes", a-t-il déclaré.
Les partenaires passent à la vitesse supérieure
Lors de ses rencontres avec les autorités et la société civile au Sénégal et en Côte d'Ivoire, M. Todt a déclaré qu'un investissement adéquat pouvait sauver des vies.
Actuellement, les gouvernements, le secteur privé et la société civile, avec l'aide du Fonds des Nations unies pour la sécurité routière, s'associent dans un nouveau projet qui vise à réduire le nombre de morts sur les routes et à assurer la sécurité des véhicules, a déclaré la CEE-ONU.
L'initiative vise à réglementer l'exportation et l'importation de véhicules d'occasion en Afrique, en particulier en ce qui concerne les réglementations et les inspections techniques. L'un des objectifs est d'importer en Afrique des véhicules plus sûrs et respectueux de l'environnement afin d'éviter les accidents tragiques.
Première approche harmonisée en Afrique pour réglementer les véhicules d'occasion importés, le projet, une fois pleinement mis en œuvre, aura un "impact significatif" sur l'environnement, la santé et la sécurité routière, a déclaré l'agence.
La lutte contre les faux permis de conduire et la conduite en état d'ivresse
L'alcool au volant, les excès de vitesse, la somnolence, la négligence, le non-port de la ceinture de sécurité et du casque, et le non-respect du code de la route sont les principales causes d'accidents de la route en Afrique, selon l'agence.
Parmi les autres facteurs contribuant à ces accidents figurent le vieillissement du parc automobile dans les transports publics, les faux permis, le manque d'application des sanctions et l'absence d'inspections techniques rigoureuses.
Parmi les solutions à mettre en œuvre figurent la nécessité de renforcer les services de santé pour les victimes d'accidents et l'adhésion à la Charte africaine de la sécurité routière et aux conventions de base des Nations unies sur la sécurité routière.
La sensibilisation joue également un rôle clé, selon la CEE-ONU.
De nouvelles mesures énergiquesÌý
À la suite des accidents tragiques de janvier, le Sénégal a annoncé des mesures énergiques pour rendre les routes plus sûres. Il s'agit notamment d'un plan national de sécurité routière comprenant 22 mesures visant à réduire d'au moins 50 % le nombre de morts et de blessés graves
Ces mesures vont du renforcement des contrôles routiers à la limitation de la circulation des véhicules de transport public. Il s'agit également d'interdire l'importation de pneus usagés, d'assurer un contrôle technique gratuit à Dakar pour les véhicules de transport et de marchandises, et d'ouvrir des centres de contrôle technique dans tout le pays.
Première police de la circulation
En Côte d'Ivoire, de nouvelles initiatives renforcent les lois sur la sécurité routière et créent une police de la circulation. À la suite de plusieurs accidents mortels dans le nord du pays, le gouvernement a décidé en 2021 d'imposer le port du casque à tous les cyclistes.
Les engagements sont là , que ce soit au Sénégal ou en Côte d'Ivoire, a déclaré la CEE-ONU, ajoutant que ce qui reste est la partie la plus difficile : la mise en œuvre et la mesure des progrès.