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Le pays où sont nées deux grandes innovations technologiques, M-Pesa, un système de services bancaires mobiles, et Ushahidi, une plateforme de gestion de crise en temps réel, n’entend pas en rester là . Le Kenya vient d’entamer la construction de « la ville la plus moderne d’Afrique », sur 2 000 hectares de terres situés à Konza, à environ 60 km au sud de Nairobi.
Grâce à la même entreprise, SHoP Architects, qui a conçu le Barclays Center de Brooklyn, à New York, les autorités kényanes veulent transformer la ville de Konza en un pôle technologique africain, baptisé Silicon Savannah, sur le modèle de la Silicon Valley californienne. Les concepteurs ont déclaré au magazine britannique Financial Times que « compte tenu de l’ampleur du projet, cela équivaut à créer un autre Manhattan, un autre centre de Londres ou un autre centre-ville de Beijing ».
Le projet a été pensé par Bitange Ndemo, Secrétaire permanent au ministère de l’information et de la communication. « Au lieu de reproduire les parcs technologiques et centres d’affaires que l’on voit apparaître sur le continent, explique le Financial Times, le Kenya prévoit une vaste ville nouvelle où les universités de recherche, l’industrie et le gouvernement se côtoieront comme dans la Silicon Valley. »
Selon le magazine Wired, le projet, « très ambitieux », « ne devrait pas seulement permettre d’attirer les investissements des grandes entreprises technologiques et de motiver les entrepreneurs nationaux, mais aussi de réduire la corruption, endémique depuis plusieurs décennies ».
Konza devrait aider le Kenya à consolider sa place de leader technologique régional en Afrique. Ce pays a notamment été le premier du continent à ouvrir son gouvernement au public en mettant en ligne des millions de pages de documents internes. Le système de services bancaires mobiles M-Pesa est désormais utilisé partout dans le monde pour effectuer des achats et des transferts d’argent, et, selon le magazine américain Time, Ushahidi a servi « dans 128 pays à suivre tous les événements, depuis le tremblement de terre de [2010] en Haïti au tsunami japonais et au Printemps arabe ».
Le projet de Konza témoigne de l’ambition du Kenya d’attirer les investissements d’entreprises technologiques. En 2012, IBM a ouvert à Nairobi son premier laboratoire de recherche en Afrique, rejoignant ainsi les grandes sociétés américaines comme Google, Microsoft et Intel qui ont leur siège régional au Kenya. Le projet est profondément influencé par d’autres « villes nouvelles », telles Cyberjaya en Malaisie, la Cyber City de Maurice et le Smart Village de l’Egypte, indique Wired.
Le projet devrait coûter 10 milliards de dollars et créer, lorsqu’il sera achevé en 2030, plus de 200 000 emplois. Il est prévu de construire une usine de produits électroniques, un centre financier international et un centre de congrès. Le gouvernement offre des avantages fiscaux aux entreprises qui s’installent et investissent à Konza.
Malgré cet enthousiasme, quelques réserves ont été formulées. Lors de la conférence est-africaine consacrée à la téléphonie mobile tenue à Nairobi en février, des experts en technologie ont estimé que l’industrie technologique du Kenya ne devrait pas s’inspirer du modèle de la Silicon Valley car la plupart des entreprises kényanes dépendent d’une seule application ou d’un seul logiciel.
« Le Kenya devrait être uneÌý« savane numérique » plutôt qu’une « savane de silicone », affirme TMS « Teddy » Ruge, co-fondateur de Project Diaspora USA/Uganda, organisation qui favorise les investissements en Afrique des Africains de la diaspora. Il ajoute que « la plupart de nos entreprises s’appuient sur des solutions numériques alors que nous ne fabriquons encore rien ici ».
Le Kenya a vu sa réputation technologique entachée lors des élections nationales de mars, quand un système d’identification biométrique conçu pour éviter les votes multiples et un système de comptage des voix sont tombés en panne. La Commission nationale électorale indépendante a été contrainte de procéder au comptage manuel, retardant ainsi l’annonce des résultats à la grande inquiétude générale.
Mais pour l’instant plus d’une douzaine d’entreprises devraient s’établir à Konza.
« Konza va modifier le développement socio-économique du Kenya et entraîner des échanges et des investissements massifs dans toute la région », a déclaré en janvier le président Mwai Kibaki, lors des premiers travaux de construction de la future nouvelle ville.
