Afrique Renouveau听: Quelle est l鈥檌mportance de c茅l茅brer la Journ茅e internationale de la jeunesse听?
M. Ngom : L'agenda de la jeunesse est tr猫s important, non seulement pour l'Afrique mais pour le monde entier car nous parlons d'une population qui est maintenant de presque 1,9 milliard. Dans certains endroits, comme en Afrique occidentale et centrale, les jeunes repr茅sentent plus de 60 % de la population. Cette journ茅e est importante parce que les jeunes non seulement forment la majorit茅 de la population mais sont aussi le plus grand atout du continent.听
Il y a quatre ans, les chefs d'脡tat et de gouvernement africains ont d茅cid茅 d'茅lever le dividende d茅mographique au rang de politique de r茅f茅rence. En outre, si l'on consid猫re la situation actuelle de la COVID-19, o霉 les jeunes sont r茅ellement 脿 la pointe de la lutte contre la pand茅mie, on comprend pourquoi la c茅l茅bration de la Journ茅e internationale de la jeunesse en 2020 est une question d鈥檈ngagement des jeunes et est vitale.
Quel est l鈥檌mpact de la COVID-19 sur votre travail avec les jeunes听?
Nous nous attendions 脿 ce que la COVID-19 frappe l'Afrique plus durement que n'importe o霉 ailleurs dans le monde en raison de la faiblesse des syst猫mes de sant茅.
Ensuite, la r茅gion 茅tait d茅j脿 en crise avant la COVID-19, ayant la plus forte concentration d'脡tats fragiles.
Mais gr芒ce aux jeunes, 脿 l'engagement des jeunes et au partenariat avec le FNUAP听(Fonds des Nations unies pour la population) dans toute la r茅gion, nous avons pu d茅ployer les jeunes 脿 l'avant-garde de la pr茅vention, de la recherche de contacts et de tout l'茅ventail des interventions au centre de la mobilisation communautaire.
Comment faites-vous face 脿 la situation ?
Nous avons 茅t茅 extr锚mement flexibles et cr茅atifs et avons pu trouver de nouvelles m茅thodes de travail.听 Nous avons 茅t茅 en mesure de fournir la m锚me qualit茅 de soutien aux bureaux nationaux du FNUAP et je crois que ces derniers ont su s'adapter et apporter un soutien significatif aux 脡tats membres, que ce soit en leur fournissant du mat茅riel, ou le savoir-faire n茅cessaire, et tout autre type de soutien 脿 ces communaut茅s affect茅es. Cela a 茅t茅 une excellente occasion pour nous de d茅couvrir de nouvelles fa莽ons de faire les choses.
Je peux dire que nous avons 茅t茅 plus efficaces parce que la COVID-19 nous a pouss茅s 脿 trouver des moyens de fonctionner en r茅duisant la plupart des co没ts de transaction. Nous avons, par exemple, fait du partage des connaissances, qui avait 茅t茅 un grand d茅fi pour nous, une priorit茅 absolue. Assis 脿 Dakar, nous sommes en mesure de saisir les meilleures pratiques du monde entier - et pas seulement de notre r茅gion ou de l'Afrique.
L'Afrique pourrait r茅colter environ 500 milliards de dollars par an pendant 30 ans (actuellement environ 800 millions de dollars par an), si elle investit dans la jeunesse.
N茅anmoins, vous avez annul茅 des 茅v茅nements en personne, comme les forums de jeunes de haut niveau contre les mutilations g茅nitales f茅minines (MGF) et le mariage des enfants. Comment avez-vous g茅r茅 ces 茅v茅nements听?
Nous avons fait preuve d'une grande adaptabilit茅 et d'une grande souplesse pour trouver de nouvelles fa莽ons de nous consulter et d'avoir des conversations. Je peux vous donner deux ou trois exemples. Nous avons organis茅, il y a deux ou trois mois, une conf茅rence de presse virtuelle avec plus de 120 participants du monde entier, pour avoir une conversation autour de la r茅ponse 脿 COVID-19 et des d茅fis en Afrique de l'Ouest et du Centre. C'茅tait incroyable, car nous n'avons jamais eu de conf茅rence de presse avec plus de 30 脿 50 personnes.
Ensuite, nous devions organiser un 茅v茅nement sur la paix et la s茅curit茅 d茅mographiques en juin 2020, mais nous avons d茅cid茅 d'organiser un symposium virtuel qui nous a permis d'atteindre le m锚me r茅sultat.
听La flexibilit茅 a donc 茅t茅 la cl茅 de notre action. Le plus grand d茅fi a 茅t茅 de trouver un 茅quilibre entre la n茅cessit茅 de r茅aliser ce que nous avions pr茅vu et une nouvelle fa莽on de faire gr芒ce 脿 COVID-19, et aussi, comment pr茅server la sant茅, la s茅curit茅 et le bien-锚tre de nos propres coll猫gues.
Nous entendons souvent dire que les jeunes sont l'espoir et l'avenir du continent. Selon vous, les pays africains accordent-ils la m锚me importance 脿 la jeunesse ?
