Lorsque Fidelis Adele, le PDG de Solid Graphics, une soci¨¦t¨¦ d'impression et de communication bas¨¦e ¨¤ Freetown, a eu besoin de commander du mat¨¦riel d'impression au Nigeria en septembre, il a pay¨¦ 165 dollars suppl¨¦mentaires en plus d'un virement bancaire de 10 000 dollars au vendeur. Pourtant, il a fallu trois jours pour que l'argent transf¨¦r¨¦ en Sierra Leone soit cr¨¦dit¨¦ sur le compte du b¨¦n¨¦ficiaire au Nigeria.?
"J'ai pay¨¦ 30 dollars de frais de transfert, 35 dollars de frais SWIFT et 100 dollars de frais bancaires", a d¨¦clar¨¦ M. Adele ¨¤ Afrique Renouveau. SWIFT est l'acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, un r¨¦seau mondial qui traite les paiements internationaux.
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M. Adele n'a pas essay¨¦ d'utiliser des soci¨¦t¨¦s de services financiers telles que Western Union ou MoneyGram car "le taux de change pour ces soci¨¦t¨¦s est tout simplement mauvais".?
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L'autre option aurait ¨¦t¨¦ de prendre l'avion pour Lagos, un voyage de trois heures, en emportant l'argent liquide avec lui. "Je l'ai fait quelques fois", a-t-il dit, "mais ce n'est pas rentable, ¨¤ moins qu'il ne s'agisse d'un montant ¨¦norme, et c'est risqu¨¦."
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Les commer?ants de toute l'Afrique vivent une ¨¦preuve similaire en payant des biens ou des services ¨¤ travers les fronti¨¨res. Au cours de ce processus, ils perdent un temps et un argent pr¨¦cieux.?
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Ce processus lourd et fastidieux "nous [les Africains] co?te environ 5 milliards de dollars en frais [de transfert d'argent] chaque ann¨¦e", selon Benedict Oramah, pr¨¦sident de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), dans une interview accord¨¦e ¨¤ Afrique Renouveau. "Nous sommes un continent pauvre. Nous ne devrions pas gaspiller de l'argent comme ?a".
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Lancement d'un syst¨¨me de paiement
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Pour rem¨¦dier ¨¤ cette situation, Afreximbank s'est associ¨¦e au secr¨¦tariat de la Zone de libre-¨¦change continentale africaine (ZLECAf) pour lancer le Syst¨¨me panafricain de paiement et de r¨¨glement (PAPSS), une plateforme qui facilite les paiements transfrontaliers instantan¨¦s en monnaie locale entre les pays.
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Le PAPSS a ¨¦t¨¦ test¨¦ avec succ¨¨s dans les six pays qui composent la zone mon¨¦taire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) : le Nigeria, la Gambie, la Sierra Leone, le Liberia, le Ghana et la Guin¨¦e. En raison de sa composition multi-devises et bilingue, la ZMAO est consid¨¦r¨¦e comme un microcosme du continent.
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Concernant le choix de la ZMAO pour le projet pilote, le professeur Oramah d¨¦clare : "Les six pays de la ZMAO ont des monnaies diff¨¦rentes. L'un des pays est francophone et les autres sont anglophones. Il y a une grande ¨¦conomie comme le Nigeria et des ¨¦conomies plus petites. Donc tout ce qui peut mal tourner dans d'autres parties de l'Afrique aurait mal tourn¨¦ dans la ZMAO, et nous aurons pu y rem¨¦dier pendant la phase de pilotage."
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Le d¨¦ploiement op¨¦rationnel du PAPSS a ¨¦t¨¦ annonc¨¦ fin septembre, ce qui signifie que les banques centrales des pays, qui seront les agents de compensation, peuvent d¨¦sormais se coordonner avec Afreximbank, qui est le principal agent de compensation et fournisseur de garanties de r¨¨glement et de facilit¨¦s de d¨¦couvert.?
Afreximbank a d¨¦bloqu¨¦ 500 millions de dollars pour desservir l'Afrique de l'Ouest et a l'intention de fournir 3 milliards de dollars suppl¨¦mentaires pour une op¨¦ration PAPSS ¨¤ l'¨¦chelle de l'Afrique.
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Les analystes s'attendent ¨¤ ce que les n¨¦gociants africains, en particulier ceux d'Afrique de l'Ouest, commencent ¨¤ tirer parti de la plateforme d'ici la fin 2021.
