Les ODD en langues locales
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Aen croire le Camerounais Ntiokam Divine, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les Objectifs de développement durable (ODD) sont des concepts savants con?us dans le jargon des experts en développement.?
Pour rendre ces concepts accessibles au plus grand nombre, et plus particulièrement aux populations locales, ce jeune homme de 33 ans s’est fixé pour mission de traduire les ODD en langues locales, en utilisant une terminologie compréhensible pour tous.
Sa stratégie consiste à former au sein des communautés visées des membres influents, en particulier chez les plus jeunes, pour qu’ils puissent à leur tour, en s’appuyant sur les textes traduits, former le reste de la communauté aux ODD.
Le 29 décembre dernier, Ntiokam Divine inaugurait à Yaoundé, la capitale du Cameroun, une formation destinée à 30 membres issus de divers groupes? de jeunes, de? femmes ou de représentants de la société civile. La formation s’inscrit dans un Programme de formation des jeunes africains aux ODD (African Youth SDGs Training Program). La formation était en langue anglaise, cependant Ntiokam Divine a demandé aux participants de porter le message des ODD dans chaque foyer de leur région d’origine.
Une fois le message des ODD traduit en langues locales : en ewondo, en shupamum ou en basaa. le programme de formation se propose de mettre en place des ? clubs ODD? au sein des écoles primaires et secondaires et des établissements supérieurs, et d’obtenir le soutien de membres influents des communautés locales qui deviennent, pour la bonne cause, ambassadeurs des ODD. ? Il s’agit de faire comprendre aux jeunes que le fait de participer au dialogue? mondial leur offre la possibilité d’aborder les questions qui touchent? leur avenir. Nous leur offrons le moyen de mieux comprendre les ODD?, explique Ntiokam Divine dans l’entretien qu’il a accordé à Afrique Renouveau. Tous les participants doivent ensuite? mobiliser le soutien de leurs communautés.?
Ntiokam est un activiste de longue date. Il a participé au Conseil? mondial de la jeunesse, aux activités de la Charte de la Terre et de l’association de protection de l’environnement Children of the Earth. Il a d’ores et déjà traduit les ODD en 20 langues locales du Cameroun, son pays d’origine, et dans plusieurs autres langues de pays aussi différents que l’Ethiopie, la République démocratique du Congo et le Nigéria.
Un jeune homme bien inspiré
Le go?t pour les voyages de Ntiokam Divine est en parfait accord avec son projet. Il conna?t bien les sentiers battus? du Cameroun, mais aussi celles d’une centaine de pays à travers le monde. ?J’ai été inspiré par ma mère?, raconte-t-il. ? Elle était elle aussi engagée au sein de sa communauté en tant qu’agent de développement ?.?Le premier grand succès de Ntiokam est intervenu en 2009, avec l’organisation de ?Debout contre la pauvreté?, une campagne de promotion des OMD dans les écoles camerounaises. La réussite de cette campagne a révélé ses talents exceptionnels de mobilisateur. Plusieurs agences des Nations Unies l’ont remarqué et il a participé ensuite à un projet de l’UNICEF, La voix des jeunes.
Il s’implique aussi dans le travail de la Commission du développement durable de l’ONU en sensibilisant les communautés aux questions environnementales et en cherchant avec les jeunes des moyens de répondre aux défis du changement climatique.?
Dipl?mé en chimie de l’environnement et en gestion des subventions à l’Université de Buea, Ntiokam Divine assure la coprésidence de la Plateforme de la jeunesse africaine du climat pour? le développement, qui, avec le Forum pour la recherche agricole en Afrique, mobilise les jeunes sur les questions du changement climatique.?
Traduire les ODD en langues locales… Voilà un travail à la fois d’envergure et ambitieux. En dépit des problèmes actuels de financement, Ntiokam Divine assure que ?se rassembler autour des ODD est la seule voie possible pour la majorité des Africains?. Ntiokam Divine veut continuer à former les jeunes et espère obtenir le soutien des Nations Unies et d’autres organisations dans son travail de sensibilisation à la question des ODD. Mais si les traductions se poursuivent à un rythme soutenu, il faut aussi s’assurer que les textes traduits aient l’impact attendu sur le public ciblé. C’est sans doute là? l’objectif ultime à atteindre pour le jeune camerounais.?