Les premiers smartphone et tablette de l’Afrique
Par Aissata Haidara
C’est avec enthousiasme qu’ont été accueillis le premier smartphone (téléphone « intelligent ») et la première tablette de l’Afrique, conçus par Vérone Mankou, un entrepreneur de 26 ans de la République du Congo.
L’entreprise de haute technologie de M. Mankou, VMK, a mis au point en 2006 ces deux produits, mini-ordinateurs portables à écran tactile, pour permettre aux Africains d’avoir accès à Internet à un prix abordable. Les deux appareils fonctionnent avec le logiciel Android de Google et sont assemblés en Chine, ce qui conduit certains analystes à contester l’origine africaine de ces produits.
« Nous sommes un peu choqués par le mépris de ceux qui persistent à nier l’authenticité de nos produits », a répondu M. Mankou sur son site Web.
Comme pour affirmer l’origine africaine de son smartphone, M. Mankou l’a appelé Elikia, « espoir » en lingala, une langue congolaise. La tablette, qui a pour appellation officielle Way-C, offre une connexion Internet en wifi et quatre gigaoctets de stockage. Elikia est muni d’une caméra arrière et avant et d’un écran de 3,5 pouces (8,9 cm), d’une mémoire RAM de 512 mégaoctets et d’un processeur de 650 Mhz. M. Mankou prévoit de vendre ces appareils en Afrique, ainsi qu’en Belgique, en France et en Inde.
Elikia devra rivaliser avec des marques établies telles que Blackberry et Nokia et la tablette avec l’iPad d’Apple et Samsung Galaxy. « Nous avons voulu mettre sur le marché un smartphone de qualité doté des mêmes capacités que les autres mais accessible à tous », déclare M. Mankou.
M. Mankou compte sur le soutien panafricain. Certains Africains semblent de plus en plus désireux de soutenir les produits de leur continent. Quand Google a récemment refusé les cartes de crédit émises au Congo pour l’achat d’applications, VMK a lancé sa propre vente d’applications « développées par des Africains pour l’Afrique » et de cartes-cadeaux prépayées, pour que les Africains aient aussi accès à ces possibilités.
Selon plusieurs blogueurs technologiques africains, les appareils VMK, actuellement vendus par l’opérateur Airtel et peut-être bientôt aussi MTN et Warid, pourront encore étendre leur portée et soutenir la concurrence internationale. L’entrepreneur congolais affiche de grandes ambitions : « Apple domine aux États-Unis, Samsung en Asie, nous voulons que VMK domine en Afrique », déclare-t-il.
Suivi technologique du bétail
Par Pavithra Rao
La haute technologie est désormais au service des éleveurs des zones rurales d’Afrique. Déjà utilisé pour le suivi des animaux sauvages, le GPS (Global Positioning System ou système mondial de localisation) permet à certains petits et grands exploitants, notamment au Kenya, au Botswana et en Afrique du Sud, de mieux gérer leur bétail.
Le suivi d’un animal s’effectue après lui avoir fait avaler un « comprimé » qui permettra de le suivre, ou par l’implantation d’une micropuce électronique ou encore par une technique de marquage d’oreille. Une fois que l’animal est équipé d’un tel dispositif, la technologie GPS permet de le localiser avec précision et d’alerter ses propriétaires en cas de disparition ou de vol.
La technologie pourrait également aider les agriculteurs à maîtriser les épidémies. Ebby Nanzala du New Agriculturalist, un magazine en ligne consacré à l’agriculture tropicale, explique : « Au moyen d’un marquage unique de l’animal, [les fermiers] peuvent eux-mêmes gérer les données. Si une épidémie se déclare, elle sera plus facile à repérer et à endiguer. »
M. Nanzala ajoute queÌýcette technologie d’un coût élevé est cependant moins chère que la perte d’animaux par vol ou maladie. Le soutien du gouvernement réduirait le coût de ce système de repérage par GPS, « qui peut être utilisé et réutilisé pendant plus de 30 ans ».
De même, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a créé une application GPS pour téléphone mobile qui rappelle aux fermiers les calendriers de vaccination et les soins vétérinaires de leurs animaux et les tient informés en cas d’épidémie.