Après avoir vécu et travaillé pendant de nombreuses années au Kenya, Milagre Nuvunga et son mari Andrew Kingman sont retournés dans leur pays, le Mozambique, pour créer une entreprise qui toucherait la vie de milliers de femmes.
Ils ont fondé la société Baobab Products Mozambique (BPM), qui traite et vend de la poudre du fruit de baobab, le pain de singe et son huile dérivée ainsi que des produits connexes sur les marchés nationaux et internationaux.
Souvent appelé le super fruit de l'Afrique, le pain de singe du baobab est très convoité pour, entre autres, ses propriétés minérales comme la vitamine C, le potassium et le calcium.
L'entreprise a jusqu'à présent formé plus de 2 500 femmes rurales de la province de Manica, dans le centre du Mozambique, à la collecte et à l'approvisionnement en fruits de baobab.
Les femmes collectent et stockent les fruits entiers pendant un certain temps avant de les vendre à BPM. ? son tour, BPM traite les fruits, en extrait une poudre fine et une huile cosmétique de haute qualité, et les exporte vers l'Union européenne, le Royaume-Uni et les marchés sud-africains.
Les baobabs poussent naturellement au Mozambique, mais les femmes ont commencé à planter des arbres supplémentaires.
Un partenariat fructueux
Cela fait 14 ans que le partenariat entre BPM et les femmes ramasseuses de fruits de baobabs est fructueux.
"Beaucoup d'entre nous ne savions pas grand-chose de la cha?ne de valeur du baobab", se souvient Suzana Pinto, mère de deux enfants et ramasseuse de baobabs. "Nous avions l'habitude de vendre la poudre du fruit de baobab pour seulement 4 meticais ($ 0,07) le kilo, mais aujourd'hui ce kilo atteint 12 meticais ($0,19)."
Avant l'arrivée de la BPM sur le marché du baobab, les commer?ants informels avaient exploité le manque de connaissances des femmes ramasseuses comme Mme Pinto. Les commer?ants achetaient à bas prix et faisaient fortune en vendant à des prix très élevés sur les marchés étrangers.
Alors que les femmes ramasseuses de fruits de baobab gagnent désormais plus, la BPM est allé encore plus loin cette année en leur offrant 20% des parts de l'entreprise. En conséquence, les femmes se sont organisées en coopérative, la Baobab Collectors Association.
"Ceci [parts de 20%] permet aux femmes de mener le changement dans leur communauté, en utilisant les revenus tirés de ce commerce pour éduquer leurs enfants, lancer d'autres petites entreprises et investir dans leurs maisons", explique M. Kingman.
Mme Pinto dit qu'elle peut maintenant payer l'éducation de ses enfants, acheter des produits alimentaires et installer l'énergie solaire dans sa maison. Elle envisage de construire une maison en briques et d'investir dans le bétail.
Il est difficile de se faire une idée précise du circuit de vente du pain de singe en raison de la polyvalence du fruit. De nombreux ramasseurs de baobab vendent les fruits - sous forme de pulpe et de graines - sur le marché informel, et les acheteurs font ensuite tremper la pulpe pour produire du jus.
"Sur le marché informel, on peut estimer que le volume échangé est le double de celui du marché formel", qui concerne surtout la poudre et l'huile, explique M. Kingman.
Catastrophes naturelles
Bien que le baobab ait rapporté plus d'argent ces dernières années, les catastrophes naturelles dans le pays ont affecté le commerce. En 2019, explique M. Kingman, la ville c?tière de Beira a été "dévastée par le cyclone Idai."
"Un autre cyclone, Kenneth, a suivi quelques semaines plus tard, provoquant d'énormes destructions dans le nord du pays."
Les cyclones ont également ravagé à plusieurs reprises certaines parties du Mozambique en 2021, alors même que quelque 1 738 femmes vendaient des fruits de baobab et que BPM vendait 38 tonnes de poudre sur les marchés nationaux et internationaux cette année-là. Ce chiffre aurait été plus élevé sans les cyclones.
"Ces phénomènes météorologiques extrêmes illustrent la vulnérabilité du Mozambique aux menaces écologiques", déplore M. Kingman, qui soutient que "les menaces sont exacerbées par le taux très élevé de déforestation auquel le pays est confronté."
La Banque mondiale note que depuis les années 1970, le pays a perdu des forêts couvrant jusqu'à 8 millions d'hectares, soit une superficie équivalente à celle du Portugal.
En outre, la culture excessive des champs pourrait endommager le sol à long terme et affecter la productivité des baobabs. M. Kingman affirme que le BPM contribue à résoudre ce problème en "établissant des réserves forestières où aucune agriculture ne sera pratiquée."
Les illustres ressources naturelles du Mozambique comprennent plus de 2 000 km de c?tes, une riche biodiversité, de vastes terres arables et d'énormes réserves de gaz naturel, d'or, de pierres précieuses et de forêts.
Une gestion efficace de ces ressources pourrait transformer "l'un des pays les plus pauvres du monde en un pays à revenu intermédiaire", affirme M. Kingman.