Apr猫s cinq ans de travail sur le terrain pour faire avancer ce programme, je peux dire que beaucoup a 茅t茅 fait en termes de mobilisation politique, d'actions concr猫tes pour changer les choses sur le terrain et d'implication des partenaires.
Dans le m锚me temps, nous avons 茅galement subi une pression sans pr茅c茅dent, sur nous tous, en ce qui concerne l'agenda de la jeunesse.
Je peux dire que les jeunes ont obtenu de tr猫s bons r茅sultats. Ils ont 茅t茅 脿 l'avant-garde du changement - de la transformation - du continent. Ils s'engagent ; l'engagement n'est pas du tout un probl猫me.
Les jeunes sont 脿 l鈥檋onneur. Ce qui manque, c'est un soutien significatif aux jeunes. Significatif parce qu'il faudra plus d'efforts et un investissement 脿 beaucoup plus long terme pour transformer la vie des jeunes sur le continent, tout simplement parce que pendant plusieurs d茅cennies, nous n'avons pas su nous attaquer 脿 la cause profonde du probl猫me. Nous nous sommes attaqu茅s aux sympt么mes, les plus visibles, de probl猫mes plus importants auxquels nous ne pensons m锚me pas.
Malheureusement, les pays d'Afrique, en particulier dans la r茅gion du Sahel, n'ont pas la marge de man艙uvre budg茅taire n茅cessaire pour s'attaquer aux sympt么mes - la fragilit茅 et la cause profonde de la fragilit茅. Si nous n'avons pas le niveau d'engagement optimal pour faire face 脿 l'urgence et pour r茅pondre aux besoins humanitaires, aux questions de s茅curit茅 et 脿 la tendance que nous connaissons au Sahel depuis quelques d茅cennies, nous ne pourrons pas voir le bout du tunnel.
Nous avons donc besoin d'une solidarit茅 mondiale, nous avons besoin d'un syst猫me multilat茅ral beaucoup plus solide qui nous permettra non seulement de faire face 脿 l'urgence et de traiter les questions de s茅curit茅, mais aussi de faire plus sur le plan du d茅veloppement. Si nous ne le faisons pas, nous continuerons 脿 faire face 脿 un plus grand nombre de crises et nous n'obtiendrons aucun succ猫s significatif.
Vous avez mentionn茅 le 芦听dividende d茅mographique听禄, comment expliquez-vous ce concept et comment les pays africains peuvent-ils l鈥檃dopter听?
Je pense que c'est tr猫s simple. Je fais souvent r茅f茅rence aux dragons ou aux tigres asiatiques. Ces pays ont pu acc茅l茅rer leur croissance d鈥檜n 脿 deux tiers en investissant dans les dividendes d茅mographiques. Il s'agit de gains de d茅veloppement que vous pouvez obtenir en investissant dans l'茅ducation, la sant茅 et les emplois productifs. L'Afrique pourrait r茅colter environ 500 milliards de dollars par an pendant 30 ans (actuellement environ 800 millions de dollars par an), si elle investit dans la jeunesse.
Pour 锚tre honn锚te, nous avons obtenu d'excellents r茅sultats en termes de sensibilisation et de mise en 艙uvre du concept de dividendes d茅mographiques. Nous avons des feuilles de route pour le d茅veloppement et nous avons 茅labor茅 des profils de pays. Nous avons lanc茅 des projets pour montrer que c'est possible, que c'est faisable, et nous avons d茅velopp茅 des outils et des syst猫mes et fourni des conseils aux pays.
Mais je dois dire que les progr猫s sont lents. On a l'impression qu'脿 plusieurs endroits, les gens ont commenc茅 脿 baisser la barre. Les dividendes d茅mographiques ne devraient pas passer par ce processus, car le co没t de la non-poursuite de cette voie sera extr锚mement pr茅judiciable 脿 l'Afrique et au monde. Il serait peut-锚tre bon de se r茅unir 脿 nouveau et de se remobiliser pour s'assurer que les gains que nous avons obtenus au cours des cinq derni猫res ann茅es ne soient pas perdus.
En cette Journ茅e internationale de la jeunesse, je voudrais appeler 脿 une forte remobilisation des institutions, des jeunes, des 脡tats membres, etc. pour se recentrer sur l'acc茅l茅ration des investissements dans la jeunesse par le biais du programme de dividende d茅mographique.
Enfin, quel est votre message 脿 tous les jeunes dont l鈥櫭ヾucation et les moyens de subsistance ont 茅t茅 affect茅s par la COVID-19听?
Malgr茅 tous les d茅fis auxquels nous sommes confront茅s en Afrique, il y a de l'espoir, car les jeunes s'engagent. Les jeunes regardent l'avenir avec beaucoup d'enthousiasme.
Mon message s'adresse donc 脿 ceux qui ont les ressources, ceux qui ont le pouvoir de d茅cision, ceux qui peuvent faire bouger les choses, non seulement en Afrique mais aussi au niveau international, non seulement parmi les partenaires traditionnels, mais m锚me parmi les partenaires non traditionnels, pour dire qu'il est temps de mettre les jeunes au premier plan. Il est temps d'investir dans les jeunes, et cela n茅cessitera un investissement important.
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