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M. Oramah, qui est bas¨¦ au Caire, en ?gypte, explique les obstacles auxquels sont confront¨¦s les commer?ants africains en termes personnels : "Je veux transf¨¦rer de l'argent au Nigeria depuis l'?gypte. Il passe par une banque correspondante dans un pays hors d'Afrique avant d'arriver au Nigeria. Je paie des frais avant que la personne au Nigeria ne le re?oive.
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"Et cela prend du temps. Parfois, cela prend des semaines. Nous [Afreximbank] avons donc calcul¨¦ combien cela co?te au continent - oubliez le temps - cela co?te 5 milliards de dollars par an aux Africains.?
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"De plus, si je suis en ?gypte et que je veux regarder mes films pr¨¦f¨¦r¨¦s de Nollywood, je dois probablement effectuer des versements en dollars am¨¦ricains. Mais le PAPSS change tout cela pour vous. Il vous suffit de payer le producteur nig¨¦rian en naira nig¨¦rian."
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Le PDG de PAPSS, Mike Ogbalu, affirme que pendant la phase de pilotage en Afrique de l'Ouest, les comptes bancaires de diff¨¦rents pays ont ¨¦t¨¦ d¨¦bit¨¦s et cr¨¦dit¨¦s en 10 secondes. ?Il a assur¨¦ de l'existence d'une technologie robuste capable de g¨¦rer des transactions importantes.
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Comment fonctionne le PAPSS
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Envoyer de l'argent en utilisant le PAPSS est un processus en cinq ¨¦tapes :
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- ?La premi¨¨re ¨¦tape est celle o¨´ une personne donne une instruction de paiement ¨¤ sa banque locale ou ¨¤ son prestataire de services de paiement.
- Deuxi¨¨mement, la banque ou le prestataire de services de paiement envoie les instructions au PAPSS.
- Troisi¨¨mement, PAPSS valide l'instruction de paiement.?
- Quatri¨¨mement, en cas de validation r¨¦ussie, PAPSS transmet l'instruction ¨¤ la banque ou au prestataire de services de paiement du b¨¦n¨¦ficiaire.
- Enfin, la banque ou le prestataire de services de paiement verse les fonds transf¨¦r¨¦s, en monnaie locale, au b¨¦n¨¦ficiaire.
En annon?ant le d¨¦ploiement du PAPSS, Afreximbank d¨¦clare qu'en "simplifiant les transactions transfrontali¨¨res et en r¨¦duisant la d¨¦pendance vis-¨¤-vis des devises fortes pour ces transactions, le PAPSS devrait stimuler le commerce intra-africain de mani¨¨re significative". Le commerce intra-africain ne repr¨¦sente actuellement qu'un maigre 17 %.
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Le PAPSS devrait ¨¦galement permettre d'augmenter la valeur ajout¨¦e des produits, de cr¨¦er des emplois et d'accro?tre les revenus des commer?ants.
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Wamkele Mene, le secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral du secr¨¦tariat de la ZLECAf, a d¨¦clar¨¦ que le PAPSS conduira ¨¤ des transactions commerciales transfrontali¨¨res efficaces et mettra l'Afrique sur une nouvelle trajectoire ¨¦conomique.
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"Il existe 42 monnaies en Afrique. Nous voulons nous assurer qu'un commer?ant au Ghana puisse transf¨¦rer des cedi ghan¨¦ens ¨¤ un homologue au Kenya qui recevra des shillings kenyans", a d¨¦clar¨¦ M. Mene ¨¤ Afrique Renouveau dans une interview ant¨¦rieure.
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M. Adele convient que le PAPSS aidera son entreprise. "Si je peux apporter les leones ¨¤ une banque ici [en Sierra Leone] et payer des produits d'impression au Nigeria, et que l'argent est instantan¨¦ment d¨¦pos¨¦ sur le compte du b¨¦n¨¦ficiaire au Nigeria, ce serait extraordinaire", dit-il.
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Jusqu'¨¤ ce qu'Afrique Renouveau l'informe, M. Adele n'¨¦tait pas au courant du PAPSS, ce qui souligne le d¨¦fi de communication que repr¨¦sente la sensibilisation des commer?ants intra-africains ¨¤ la plateforme.
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M. Oramah note cependant qu'une campagne est en cours pour commercialiser et promouvoir le PAPSS, en esp¨¦rant que d'ici la fin de l'ann¨¦e, les commer?ants africains seront suffisamment inform¨¦s pour utiliser le syst¨¨me.